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Publié : jeu. août 04, 2005 8:04 pm
par Scoubidoux
Demi-tour pour des manifestants israéliens


Mise à jour le jeudi 4 août 2005 à 13 h 17
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La police israélienne a ordonné jeudi à des milliers de manifestants juifs, qui tentaient d'entrer dans la bande de Gaza pour protester contre le retrait d'Israël, de faire demi-tour.

Environ 10 000 protestataires ont passé la nuit sur une route qui mène vers la bande de Gaza, à la sortie de la ville d'Okafim.




Manon Globensky décrit la stratégie des opposants au retrait de Gaza.



Ils souhaitaient manifester contre le retrait, qui doit s'amorcer le 17 août.

Séparés en deux groupes, 1300 d'entre eux ont tenté de s'introduire dans la bande de Gaza pendant la nuit.





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Leur but avoué: grossir les rangs des colons pour rendre la tâche plus difficile aux soldats lors du retrait.

La majeure partie des manifestants ont été repoussés, mais 200 d'entre eux ont quand même réussi à pénétrer dans le territoire palestinien jusqu'à la colonie de Nissanit, située dans le nord.

Environ 150 ont été interpellés par la police israélienne, qui recherche toujours les 50 autres.

Du côté des Palestiniens, des centaines d'entre eux ont déjà commencé, à Gaza, à fêter le retrait prochain d'Israël, après 38 ans d'occupation.

Un extrémiste juif attaque un autobus

Un homme vêtu d'un uniforme de l'armée israélienne a ouvert le feu dans un autobus israélien, à Shrafam, faisant trois morts et cinq blessés. Une foule en colère l'a ensuite lynché à mort.

Selon la presse israélienne, il s'agit apparemment de l'acte d'un juif extrémiste contre des passagers arabes israéliens. L'homme portait une calotte l'identifiant comme un juif orthodoxe et portait un uniforme de l'armée.

Depuis l'annonce du retrait de Gaza, les extrémistes juifs promettent des coups d'éclat, certains ayant même souhaité la mort du premier ministre d'Israël, Ariel Sharon.

72 nouveaux logements

Entre-temps, le ministère israélien du Logement a lancé des appels d'offres pour la construction de 72 logements dans la colonie de Beitar Ilit, au sud de Jérusalem, en Cisjordanie.





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Certaines colonies illégales israéliennes sont installées sur des terrains palestiniens privés.
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Selon Tel-Aviv, ce projet avait été approuvé l'an dernier. Ces logements seront construits dans les limites actuelles de Beitar Ilit, qui fait partie du groupe de colonies de Goush Etzion, selon le porte-parole du ministère.

Depuis le début de l'année, l'État hébreu a autorisé la construction de 235 nouvelles maisons dans les colonies juives de Cisjordanie, la plupart dans le secteur de Jérusalem.

Une bonne partie des colons délogés des implantations de Gaza seront relogés dans les colonies de Cisjordanie. Les États-Unis s'opposent à l'extension des colonies juives, parce que cela viole la Feuille de route, le plan de paix israélo-palestinien.





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21 colonies juives seront démantelées dans la bande de Gaza et 4 en Cisjordanie.
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Mais le président américain George W. Bush réserve ses critiques, préférant avant tout voir le retrait de la bande de Gaza se réaliser.

Le plan de retrait, qui doit être réalisé sur quatre semaines, prévoit le démantèlement des 21 colonies juives de la bande de Gaza, où quelque 8200 colons seront délogés. Quatre colonies isolées de Cisjordanie seront aussi démantelées, ce qui touchera environ 600 autres personnes.

Publié : ven. août 05, 2005 2:24 am
par Scoubidoux
Bon, le sujet est peut-être trop chaud.

Publié : ven. août 05, 2005 3:27 am
par tipet
C'est une très bonne nouvelle.

Dommage que les extrêmistes n'essaient pas de comprendre pourquoi ils doivent quitter plutôt que de continuer la marde...

Mais si j'ai bien lu, les colonies juives démantelées iront se refaire à Jérusalem???  

Explique-moi Scoubidoux.

Publié : ven. août 05, 2005 3:52 am
par Acrux
« Les Israëliens ne soutiennent plus les colons »


Le retrait de Gaza peut-il provoquer des violences entre Israéliens, voire une guerre civile comme le redoutent certains hommes politiques ?
Michael Feige. Le risque de violences entre soldats et adversaires du retrait est réel. Mais pour déclencher une guerre civile il faut être deux à le vouloir. Or la majorité de l’opinion publique israélienne est favorable au retrait, neutre ou simplement apathique. Et surtout, les colons eux-mêmes sont profondément divisés. La plupart ne veulent pas affronter l’Etat et l’armée qu’ils considèrent comme sacrés. Seuls certains extrémistes, notamment Les Jeunes des collines, implantés en Cisjordanie, sont vraiment prêts à se battre contre les soldats. Et personne, pas mêmes leurs aînés, ne contrôle ces militants dispersés et individualistes. Les actes de violence risquent d’être le fait d’individus extérieurs à Gaza plutôt que des colons du territoire eux-mêmes qui protesteront peut-être, mais de façon pacifique. Ce sont souvent des « colons économiques » et non pas « idéologiques ». Beaucoup vivaient auparavant dans les villes pauvres du sud d’Israël (Netivot, Sderot, Ashqelon...) et se sont installés à Gaza simplement parce que l’Etat leur a donné des terres cultivables, des maisons bon marché, et que la vie en bord de mer est agréable... De fait, en Israël, les colonies sont une échappatoire pour les plus défavorisés, une sorte de substitut d’Etat-providence. Longtemps, la situation sécuritaire a été relativement calme à Gaza. Elle est devenue dangereuse pour les colons depuis le début de la deuxième intifada, en 2000. Les « colons économiques » partiront donc sans violence pour peu qu’ils soient relogés ailleurs dans de bonnes conditions. Or ils représentent environ la moitié des colons de Gaza, dont le nombre total est compris entre 5 000 et 8 000. L’estimation est imprécise, car certains radicaux sont venus s’installer récemment dans le territoire, tandis que des personnes possèdent une maison dans les colonies mais n’y habitent pas.

Une partie des soldats ne vont-ils pas se solidariser avec les colons ?
M. F. Les unités envoyées à Gaza seront sélectionnées avec précaution et surtout formées de soldats professionnels. Ces militaires de carrière n’ont aucun intérêt à désobéir aux ordres. En revanche, il est possible que certains soldats, idéologiquement proches des colons, démissionnent avant le retrait pour rejoindre les mouvements de protestation. Mais je ne crois pas qu’ils soient très nombreux. Des rabbins se sont prononcés pour la résistance au retrait, y compris par la violence. Cela ne risque-t-il pas de légitimer les actes des radicaux ? Comme les colons, les chefs religieux sont très divisés sur ce sujet. Certains sont prêts à légitimer la violence. Mais d’autres ne veulent pas qu’un Juif porte la main sur un autre Juif. Par ailleurs, les colons sont plus influencés par leur conscience que par les leaders religieux. Ceux qui veulent résister au retrait par la force chercheront simplement un rabbin qui dira ce qu’ils veulent entendre.

Le retrait de Gaza a-t-il déclenché un débat sur les colonies dans l’opinion publique israélienne ?
M. F. Les gens proches de la gauche et des mouvements pacifistes sont traditionnellement opposés aux colonies. Les gens de droite y sont favorables, entre autres parce que nombre d’entre eux ont des parents qui vivent en Cisjordanie ou à Gaza. Mais on ne parle guère des colonies en temps normal. Le retrait de Gaza a provoqué un intérêt pour le sujet, notamment dans les médias. Haïm Yavin, un présentateur de télévision extrêmement populaire a récemment tourné une série de reportages qui ont beaucoup frappé l’opinion publique. Ils montrent sans fard l’extrémisme et la brutalité de certains colons. Le fait que ce soit Yavin, considéré comme politiquement impartial par le grand public, qui ait montré cette réalité a donné un impact énorme à ces images. Par ailleurs, la situation économique s’est dégradée en Israël. Auparavant, les catégories modestes proches de la droite soutenaient les colons. Aujourd’hui, elles ont des préoccupations plus urgentes et plus personnelles. Elles n’ont pas envie d’affronter l’Etat pour les colonies. Enfin, une partie des Israéliens ne veulent plus que leurs fils risquent leur vie comme conscrits dans les Territoires pour protéger les colons. Et le mur de sécurité construit par Israël pour isoler la Cisjordanie va accroître ce mouvement d’opinion. Car même si le gouvernement refuse de le reconnaître, le Mur marque la frontière entre l’Etat hébreu et un futur Etat palestinien. C’est pour cela qu’il a été tracé en empiétant sur la ligne verte qui sépare Israël et la Cisjordanie de façon à intégrer les colonies les plus peuplées, comme Maale Adoumim. L’Etat hébreu veut trouver un accord politique pour conserver ces grandes localités. En revanche, les colonies qui resteront de l’autre côté du Mur, en pleine Cisjordanie, ne pourront plus être présentées comme des avant-postes protégeant Israël contre la violence. C’est le Mur qui sera protecteur. A condition qu’il soit efficace, c’est-à-dire que les attentats cessent sur le territoire israélien lui-même.

L’évacuation de quatre petites colonies du nord de la Cisjordanie doit avoir lieu en même temps que celle de Gaza. D’autres évacuations sont-elles possibles à court terme dans ce territoire ? M. F. Si le retrait de Gaza se passe sans trop de heurts, cela créera un précédent. Et les colons le savent. C’est pour cela qu’ils veulent dramatiser l’événement. Mais d’autres évacuations de Cisjordanie sont invraisemblables à court terme pour des raisons de politique intérieure. Ariel Sharon aura besoin de donner des gages à son électorat de droite, dont une partie est hostile au retrait de Gaza. Il est donc probable que dans l’immédiat, il relance la construction de logements en Cisjordanie. Mais, j’insiste, même s’il a été construit d’abord pour des raisons sécuritaires, le Mur pose de façon implicite une limite géographique à ce qui est le territoire d’Israël. Sans le dire explicitement, l’Etat hébreu revient à peu près à ses frontières d’avant 1967.

La présence de sites religieux juifs en Cisjordanie qui ont un poids symbolique important dans l’opinion israélienne, n’empêche-t-elle pas l’évacuation de la Cisjordanie ?
M. F. Personne ne peut répondre avec certitude. Prenez le Caveau des Patriarches, à Hébron. Lorsque l’Etat hébreu a pris le contrôle de la Cisjordanie en 1967, beaucoup d’Israéliens se sont réjouis de voir ce site religieux revenir sous souveraineté juive. Mais depuis cette date, ce sont les colons qui se sont emparés du lieu saint. Et c’est devenu leur terre. Si vous parlez du « massacre de Hébron » à un colon, il songera immédiatement à celui de 1929 où 67 juifs furent tués par des Palestiniens. A l’inverse, beaucoup d’Israéliens penseront au massacre de 1994 au cours duquel un colon extrémiste, Baruch Goldstein, a tué 29 Palestiniens dans une mosquée L’opinion publique israélienne est-elle encore attaché à Hébron au point de ne jamais l’abandonner ? C’est une question ouverte.
Propos recueillis par Yann Mens