Dr Toyota
Publié : lun. mars 01, 2010 9:08 pm
Chronique
Dr. Toyota
Donald Charette
01/03/2010 09h48
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, affirme sans sourciller qu’il faudra encore cinq ans avant de mettre fin aux débordements dans les urgences des hôpitaux. C’est une déclaration aberrante quand on se rappelle que ce gouvernement avait fait lors de l’élection en 2003 de la santé « sa priorité des priorités ».
À les croire, les listes d’attente et le scandaleux traitement donné aux patients couchés sur des civières à l’urgence allaient faire partie du folklore.
Après sept ans avec les deux mains sur la civière on nous dit maintenant qu’il faudra au moins 12 ans car il n’y a pas de « baguette magique » pour réduire l’engorgement. Pourtant, en 2003, on avait réponse à toutes les questions, un plan de match bien arrêté, un financement adéquat.
Cette semaine, ce sont les urgences de la région de Montréal qui étaient sursaturées au point où trois patients seraient décédés dans les corridors des hôpitaux. On impute une partie du problème à la grippe H1N1 étant donné qu’on a mobilisé toutes les ressources pour combattre un virus dont on ne saura jamais s’il constituait une véritable menace.
Le problème est cerné depuis longtemps, des solutions ont été identifiées et elles ne demandent pas nécessairement plus d’investissements mais une volonté commune de faire marcher le système de façon intégrée.
La Santé c’est un mammouth figé dans l’ère glaciaire, trop de monde, trop de structures, trop de bureaucratie, trop de cloisonnement, trop de corporatisme.
Le ministre parle de renforcer la première ligne pour éviter que les gens se rendent à l’urgence. Il a raison mais on disait la même chose il y a 25 ans lorsqu’on a créé les CLSC qui, depuis, se dispersent dans le social.
Maintenant, on met l’accent sur les Groupes de médecine familiale (GMF) et les cliniques-réseaux mais ce réseau évolue très lentement alors que les médecins de famille, qui font partie de cette première ligne, sont devenus une rareté.
Dans son jargon technocratique, David Levine, directeur général de l’Agence de la Santé de Montréal disait qu’il fallait passer d’un système « hospitalocentrique » à « l’approche populationelle » et opérer un « grand changement culturel » qui va effectivement prendre cinq ans. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le malheureux qui croupit à l’urgence.
Par contre, Levine a mis le doigt sur le bobo en entrevue à Radio-Canada en soulignant qu’il faut travailler en équipe et briser certains comportements.
Emmanuelle Jourdonnais, responsable de l’urgence du CHUM, suggère par exemple une solution qui ne prend pas cinq ans et qui consiste à installer des civières dans les couloirs des étages des hôpitaux. Vaut mieux avoir les fesses à l’air au 3e étage qu’à l’entrée de l’urgence.
Mais voilà, on se heurte à la résistance des spécialistes et des infirmières qui ne veulent pas encombrer les étages. Donc, un double standard, celui des urgences et celui des « étages ». La santé est un réseau qui opère en silo en s’appuyant sur le corporatisme et des rigidités de conventions collectives.
Une autre raison du débordement systémique c’est les lits de soins de longue durée occupés par des patients en attente d’hébergement. Ça aussi on en parle depuis des lustres.
Le Dr. Bolduc se targuait d’appliquer la méthode Toyota à son arrivée en politique.
En santé, l’accélérateur n’est pas coincé.
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journ ... 94831.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Dr. Toyota
Donald Charette
01/03/2010 09h48
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, affirme sans sourciller qu’il faudra encore cinq ans avant de mettre fin aux débordements dans les urgences des hôpitaux. C’est une déclaration aberrante quand on se rappelle que ce gouvernement avait fait lors de l’élection en 2003 de la santé « sa priorité des priorités ».
À les croire, les listes d’attente et le scandaleux traitement donné aux patients couchés sur des civières à l’urgence allaient faire partie du folklore.
Après sept ans avec les deux mains sur la civière on nous dit maintenant qu’il faudra au moins 12 ans car il n’y a pas de « baguette magique » pour réduire l’engorgement. Pourtant, en 2003, on avait réponse à toutes les questions, un plan de match bien arrêté, un financement adéquat.
Cette semaine, ce sont les urgences de la région de Montréal qui étaient sursaturées au point où trois patients seraient décédés dans les corridors des hôpitaux. On impute une partie du problème à la grippe H1N1 étant donné qu’on a mobilisé toutes les ressources pour combattre un virus dont on ne saura jamais s’il constituait une véritable menace.
Le problème est cerné depuis longtemps, des solutions ont été identifiées et elles ne demandent pas nécessairement plus d’investissements mais une volonté commune de faire marcher le système de façon intégrée.
La Santé c’est un mammouth figé dans l’ère glaciaire, trop de monde, trop de structures, trop de bureaucratie, trop de cloisonnement, trop de corporatisme.
Le ministre parle de renforcer la première ligne pour éviter que les gens se rendent à l’urgence. Il a raison mais on disait la même chose il y a 25 ans lorsqu’on a créé les CLSC qui, depuis, se dispersent dans le social.
Maintenant, on met l’accent sur les Groupes de médecine familiale (GMF) et les cliniques-réseaux mais ce réseau évolue très lentement alors que les médecins de famille, qui font partie de cette première ligne, sont devenus une rareté.
Dans son jargon technocratique, David Levine, directeur général de l’Agence de la Santé de Montréal disait qu’il fallait passer d’un système « hospitalocentrique » à « l’approche populationelle » et opérer un « grand changement culturel » qui va effectivement prendre cinq ans. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le malheureux qui croupit à l’urgence.
Par contre, Levine a mis le doigt sur le bobo en entrevue à Radio-Canada en soulignant qu’il faut travailler en équipe et briser certains comportements.
Emmanuelle Jourdonnais, responsable de l’urgence du CHUM, suggère par exemple une solution qui ne prend pas cinq ans et qui consiste à installer des civières dans les couloirs des étages des hôpitaux. Vaut mieux avoir les fesses à l’air au 3e étage qu’à l’entrée de l’urgence.
Mais voilà, on se heurte à la résistance des spécialistes et des infirmières qui ne veulent pas encombrer les étages. Donc, un double standard, celui des urgences et celui des « étages ». La santé est un réseau qui opère en silo en s’appuyant sur le corporatisme et des rigidités de conventions collectives.
Une autre raison du débordement systémique c’est les lits de soins de longue durée occupés par des patients en attente d’hébergement. Ça aussi on en parle depuis des lustres.
Le Dr. Bolduc se targuait d’appliquer la méthode Toyota à son arrivée en politique.
En santé, l’accélérateur n’est pas coincé.
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journ ... 94831.html" onclick="window.open(this.href);return false;