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Publié : ven. févr. 03, 2006 10:08 am
par Rénatane
Couleurs des étoiles
par Marc Jobin, astronome au Planétarium de Montréal
En astronomie, on dit souvent que telle étoile est rouge ou que telle autre est bleue. Vraiment ? Pourtant, le ciel étoilé est loin de ressembler à un arbre de Noël ou à un boulevard animé avec ses feux de circulation et ses enseignes multicolores !

Mais chaque étoile possède bel et bien une couleur caractéristique, déterminée par la température de sa surface. Ainsi les étoiles les plus chaudes, dont la température excède parfois 20 000 degrés, émettent surtout dans la partie bleue et ultraviolette du spectre, et comparativement peu dans le rouge : leur couleur paraît blanc bleuté. Les étoiles dont la surface est la plus froide, à peine 3000 degrés, émettent davantage de rouge et d’infrarouge que de bleu : leur coloration est donc rougeâtre.

Il est vrai que, dans les faits, la coloration des objets célestes est plutôt subtile : à l’œil, leurs couleurs paraissent délavées. Et si l’objet n’est pas assez brillant pour stimuler les cellules de la rétine sensibles à la couleur, il apparaîtra comme un simple point de lumière dépourvu de couleur. Sauf pour les étoiles les plus brillantes, la coloration d’une étoile isolée n’est pas toujours facile à distinguer. Par contre, elle devient beaucoup plus évidente lorsque deux astres voisins présentent un contraste de couleur prononcé.

Une belle occasion s’offrira à nous vers le milieu du mois de février, alors que Mars s’approchera à deux degrés des Pléiades. Les quelques dizaines d’étoiles de ce jeune amas possèdent en général une température de surface très élevée, révélée par leur couleur blanc bleuté. Mars est une planète : elle n’émet pas sa propre lumière mais réfléchit celle du Soleil. La teinte de Mars vient donc de la couleur orangée du sol. Avec une paire de jumelles, les deux objets seront bien visibles, et vous serez en mesure de comparer leur coloration. Un conseil : mettez vos jumelles légèrement hors foyer. Ainsi, la tache de lumière sera plus grande, stimulera davantage de cellules sur votre rétine, et vous permettra de mieux apprécier le contraste saisissant entre la teinte orangée de Mars et le blanc-bleuté des jeunes étoiles des Pléiades.

Mars poursuit sa course vers l’est et s’approche vers la fin du mois de la brillante Aldébaran, principale étoile du Taureau. Par pure coïncidence, l’éclat de Mars, qui a beaucoup diminué depuis l’opposition de novembre dernier, sera alors pratiquement identique à celui de l’étoile. De plus, la coloration des deux objets est très semblable : Aldébaran, en effet, est une étoile géante dont la surface relativement froide émet de la lumière principalement dans la partie rouge du spectre. Il sera intéressant de comparer les deux objets : lequel vous semble le plus rouge ? Mars ou Aldébaran ?

Autres rencontres planétaires
Le 5 février en soirée, la Lune, tout juste passé le premier quartier, se glisse entre Mars et les Pléiades pour former un magnifique trio céleste, à admirer sans faute à l’œil nu et aux jumelles.

N’oubliez pas Saturne ! La fameuse planète aux anneaux, présentement très brillante, se trouve dans une constellation qui l’est beaucoup moins : le Cancer. Si vous regardez avec une paire de jumelles, au début de février, vous découvrirez que Saturne frôle le magnifique amas d’étoiles M44 (aussi appelé « la Crèche » ou « la Ruche »). Dans un ciel très noir, vous pourriez même distinguer l’amas à l’œil nu : il apparaît comme une faible tache floue, tout près de la planète. Au début du mois, Saturne et la constellation du Cancer apparaissent très haut au sud-est vers 21 heures. La Lune, presque pleine, se trouvera tout près de Saturne en soirée les 10 et 11 février.

Mercure, enfin, sera visible au crépuscule à compter du 12 ou 13 février et jusqu’à la fin du mois. Ce sera votre meilleure occasion cette année d’observer la planète la plus proche du Soleil. Regardez près de l’horizon ouest, environ 45 minutes après le coucher du Soleil : Mercure sera très brillante — et plus facile à voir — au début de cette courte période de visibilité. Son éclat décroît par la suite, et la planète devient difficile à repérer dans les lueurs du crépuscule dans les derniers jours de février.

Bonnes observations !

Publié : mer. févr. 08, 2006 4:13 pm
par Acrux
Merci Rénatane, c'est du vrai bonbon ces topics