Publié : sam. nov. 27, 2004 7:13 am
Le samedi 27 novembre 2004
«Dictature religieuse»
Une grand-mère ne peut plus voir ses petits-enfants
Christiane Desjardins
La Presse
Une grand-mère obnubilée par la religion, qui parle du «venin du serpent du diable» à ses petits-enfants, vient d'échouer dans sa tentative de rétablir ses droits d'accès. Son attitude est malsaine et même néfaste à l'égard de ses petits-enfants, a conclu le juge Jean-Jude Chabot, de la Cour supérieure.
Les préoccupations religieuses de la grand-mère ne datent pas d'hier. À 12 ans, sa propre fille la quitte parce qu'elle n'en peut plus de la «dictature religieuse» qui régne à la maison. Elle préfère aller demeurer avec son père, qui vient de se séparer de sa mère.
À 18 ans, la jeune fille rencontre un garçon avec qui elle a un enfant, puis un deuxième. Maintenant âgée de 28 ans, elle vit toujours avec le même conjoint. Sa mère n'a jamais accepté son style de vie, lui reprochant de ne pas s'être mariée, d'avoir eu des enfants hors mariage et de ne pas aller à l'église.
Malgré tout, en l'an 2000, le couple consent à ce que la grand-mère garde les petits une fin de semaine sur deux, pour leur permettre de travailler et s'acheter une maison. Mais au bout d'un an, le couple rompt toute communication avec la grand-mère. Celle-ci aurait dit aux enfants qu'en raison de leur vie hors de l'Église, leurs parents «iraient se rouler dans la merde avec les rats et les soldats du diable».
Après l'intervention d'un avocat, le couple consent à ce que les enfants voient de nouveau leur grand-mère, mais seulement dans des endroits publics, et à condition qu'elle ne leur parle pas de religion. Après quelques visites dans un centre commercial, la grand-mère reprend graduellement ses droits d'accès.
En mars 2003, les enfants reviennent à la maison en disant que leur grand-mère a comparé le mode de vie de leurs parents au «venin du serpent du diable». Les parents mettent alors fin définitivement à leur relation. C'est alors que la grand-mère se tourne vers la Cour supérieure, dans le but d'obliger sa fille à lui laisser voir ses petits-enfants.
Devant le tribunal, la mère fait valoir qu'elle craint que ses enfants vivent le même calvaire qu'elle a vécu auprès de sa mère. De plus, selon elle, la grand-mère démontre une plus grande affection au plus jeune des deux enfants, parce qu'il est plus malléable. La grand-mère, de son côté, se défend en disant qu'elle ne parle plus de religion, sauf quand le plus jeune lui parle de «Jésus ou du ciel».
Elle croit que le petit dernier a une très grande foi, et qu'il est bien d'accord avec elle sur l'amour de Jésus. Le plus vieux est plus comme sa fille, estime la grand-mère. Il la défie, et ne veut rien savoir de la religion. Le plus jeune, «est l'enfant que j'aime le plus au monde. Il ne m'a jamais fait de peine comme ma fille m'en a fait, il m'écoute et fait ce que je veux», explique la grand-mère.
L'attitude de la grand-mère en cour n'a pas aidé sa cause. Le juge a noté que lorsque sa fille était à la barre, elle lui a carrément tourné le dos pour ne pas la regarder. «Elle a même quitté la salle d'audience abruptement pendant son témoignage, pour revenir par la suite», écrit le juge.
«L'enfant n'est pas une chose qu'on s'approprie, l'enfant n'est pas une béquille sur laquelle on s'appuie, l'enfant n'est pas une matière qu'on façonne à sa guise», signale le juge, avant de conclure que les parents avaient raison d'interdire à la grand-mère de voir ses deux petits-enfants.
«Dictature religieuse»
Une grand-mère ne peut plus voir ses petits-enfants
Christiane Desjardins
La Presse
Une grand-mère obnubilée par la religion, qui parle du «venin du serpent du diable» à ses petits-enfants, vient d'échouer dans sa tentative de rétablir ses droits d'accès. Son attitude est malsaine et même néfaste à l'égard de ses petits-enfants, a conclu le juge Jean-Jude Chabot, de la Cour supérieure.
Les préoccupations religieuses de la grand-mère ne datent pas d'hier. À 12 ans, sa propre fille la quitte parce qu'elle n'en peut plus de la «dictature religieuse» qui régne à la maison. Elle préfère aller demeurer avec son père, qui vient de se séparer de sa mère.
À 18 ans, la jeune fille rencontre un garçon avec qui elle a un enfant, puis un deuxième. Maintenant âgée de 28 ans, elle vit toujours avec le même conjoint. Sa mère n'a jamais accepté son style de vie, lui reprochant de ne pas s'être mariée, d'avoir eu des enfants hors mariage et de ne pas aller à l'église.
Malgré tout, en l'an 2000, le couple consent à ce que la grand-mère garde les petits une fin de semaine sur deux, pour leur permettre de travailler et s'acheter une maison. Mais au bout d'un an, le couple rompt toute communication avec la grand-mère. Celle-ci aurait dit aux enfants qu'en raison de leur vie hors de l'Église, leurs parents «iraient se rouler dans la merde avec les rats et les soldats du diable».
Après l'intervention d'un avocat, le couple consent à ce que les enfants voient de nouveau leur grand-mère, mais seulement dans des endroits publics, et à condition qu'elle ne leur parle pas de religion. Après quelques visites dans un centre commercial, la grand-mère reprend graduellement ses droits d'accès.
En mars 2003, les enfants reviennent à la maison en disant que leur grand-mère a comparé le mode de vie de leurs parents au «venin du serpent du diable». Les parents mettent alors fin définitivement à leur relation. C'est alors que la grand-mère se tourne vers la Cour supérieure, dans le but d'obliger sa fille à lui laisser voir ses petits-enfants.
Devant le tribunal, la mère fait valoir qu'elle craint que ses enfants vivent le même calvaire qu'elle a vécu auprès de sa mère. De plus, selon elle, la grand-mère démontre une plus grande affection au plus jeune des deux enfants, parce qu'il est plus malléable. La grand-mère, de son côté, se défend en disant qu'elle ne parle plus de religion, sauf quand le plus jeune lui parle de «Jésus ou du ciel».
Elle croit que le petit dernier a une très grande foi, et qu'il est bien d'accord avec elle sur l'amour de Jésus. Le plus vieux est plus comme sa fille, estime la grand-mère. Il la défie, et ne veut rien savoir de la religion. Le plus jeune, «est l'enfant que j'aime le plus au monde. Il ne m'a jamais fait de peine comme ma fille m'en a fait, il m'écoute et fait ce que je veux», explique la grand-mère.
L'attitude de la grand-mère en cour n'a pas aidé sa cause. Le juge a noté que lorsque sa fille était à la barre, elle lui a carrément tourné le dos pour ne pas la regarder. «Elle a même quitté la salle d'audience abruptement pendant son témoignage, pour revenir par la suite», écrit le juge.
«L'enfant n'est pas une chose qu'on s'approprie, l'enfant n'est pas une béquille sur laquelle on s'appuie, l'enfant n'est pas une matière qu'on façonne à sa guise», signale le juge, avant de conclure que les parents avaient raison d'interdire à la grand-mère de voir ses deux petits-enfants.