Publié : sam. sept. 10, 2005 5:07 am
Spécialiste de la lutte antiterroriste interviewé par La Presse
Ben Laden préparerait une attaque nucléaire
Alexandre Sirois
La Presse
Washington
Les années ont passé depuis la destruction du World Trade Center, mais une chose n'a pas changé: Oussama ben Laden demeure dangereux. Introuvable, il projette vraisemblablement une attaque nucléaire contre les États-Unis.
C'est l'avis de l'un des experts américains les mieux informés sur l'ennemi public no 1 des États-Unis, Michael Scheuer, qui a créé et dirigé une unité spéciale de la CIA visant à trouver ben Laden et à l'éliminer. «C'est un risque très sérieux, a-t-il expliqué au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Je pense qu'il serait naïf de croire qu'il n'y a pas de fortes probabilités pour qu'il ait déjà entre les mains un type d'arme nucléaire.»
Scheuer a quitté la CIA en novembre dernier après avoir écrit sous le couvert de l'anonymat un livre-choc, Imperial Hubris, sur les ratés américains en matière de lutte antiterroriste. Au cours de ses 22 années comme agent du renseignement, il a découvert que ben Laden avait mis sur pied une cellule spéciale d'Al-Qaeda dès 1993 afin d'obtenir des armes de destruction massive.
«Nous n'avions jamais rien vu de tel à l'extérieur d'un État. Il avait réuni des scientifiques, des ingénieurs et des hommes d'affaires pour s'assurer qu'ils n'achèteraient pas n'importe quoi. Cette organisation est donc en place depuis 12 ou 13 ans», dit-il.
Ajoutez à cela que «l'arsenal nucléaire soviétique n'est pas encore sous contrôle» et vous obtenez un cocktail particulièrement explosif, estime Scheuer. D'autant plus que ben Laden a beau se terrer, il est toujours un adversaire redoutable capable de coordonner des attaques.
En sécurité
«Je pense que ceux qui disent qu'il ne représente plus une menace s'illusionnent. Ben Laden est un homme très dangereux parce que ce n'est pas un fou, un maniaque ou un criminel. C'est un personnage très rationnel qui a des talents extraordinaires. Un mélange un peu bizarre entre un théologien du XIIe siècle et un chef d'entreprise du XXIe siècle», affirme l'expert.
«Peu importe où il est, il est branché. Il n'y a aucune raison de croire qu'il est isolé et incapable de communiquer, que ce soit par radio ou téléphone satellite, par Internet ou par des messagers», souligne Scheuer. Il n'est donc pas reclus, mais personne ne sait exactement où il se trouve. Pas même le nouveau grand patron de la CIA, Porter Goss, qui a pourtant dit à un journaliste du magazine Time, en juin dernier, qu'il en avait une «excellente» idée.
«Il déparlait», selon Scheuer. Sinon, dit-il, ben Laden aurait déjà été tué ou capturé. Ce qui semble faire consensus, c'est que le terroriste «se trouve encore dans une région située le long des 1500 kilomètres de frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, où se trouvent les plus hautes montagnes du monde.»
Un territoire où ben Laden a vécu la majeure partie de sa vie et où il reste «relativement en sécurité», croit l'expert. Parce que les tribus qui l'abritent sont prêtes à le défendre jusqu'à la mort et que Washington n'a pas beaucoup de troupes dans la région pour le pourchasser.
Capture manquée
Si ben Laden est aujourd'hui insaisissable, il fait de moins en moins de doute que les Américains ont eu la chance de le capturer en 2001, lorsque la guerre en Afghanistan faisait rage. Il y a quelques semaines, nul autre que le responsable de la CIA sur le terrain lors de la bataille finale de Tora Bora a confirmé que ben Laden était alors encerclé.
Gary Bernsten a fait savoir qu'il publierait le récit de cet acte manqué dès l'automne dans un livre où il explique que le Pentagone n'a pas fourni les ressources nécessaires à ses propres troupes d'élite ou à la CIA pour capturer le terroriste.
«Ça ne fait aucun doute, renchérit Scheuer. Gary était sur le terrain alors que je travaillais à notre quartier général à Washington. Il était clair que ben Laden était dans la région et que l'armée américaine ne voulait pas risquer ses propres troupes. Alors, de façon stupide, on a confié le travail à des insurgés afghans qui s'étaient battus à ses côtés contre les Soviétiques!»
Source: Cyberpresse.ca
Ben Laden préparerait une attaque nucléaire
Alexandre Sirois
La Presse
Washington
Les années ont passé depuis la destruction du World Trade Center, mais une chose n'a pas changé: Oussama ben Laden demeure dangereux. Introuvable, il projette vraisemblablement une attaque nucléaire contre les États-Unis.
C'est l'avis de l'un des experts américains les mieux informés sur l'ennemi public no 1 des États-Unis, Michael Scheuer, qui a créé et dirigé une unité spéciale de la CIA visant à trouver ben Laden et à l'éliminer. «C'est un risque très sérieux, a-t-il expliqué au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Je pense qu'il serait naïf de croire qu'il n'y a pas de fortes probabilités pour qu'il ait déjà entre les mains un type d'arme nucléaire.»
Scheuer a quitté la CIA en novembre dernier après avoir écrit sous le couvert de l'anonymat un livre-choc, Imperial Hubris, sur les ratés américains en matière de lutte antiterroriste. Au cours de ses 22 années comme agent du renseignement, il a découvert que ben Laden avait mis sur pied une cellule spéciale d'Al-Qaeda dès 1993 afin d'obtenir des armes de destruction massive.
«Nous n'avions jamais rien vu de tel à l'extérieur d'un État. Il avait réuni des scientifiques, des ingénieurs et des hommes d'affaires pour s'assurer qu'ils n'achèteraient pas n'importe quoi. Cette organisation est donc en place depuis 12 ou 13 ans», dit-il.
Ajoutez à cela que «l'arsenal nucléaire soviétique n'est pas encore sous contrôle» et vous obtenez un cocktail particulièrement explosif, estime Scheuer. D'autant plus que ben Laden a beau se terrer, il est toujours un adversaire redoutable capable de coordonner des attaques.
En sécurité
«Je pense que ceux qui disent qu'il ne représente plus une menace s'illusionnent. Ben Laden est un homme très dangereux parce que ce n'est pas un fou, un maniaque ou un criminel. C'est un personnage très rationnel qui a des talents extraordinaires. Un mélange un peu bizarre entre un théologien du XIIe siècle et un chef d'entreprise du XXIe siècle», affirme l'expert.
«Peu importe où il est, il est branché. Il n'y a aucune raison de croire qu'il est isolé et incapable de communiquer, que ce soit par radio ou téléphone satellite, par Internet ou par des messagers», souligne Scheuer. Il n'est donc pas reclus, mais personne ne sait exactement où il se trouve. Pas même le nouveau grand patron de la CIA, Porter Goss, qui a pourtant dit à un journaliste du magazine Time, en juin dernier, qu'il en avait une «excellente» idée.
«Il déparlait», selon Scheuer. Sinon, dit-il, ben Laden aurait déjà été tué ou capturé. Ce qui semble faire consensus, c'est que le terroriste «se trouve encore dans une région située le long des 1500 kilomètres de frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, où se trouvent les plus hautes montagnes du monde.»
Un territoire où ben Laden a vécu la majeure partie de sa vie et où il reste «relativement en sécurité», croit l'expert. Parce que les tribus qui l'abritent sont prêtes à le défendre jusqu'à la mort et que Washington n'a pas beaucoup de troupes dans la région pour le pourchasser.
Capture manquée
Si ben Laden est aujourd'hui insaisissable, il fait de moins en moins de doute que les Américains ont eu la chance de le capturer en 2001, lorsque la guerre en Afghanistan faisait rage. Il y a quelques semaines, nul autre que le responsable de la CIA sur le terrain lors de la bataille finale de Tora Bora a confirmé que ben Laden était alors encerclé.
Gary Bernsten a fait savoir qu'il publierait le récit de cet acte manqué dès l'automne dans un livre où il explique que le Pentagone n'a pas fourni les ressources nécessaires à ses propres troupes d'élite ou à la CIA pour capturer le terroriste.
«Ça ne fait aucun doute, renchérit Scheuer. Gary était sur le terrain alors que je travaillais à notre quartier général à Washington. Il était clair que ben Laden était dans la région et que l'armée américaine ne voulait pas risquer ses propres troupes. Alors, de façon stupide, on a confié le travail à des insurgés afghans qui s'étaient battus à ses côtés contre les Soviétiques!»
Source: Cyberpresse.ca