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Il a pris le champ

Publié : jeu. mars 18, 2010 11:57 pm
par Anya
Il a pris le champ
Lise Payette 19 mars 2010 Québec


Quand vous avez les deux mains sur le volant, la moindre des choses, c'est de garder les yeux sur la route. Autrement, au premier virage venu, vous risquez de prendre le champ. Tout le monde sait ça. Sauf Jean Charest, qui donne l'impression d'avoir pris le volant sans avoir les connaissances requises pour le faire et de mettre ainsi pas mal de gens en danger en conduisant n'importe comment. Attachez vos ceintures, car s'il nous reste trois ans de ce «barouettage» insensé, je ne sais pas si nous allons en sortir vivants.

Non seulement rien ne s'arrange, mais tout va de mal en pis. Il est devenu tellement évident que Jean Charest ne sait pas où il s'en va que ses plus sûrs alliés, les journalistes de La Presse eux-mêmes, en sont rendus à souligner ses lacunes et ils l'écrivent dans leur journal. Ce qui signifie que le cher homme est devenu indéfendable et que ses partisans lui tournent le dos.

En Chambre, monsieur Charest boude. Il refuse de se lever pour répondre aux questions de la chef de l'opposition officielle. Non pas que les questions ne soient pas pertinentes, au contraire. Mais il les trouve sûrement déplaisantes et il préfère faire le mort et s'enfermer encore un peu plus dans l'indifférence et le silence. Il croit ainsi s'élever au-dessus des soupçons que l'opposition nourrit à son égard, feignant d'ignorer qu'un homme assis est plus vulnérable qu'un homme debout.

Il paraît évident qu'on ne peut pas être premier ministre du Québec en dilettante. Il faut travailler. Il faut avoir des idées, pouvoir les expliquer clairement et il faut avoir une bonne connaissance de l'état des routes qui vont nous mener à l'objectif qu'on s'est fixé. Il faut avoir bien cerné les obstacles qu'on va rencontrer durant le voyage et se préparer à y faire face. Il est bon de savoir aussi qu'on ne peut pas faire monter tous les petits «zamis» le long de la route pour ne pas risquer de se retrouver surchargé au cours du voyage.

Jean Charest avait l'ambition de devenir premier ministre du Canada. Il était encore tout jeune quand il a choisi son parti, le Parti conservateur du Canada. Les choses n'ont pas fonctionné comme il le souhaitait. La période référendaire de 1995 lui a permis de faire enfin connaissance avec le Québec, qu'il connaissait probablement assez mal. Il a vu là l'occasion de faire une vraie percée et il est venu faire des discours enflammés en affirmant que si le Québec votait oui au référendum, nous allions tous nous retrouver dans un grand trou noir. Ça faisait peur, c'est sûr, et ce fut un grand moment de gloire pour lui.

Il y avait une sorte de prophétie dans ses discours référendaires. Le trou noir ayant été évité par la victoire du non au référendum, nous n'avions jamais imaginé qu'il viendrait le creuser lui-même par la suite comme premier ministre du Québec. Nous y sommes.

Le trou noir est immense. S'il vous arrive d'avoir l'impression que tout est à refaire au Québec, vous n'avez pas tort. On n'en est plus à sauver les meubles, il faut rebâtir tout l'édifice. La liste de ce qui marche ici en ce moment serait bien moins longue à faire que la liste de ce qui ne marche pas. Le problème, ce n'est pas tant que nous manquons de courage, le problème, c'est de savoir par où commencer. Je crois vraiment que l'époque de la tête dans le sable est terminée. L'heure du grand ménage est venue.

Il n'est pas impossible que les abus qui ont commencé à être exposés au cours des derniers mois nous ramènent à la réalité et nous confirment que quand nous ne nous occupons pas de nos affaires, quelqu'un d'autre s'en charge et y trouve son propre profit. Peut-être cesserons-nous de dire que nous ne voulons pas d'élections, que la politique ne nous intéresse pas et qu'ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent... si ça ne dérange pas notre petite vie. Notre indifférence est la porte ouverte à tous les abus.

Que va devenir Jean Charest? Si une élection avait lieu aujourd'hui, il ne serait pas réélu. Peut-il faire tourner la situation en sa faveur? Votre réponse est aussi bonne que la mienne. Il est probable que son plan de carrière le ramenait à Ottawa, mais ces derniers temps, il a semblé découvrir que la Terre est ronde et que pour tourner en rond (puisque même les mains sur le volant, c'est ce qu'il fait), la Terre, ça lui ferait un beau grand terrain de jeu. C'est ce que je nous souhaite à nous, les Québécois. On devrait se cotiser pour lui offrir le voyage.
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Re: Il a pris le champ

Publié : mar. mars 23, 2010 10:02 pm
par Anya
Allégations de financement illégal au PLQ
Marc Bellemare dit avoir des preuves
Mise à jour le mardi 23 mars 2010 à 19 h 44


L'ancien ministre Marc Bellemare persiste et signe, mais va un peu plus loin. Après avoir affirmé sur diverses tribunes que le premier ministre Charest a été informé d'irrégularités dans le financement de son parti, il assure maintenant qu'il dispose de preuves.

En entrevue à la Presse canadienne, l'ex-ministre de la Justice et procureur général du Québec a de nouveau accusé, mardi, son ancien patron de mentir. Selon lui, Jean Charest abuse de sa propre immunité parlementaire lorsqu'il affirme n'avoir jamais été été mis au courant de pratiques de financement illégal.

Marc Bellamare a répété qu'il avait discuté de cette question avec lui à plusieurs reprises durant l'année où il a fait partie du gouvernement, en 2003-2004. L'influence exercée par les syndicats et les entrepreneurs de la construction a été abordée plusieurs fois, assure-t-il.

Il a par ailleurs réitéré son refus de témoigner devant les enquêteurs du directeur général des élections (DGE), qui l'ont officiellement convoqué il y a quelques jours dans la foulée de ses déclarations.

M. Bellemare dit juger insuffisantes les assurances du DGE, qui lui garantit que son témoignage sera confidentiel et qu'il ne sera pas poursuivi en vertu de la Loi électorale. Selon lui, l'information qu'il est en mesure de révéler pourrait l'exposer à des poursuites, puisqu'il se verrait obligé de briser son engagement de confidentialité lié à ses anciennes fonctions ministérielles.

M. Bellemare réclame donc la même immunité que celle dont disposent les parlementaires. Dans cette optique, il s'est dit ouvert à la proposition de l'Action démocratique du Québec, qui voudrait le voir comparaître devant une commission parlementaire, laquelle lui assurerait l'immunité parlementaire. Il croit toutefois que le gouvernement Charest n'est pas disposé à le voir comparaître devant une commission parlementaire par crainte de ce qu'il pourrait révéler.

Il y a quelques jours, M. Bellemare a affirmé qu'il « savait des choses » concernant les liens financiers entre le Parti libéral du Québec et l'industrie de la construction qui seraient susceptibles d'« embarrasser le gouvernement ».

Une motion adéquiste... qui sera rejetée

L'Action démocratique du Québec a d'ailleurs indiqué mardi qu'elle déposera, mercredi, une motion réclamant la comparution de l'ex-ministre libéral.

L'adéquiste François Bonnardel souhaiterait que la commission de l'administration publique, dont il est le vice-président, entende M. Bellemare « dans les plus brefs délais » afin qu'il puisse révéler ce qu'il sait du financement du Parti libéral. Cela permettrait à tous les parlementaire de lui poser des questions, a renchéri le chef de la formation, Gérard Deltell.

L'ADQ dit privilégier cette approche parce que ses propos seraient publics, contrairement au scénario d'une rencontre entre Marc Bellemare et le DGE. Or, pour qu'une commission parlementaire entende M. Bellemare, il faudrait que l'Assemblée nationale, où les libéraux sont majoritaires, lui confie ce mandat.

Si certains ministres libéraux, comme Pierre Corbeil, semblaient être favorables à cette possibilité en début de journée, le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a fermé la porte à cette option. Celui-ci est resté catégorique : son ancien collègue doit répondre à la convocation du directeur général des élections.

Selon le ministre Dupuis, M. Bellemare serait protégé par la loi. « Le directeur général des élections est une institution indépendante et impartiale. [...] Il a aussi la possibilité de donner l'immunité à quelqu'un qui pense qu'il va s'incriminer. C'est clair, c'est dans la loi », a-t-il fait valoir.

Lundi, le premier ministre Jean Charest avait lui aussi dénoncé la décision de son ancien ministre avec véhémence. « Pourquoi ne rencontrerait-il pas le DGE, surtout après avoir affirmé des choses? [...] Qu'est-ce qui fait que Marc Bellemare se place au-dessus des lois du Québec? », a-t-il déclaré.

Le bureau du DGE a indiqué lundi que M. Bellemare était attendu vendredi. S'il ne se présente pas, le DGE, qui veille au respect de la Loi électorale, devra alors déterminer s'il réfère la situation à la Cour supérieure, qui déciderait si ce refus constitue un outrage au tribunal.

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Re: Il a pris le champ

Publié : mer. mars 24, 2010 10:49 am
par Anya
Financement du Parti libéral du Québec - Charest ment comme il respire, dit Bellemare
Le gouvernement ne veut pas de l'ancien ministre devant une commission parlementaire
Robert Dutrisac 24 mars 2010 Québec

Marc Bellemare accuse Jean Charest de mentir quand il affirme ne rien savoir des pratiques de financement illégales du Parti libéral du Québec. L'ancien ministre libéral est prêt à comparaître devant une commission parlementaire pour déballer son sac. Mais le gouvernement refuse qu'il fasse ses révélations publiquement, l'invitant plutôt à témoigner à huis clos devant le Directeur général des élections.

Québec — L'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare a accusé, hier, le premier ministre Jean Charest de mentir quand il affirme qu'il n'avait jamais été mis au courant de plusieurs irrégularités dans le financement du Parti libéral du Québec. De son côté, le gouvernement fera tout pour empêcher l'ancien ministre libéral de comparaître devant une commission parlementaire.

«Jean Charest ment comme il respire», a déclaré hier Marc Bellemare au réseau TVA. À la Presse canadienne, l'ancien ministre a assuré qu'il dispose de preuves démontrant que le premier ministre Jean Charest a été informé à plusieurs occasions d'irrégularités dans le financement du PLQ. M. Bellemare a affirmé qu'il a discuté plus d'une fois de cette question avec le premier ministre durant l'année où il a été au gouvernement, soit d'avril 2003 à avril 2004.

Marc Bellemare s'est dit disposé, hier, à accepter une invitation à venir témoigner devant une commission parlementaire qui pourrait lui fournir l'immunité. L'ex-ministre souhaite avoir la même immunité que les parlementaires, puisque les révélations qu'il entend faire pourraient l'exposer à des poursuites.

Pour le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, il n'est pas question de laisser Marc Bellemare témoigner en commission parlementaire. Qu'il se présente devant le Directeur général des élections (DGE), dit-il. «Le Directeur général des élections est une institution indépendante et impartiale, a fait valoir M. Dupuis. Elle a les pouvoirs de porter des accusations, de faire des enquêtes relativement à tout manquement à la Loi électorale.»

Jacques Dupuis a rappelé que le DGE peut accorder «l'immunité à quelqu'un qui pense qu'il va s'incriminer», sans mentionner toutefois que cette immunité ne vaut que pour des manquements à la Loi électorale et ne tient pas contre des poursuites au civil pour diffamation, par exemple. Le leader parlementaire n'a pas non plus mentionné un des grands mérites que revêt une enquête du DGE aux yeux du gouvernement: elle se déroule à huis clos.


Motion adéquiste

Le chef de l'Action démocratique du Québec, Gérard Deltell, accompagné du député de Shefford, François Bonnardel, a indiqué hier qu'il déposera ce matin à l'Assemblée nationale une motion afin de permettre à la Commission d'administration publique (CAP) d'entendre Marc Bellemare. Contrairement à d'autres commissions parlementaires, ses membres ne peuvent de leur propre chef se confier un mandat d'initiative; c'est à l'Assemblée nationale qu'il revient de lui accorder ce mandat. De toute façon, les commissions sont composées d'une majorité de députés libéraux.

«C'est extrêmement décevant, ce refus du leader parlementaire des libéraux d'entendre M. Bellemare, a déploré Gérard Deltell. Il va continuer à y avoir un nuage de soupçon autour de cette affaire.»

«Ce n'est pas un quidam, Marc Bellemare. C'est un ancien ministre, procureur de la Couronne, ministre de la Justice, qui a été témoin en première ligne de situations qu'il juge qu'elles méritent d'être connues publiquement», a-t-il souligné.


Bellemare refuse d'aller devant le DGE

Hier, Marc Bellemare a rejeté une nouvelle fois toute possibilité qu'il accepte de témoigner devant les enquêteurs du DGE. Même si l'organisme lui garantit que son témoignage sera confidentiel et qu'il ne sera pas poursuivi en vertu de la Loi électorale, M. Bellemare juge ces assurances insuffisantes. Vendredi, il avait eu des mots très durs envers le DGE, Marcel Blanchet, qu'il a qualifié de «bon mercenaire servile» du premier ministre.

Marc Bellemare juge que M. Charest abuse de sa propre immunité parlementaire quand il affirme qu'il n'a jamais été mis au courant d'irrégularités dans le financement du PLQ. Selon l'ex-ministre, il a discuté à plusieurs reprises avec M. Charest de l'influence exercée par les syndicats et les entrepreneurs de la construction. M. Bellemare croit que le gouvernement ne souhaite pas qu'il comparaisse devant une commission parlementaire par crainte de ce qu'il pourrait révéler.

À l'Assemblée nationale, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a mis en doute le sens de l'éthique de Jean Charest. «Tout le monde aura compris que le premier ministre fait de la diversion et que pour lui, la recherche de la vérité, c'est accessoire», a-t-elle affirmé.

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