Publié : mar. févr. 03, 2004 6:58 am
Que j'ai adoré
Voici une critique de la presse ;)
Flora Tristan et Gauguin vus par Mario Vargas Llosa
Elias Levy
collaboration spéciale, La Presse
L'année dernière, le grand écrivain péruvien Mario Vargas Llosa a publié La Fête au Bouc (Éditions Gallimard), une biographie romancée du dictateur dominicain Rafael Trujillo. Un roman puissant et troublant, qualifié de chef-d'oeuvre par la critique internationale. L'auteur de La Ville et les Chiens et de La Tante Julia et le scribouillard semble avoir, depuis quelques années, une prédilection pour le genre biographique. En effet, ses plus récentes oeuvres se situent dans un réel romancé, proche du genre très classique du roman historique. Son dernier livre, Le Paradis- un peu plus loin, dont la version française, très finement traduite de l'espagnol par Albert Bensoussan, est parue récemment chez Gallimard, est aussi un très beau roman biographique, évoquant les vies ardues et tumultueuses de deux figures marquantes du paysage social et artistique XIXe siècle: la militante féministe et ouvriériste, Flora Tristan, et son petit-fils, le peintre Paul Gauguin.
Écrivaine, féministe, pionnière des luttes sociales, voyageuse, Flora Tristan, née en avril 1803 à Paris, fut l'une des premières à lier la condition de la femme à celle des ouvriers. Fille d'un officier péruvien au service du roi d'Espagne et d'une bourgeoise parisienne, cette ardente humaniste mourut à Bordeaux, en 1844, après une épuisante tournée militante au coeur de la misère sociale française. Un siècle après sa mort, en mai 1903, son petit-fils, le peintre Paul Gauguin, meurt aux îles Marquises. Cet ex-marin, ex-agent de change, ex-mari bourgeois, décide à 35 ans de devenir artiste et finit sa vie, aveugle et haï par ses pairs, dans une cabane délabrée, baptisée « La maison du jouir », sise en plein coeur de la Polynésie.
Vargas Llosa restitue magistralement en un modèle de biographies croisées ces deux existences parallèles marquées par le sceau de la tragédie. L'écrivain déroule avec un immense savoir-faire les vies de l'un et de l'autre en chapitres alternés. Elles s'éclairent mutuellement, se font écho. Chaque chapitre du livre est composé d'un entrelacs de faits présents et de souvenirs. Éreintée par une vie de combats collectifs et individuels, Flora se souvient avec horreur de son mariage forcé, des années de persécution, de ses enfants arrachés, de l'humiliation qu'elle a subie au Pérou, où elle est allée récupérer le droit à l'héritage de son père. Le volet Gauguin est construit comme une suite de tableaux, chaque chapitre évoquant une des grandes oeuvres du peintre, surtout celles de période polynésienne. La vie lugubre de Gauguin sera peu à peu broyée par l'alcool, la maladie et la misère.
Qui pourrait vous intéressez
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L'année dernière, le grand écrivain péruvien Mario Vargas Llosa a publié La Fête au Bouc (Éditions Gallimard), une biographie romancée du dictateur dominicain Rafael Trujillo. Un roman puissant et troublant, qualifié de chef-d'oeuvre par la critique internationale. L'auteur de La Ville et les Chiens et de La Tante Julia et le scribouillard semble avoir, depuis quelques années, une prédilection pour le genre biographique. En effet, ses plus récentes oeuvres se situent dans un réel romancé, proche du genre très classique du roman historique. Son dernier livre, Le Paradis- un peu plus loin, dont la version française, très finement traduite de l'espagnol par Albert Bensoussan, est parue récemment chez Gallimard, est aussi un très beau roman biographique, évoquant les vies ardues et tumultueuses de deux figures marquantes du paysage social et artistique XIXe siècle: la militante féministe et ouvriériste, Flora Tristan, et son petit-fils, le peintre Paul Gauguin.
Écrivaine, féministe, pionnière des luttes sociales, voyageuse, Flora Tristan, née en avril 1803 à Paris, fut l'une des premières à lier la condition de la femme à celle des ouvriers. Fille d'un officier péruvien au service du roi d'Espagne et d'une bourgeoise parisienne, cette ardente humaniste mourut à Bordeaux, en 1844, après une épuisante tournée militante au coeur de la misère sociale française. Un siècle après sa mort, en mai 1903, son petit-fils, le peintre Paul Gauguin, meurt aux îles Marquises. Cet ex-marin, ex-agent de change, ex-mari bourgeois, décide à 35 ans de devenir artiste et finit sa vie, aveugle et haï par ses pairs, dans une cabane délabrée, baptisée « La maison du jouir », sise en plein coeur de la Polynésie.
Vargas Llosa restitue magistralement en un modèle de biographies croisées ces deux existences parallèles marquées par le sceau de la tragédie. L'écrivain déroule avec un immense savoir-faire les vies de l'un et de l'autre en chapitres alternés. Elles s'éclairent mutuellement, se font écho. Chaque chapitre du livre est composé d'un entrelacs de faits présents et de souvenirs. Éreintée par une vie de combats collectifs et individuels, Flora se souvient avec horreur de son mariage forcé, des années de persécution, de ses enfants arrachés, de l'humiliation qu'elle a subie au Pérou, où elle est allée récupérer le droit à l'héritage de son père. Le volet Gauguin est construit comme une suite de tableaux, chaque chapitre évoquant une des grandes oeuvres du peintre, surtout celles de période polynésienne. La vie lugubre de Gauguin sera peu à peu broyée par l'alcool, la maladie et la misère.
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