Publié : ven. juin 02, 2006 2:27 am
Les nuits les plus courtes
par Marc Jobin,
astronome au Planétarium de Montréal
Les journées qui entourent le solstice d’été sont les plus longues de l’année. Cet allongement de la période de clarté se fait bien entendu au détriment de la nuit, car un jour comporte toujours 24 heures. Mais il faut également tenir compte de cette période intermédiaire qu’on appelle le crépuscule, qui allonge encore la période de clarté. Pour les astronomes et les amoureux du ciel nocturne, cela veut dire que la fenêtre d’observation est considérablement réduite.
On définit trois types de crépuscules : le crépuscule civil commence (le matin) ou se termine (le soir) lorsque le Soleil se trouve à 6 degrés sous l’horizon. Pour le crépuscule nautique, cet angle vaut plutôt 12 degrés, et 18 degrés pour le crépuscule dit astronomique. Ce n’est que lorsque le crépuscule astronomique est terminé que les astronomes considèrent que la nuit est vraiment noire, cela sans compter la présence de la Lune et toutes les autres formes de pollution lumineuse.
Aux latitudes moyennes, comme par exemple dans le sud du Québec, le crépuscule astronomique allonge considérablement la période de clarté autour du solstice de juin. À Montréal, le 21 juin, le jour dure 15 heures et 41 minutes; en principe, la nuit fait donc 8 heures et 19 minutes. Mais à cette période de l’année, le crépuscule astronomique ajoute plus de deux heures et demie de clarté le matin et autant le soir. Au total, la période d’obscurité véritable ne dure que… 3 heures ! À Québec, plus au nord, la situation est encore plus remarquable : la nuit noire n’y dure que 2 heures et 20 minutes au solstice de juin ! Par une belle nuit de la mi-juin, observez comment l’horizon nord demeure coloré jusque très tard en soirée : c’est le Soleil qui se trouve dans cette direction, pas très loin sous l’horizon.
Et si on se rend encore un peu plus au nord, la nuit ne devient jamais totalement noire pendant les quelques semaines qui entourent le solstice d’été. À partir de 50 degrés de latitude, comme par exemple sur la Basse Côte-Nord, une certaine luminosité persiste même au milieu de la nuit, du début juin à la mi-juillet. Située à 60 degrés nord, Saint-Pétersbourg, en Russie, est célèbre pour ses fameuses « nuits blanches ». Au nord du 66e parallèle, on franchit le cercle polaire. Au-delà de cette limite, le Soleil ne se couche pas pendant quelques jours ou quelques semaines de part et d’autre du solstice : c’est le soleil de minuit…
La Lune et les planètes
Le solstice d’été se produira cette année le 21 juin à 8 h 26, heure de l’Est. Si le Soleil passe à son point le plus haut dans le ciel ce jour-là, la Pleine lune de juin se retrouve quant à elle très bas à l’horizon. (Souvenez-vous : la Lune est pleine lorsqu’elle se trouve à l’opposé du Soleil dans le ciel.) Or, les particularités orbitales de notre satellite font que la Pleine lune de juin nous apparaîtra encore plus basse cette année. Ainsi, dans la nuit du 11 au 12, le disque lunaire ne s’élèvera qu’à une quinzaine de degrés au-dessus de l’horizon sud. Lorsqu’elle est aussi proche de l’horizon, la Lune normalement blanche prend une teinte jaunâtre (parfois même orangée) quand l’air est chargé de poussières ou d’humidité. C’est d’ailleurs ce qui vaut à la Pleine lune de juin son surnom de « lune de miel ».
Quelques jours auparavant, les 7 et 8 juin, la Lune gibbeuse se retrouve près d’un astre remarquable par sa brillance : il s’agit de Jupiter, qui apparaît vers le sud dès que le ciel commence à s’assombrir. La planète Jupiter n’est déclassée que par l’éclatante Vénus, mais celle-ci n’est présentement visible qu’en toute fin de nuit, vers l’est, dans les deux heures qui précèdent le lever du Soleil.
Au crépuscule, on aperçoit la planète Saturne près de l’horizon ouest. Sur sa droite, on trouve Pollux et Castor, les deux étoiles principales des Gémeaux, ainsi qu’une autre planète : Mars. Au début de juin, Mars se trouve à la gauche de Pollux; mais d’un soir à l’autre, on s’aperçoit que la planète rouge s’approche rapidement de Saturne. Les deux planètes se croisent au crépuscule le 17 juin : à peine un demi degré les sépare — elles seront si rapprochées en fait qu’elles apparaîtront dans le même champ au télescope. Dommage que cette rencontre se produise si bas à l’horizon ! Utilisez une paire de jumelles pour vous aider à bien voir cette conjonction, car Mars est en ce moment beaucoup plus faible que Saturne.
Mars poursuit ensuite sa route vers l’est, tandis que Saturne s’enfonce de plus en plus vers l’horizon à mesure que progresse le mois de juin : la planète aux anneaux disparaîtra bientôt dans les lueurs du Soleil. Le croissant de Lune fait une pause à la droite de Saturne le 27 et se retrouve au-dessus de Mars le lendemain soir.
Une dernière planète sera visible à l’œil nu en juin : il s’agit de Mercure, qu’on pourra apercevoir au crépuscule. La période de visibilité de Mercure ne dure que deux ou trois semaines; c’est cependant du 6 au 12 juin que la planète sera la plus brillante et donc plus facile à repérer. Cherchez-la très bas vers l’ouest-nord-ouest, entre 45 minutes et une heure après le coucher du Soleil.
Bonnes observations !
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par Marc Jobin,
astronome au Planétarium de Montréal
Les journées qui entourent le solstice d’été sont les plus longues de l’année. Cet allongement de la période de clarté se fait bien entendu au détriment de la nuit, car un jour comporte toujours 24 heures. Mais il faut également tenir compte de cette période intermédiaire qu’on appelle le crépuscule, qui allonge encore la période de clarté. Pour les astronomes et les amoureux du ciel nocturne, cela veut dire que la fenêtre d’observation est considérablement réduite.
On définit trois types de crépuscules : le crépuscule civil commence (le matin) ou se termine (le soir) lorsque le Soleil se trouve à 6 degrés sous l’horizon. Pour le crépuscule nautique, cet angle vaut plutôt 12 degrés, et 18 degrés pour le crépuscule dit astronomique. Ce n’est que lorsque le crépuscule astronomique est terminé que les astronomes considèrent que la nuit est vraiment noire, cela sans compter la présence de la Lune et toutes les autres formes de pollution lumineuse.
Aux latitudes moyennes, comme par exemple dans le sud du Québec, le crépuscule astronomique allonge considérablement la période de clarté autour du solstice de juin. À Montréal, le 21 juin, le jour dure 15 heures et 41 minutes; en principe, la nuit fait donc 8 heures et 19 minutes. Mais à cette période de l’année, le crépuscule astronomique ajoute plus de deux heures et demie de clarté le matin et autant le soir. Au total, la période d’obscurité véritable ne dure que… 3 heures ! À Québec, plus au nord, la situation est encore plus remarquable : la nuit noire n’y dure que 2 heures et 20 minutes au solstice de juin ! Par une belle nuit de la mi-juin, observez comment l’horizon nord demeure coloré jusque très tard en soirée : c’est le Soleil qui se trouve dans cette direction, pas très loin sous l’horizon.
Et si on se rend encore un peu plus au nord, la nuit ne devient jamais totalement noire pendant les quelques semaines qui entourent le solstice d’été. À partir de 50 degrés de latitude, comme par exemple sur la Basse Côte-Nord, une certaine luminosité persiste même au milieu de la nuit, du début juin à la mi-juillet. Située à 60 degrés nord, Saint-Pétersbourg, en Russie, est célèbre pour ses fameuses « nuits blanches ». Au nord du 66e parallèle, on franchit le cercle polaire. Au-delà de cette limite, le Soleil ne se couche pas pendant quelques jours ou quelques semaines de part et d’autre du solstice : c’est le soleil de minuit…
La Lune et les planètes
Le solstice d’été se produira cette année le 21 juin à 8 h 26, heure de l’Est. Si le Soleil passe à son point le plus haut dans le ciel ce jour-là, la Pleine lune de juin se retrouve quant à elle très bas à l’horizon. (Souvenez-vous : la Lune est pleine lorsqu’elle se trouve à l’opposé du Soleil dans le ciel.) Or, les particularités orbitales de notre satellite font que la Pleine lune de juin nous apparaîtra encore plus basse cette année. Ainsi, dans la nuit du 11 au 12, le disque lunaire ne s’élèvera qu’à une quinzaine de degrés au-dessus de l’horizon sud. Lorsqu’elle est aussi proche de l’horizon, la Lune normalement blanche prend une teinte jaunâtre (parfois même orangée) quand l’air est chargé de poussières ou d’humidité. C’est d’ailleurs ce qui vaut à la Pleine lune de juin son surnom de « lune de miel ».
Quelques jours auparavant, les 7 et 8 juin, la Lune gibbeuse se retrouve près d’un astre remarquable par sa brillance : il s’agit de Jupiter, qui apparaît vers le sud dès que le ciel commence à s’assombrir. La planète Jupiter n’est déclassée que par l’éclatante Vénus, mais celle-ci n’est présentement visible qu’en toute fin de nuit, vers l’est, dans les deux heures qui précèdent le lever du Soleil.
Au crépuscule, on aperçoit la planète Saturne près de l’horizon ouest. Sur sa droite, on trouve Pollux et Castor, les deux étoiles principales des Gémeaux, ainsi qu’une autre planète : Mars. Au début de juin, Mars se trouve à la gauche de Pollux; mais d’un soir à l’autre, on s’aperçoit que la planète rouge s’approche rapidement de Saturne. Les deux planètes se croisent au crépuscule le 17 juin : à peine un demi degré les sépare — elles seront si rapprochées en fait qu’elles apparaîtront dans le même champ au télescope. Dommage que cette rencontre se produise si bas à l’horizon ! Utilisez une paire de jumelles pour vous aider à bien voir cette conjonction, car Mars est en ce moment beaucoup plus faible que Saturne.
Mars poursuit ensuite sa route vers l’est, tandis que Saturne s’enfonce de plus en plus vers l’horizon à mesure que progresse le mois de juin : la planète aux anneaux disparaîtra bientôt dans les lueurs du Soleil. Le croissant de Lune fait une pause à la droite de Saturne le 27 et se retrouve au-dessus de Mars le lendemain soir.
Une dernière planète sera visible à l’œil nu en juin : il s’agit de Mercure, qu’on pourra apercevoir au crépuscule. La période de visibilité de Mercure ne dure que deux ou trois semaines; c’est cependant du 6 au 12 juin que la planète sera la plus brillante et donc plus facile à repérer. Cherchez-la très bas vers l’ouest-nord-ouest, entre 45 minutes et une heure après le coucher du Soleil.
Bonnes observations !
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