Le samedi 28 avril 2007
Après s'être fait connaître grâce à ses rôles dans des comédies musicales, Marie-Ève Janvier revient défendre son propre répertoire. Ceux qui l'ont applaudie dans Don Juan la suivront-ils ?
Photo : André Tremblay, La Presse
Marie-Ève Janvier: la vie après Don Juan
Alexandre Vigneault
Huit ans après avoir joué la Fleur-de-Lys de Plamondon et trois ans après avoir créé la Maria du Don Juan de Félix Gray, Marie-Ève Janvier se montre sous son vrai visage. Entourée d'une armée d'auteurs et de compositeurs, la chanteuse propose un album pop où pointe son affection pour le country manière Dixie Chicks.
On croise son visage depuis si longtemps qu'on oublie facilement que Marie-Ève Janvier n'a que 22 ans. Elle en avait 14 lorsqu'elle a obtenu un rôle dans Notre-Dame de Paris. Elle n'était pas encore majeure quand elle a joué dans Les Dix commandements. Elle avait à peine 20 ans lorsqu'elle a goûté au succès avec Don Juan, comédie musicale qui l'a fait voyager de Montréal à Paris, en passant par la Corée du Sud.
Son jeune âge, on l'oublie aussi pour une autre raison: Marie-Ève Janvier a une bonne tête. Elle n'est pas du genre à s'en remettre à sa bonne étoile et à affirmer qu'on peut réaliser ses rêves si on y croit assez, les yeux luisant de naïveté. " J'ai une vision très réaliste du milieu ", dit-elle.
Elle sait qu'il vaut mieux être du côté de ceux qui vendent 50 000 disques ou plus et que ceux qui n'atteignent pas ce score en vendent souvent moins de 5000. Elle a beau être sous contrat avec une multinationale française («Je suis un produit français», dit-elle avec autodérision), elle sait qu'elle est inconnue là-bas. Elle aspire à une carrière internationale, mais n'oublie pas de placer le mot «éventuel» lorsqu'elle parle d'un album en anglais.
Elle sait aussi qu'elle est chanceuse. «Je fais partie de celles qui travaillent et qui peuvent vivre de leur art. Je fais partie des chanceuses, mais j'ai travaillé pour obtenir ce que j'ai eu. Je sais que tout peut s'arrêter demain ou que ça peut partir en fou. J'analyse beaucoup dans la vie, dit-elle, et je ne m'emballe pas facilement.»
Pop rock vivant
Après s'être cachée derrière des personnages, Marie-Ève Janvier dit être «partie à la découverte» de ce qu'elle peut être. La jeune femme de Granby a d'abord trouvé sa voix, quelque part entre France D'Amour, Natasha St-Pier et Shania Twain. Et ensuite une personnalité musicale plus près du folk ou country pop américain que de la pop française manufacturée.
Une direction qui étonne considérant que l'armée d'auteurs et de compositeurs qui l'entourent ont travaillé pour Élodie Frégé, Garou et Marilou. Marie-Ève Janvier aime Amanda Marshall, Sheryl Crow et les Dixie Chicks. Elle tenait à entendre ces influences sur son disque. «Avoir un réalisateur qui a les mêmes goûts que soi, ça fait toute une différence, observe-t-elle. C'est Rémi Lacroix (un Français établi en Bretagne) qui a amené le côté rock américanisé.» Ce son et ce ton vont comme un gant à l'énergie dégagée par l'interprète.
Marie-Ève Janvier n'avait pas envie de donner l'image d'une fille fragile qui implore son amoureux de revenir. «Je suis une fille de caractère», dit-elle. Ses chansons, même les ballades, débordent d'ondes positives. La toute première s'intitule d'ailleurs La vie quand elle va bien. Passant d'une plage à l'autre, on découvre une jeune femme «qui aime la vie, qui s'assume et qui a le contrôle sur sa vie», selon la principale intéressée. Vu sous cet angle, son disque est très réussi.
Son Don Juan
Dans la longue liste des collaborateurs, on croise aussi le nom de Jean-François Breau. Ce n'est pas un hasard. Celui qui fut Don Juan, sur scène, est aujourd'hui son amoureux. Elle le connaît depuis qu'elle a 14 ans («C'est le premier qui est venu me parler quand j'ai fait Notre-Dame de Paris», se rappelle-t-elle), mais ils ne forment un couple que depuis un an. Ils vivent ensemble, à Granby. Quiconque veut avoir des détails sur leur déménagement n'a qu'à écouter Ici et maintenant, chanson écrite par une amie et confidente du couple, Céline Abric.
Voir deux jeunes chanteurs qui jouent l'amour sur scène s'enticher l'un de l'autre dans la vie n'a rien d'exceptionnel. L'équivalent arrive toutes les semaines sur les plateau de cinéma. «Je ne suis pas tombée amoureuse de Don Juan, tient-elle à préciser. C'est Jean-François, le gars, qui m'a plu.»
Un an après son amoureux, elle se retrouve dans la même situation que lui: défendre sa propre identité musicale, alors que le grand public la connaît à travers Changer ou Je pense à lui.
«Maintenant, c'est une nouvelle étape. Est-ce que les gens qui ont aimé Don Juan vont me suivre? Est-ce qu'il vont accepter Marie-Ève Janvier? Plusieurs d'entre eux ont aimé Don Juan et Maria, pas nécessairement Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier...»
Source:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... 017/CPARTS