Faut-il tuer mémère ?
Publié : jeu. sept. 24, 2009 4:25 pm
La chronique de Richard Martineau
Faut-il tuer mémère ?
Richard Martineau
24/09/2009 08h25 - Mise à jour 24/09/2009 11h03
Parfois, j'ai l'impression que les Québécois sont complètement déconnectés de la réalité.
Prenez le système de santé. On passe notre temps à dire que les soins de santé sont gratuits, au Québec.
Or, c'est faux. Il suffit de regarder votre chèque de paie pour vous en rendre compte. Chaque fois que vous utilisez votre carte Soleil, ça coûte un bras.
Mais ça ne fait rien, on ne paie pas le médecin ou l'hôpital directement, et on ne reçoit pas de facture à la maison, alors on a l'impression que les services sont gratos et que le système de santé québécois est un gros buffet All You Can Eat.
DES COÛTS EXORBITANTS
Non seulement notre système de santé n'est pas gratuit, mais plus ça va, plus ça coûte cher.
Il y a trois raisons principales à cela.
1) Avant, les gens crevaient d'une crise cardiaque à 70 ans. Maintenant, ils vivent jusqu'à 103 ans et passent les trente dernières années de leur vie à combattre toutes sortes de maladies complexes. Veut, veut pas, cette augmentation de l'espérance de vie finit par coûter cher.
2) Non seulement les gens vivent plus vieux, mais la pyramide des âges est inversée: il y a plus de vieux que de jeunes dans la population. Quand vous avez davantage de retraités qui utilisent le système de santé que de travailleurs qui le financent, ça finit par avoir des conséquences importantes sur le portefeuille de l'État.
3) Plus ça va, plus la médecine effectue des progrès considérables. Grâce aux avancées technologiques, on est maintenant capable de faire des miracles.
Mais ces merveilleuses machines coûtent cher. Très cher. Plus la médecine se spécialise, plus la facture grossit.
Résultat: notre système se retrouve dans le rouge.
DES CHOIX DIFFICILES
Le hic, c'est qu'on a beau faire reculer les frontières de la connaissance, on n'a toujours pas trouvé une façon de faire pousser de l'argent dans les arbres.
C'est bien beau, utiliser des machines hyper dispendieuses pour guérir toutes sortes de petites maladies, mais notre capacité de payer n'est pas infinie, au contraire: elle fond comme neige au soleil.
Alors, on fait quoi?
On fait des choix, on établit des priorités.
Quand on n'a pas l'argent suffisant pour guérir tout le monde tout le temps, il faut se demander qui on guérit en premier.
C'est plate, mais c'est ça. On est rendu là.
Votre médecin ne vous le dira pas, mais partout sur la planète, les travailleurs du milieu de la santé se posent la même question:
Faut-il tuer mémère?
LA MORT EN FACE
C'est la question que posait le magazine Newsweek la semaine dernière: «Should We Kill Granny ?»
Entre une fillette de 12 ans qui lutte contre un cancer et une grand-mère de 82 ans qui en est à sa troisième crise cardiaque, il faut faire un choix.
Quel patient faut-il sauver? Celle qui débute sa vie, ou celle qui la finit?
Je sais, c'est dur, mais plus ça va, plus nous devrons nous poser ce genre de questions.
Personne ne veut mourir. Et toute vie est importante. Mais contrairement à ce que nous pensons, le système de santé n'est pas gratuit.
Il coûte cher. De plus en plus cher.
Non seulement va-t-il falloir faire des choix difficiles, mais il va falloir arrêter de rêver, regarder la réalité en face.
Et confronter l'idée qu'un jour, nous allons tous mourir. Alors, qui on sauve en premier?
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Faut-il tuer mémère ?
Richard Martineau
24/09/2009 08h25 - Mise à jour 24/09/2009 11h03
Parfois, j'ai l'impression que les Québécois sont complètement déconnectés de la réalité.
Prenez le système de santé. On passe notre temps à dire que les soins de santé sont gratuits, au Québec.
Or, c'est faux. Il suffit de regarder votre chèque de paie pour vous en rendre compte. Chaque fois que vous utilisez votre carte Soleil, ça coûte un bras.
Mais ça ne fait rien, on ne paie pas le médecin ou l'hôpital directement, et on ne reçoit pas de facture à la maison, alors on a l'impression que les services sont gratos et que le système de santé québécois est un gros buffet All You Can Eat.
DES COÛTS EXORBITANTS
Non seulement notre système de santé n'est pas gratuit, mais plus ça va, plus ça coûte cher.
Il y a trois raisons principales à cela.
1) Avant, les gens crevaient d'une crise cardiaque à 70 ans. Maintenant, ils vivent jusqu'à 103 ans et passent les trente dernières années de leur vie à combattre toutes sortes de maladies complexes. Veut, veut pas, cette augmentation de l'espérance de vie finit par coûter cher.
2) Non seulement les gens vivent plus vieux, mais la pyramide des âges est inversée: il y a plus de vieux que de jeunes dans la population. Quand vous avez davantage de retraités qui utilisent le système de santé que de travailleurs qui le financent, ça finit par avoir des conséquences importantes sur le portefeuille de l'État.
3) Plus ça va, plus la médecine effectue des progrès considérables. Grâce aux avancées technologiques, on est maintenant capable de faire des miracles.
Mais ces merveilleuses machines coûtent cher. Très cher. Plus la médecine se spécialise, plus la facture grossit.
Résultat: notre système se retrouve dans le rouge.
DES CHOIX DIFFICILES
Le hic, c'est qu'on a beau faire reculer les frontières de la connaissance, on n'a toujours pas trouvé une façon de faire pousser de l'argent dans les arbres.
C'est bien beau, utiliser des machines hyper dispendieuses pour guérir toutes sortes de petites maladies, mais notre capacité de payer n'est pas infinie, au contraire: elle fond comme neige au soleil.
Alors, on fait quoi?
On fait des choix, on établit des priorités.
Quand on n'a pas l'argent suffisant pour guérir tout le monde tout le temps, il faut se demander qui on guérit en premier.
C'est plate, mais c'est ça. On est rendu là.
Votre médecin ne vous le dira pas, mais partout sur la planète, les travailleurs du milieu de la santé se posent la même question:
Faut-il tuer mémère?
LA MORT EN FACE
C'est la question que posait le magazine Newsweek la semaine dernière: «Should We Kill Granny ?»
Entre une fillette de 12 ans qui lutte contre un cancer et une grand-mère de 82 ans qui en est à sa troisième crise cardiaque, il faut faire un choix.
Quel patient faut-il sauver? Celle qui débute sa vie, ou celle qui la finit?
Je sais, c'est dur, mais plus ça va, plus nous devrons nous poser ce genre de questions.
Personne ne veut mourir. Et toute vie est importante. Mais contrairement à ce que nous pensons, le système de santé n'est pas gratuit.
Il coûte cher. De plus en plus cher.
Non seulement va-t-il falloir faire des choix difficiles, mais il va falloir arrêter de rêver, regarder la réalité en face.
Et confronter l'idée qu'un jour, nous allons tous mourir. Alors, qui on sauve en premier?
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