Publié : mar. nov. 30, 2004 4:27 am
PORNOGRAPHIE INFANTILE
«Bonjour messieurs, venez visiter ma chambre»
Christiane Desjardins
La Presse
«Bonjour messieurs, entrez, venez visiter ma chambre», a dit spontanément une fillette de quatre ans, quand elle a ouvert la porte du domicile familial, le soir du 9 décembre 2002. Reconnaissant la fillette qu'ils avaient vue sur les horribles photos de pornographie infantile, les enquêteurs de la Sûreté du Québec et les employés de la DPJ sont restés pétrifiés sur place.
«Ça nous a gelés», a expliqué hier Gaston Lessard, un cyberenquêteur de la SQ, alors qu'il témoignait au procès d'un Montréalais accusé de fabrication, possession et distribution de pornographie infantile, ainsi que d'agression sexuelle sur sa propre fille de quatre ans. L'accusé, âgé de 31 ans et résidant du quartier Centre-Sud à Montréal, a été arrêté en décembre 2002 au terme d'une enquête amorcée en Europe.
Ce sont des policiers suisses qui ont d'abord pris contact avec la SQ. Dans le cadre d'une vaste enquête sur la pornographie infantile, impliquant aussi la Norvège, la France et la Belgique, ils avaient trouvé du matériel qui provenait de deux internautes «très actifs» au Québec. Après avoir reçu le matériel en question, les policiers de la SQ ont entrepris leur propre enquête. Avec l'adresse IP (sorte de plaque d'immatriculation des ordinateurs branchés sur le cyberespace), ils sont d'abord remontés jusqu'à Pierre Landreville, un résidant de l'Assomption.
Dans l'ordinateur de ce père de famille de 43 ans, ils ont trouvé une quantité phénoménale de matériel pornographique. Parmi celui-ci, il y avait du matériel inédit, 18 photos qui n'avaient jamais été répertoriées à l'échelle planétaire. Une fillette de moins de cinq ans apparaissait habillée en petite mariée. On la voyait ensuite de plus en plus déshabillée, avec un pénis sur ses parties génitales, puis avec du sperme sur elle. Le mobilier autour d'elle tranchait avec les photos habituelles provenant de la Russie et de la Tchécoslovaquie. Il semblait québécois. Au hasard des photos, on y voyait une jaquette Minnie Mouse, un drap à l'effigie de Barbie, un trou dans un mur, un matelas de marque Royal...
«On était certain que, soit la personne agressait elle-même ses enfants, ou qu'elle filmait les agressions», a expliqué l'enquêteur Lessard, hier. En montrant les photos en question à l'entourage de Landreville, certains ont reconnu la fillette de X... Landreville se rendait souvent chez X avec des cadeaux pour la petite fille, ont-ils relaté aux policiers. Landreville disait qu'il apportait des cadeaux à la fillette parce que sa famille était pauvre. Dans ses clavardages pornographiques, Landreville s'était aussi vanté d'avoir une «fiancée d'été», qui avait 11 ans, et une «fiancée d'hiver», qui avait cinq ans. «C'est son père qui me l'a présentée et qui m'a permis de m'amuser avec», écrivait-il.
Un trou dans le mur
Le soir même, les enquêteurs réussissaient à localiser X, et se présentaient chez lui pour perquisitionner. À leur grande surprise, c'est la petite «mariée» des photos qui leur ouvrait la porte. X, lui, était couché dans sa chambre. En faisant le tour de l'appartement, les policiers ont trouvé une chemise Minnie Mouse, un drap Barbie, un matelas Royal, un trou dans le mur... «Là je me suis dit: on est à la bonne place», a commenté l'enquêteur Lessard hier. Monsieur X, un père de quatre jeunes enfants qui était alors sur l'aide sociale, vivait dans un cinq pièces et demi. Dans l'appartement, les policiers y ont trouvé quatre ordinateurs et plusieurs Web Cam.
Jocelyn April, enquêteur de la SQ et analyste informatique, a scruté le contenu des ordinateurs. En ne comptant que les images impliquant des enfants de moins de 12 ans, il a répertorié 5312 photos, et 544 films d'animation. «C'est la première fois de ma carrière que je vois des films d'une aussi longue durée. Habituellement ça ne dure que quelques minutes. Là, il y en avait qui duraient près d'une heure», a-t-il expliqué hier en présentant des bouts de films au tribunal. Des films tous plus horribles les uns que les autres, certains provenant de la Grande-Bretagne ou du Mexique, et qui ont circulé dans le monde entier. On y voit entre autres une fillette, pieds et mains attachés, en train de faire une fellation à un homme qui la tient en laisse comme un chien. Sur d'autres images, on voit des poupons à la couche se faire agresser.
Landreville
Pierre Landreville a témoigné au procès de X, hier. Il a connu X par le biais d'Internet, sur les réseaux de pornographie infantile. De fil en aiguille, les deux hommes ont fini par se voir et se fréquenter. Landreville dit être allé environ cinq ou six fois chez X, mais soutient n'avoir rien fait avec sa fillette. Par contre, il jure avoir vu X agresser sa propre fille. X était dans la chambre de l'enfant, et la petite avait du sperme sur elle, dit-il.
Landreville s'est aussi défendu en disant que sur les réseaux de pornographie infantile, les gens se vantent beaucoup: «80 % à 90 % de ce qu'ils disent sont des menteries», dit-il. Ils mentent pour passer pour une «vedette.» Ceux qui produisent leurs propres films sont des vedettes, et les vedettes reçoivent plus de matériel des autres internautes.
Arrêté en même temps que X, Landreville avait réussi à obtenir sa libération sous caution en 2002. La semaine dernière, il a été arrêté de nouveau et réaccusé de possession et distribution de pornographie infantile. Cette fois, il est resté sous les verrous en attendant son propre procès.
Quant au procès de X, il se poursuit aujourd'hui devant la juge Dominique Wilhelmy, au palais de justice de Montréal. --Message edité par Doc.Maillet le 2004-12-03 13:46:04--
«Bonjour messieurs, venez visiter ma chambre»
Christiane Desjardins
La Presse
«Bonjour messieurs, entrez, venez visiter ma chambre», a dit spontanément une fillette de quatre ans, quand elle a ouvert la porte du domicile familial, le soir du 9 décembre 2002. Reconnaissant la fillette qu'ils avaient vue sur les horribles photos de pornographie infantile, les enquêteurs de la Sûreté du Québec et les employés de la DPJ sont restés pétrifiés sur place.
«Ça nous a gelés», a expliqué hier Gaston Lessard, un cyberenquêteur de la SQ, alors qu'il témoignait au procès d'un Montréalais accusé de fabrication, possession et distribution de pornographie infantile, ainsi que d'agression sexuelle sur sa propre fille de quatre ans. L'accusé, âgé de 31 ans et résidant du quartier Centre-Sud à Montréal, a été arrêté en décembre 2002 au terme d'une enquête amorcée en Europe.
Ce sont des policiers suisses qui ont d'abord pris contact avec la SQ. Dans le cadre d'une vaste enquête sur la pornographie infantile, impliquant aussi la Norvège, la France et la Belgique, ils avaient trouvé du matériel qui provenait de deux internautes «très actifs» au Québec. Après avoir reçu le matériel en question, les policiers de la SQ ont entrepris leur propre enquête. Avec l'adresse IP (sorte de plaque d'immatriculation des ordinateurs branchés sur le cyberespace), ils sont d'abord remontés jusqu'à Pierre Landreville, un résidant de l'Assomption.
Dans l'ordinateur de ce père de famille de 43 ans, ils ont trouvé une quantité phénoménale de matériel pornographique. Parmi celui-ci, il y avait du matériel inédit, 18 photos qui n'avaient jamais été répertoriées à l'échelle planétaire. Une fillette de moins de cinq ans apparaissait habillée en petite mariée. On la voyait ensuite de plus en plus déshabillée, avec un pénis sur ses parties génitales, puis avec du sperme sur elle. Le mobilier autour d'elle tranchait avec les photos habituelles provenant de la Russie et de la Tchécoslovaquie. Il semblait québécois. Au hasard des photos, on y voyait une jaquette Minnie Mouse, un drap à l'effigie de Barbie, un trou dans un mur, un matelas de marque Royal...
«On était certain que, soit la personne agressait elle-même ses enfants, ou qu'elle filmait les agressions», a expliqué l'enquêteur Lessard, hier. En montrant les photos en question à l'entourage de Landreville, certains ont reconnu la fillette de X... Landreville se rendait souvent chez X avec des cadeaux pour la petite fille, ont-ils relaté aux policiers. Landreville disait qu'il apportait des cadeaux à la fillette parce que sa famille était pauvre. Dans ses clavardages pornographiques, Landreville s'était aussi vanté d'avoir une «fiancée d'été», qui avait 11 ans, et une «fiancée d'hiver», qui avait cinq ans. «C'est son père qui me l'a présentée et qui m'a permis de m'amuser avec», écrivait-il.
Un trou dans le mur
Le soir même, les enquêteurs réussissaient à localiser X, et se présentaient chez lui pour perquisitionner. À leur grande surprise, c'est la petite «mariée» des photos qui leur ouvrait la porte. X, lui, était couché dans sa chambre. En faisant le tour de l'appartement, les policiers ont trouvé une chemise Minnie Mouse, un drap Barbie, un matelas Royal, un trou dans le mur... «Là je me suis dit: on est à la bonne place», a commenté l'enquêteur Lessard hier. Monsieur X, un père de quatre jeunes enfants qui était alors sur l'aide sociale, vivait dans un cinq pièces et demi. Dans l'appartement, les policiers y ont trouvé quatre ordinateurs et plusieurs Web Cam.
Jocelyn April, enquêteur de la SQ et analyste informatique, a scruté le contenu des ordinateurs. En ne comptant que les images impliquant des enfants de moins de 12 ans, il a répertorié 5312 photos, et 544 films d'animation. «C'est la première fois de ma carrière que je vois des films d'une aussi longue durée. Habituellement ça ne dure que quelques minutes. Là, il y en avait qui duraient près d'une heure», a-t-il expliqué hier en présentant des bouts de films au tribunal. Des films tous plus horribles les uns que les autres, certains provenant de la Grande-Bretagne ou du Mexique, et qui ont circulé dans le monde entier. On y voit entre autres une fillette, pieds et mains attachés, en train de faire une fellation à un homme qui la tient en laisse comme un chien. Sur d'autres images, on voit des poupons à la couche se faire agresser.
Landreville
Pierre Landreville a témoigné au procès de X, hier. Il a connu X par le biais d'Internet, sur les réseaux de pornographie infantile. De fil en aiguille, les deux hommes ont fini par se voir et se fréquenter. Landreville dit être allé environ cinq ou six fois chez X, mais soutient n'avoir rien fait avec sa fillette. Par contre, il jure avoir vu X agresser sa propre fille. X était dans la chambre de l'enfant, et la petite avait du sperme sur elle, dit-il.
Landreville s'est aussi défendu en disant que sur les réseaux de pornographie infantile, les gens se vantent beaucoup: «80 % à 90 % de ce qu'ils disent sont des menteries», dit-il. Ils mentent pour passer pour une «vedette.» Ceux qui produisent leurs propres films sont des vedettes, et les vedettes reçoivent plus de matériel des autres internautes.
Arrêté en même temps que X, Landreville avait réussi à obtenir sa libération sous caution en 2002. La semaine dernière, il a été arrêté de nouveau et réaccusé de possession et distribution de pornographie infantile. Cette fois, il est resté sous les verrous en attendant son propre procès.
Quant au procès de X, il se poursuit aujourd'hui devant la juge Dominique Wilhelmy, au palais de justice de Montréal. --Message edité par Doc.Maillet le 2004-12-03 13:46:04--