Publié le 15 septembre 2008 à 00h00 | Mis à jour le 15 septembre 2008 à 15h15
Le vibrant plaidoyer de Cabrel
Michel Tassé
La Voix de l'Est

«Le texte, c'est ce qu'il y a de plus important. Même mal chanté, une bonne chanson va rester une bonne chanson si elle est bien écrite», affirme Francis Cabrel, que l'on voit ici lors du spectacle d'hier soir au Palace.
Photo: Marie-France Beaudry
«Il faut appuyer sans réserve un festival comme celui de Granby. Car il ne reste que trop peu d'événements qui favorisent le véritable épanouissement des jeunes artistes.»
Inquiet de la popularité des concours qui transforment des inconnus en stars du jour au lendemain, Francis Cabrel a lancé un vibrant plaidoyer en faveur du Festival de la chanson.
La présence de Cabrel à Granby, on le sait, se voulait un des moments forts, sinon le moment fort, du 40e. Celui à qui on doit Petite Marie, Je l'aime à mourir, Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai et combien d'autres classiques de la chanson francophone est monté sur scène, hier soir, en compagnie de la douzaine d'auteurs-compositeurs-interprètes qui s'étaient donné rendez-vous dans la région afin de créer.
«J'aime ce qui se fait ici, a lancé Cabrel. Quand un artiste fait Granby, il est assuré d'aller plus loin dans sa démarche, il est assuré de grandir. Ici, tout est fait en fonction du bon cheminement de l'artiste, pas un fonction de faire un bon show de télé...»
Un concept «dangereux»
Vous l'aurez deviné, l'homme n'est pas un fan de ces émissions de téléréalité à la Star Académie ou son pendant français Star Academy. Il parle même d'un concept «dangereux».
«Un artiste ne se construit pas en deux ou trois mois. Un artiste, un vrai, c'est fragile et il faut en prendre soin. Chez nous, on a vu des jeunes connaître des moments très difficiles après avoir été placés sous les projecteurs sans y avoir été préparés adéquatement. Non, je ne suis pas favorable à ces trucs-là qui, heureusement, semblent en perte de vitesse...»
Certains diront que Cabrel prêche pour sa paroisse. Après tout, il invite à chaque année le lauréat du Festival de la chanson à un stage d'écriture à Astaffort, chez lui dans le sud-ouest de la France.
«Je suis un ami du Festival de la chanson et j'en suis fier. Et j'espère que cette belle collaboration se poursuivra longtemps.»
Tout de même, il en était à sa toute première visite au festival, hier. Mais certains se rappelleront qu'il s'était produit au Palace il y a une vingtaine d'années. C'était à l'époque de Question d'équilibre.
«C'est une belle petite ville, Granby. Et c'est une belle région. On m'a fait découvrir la campagne jusqu'à Marieville aujourd'hui et j'ai trouvé ça charmant...»
Arrivé en ville samedi, Cabrel reprend l'avion ce matin. Pas plus tard que la semaine prochaine, il entamera une tournée de spectacles en Europe. Il reviendra au Québec au printemps afin d'y présenter les chansons de Des roses et des orties, paru en avril dernier.
Écrire, toujours écrire
Quelque 30 ans après le début de sa carrière, Francis Cabrel affirme que l'écriture est encore et toujours ce qui le branche le plus.
«Le texte, c'est ce qu'il y a de plus important, a-t-il mentionné. Même mal chanté, une bonne chanson va rester une bonne chanson si elle est bien écrite. Et même après toutes ces années, il faut que je m'applique, il faut que je m'applique très fort. Écrire, c'est à la fois difficile et grisant...»
Voilà pourquoi il a écouté attentivement ce que les six derniers demi-finalistes avaient à raconter, samedi. Ceux qui l'ont le plus impressionné sont d'ailleurs ceux «dont la plume était authentique».
Et c'est probablement cette authenticité qui touche encore les Québécois et les Européens chez Cabrel.
«Honnêtement, cette fidélité du public m'émeut. Car voyez-vous, je ne sors pas beaucoup, je suis casanier, je n'ai pas toujours l'impression d'être très généreux. Et même que, parfois, je trouve que l'amour que je reçois des gens est démesuré. Mais je suis privilégié et je le sais...»
michel.tasse@lavoixdelest.qc.ca
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