Pékin furieux contre Google
Publié : lun. mars 22, 2010 11:03 pm
Chine
Pékin furieux contre Google
Mise à jour le lundi 22 mars 2010 à 21 h 39
La direction de Google a annoncé, lundi, qu'elle avait mis un terme à la censure de la version chinoise de son moteur de recherche. Les internautes qui consultent google.cn sont dorénavant redirigés sur google.com.hk, le site de Hong Kong, dont les résultats ne sont pas filtrés. La décision vise tout autant les recherches faites sur Google Recherche, Google Actualités que sur Google Images.
Le directeur juridique de l'entreprise, David Drummond, en a fait l'annonce dans un billet explicatif sur le blogue officiel de Google. « Trouver un moyen de respecter notre engagement de mettre fin à la censure de la recherche sur Google.cn a été difficile », écrit-il.
David Drummond explique la décision en faisant référence à une annonce de Google datant de janvier dernier. L'entreprise avait alors indiqué qu'elle réfléchissait à la suite de ses opérations en Chine après avoir été victime de cyberattaques le mois précédent, à l'instar d'une vingtaine d'entreprises américaines.
L'entreprise avait alors affirmé que, dans son cas, des preuves suggéraient que les attaques visaient les comptes courriel Gmail de douzaines de militants des droits de la personne. Elle avait dénoncé un « vol de la propriété intellectuelle de Google ».
Les discussions qui ont suivi entre l'entreprise et les autorités chinoises se sont soldées par un échec. Il y a une dizaine de jours, le ministère de l'Intérieur chinois a indiqué que le groupe devait se plier aux lois chinoises, sans quoi la Chine se développerait sans Google.
«Nous précisons que que ces cyberattaques et la surveillance qu'elles dévoilaient - combinées avec des tentatives de limiter davantage la liberté d'expression sur le web en Chine, y compris le blocage continu de sites comme Facebook, Twitter, YouTube, Google Docs et Blogger - nous ont emmenés à conclure que nous ne pouvions plus continuer à censurer nos résultats sur Google.cn.»
— Extrait du blogue de Google
Le géant de l'Internet a cependant assuré qu'il entendait maintenir une présence commerciale en Chine et qu'il y poursuivrait ses travaux de recherche et de développement. Quelque 700 des 20 000 employés de Google travaillent en Chine.
Avec la fin de l'autocensure, la censure
Même si cette initiative est « tout à fait légale » et qu'elle « améliorera de façon significative l'accès à l'information pour la population chinoise », l'entreprise admet que son site pourrait être bloqué.
«Tout au long de nos discussions, le gouvernement chinois a été catégorique sur le fait que l'autocensure est une condition légale non négociable. [...] Nous espérons que le gouvernement chinois respectera notre décision, même si nous avons conscience du risque de blocage imminent de l'accès à ses services.»
— Extrait du blogue de Google
Google a donc mis en ligne une page indiquant le niveau de censure exercé sur les différents services offerts par Google, qui sera régulièrement mise à jour.

Google a pendant longtemps été montré du doigt pour avoir filtré les recherches des internautes. Par exemple, les liens menant vers des sites sur les droits de la personne, le Tibet, Taïwan et d'autres sujets politiquement délicats pour Pékin étaient filtrés.
Les représailles chinoises risquent d'avoir un impact sur la croissance de l'entreprise. Selon Analysys International, Google détient environ 31,3 % du marché des moteurs de recherche, alors que Baidu, son rival chinois, se taille la part du lion avec 63,9 %.
Pékin mécontent, Washington déçu
Dans les heures qui ont suivi l'annonce, le bureau d'Internet du service de l'information du Conseil de l'État, cité par l'agence de presse officielle Xinhua, a affirmé que Google n'avait pas respecté ses engagements.
Un porte-parole a déclaré que Google avait « violé sa promesse écrite faite au moment de son entrée sur le marché chinois, en cessant de filtrer ses résultats de recherches et en blâmant insidieusement la Chine pour de soi-disant attaques de pirates ».
« Nous sommes opposés sans compromis à la politisation des questions commerciales, et nous avons exprimé notre mécontentement et notre indignation à Google pour ses accusations déraisonnables et sa conduite », a poursuivi le fonctionnaire.
Par la voix d'un porte-parole, la Maison-Blanche s'est pour sa part dite déçue que Google et la Chine ne soient pas arrivés à un accord. Les États-Unis s'opposent à la censure et sont en faveur de liberté du web, mais les relations entre les deux pays sont « suffisamment matures » pour gérer les divergences, a-t-il poursuivi.
Le département d'État a pour sa part affirmé que le choix de Google était une « décision d'affaires » à laquelle il n'avait pas pris part, soulignant qu'il allait suivre de près les développements.
Des groupes de défense des droits de la personne, comme Human Rights in China, ont par ailleurs applaudi la décision de Google.
Reporters sans frontière a de son côté salué la « position courageuse » de Google, estimant qu'au-delà du cas chinois, c'est l'intégrité de la Toile qui est en jeu. La censure du web exercée par les États répressifs rend de nombreux internautes victimes d'une « ségrégation numérique », a estimé l'association.
La toile chinoise en chiffres
Population: 1,339 milliard
Nombre d'internautes: 338 millions (au 30 juin 2009)
Nombre de nouveaux internautes chaque jour: 200 000
Proportion de la population branchée: 22,6 % (fin 2008)
Nombre d'utilisateurs d'Internet mobile: 155 millions (30 juin 2009)
Nombre de sites enregistrés en Chine: 2,9 millions (décembre 2008)
Nombre de blogueurs: 162 millions (fin 2008)
Nombre de cyberdissidents emprisonnés: 57 (dont 5 Tibétains) sur un total de 90 au niveau mondial
Nombre de policiers du cyberespace: environ 40 000
Sources: CIA World Factbook, China Internet Network Information Center, Reporters sans frontières, OpenNet Initiative
Radio-Canada.ca avec Reuters et Agence France Presse
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Pékin furieux contre Google
Mise à jour le lundi 22 mars 2010 à 21 h 39
La direction de Google a annoncé, lundi, qu'elle avait mis un terme à la censure de la version chinoise de son moteur de recherche. Les internautes qui consultent google.cn sont dorénavant redirigés sur google.com.hk, le site de Hong Kong, dont les résultats ne sont pas filtrés. La décision vise tout autant les recherches faites sur Google Recherche, Google Actualités que sur Google Images.
Le directeur juridique de l'entreprise, David Drummond, en a fait l'annonce dans un billet explicatif sur le blogue officiel de Google. « Trouver un moyen de respecter notre engagement de mettre fin à la censure de la recherche sur Google.cn a été difficile », écrit-il.
David Drummond explique la décision en faisant référence à une annonce de Google datant de janvier dernier. L'entreprise avait alors indiqué qu'elle réfléchissait à la suite de ses opérations en Chine après avoir été victime de cyberattaques le mois précédent, à l'instar d'une vingtaine d'entreprises américaines.
L'entreprise avait alors affirmé que, dans son cas, des preuves suggéraient que les attaques visaient les comptes courriel Gmail de douzaines de militants des droits de la personne. Elle avait dénoncé un « vol de la propriété intellectuelle de Google ».
Les discussions qui ont suivi entre l'entreprise et les autorités chinoises se sont soldées par un échec. Il y a une dizaine de jours, le ministère de l'Intérieur chinois a indiqué que le groupe devait se plier aux lois chinoises, sans quoi la Chine se développerait sans Google.
«Nous précisons que que ces cyberattaques et la surveillance qu'elles dévoilaient - combinées avec des tentatives de limiter davantage la liberté d'expression sur le web en Chine, y compris le blocage continu de sites comme Facebook, Twitter, YouTube, Google Docs et Blogger - nous ont emmenés à conclure que nous ne pouvions plus continuer à censurer nos résultats sur Google.cn.»
— Extrait du blogue de Google
Le géant de l'Internet a cependant assuré qu'il entendait maintenir une présence commerciale en Chine et qu'il y poursuivrait ses travaux de recherche et de développement. Quelque 700 des 20 000 employés de Google travaillent en Chine.
Avec la fin de l'autocensure, la censure
Même si cette initiative est « tout à fait légale » et qu'elle « améliorera de façon significative l'accès à l'information pour la population chinoise », l'entreprise admet que son site pourrait être bloqué.
«Tout au long de nos discussions, le gouvernement chinois a été catégorique sur le fait que l'autocensure est une condition légale non négociable. [...] Nous espérons que le gouvernement chinois respectera notre décision, même si nous avons conscience du risque de blocage imminent de l'accès à ses services.»
— Extrait du blogue de Google
Google a donc mis en ligne une page indiquant le niveau de censure exercé sur les différents services offerts par Google, qui sera régulièrement mise à jour.

Google a pendant longtemps été montré du doigt pour avoir filtré les recherches des internautes. Par exemple, les liens menant vers des sites sur les droits de la personne, le Tibet, Taïwan et d'autres sujets politiquement délicats pour Pékin étaient filtrés.
Les représailles chinoises risquent d'avoir un impact sur la croissance de l'entreprise. Selon Analysys International, Google détient environ 31,3 % du marché des moteurs de recherche, alors que Baidu, son rival chinois, se taille la part du lion avec 63,9 %.
Pékin mécontent, Washington déçu
Dans les heures qui ont suivi l'annonce, le bureau d'Internet du service de l'information du Conseil de l'État, cité par l'agence de presse officielle Xinhua, a affirmé que Google n'avait pas respecté ses engagements.
Un porte-parole a déclaré que Google avait « violé sa promesse écrite faite au moment de son entrée sur le marché chinois, en cessant de filtrer ses résultats de recherches et en blâmant insidieusement la Chine pour de soi-disant attaques de pirates ».
« Nous sommes opposés sans compromis à la politisation des questions commerciales, et nous avons exprimé notre mécontentement et notre indignation à Google pour ses accusations déraisonnables et sa conduite », a poursuivi le fonctionnaire.
Par la voix d'un porte-parole, la Maison-Blanche s'est pour sa part dite déçue que Google et la Chine ne soient pas arrivés à un accord. Les États-Unis s'opposent à la censure et sont en faveur de liberté du web, mais les relations entre les deux pays sont « suffisamment matures » pour gérer les divergences, a-t-il poursuivi.
Le département d'État a pour sa part affirmé que le choix de Google était une « décision d'affaires » à laquelle il n'avait pas pris part, soulignant qu'il allait suivre de près les développements.
Des groupes de défense des droits de la personne, comme Human Rights in China, ont par ailleurs applaudi la décision de Google.
Reporters sans frontière a de son côté salué la « position courageuse » de Google, estimant qu'au-delà du cas chinois, c'est l'intégrité de la Toile qui est en jeu. La censure du web exercée par les États répressifs rend de nombreux internautes victimes d'une « ségrégation numérique », a estimé l'association.
La toile chinoise en chiffres
Population: 1,339 milliard
Nombre d'internautes: 338 millions (au 30 juin 2009)
Nombre de nouveaux internautes chaque jour: 200 000
Proportion de la population branchée: 22,6 % (fin 2008)
Nombre d'utilisateurs d'Internet mobile: 155 millions (30 juin 2009)
Nombre de sites enregistrés en Chine: 2,9 millions (décembre 2008)
Nombre de blogueurs: 162 millions (fin 2008)
Nombre de cyberdissidents emprisonnés: 57 (dont 5 Tibétains) sur un total de 90 au niveau mondial
Nombre de policiers du cyberespace: environ 40 000
Sources: CIA World Factbook, China Internet Network Information Center, Reporters sans frontières, OpenNet Initiative
Radio-Canada.ca avec Reuters et Agence France Presse
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