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Publié : lun. oct. 17, 2005 6:13 am
par Abysse


Clôner minou


Le lundi 17 octobre 2005


Alexandre Sirois

La Presse

Sausalito, Californie

Nulle part ailleurs qu'à Sausalito, paisible centre de villégiature californien situé au pied du fameux Golden Gate, ne peut-on mieux prouver qu'un chat peut avoir neuf vies.

Et nulle part ailleurs que dans cette coquette petite ville plantée de palmiers ne vous offre-t-on de le démontrer avec, en prime, une politique de satisfaction garantie ou argent remis.

Car il n'y a pas, à Sausalito, uniquement des touristes et des flâneurs alléchés par les airs méditerranéens de l'endroit et ses vues imprenables sur San Francisco et Alcatraz. Il y a aussi une trentaine de personnes qui se démènent pour faire ronronner de plaisir les propriétaires de chats.

Au deuxième étage du 80 Liberty Ship Way, un grand hangar anonyme faisant face à la baie de San Francisco, on trouve la première entreprise qui se consacre au clonage d'animaux domestiques: Genetic Savings & Clone.

«Nous garantissons la ressemblance physique et la bonne santé, sans quoi nous vous remboursons», assure Lou Hawthorne, le président de l'entreprise, un quadragénaire au ton doux et au teint basané.

M. Hawthorne correspond en tous points à l'idée qu'on se forme d'un entrepreneur de la côte Ouest. Il porte des jeans, un col roulé noir et des baskets, et manifeste une désinvolture presque étudiée. Ainsi, peu après le début de l'entrevue, il enlève ses souliers et s'assied à l'indienne sur le sofa.

En revanche, il s'exprime avec la passion d'un scientifique et la rigueur d'un homme d'affaires aguerri. Et il est convaincu que l'avenir s'annonce rayonnant pour le clonage d'animaux domestiques.

Un clone: 32 000 $

«Des sondages effectués par le réseau CNN et le Wall Street Journal ont démontré qu'un Américain sur quatre possédant un animal domestique est intéressé à le faire cloner», indique M. Hawthorne. Il précise du même souffle qu'il y a 100 millions de chats et de chiens aux États-Unis.

Le marché potentiel est donc vaste. Les mêmes sondages prouvent toutefois que «le nombre d'Américains intéressés chute très rapidement lorsque le prix entre en jeu», ajoute candidement l'entrepreneur.

C'est compréhensible. Faire cloner un chat coûte 32 000 $US. Le prix pour un chien n'a pas encore été établi, mais il risque fort d'être plus élevé puisque le procédé est plus complexe.

Si complexe, en fait, que les chercheurs de Genetic Savings & Clone peinent encore à mettre au point une méthode qui leur permettra d'en cloner un, ce qui a été effectué une première fois en août dernier en Corée du Sud.

L'entreprise américaine pense réaliser le même type d'exploit sous peu. Pas question pour elle de jeter l'éponge puisqu'elle a d'abord été mise sur pied pour cloner la chienne préférée d'un milliardaire excentrique, John Sperling.

Clients comblés

Une photo en noir et blanc de l'animal en question, Missy, est pendue sur un des murs du bureau de l'entrepreneur. Elle appartenait à la mère du Californien, bonne amie de Sperling. «Peu après le clonage de la brebis Dolly, en 1996, il m'a demandé de voir s'il serait possible de cloner un chien, se souvient-il. Mon rapport ne faisait guère plus d'une page. Essentiellement, j'y disais que ce serait très difficile. Et que cela coûterait plusieurs millions.» Il était persuadé que cela découragerait Sperling, mais il avait tort.

Ce milliardaire qui a fait fortune grâce à une université à but lucratif en Arizona a décidé d'aller de l'avant. Il a d'abord investi 4 millions dans le Missiplicity Project, mené avec une université texane. Faute de réussir à cloner un chien, l'équipe a été la première à produire la copie d'un chat.

Le hic, c'est que le pelage de CC (pour copie carbone), le chaton né en décembre 2001, n'était pas de la même couleur que celui du chat cloné. Hawthorne en parle encore aujourd'hui avec amertume, même si, quatre ans et une nouvelle technique de clonage plus tard, ce raté fait partie de l'histoire.

Depuis la fin de 2004, forte d'une injection de 15 millions supplémentaires par Sperling, la compagnie a produit sans se fourvoyer six nouveaux clones de chats. Deux d'entre eux, Little Gizmo et Little Nicky, ont été remis à des clients comblés. «Selon eux, c'est renversant. Ils constatent que les animaux se ressemblent physiquement et sur le plan du comportement», dit Hawthorne. Il a lui-même fait reproduire son chat, Tahini. Ses deux clones, Tabouli et Baba Ganoush, sont des sosies du matou original. Et tous trois détestent se faire serrer dans les bras d'un humain, témoigne l'entrepreneur.

Ceux qu'intéresse l'idée de soumettre leur compagnon favori à une telle expérience peuvent d'abord faire mettre en banque ses données génétiques. Un prélèvement de tissu de l'estomac ou de la bouche de l'animal sera conservé dans la banque d'ADN de la compagnie pour une somme variant de 295 $ à 1395 $, en plus de frais annuels d'une centaine de dollars.

Il y a «plusieurs centaines de personnes» qui ont déjà choisi cette option, indique Ben Carlson, le porte-parole de l'entreprise. Impossible cependant de connaître le nombre de clients qui ont déjà entamé des démarches pour faire cloner leur chat. Tout ce qu'on accepte de dévoiler, c'est qu'on prend déjà des commandes pour 2006.

Qui s'est montré intéressé jusqu'ici? «Le point en commun de tous nos clients n'est pas leur richesse mais bien qu'ils ont des animaux extraordinaires. Presque tous ont déjà eu d'autres chats et chiens dans leur vie. Et lorsqu'ils sont en présence d'un animal exceptionnel, ils le savent», affirme M. Hawthorne. Il parle lui-même de Missy, morte en 2002, comme s'il décrivait un être cher.

«Vous pouvez assurément dire que tous nos clients sont très à l'aise financièrement, mais ce qui est intéressant est qu'ils ne sont pas super riches. Ce ne sont pas des milliardaires, souligne l'entrepreneur. Ce sont des gens qui font du clonage de leur animal une priorité, avant l'achat d'une troisième maison ou d'un second chalet.»

Publié : lun. oct. 17, 2005 6:16 am
par Abysse


Les personnes qui font cloner leurs animaux de compagnie sont encore rares, mais le clonage est utilisé par les sociétés agroalimentaires qui veulent s'en servir pour améliorer la qualité de la viande, notamment.

À quand la copie de Vladimir?À quand la copie de Vladimir?

Alexandre Sirois

La Presse

Sausalito, Californie

Depuis la mort de Vladimir, en novembre 2003, Harry Zink a tout essayé pour le remplacer. En vain, raconte ce consultant en informatique de Toluca Lake, en banlieue de Los Angeles.

Il n'arrive pas à trouver un animal aussi exceptionnel que Vladimir, un croisement d'esquimau et de colley qui partageait sa vie depuis le milieu des années 90.

Depuis la mort de ce chien à la suite d'un cancer fulgurant, l'informaticien a tenté de renouer avec la race canine. Il a d'abord adopté un cocker spaniel, qui s'est révélé «destructeur» et a été renvoyé au refuge.

Et il est actuellement propriétaire d'un chien esquimau avec lequel il n'a pas d'atomes crochus. «C'est un chien très mignon, mais c'est seulement un chien. C'est la grande différence. Vladimir, lui, était comme une petite personne. Tous mes amis peuvent le confirmer», dit Harry Zink.

«Certains défenseurs des animaux disent qu'on n'a pas besoin de cloner un chien puisqu'on peut en trouver un autre semblable. C'est des conneries!» lance-t-il.

Malgré ses déboires, il garde espoir. Car avant la mort de Vladimir, il avait découvert l'existence de Genetic Savings & Clone. Il a eu le réflexe, sitôt son chien mort, de mettre en banque ses données génétiques.

«L'extraction de l'ADN m'a coûté 1000 $. J'avais déjà dépensé entre 6000 $ et 7000 $ en deux mois pour diverses opérations, médicaments et autres choses afin de lui rendre la vie plus agréable. Alors, ça représentait simplement le glaçage sur le gâteau», dit-il.

«J'ai l'impression d'avoir acheté une option que je pourrai exercer à l'avenir. Et comme je me connais, il y a bien des chances que je le fasse», ajoute le consultant. S'il en coûte 20 000 $ pour cloner Vladimir, il sautera sur l'occasion. À 50 000 $, il y réfléchira sérieusement. Au-delà, il prendra son mal en patience dans l'espoir que les prix chutent.

M. Zink sait que le coût du clone d'un chat est passé de 50 000 $ à 32 000 $ depuis la création de la compagnie. Optimiste, il pense être en mesure d'obtenir une copie de son chien préféré d'ici cinq à huit ans. Et il en est ravi.

«Des gens gardent des photos ou des poils de leur chien en souvenir, fait-il remarquer. En conservant l'ADN de mon chien, je peux potentiellement le cloner et avoir un jour un souvenir de lui qui va vivre et respirer.»




Publié : lun. oct. 17, 2005 6:17 am
par Abysse
Des millions pour Fido

Alexandre Sirois

La Presse

Genetic Savings & Clone peut se vanter d'avoir cloné le premier chat, mais elle s'est fait damer le pion quant au clonage d'un chien.

Une équipe de chercheurs sud-coréens a annoncé en grande pompe en août dernier qu'elle avait réalisé cet exploit. Les images d'un lévrier afghan nommé Snuppy ont rapidement fait le tour du monde.

Beaucoup d'embryons pour un clone en santé

Les chercheurs ont trimé dur avant d'y arriver: ils ont dû implanter 1095 embryons dans 123 chiennes pour obtenir un clone en santé.

C'est qu'un chien est très difficile à cloner, notamment parce que les ovules de l'animal ne peuvent pas être cultivés en laboratoire. Les chercheurs ont donc extrait les ovules des trompes du lévrier original pour en faire une copie.

«Cloner un chat était nettement plus facile», reconnaît Lou Hawthorne, président de Genetic Savings & Clone.

Sa compagnie est toujours à la recherche de la façon la plus efficace de cloner un chien. Pas question d'utiliser la méthode laborieuse des Sud-Coréens, qui y ont mis deux ans et demi. «Ça signifie qu'il nous faudrait demander entre 1 et 10 millions pour cloner un chien», explique M. Hawthorne.