La fabrique de la haine (Joseph Facal)
Publié : ven. oct. 02, 2009 9:54 pm
La fabrique de la haine
30 septembre 2009 par Joseph Facal
Plusieurs chefs d’État viennent de s’adresser au monde à l’occasion de la 64e Assemblée générale de l’ONU.
Quand les pires dictateurs de la planète veulent faire la morale aux démocraties, on peut en effet toujours compter sur l’ONU pour leur offrir une tribune de rêve.
Les buts proclamés de l’ONU sont d’œuvrer à la sécurité, à la paix, au développement et à l’avancement des droits de l’homme. À la lumière des résultats, force est de conclure que le seul mérite de cette organisation est que les choses seraient sans doute pires si elle n’existait pas.
L’ONU est indiscutablement un monument à l’incompétence, à l’hypocrisie et à la mauvaise foi. Ceux qui la défendent doivent admettre qu’ils défendent ses idéaux et non la réalité onusienne.
Tout a été dit sur sa bureaucratie obèse et sa corruption endémique.
La liste est longue aussi des massacres et des génocides qu’elle a regardé en restant les bras croisés : Rwanda, Srebrenica, Darfour et tant d’autres.
La grande spécialité de l’ONU est cependant de renverser de façon orwellienne la réalité : les agresseurs y deviennent souvent les procureurs, et les agressés sont transformés en accusés.
Lisez jusqu’au bout les chiffres suivants.
La guerre qui a fait rage au Congo entre 1998 et 2003 aurait fait autour de 4 millions de victimes. Elle a fait l’objet de 56 motions en bonne et due forme dans les diverses instances onusiennes.
La guerre civile qui sévit au Soudan depuis 1983 a fait périr environ 1,3 millions de personnes. Mais elle n’a suscité que 14 motions à l’ONU. Les Africains peuvent se massacrer dans l’indifférence la plus complète du reste du monde.
Le conflit israélo-palestinien, lui, aurait fait environ 7000 morts entre l’an 2000 et aujourd’hui.
Israël a cependant été l’objet de…249 motions de condamnation à l’ONU. N’y a-t-il pas là comme une scandaleuse disproportion ?
Oui, je sais, c’est une sorte de comptabilité macabre. Toutes les morts sont également tragiques.
Ce que je veux illustrer, c’est que l’ONU est d’une superbe efficacité pour travailler à plein régime à condamner Israël.
Elle y consacre des ressources, des énergies et un temps si disproportionnés par rapport aux autres conflits dans le monde qu’il faut conclure à l’obsession anti-israélienne.
Cela s’explique aisément.
Les États arabes, dont pas un seul n’est une démocratie, se fichent totalement des Palestiniens, qu’ils manipulent cyniquement. Mais ils ont compris depuis longtemps qu’en faisant d’Israël le bouc émissaire de tout ce qui va mal au Moyen-Orient, ils peuvent plus facilement justifier la répression de leurs propres peuples.
Le reste des membres de l’ONU est aussi constitué d’une majorité d’États non-démocratiques. Pour eux, condamner Israël, c’est, à travers lui, condamner les États-Unis et l’Occident, et justifier ainsi leur propre turpitude.
On réunit donc sans peine une majorité parmi les 192 pays membres pour voter des condamnations.
Israël a évidemment ses torts. Certaines colonies de peuplement, par exemple, sont une pure provocation.
Il faut cependant se lever de bonne heure pour expliquer en quoi l’État hébreu est responsable de la pauvreté, de l’absence de liberté, de l’ignorance, de l’obscurantisme et du mépris des femmes qui sévissent dans les pays voisins.
Plus on fouille, plus on découvre des choses étonnantes.
Par exemple, en 2006, le Conseil des Droits humains de l’ONU vota une résolution faisant d’Israël le seul État dont le traitement des droits doit faire l’objet d’un examen permanent et d’un rapport à chaque session. Le seul.
L’absurde atteint parfois des sommets.
En 1976, des terroristes détournent un avion en route vers Tel-Aviv. Le dictateur ougandais Idi Amin Dada accepte que les terroristes atterrissent chez lui, à l’aéroport d’Entebbe.
Un commando israélien donne l’assaut, libère ses compatriotes et liquide les terroristes.
Que fait l’ONU ? Elle condamne Israël pour «violation de la souveraineté territoriale de l’Ouganda». Elle laissait cependant Idi Amin massacrer impunément son propre peuple.
Depuis plus de cinquante ans, la Chine prive de liberté politique plus d’un milliard de Chinois. Combien de résolutions la condamnant ont été adoptées par l’ONU ? Pas une. La Chine dispose évidemment d’un droit de veto.
En 1988, l’ONU laisse Yasser Arafat monter à la tribune et s’adresser au monde entier. On le légitimait du coup comme chef d’un mouvement de libération nationale. Certes, il avait commis des actes terroristes, mais on peut dire la même chose d’autres «libérateurs» de peuple, et notamment de l’ex-premier ministre israélien Begin.
L’anomalie est ailleurs.
Il existe d’autres nations conquises luttant pour leur liberté : au Tibet, au Kurdistan, et ailleurs. L’OLP est pourtant la seule organisation ayant obtenue cette reconnaissance onusienne. Pourquoi ? Parce qu’elle combat Israël…évidemment.
Les Palestiniens ont bien sûr droit à leur pays. Le débat n’est pas là.
Je note seulement qu’à chaque fois que l’État d’Israël est en cause, les critères diplomatiques et moraux changent.
En 2001, lors de la conférence organisée par l’ONU à Durban, en Afrique du Sud, les responsables n’avaient pas empêché la distribution de tracts mettant sur un pied d’égalité l’étoile de David et la croix gammée nazie.
Cette obsession anti-israélienne de l’ONU se comprendrait si les violations israéliennes des droits de la personne étaient plus lourdes et plus systématiques qu’ailleurs.
Il y en a, évidemment, et elles doivent être condamnées. Il faut cependant avoir le jugement sérieusement déformé par la haine pour conclure qu’elles sont pires que ce que l’on voit chez ses voisins, ou ailleurs dans le monde.
Qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. J’ai dit et répète que cet État est loin d’être sans reproches.
On notera cependant que le gouvernement israélien a lui-même démantelé les colonies de peuplement les plus controversées.
Israël a aussi fait la paix avec les voisins qui l’ont voulue : l’Égypte et la Jordanie.
Les autres États de la région ne veulent pas lui arracher des bouts de territoire, mais le rayer de la carte.
Son armée affronte des combattants dissimulés parmi les civils, ce qui rend inévitable la mort d’innocents.
Mais l’ONU n’a évidemment que faire de ces nuances.
Le général De Gaulle qualifiait l’ONU de «machin». Comme il est mort en 1970, il était donc très en dessous de la réalité d’aujourd’hui.
Dès qu’il est question d’Israël, l’ONU fait penser à un sanatorium dont les patients auraient pris le contrôle.
Publié dans Journal de Montréal et Journal de
30 septembre 2009 par Joseph Facal
Plusieurs chefs d’État viennent de s’adresser au monde à l’occasion de la 64e Assemblée générale de l’ONU.
Quand les pires dictateurs de la planète veulent faire la morale aux démocraties, on peut en effet toujours compter sur l’ONU pour leur offrir une tribune de rêve.
Les buts proclamés de l’ONU sont d’œuvrer à la sécurité, à la paix, au développement et à l’avancement des droits de l’homme. À la lumière des résultats, force est de conclure que le seul mérite de cette organisation est que les choses seraient sans doute pires si elle n’existait pas.
L’ONU est indiscutablement un monument à l’incompétence, à l’hypocrisie et à la mauvaise foi. Ceux qui la défendent doivent admettre qu’ils défendent ses idéaux et non la réalité onusienne.
Tout a été dit sur sa bureaucratie obèse et sa corruption endémique.
La liste est longue aussi des massacres et des génocides qu’elle a regardé en restant les bras croisés : Rwanda, Srebrenica, Darfour et tant d’autres.
La grande spécialité de l’ONU est cependant de renverser de façon orwellienne la réalité : les agresseurs y deviennent souvent les procureurs, et les agressés sont transformés en accusés.
Lisez jusqu’au bout les chiffres suivants.
La guerre qui a fait rage au Congo entre 1998 et 2003 aurait fait autour de 4 millions de victimes. Elle a fait l’objet de 56 motions en bonne et due forme dans les diverses instances onusiennes.
La guerre civile qui sévit au Soudan depuis 1983 a fait périr environ 1,3 millions de personnes. Mais elle n’a suscité que 14 motions à l’ONU. Les Africains peuvent se massacrer dans l’indifférence la plus complète du reste du monde.
Le conflit israélo-palestinien, lui, aurait fait environ 7000 morts entre l’an 2000 et aujourd’hui.
Israël a cependant été l’objet de…249 motions de condamnation à l’ONU. N’y a-t-il pas là comme une scandaleuse disproportion ?
Oui, je sais, c’est une sorte de comptabilité macabre. Toutes les morts sont également tragiques.
Ce que je veux illustrer, c’est que l’ONU est d’une superbe efficacité pour travailler à plein régime à condamner Israël.
Elle y consacre des ressources, des énergies et un temps si disproportionnés par rapport aux autres conflits dans le monde qu’il faut conclure à l’obsession anti-israélienne.
Cela s’explique aisément.
Les États arabes, dont pas un seul n’est une démocratie, se fichent totalement des Palestiniens, qu’ils manipulent cyniquement. Mais ils ont compris depuis longtemps qu’en faisant d’Israël le bouc émissaire de tout ce qui va mal au Moyen-Orient, ils peuvent plus facilement justifier la répression de leurs propres peuples.
Le reste des membres de l’ONU est aussi constitué d’une majorité d’États non-démocratiques. Pour eux, condamner Israël, c’est, à travers lui, condamner les États-Unis et l’Occident, et justifier ainsi leur propre turpitude.
On réunit donc sans peine une majorité parmi les 192 pays membres pour voter des condamnations.
Israël a évidemment ses torts. Certaines colonies de peuplement, par exemple, sont une pure provocation.
Il faut cependant se lever de bonne heure pour expliquer en quoi l’État hébreu est responsable de la pauvreté, de l’absence de liberté, de l’ignorance, de l’obscurantisme et du mépris des femmes qui sévissent dans les pays voisins.
Plus on fouille, plus on découvre des choses étonnantes.
Par exemple, en 2006, le Conseil des Droits humains de l’ONU vota une résolution faisant d’Israël le seul État dont le traitement des droits doit faire l’objet d’un examen permanent et d’un rapport à chaque session. Le seul.
L’absurde atteint parfois des sommets.
En 1976, des terroristes détournent un avion en route vers Tel-Aviv. Le dictateur ougandais Idi Amin Dada accepte que les terroristes atterrissent chez lui, à l’aéroport d’Entebbe.
Un commando israélien donne l’assaut, libère ses compatriotes et liquide les terroristes.
Que fait l’ONU ? Elle condamne Israël pour «violation de la souveraineté territoriale de l’Ouganda». Elle laissait cependant Idi Amin massacrer impunément son propre peuple.
Depuis plus de cinquante ans, la Chine prive de liberté politique plus d’un milliard de Chinois. Combien de résolutions la condamnant ont été adoptées par l’ONU ? Pas une. La Chine dispose évidemment d’un droit de veto.
En 1988, l’ONU laisse Yasser Arafat monter à la tribune et s’adresser au monde entier. On le légitimait du coup comme chef d’un mouvement de libération nationale. Certes, il avait commis des actes terroristes, mais on peut dire la même chose d’autres «libérateurs» de peuple, et notamment de l’ex-premier ministre israélien Begin.
L’anomalie est ailleurs.
Il existe d’autres nations conquises luttant pour leur liberté : au Tibet, au Kurdistan, et ailleurs. L’OLP est pourtant la seule organisation ayant obtenue cette reconnaissance onusienne. Pourquoi ? Parce qu’elle combat Israël…évidemment.
Les Palestiniens ont bien sûr droit à leur pays. Le débat n’est pas là.
Je note seulement qu’à chaque fois que l’État d’Israël est en cause, les critères diplomatiques et moraux changent.
En 2001, lors de la conférence organisée par l’ONU à Durban, en Afrique du Sud, les responsables n’avaient pas empêché la distribution de tracts mettant sur un pied d’égalité l’étoile de David et la croix gammée nazie.
Cette obsession anti-israélienne de l’ONU se comprendrait si les violations israéliennes des droits de la personne étaient plus lourdes et plus systématiques qu’ailleurs.
Il y en a, évidemment, et elles doivent être condamnées. Il faut cependant avoir le jugement sérieusement déformé par la haine pour conclure qu’elles sont pires que ce que l’on voit chez ses voisins, ou ailleurs dans le monde.
Qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. J’ai dit et répète que cet État est loin d’être sans reproches.
On notera cependant que le gouvernement israélien a lui-même démantelé les colonies de peuplement les plus controversées.
Israël a aussi fait la paix avec les voisins qui l’ont voulue : l’Égypte et la Jordanie.
Les autres États de la région ne veulent pas lui arracher des bouts de territoire, mais le rayer de la carte.
Son armée affronte des combattants dissimulés parmi les civils, ce qui rend inévitable la mort d’innocents.
Mais l’ONU n’a évidemment que faire de ces nuances.
Le général De Gaulle qualifiait l’ONU de «machin». Comme il est mort en 1970, il était donc très en dessous de la réalité d’aujourd’hui.
Dès qu’il est question d’Israël, l’ONU fait penser à un sanatorium dont les patients auraient pris le contrôle.
Publié dans Journal de Montréal et Journal de