Publié : mer. janv. 12, 2005 7:03 am
BOZO ET VANILLE
On n'a plus les prénoms qu'on avait!
Jean-François Pratt
collaboration spéciale, La Presse
Fini le temps des classes d'école primaire composées de neuf Nathalie, cinq Stéphanie et trois Isabelle. Au cours de la prochaine décennie, les professeurs devront retenir des prénoms inusités, souvent inspirés de vedettes sportives, de personnages de film et même de noms d'entreprise!
Un coup d'oeil aux prénoms donnés aux enfants québécois entre 1998 et 2003 révèle que plusieurs parents ont puisé dans le répertoire fantastique pour trouver leur inspiration. La trilogie du Seigneur des Anneaux a visiblement eu la cote pendant un temps, 13 bambins ayant hérité d'un prénom porté par un des personnages du film. Le plus populaire fut Leonidas (4), suivi de Galadriel (3), Merry (2) ainsi que de petits Aragorn, Arwen, Faramir et même d'un Gandalf !
Si, dans la télésérie Un gars une fille, Guy et Sylvie croyaient être originaux en prénommant leur bébé Anakin, ils ont raté leur coup: le nom du personnage de la Guerre des étoiles a été donné à 18 Québécois au cours des cinq dernières années. Obiwan n'est pas en reste, puisqu'il a un jeune homonyme sur notre territoire. La Matrice a aussi fait des petits ici : 35 Trinité ou Trinity, ainsi que plusieurs Zion, Neo et Morpheus.
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Le monde réel
Pas besoin toutefois de se tourner vers le fantastique pour se démarquer, le monde réel offrant lui aussi des prénoms originaux. L'amour de la politique a certainement influencé le choix des parents des Che, Aristide, Pierre-Elliott et des deux Oussama nés au Québec depuis 1998. Certains amateurs de sport ont pour leur part réussi à faire valoir leur point de vue à leur conjointe. Sinon, comment expliquer le recensement d'un Alou, d'un Gretzky, d'un Lemieux et même d'un Saku, comme dans Les Boys ? Pas de nouvelles d'un petit Calvillo ou d'une petite Sorenstam, mais on peut noter une certaine tendance avec 61 Théodore et 17 Vladimir.
Pour d'autres, c'est la chanson ou la littérature qui sert de fil conducteur. Si l'existence de cinq petits Wilfred n'étonne plus, d'autres prénoms sont plus inusités, dont Bach, Bono, Elton, Leclerc, Lennon et Mitsou. Le King a encore des fans en âge de procréer, comme en font fois les cinq petits Elvis nés au cours de la période étudiée. Les grands auteurs, eux, verront leur mémoire perpétuée par leur oeuvre, mais aussi par des jeunes Québécois prénommés Balzac, Molière, Nelligan, Platon, Rostand ou encore Zola.
Dans un autre ordre d'idées, il y a aussi des personnages d'émissions pour enfants qui passeront à la postérité dans les familles des petits Bart, Homer, Perline, Lala, Hermione et Linus...
Originalité
Toutes les statistiques prouvent que les prénoms sont de plus en plus recherchés et originaux.
Il y a 40 ans, les cinq prénoms les plus populaires regroupaient 24 % des jeunes garçons et 27,5 % des jeunes filles. L'année dernière, les cinq prénoms les plus prisés n'englobaient plus que 9,3 % de la jeune population masculine et seulement 4,5 % de la population féminine.
C'est ainsi qu'on a récemment vu émerger des prénoms liés aux astres (Uranus, Sedna, Star, Soleil), à des animaux (Loup, Louve, Kitty, Benji), à la végétation (Prune, Taiga, Vanille) ou à la géographie (America, Argentina, Chili, Italia, Kansas, Liban, Monaco et même un petite Canada née en 2001). Il y a aussi certains publicistes qui doivent saliver en voyant des petits Sony, Nike, Rona et Kia. D'autres sont carrément inclassables, comme Sel, Geisha, Jelly, Boy, Tuesday, Juin et Jesus-Sauve.
Les Québécois peuvent-ils donner n'importe quel prénom à leurs enfants? Presque. La loi stipule que le choix des prénoms revient entièrement aux parents. Le bureau du Directeur de l'état civil, qui avait auparavant le droit de refuser un prénom qui pouvait porter préjudice à l'enfant, doit maintenant poursuivre les parents dans le cas d'un prénom douteux. Tout prénom est donc aujourd'hui automatiquement enregistré et les démarches sont prises par la suite.
« Les cas problèmes sont très rares et la plupart de ceux-ci sont réglés par le dialogue avec les parents », explique Claude Fradette, porte-parole du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration. Aucune compilation officielle du nombre de cas problématiques n'a été effectuée depuis 2002, mais au bureau du Directeur de l'état civil, on estime qu'il y en a eu environ 25 par année. Et dans plus de 90 % des cas, les parents modifient volontairement leur choix.
Jeune fille cherche jeune homme...
Les histoires d'amour inspirent-elles plus des prénoms féminins ou masculins? Entre 1998 et 2003, au Québec, il y a eu:
> 908 Juliette, mais seulement 16 Roméo
> 382 Julie, mais seulement 12 Pierre-Karl
> 2058 Émilie, mais seulement deux Ovila
> 874 Roxanne, mais seulement un Cyrano
> 55 Jane, mais aucun Tarzan
> 46 Fiona, mais aucun Shrek
> seulement six Iseult, mais 1427 Tristan.
On n'a plus les prénoms qu'on avait!
Jean-François Pratt
collaboration spéciale, La Presse
Fini le temps des classes d'école primaire composées de neuf Nathalie, cinq Stéphanie et trois Isabelle. Au cours de la prochaine décennie, les professeurs devront retenir des prénoms inusités, souvent inspirés de vedettes sportives, de personnages de film et même de noms d'entreprise!
Un coup d'oeil aux prénoms donnés aux enfants québécois entre 1998 et 2003 révèle que plusieurs parents ont puisé dans le répertoire fantastique pour trouver leur inspiration. La trilogie du Seigneur des Anneaux a visiblement eu la cote pendant un temps, 13 bambins ayant hérité d'un prénom porté par un des personnages du film. Le plus populaire fut Leonidas (4), suivi de Galadriel (3), Merry (2) ainsi que de petits Aragorn, Arwen, Faramir et même d'un Gandalf !
Si, dans la télésérie Un gars une fille, Guy et Sylvie croyaient être originaux en prénommant leur bébé Anakin, ils ont raté leur coup: le nom du personnage de la Guerre des étoiles a été donné à 18 Québécois au cours des cinq dernières années. Obiwan n'est pas en reste, puisqu'il a un jeune homonyme sur notre territoire. La Matrice a aussi fait des petits ici : 35 Trinité ou Trinity, ainsi que plusieurs Zion, Neo et Morpheus.
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Le monde réel
Pas besoin toutefois de se tourner vers le fantastique pour se démarquer, le monde réel offrant lui aussi des prénoms originaux. L'amour de la politique a certainement influencé le choix des parents des Che, Aristide, Pierre-Elliott et des deux Oussama nés au Québec depuis 1998. Certains amateurs de sport ont pour leur part réussi à faire valoir leur point de vue à leur conjointe. Sinon, comment expliquer le recensement d'un Alou, d'un Gretzky, d'un Lemieux et même d'un Saku, comme dans Les Boys ? Pas de nouvelles d'un petit Calvillo ou d'une petite Sorenstam, mais on peut noter une certaine tendance avec 61 Théodore et 17 Vladimir.
Pour d'autres, c'est la chanson ou la littérature qui sert de fil conducteur. Si l'existence de cinq petits Wilfred n'étonne plus, d'autres prénoms sont plus inusités, dont Bach, Bono, Elton, Leclerc, Lennon et Mitsou. Le King a encore des fans en âge de procréer, comme en font fois les cinq petits Elvis nés au cours de la période étudiée. Les grands auteurs, eux, verront leur mémoire perpétuée par leur oeuvre, mais aussi par des jeunes Québécois prénommés Balzac, Molière, Nelligan, Platon, Rostand ou encore Zola.
Dans un autre ordre d'idées, il y a aussi des personnages d'émissions pour enfants qui passeront à la postérité dans les familles des petits Bart, Homer, Perline, Lala, Hermione et Linus...
Originalité
Toutes les statistiques prouvent que les prénoms sont de plus en plus recherchés et originaux.
Il y a 40 ans, les cinq prénoms les plus populaires regroupaient 24 % des jeunes garçons et 27,5 % des jeunes filles. L'année dernière, les cinq prénoms les plus prisés n'englobaient plus que 9,3 % de la jeune population masculine et seulement 4,5 % de la population féminine.
C'est ainsi qu'on a récemment vu émerger des prénoms liés aux astres (Uranus, Sedna, Star, Soleil), à des animaux (Loup, Louve, Kitty, Benji), à la végétation (Prune, Taiga, Vanille) ou à la géographie (America, Argentina, Chili, Italia, Kansas, Liban, Monaco et même un petite Canada née en 2001). Il y a aussi certains publicistes qui doivent saliver en voyant des petits Sony, Nike, Rona et Kia. D'autres sont carrément inclassables, comme Sel, Geisha, Jelly, Boy, Tuesday, Juin et Jesus-Sauve.
Les Québécois peuvent-ils donner n'importe quel prénom à leurs enfants? Presque. La loi stipule que le choix des prénoms revient entièrement aux parents. Le bureau du Directeur de l'état civil, qui avait auparavant le droit de refuser un prénom qui pouvait porter préjudice à l'enfant, doit maintenant poursuivre les parents dans le cas d'un prénom douteux. Tout prénom est donc aujourd'hui automatiquement enregistré et les démarches sont prises par la suite.
« Les cas problèmes sont très rares et la plupart de ceux-ci sont réglés par le dialogue avec les parents », explique Claude Fradette, porte-parole du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration. Aucune compilation officielle du nombre de cas problématiques n'a été effectuée depuis 2002, mais au bureau du Directeur de l'état civil, on estime qu'il y en a eu environ 25 par année. Et dans plus de 90 % des cas, les parents modifient volontairement leur choix.
Jeune fille cherche jeune homme...
Les histoires d'amour inspirent-elles plus des prénoms féminins ou masculins? Entre 1998 et 2003, au Québec, il y a eu:
> 908 Juliette, mais seulement 16 Roméo
> 382 Julie, mais seulement 12 Pierre-Karl
> 2058 Émilie, mais seulement deux Ovila
> 874 Roxanne, mais seulement un Cyrano
> 55 Jane, mais aucun Tarzan
> 46 Fiona, mais aucun Shrek
> seulement six Iseult, mais 1427 Tristan.