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Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 8:53 am
par kapucine
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Publié le 13 avril 2010 à 08h05 | Mis à jour à 08h15


Décès de Michel Chartrand

Photos : Michel Chartrand (1916-2010)

La Presse


Seule la mort aura réussi à faire taire Michel Chartrand qui s'est éteint lundi soir à l'âge de 93 ans. Homme de parole, comme l'a baptisé son biographe Fernand Foisy, héros de télésérie avec sa femme Simonne, caricaturé par Dominique Michel dans d'inoubliables Bye Bye, Chartrand symbolisait, pour des milliers de Québécois, le syndicaliste anarchiste, l'homme qui disait tout haut ce que plusieurs n'osaient même pas penser.

Né à Outremont, le 20 décembre 1916, Chartrand se définissait comme le «militant honnête et droit, qui dit les choses telles qu'elles sont, sans détour et sans fard». Orateur hors du commun, remarquable de présence et de charisme, Michel Chartrand incarnait à lui seul une tradition syndicale et socialiste.

«Je suis socialiste, nationaliste et indépendantiste parce que je crois en la démocratie: le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Je crois à l'égalité de toutes les femmes et de tous les hommes, parce que je crois en la justice, parce que je crois en la liberté à conquérir quotidiennement. Je crois que chacune et chacun doit être en mesure de participer aux décisions et d'assurer des responsabilités à son niveau», avait-il déclaré en entrevue.

Michel Chartrand n'a jamais voulu écrire son autobiographie. Mais, en vitupérant comme c'était son habitude, il a souvent laissé échapper des confidences, pudiquement et rapidement noyées par son rire sonore.


Fernand Foisy, compagnon de route de Chartrand pendant plus de 35 ans, a rédigé la biographie du syndicaliste en quatre tomes. Alors que celui-ci présidait le Conseil central de la CSN, Foisy en fut le secrétaire général de 1968 à 1974. Il y décrit le parcours de son héros de 1968 jusqu'à 2003 en se disant témoin privilégié de ces moments passés à ses côtés. «Autant il peut être difficile, parfois bougon ou colérique, autant sa disponibilité et sa générosité nous font oublier ses travers.»

Les petites gens, le monde ordinaire ont une admiration secrète pour Michel Chartrand. Je dis «secrète» car ils n'osent pas toujours clamer cette admiration de peur d'endosser ses excès verbaux et son langage sans détour», indiquait-il dans une entrevue accordée à La Presse en 2003.

L'ancien président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Gérald Larose, qui a notamment côtoyé Chartrand au Conseil central de Montréal de la CSN, l'a déjà décrit comme un homme « bouillant».

Malgré ses excès, Chartrand était un homme raffiné, qui aimait les bons vins, la grande musique, la littérature et la peinture.

Il aura connu des événements marquants dans sa vie. Certains sont connus comme son arrestation durant la crise d'octobre de 1970 en vertu de la Loi des mesures de guerre où il est resté en prison pendant quatre mois. D'autres le sont moins, comme le décès de sa fille Marie-Andrée tuée accidentellement par son conjoint qui avait pointé un fusil sur sa tempe et déclenché la détente ignorant qu'une balle se trouvait dans le canon.

Michel Chartrand a été soixante ans aux mêmes barricades. Père de sept enfants, forgés aux mêmes idéaux par lui bien sûr, mais aussi et peut-être surtout par sa femme Simonne, aussi militante que lui, à sa façon, et qui fut la seule qui ait pu lui tenir tête tout en l'épaulant constamment pendant un demi-siècle.

Pour expliquer les nombreux discours de sa vie, il expliquait qu'il y avait deux choses qu'il connaissait bien: la politique et le syndicalisme: «Ça fait 60 ans! C'est sûr que c'est déprimant. Je suis pessimiste intellectuellement et optimiste volontairement. Parce qu'on peut changer des affaires. Il y a beaucoup de choses qui me font râler copieusement. Par exemple, le système dans lequel on se trouve est antidémocratique: on ne sait pas quel gouvernement est responsable de quoi.»

La pensée de Michel Chartrand, il était le premier à le reconnaître, ne se distinguait pas par sa subtilité ou sa finesse. Il fut l'homme d'une cause: la dignité des travailleurs.

«Petit, moi, j'étais heureux, raconta-t-il à la veille de ses 80 ans. On faisait courir la police à Outremont, on volait des pommes, puis des poires.» Hélène Patenaude, sa mère, lui a tiré les oreilles une seule fois et s'en est voulu. Son père ne parlait pas, sinon pour lui dire: «Un ouvrier, même s'il a les mains sales est un homme honnête. Méfie-toi plutôt des cols blancs.»

À Anne Richer, qui l'avait interviewé chez lui, à Saint-Marc-sur-le-Richelieu, il y a quelques années, il avait déclaré que «tout le monde devrait faire de la politique. En démocratie, c'est un devoir. Assumer des responsabilités à son niveau; voir à ce que le monde s'épanouisse. On est nés pour le bonheur, quel que soit notre handicap physique ou mental, quels que soient nos parents ou nos gênes. Et pour le bonheur, il faut un minimum: manger, se faire soigner, s'éduquer. Pis travailler. On s'épanouit par le travail! »

- Avec la collaboration de Pierre Vennat




Bien triste nouvelle :(

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 9:17 am
par Gillo
:(

Il va me manquer.

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 9:45 am
par Malike
:( Ohhh quelle triste nouvelle ce matin. J'avais beaucoup d'admiration pour cet homme. RIP Michel Chartrand. :jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 10:13 am
par Lison48
J'ai toujours aimé Michel Chartrand, il était haut en couleur; on ne s'ennuyait pas avec lui en entrevue.

Mes condoléances à sa famille et ses proches.

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 10:51 am
par Anya
Le syndicaliste Michel Chartrand nous quitte à l'âge de 93 ans
La Presse canadienne 13 avril 2010 10h37 Actualités en société

Image

Un fort en gueule, un insurgé, un combattant de toutes les causes politiques et sociales qui ne se sera jamais résigné jusqu'à son dernier souffle. Michel Chartrand aura marqué plusieurs décennies de l'histoire syndicale et sociale du Québec.

Caricaturé pour son bagout, son langage inspiré du marxisme, Michel Chartrand savait aussi rire de lui-même. Il s'est déjà décrit comme «pessimiste intellectuellement et optimiste volontairement».

Famille nombreuse

Né à Outremont le 20 décembre 1916, Michel Chartrand est le 13e d'une famille de 14 enfants.

En 1929, il entre au Collège Brébeuf, puis devient pensionnaire au collège Sainte-Thérèse. De 1933 à 1935, il est moine à la Trappe d'Oka, y médite et y prie. Il travaille ensuite bénévolement pour les jeunesses catholiques et nationalistes.

Michel Chartrand a déjà dit être devenu indépendantiste à l'âge de 18 ans, en lisant l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.

Il commence à s'engager politiquement en adhérant à l'Action libérale nationale et en devient organisateur, aux élections provinciales en 1939. C'était l'époque de Maurice Duplessis.

Simone Chartrand

En 1940, il suit des cours d'histoire donnés par l'abbé Lionel Groulx à l'Université de Montréal, l'homme qui, devenu chanoine, l'unira à Simonne Monet le 17 février 1942, à la chapelle de l'église Notre-Dame, et qui baptisera tous ses enfants.

En 1941, il suit un entraînement militaire et est renvoyé pour avoir refusé de remplir des formulaires qui étaient seulement en anglais. Il était aussi un défenseur du fait français.

Cette année-là, il milite à la Ligue de défense du Canada, travaille contre la conscription en vue de la Deuxième Guerre mondiale et devient membre fondateur du Bloc populaire.

Il a son premier enfant en 1943, Marie-Mance-Micheline. Suivront six autres: Hélène, Marie-Andrée, Louis-Lionel-Alain, Suzanne-Geneviève, Madeleine et Dominique.

Bloc populaire
Son action politique se précise: en juin 1945, il devient candidat du Bloc populaire aux élections fédérales dans Chambly-Rouville. Il est battu mais récolte tout de même 2333 voix.
En 1949, lors d'une des plus célèbres grèves de l'histoire du Québec, celle d'Asbestos aussi appelée grève de l'amiante, il s'engage dans le syndicalisme et y trouve la voie pour canaliser ses idéaux d'égalité et de solidarité.

Son engagement syndical se poursuit: il devient organisateur pour la Fédération nationale du vêtement de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), l'ancêtre de la CSN, en 1950.

En 1953, il est engagé à la CTCC, mais se confronte vite au secrétaire général Jean Marchand, qui ne veut pas reconduire son contrat. Le dossier se rend en arbitrage, où le président du tribunal, nul autre que Pierre Elliott Trudeau, le rétablit dans ses fonctions.
Durant ces années-là, Chartrand sera arrêté à plusieurs reprises pour s'être retrouvé aux abords des piquets de grève.

En 1954, il se présente contre Jean Marchand au poste de secrétaire général de la CTCC et est battu.

En 1956, il flirte avec la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), où il travaille à l'information pour le syndicat des Métallos.

La même année, il adhère au CCF (Cooperative Commonweath Federation). Le CCF devient, au Québec, le Parti social-démocratique et Michel Chartrand en devient le chef au Québec.

Murdochville
Chartrand va soutenir les grévistes lors de la célèbre grève de Murdochville, à la Gaspé Copper Mines de Noranda.

Connu pour ses talents d'orateur, en 1958, il anime des soirées dans le cadre de la grève des réalisateurs de Radio-Canada.

À compter de 1959, il prend une pause dans son action syndicale et se lance dans l'imprimerie. Il publie alors les Gilles Vigneault et Pierre Vadeboncoeur.

En novembre 1963, il devient président du Parti socialiste du Québec et assiste au congrès du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN).

En 1967, il participe aux Etats généraux du Canada français, puis revient au syndicalisme en 1968, à la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

Loi sur les mesures de guerre
En 1970, comme bien d'autres, il est arrêté en pleine nuit et emprisonné dans le cadre de la Loi sur les mesures de guerre. Il passera quatre mois en prison, au cours desquels il redécouvrira la poésie.

Suivent plusieurs années au cours desquelles il est conférencier, à l'invitation de groupes populaires et de syndicats.

Il s'intéresse ensuite à la cause des travailleurs accidentés. Avec une quarantaine de personnes, il fonde en février 1983 la Fondation pour l'aide aux travailleurs accidentés, plus connue sous son acronyme de FATA.

Il devient collaborateur de L'aut'journal en 1992, un «journal indépendant, ouvrier et populaire».

Son épouse décède en janvier 1993 à la suite d'un cancer. Michel Chartrand la louangera alors pour avoir enduré «un mari insupportable comme moi».

Référendum
Lors du référendum sur la souveraineté de 1995, même âgé de 78 ans, il s'engage comme bénévole pour le camp du Oui. «Tout le monde doit faire de la politique. En démocratie, c'est un devoir: assumer ses responsabilités à son niveau, voir à ce que le monde s'épanouisse», justifiait-il en entrevue.

Il dit à l'époque, en posant un regard sur sa propre vie: «Je n'ai pas beaucoup changé. J'ai fait mon règne. Je ne juge pas mes contemporains. Je juge les hommes politiques sur les actes politiques.»

Il tente de nouveau de se faire élire en novembre 1998, lorsqu'il se présente comme candidat indépendant contre le premier ministre péquiste d'alors, Lucien Bouchard, dans Jonquière, pour y défendre ses idées de gauche. Ce n'est pas parce qu'il est souverainiste qu'il est péquiste. Il arrive tout de même en troisième place, récoltant 15 % du suffrage exprimé, soit 5023 voix, alors que le gagnant Lucien Bouchard en récolte 60 % ou 20 475 voix.
Chartrand s'élève alors contre l'objectif du déficit zéro, disant y préférer un objectif de pauvreté zéro.

Toujours réputé pour son langage coloré, Michel Chartrand admettait dans le cadre d'un rassemblement de la gauche à Québec, en mars 2003: «J'ai peut-être un pied dans la tombe, mais l'autre, je suis encore capable de le lever assez haut pour botter le cul d'un ministre».

Il a fêté ses 90 ans dans la mythique salle de spectacle Le Lion d'Or, à Montréal, en janvier 2007, le mois suivant son anniversaire, aux côtés des Séguin, de Louise Forestier et d'autres artistes.

En janvier 2008, on l'a aussi vu assister aux funérailles de l'ancien avocat des felquistes, Me Robert Lemieux.

Encore au printemps 2008, toujours actif, il assistait aux «Journées Michel Chartrand», des journées de réflexion organisées par le parti de gauche, Québec solidaire. Ces journées sont justement dédiées à l'éducation populaire sur le monde du travail et sur les politiques sociales.

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Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 4:04 pm
par EveLaVraie
J'ai envie de pleurer!

Quel grand homme!

:jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 4:22 pm
par dolphinartca
Un qui n'avais pas peur de dire ce qu'il pensait.

Je lui lève mon chapeau et adorais l'entendre!

RIP Michel :jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 5:04 pm
par Thewinneris
Je l'aimais, il a tellement contribuer dans la société! Un grand homme!

Repose en paix!

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 6:08 pm
par Pantera72
Je n'aimais pas Michel Chartrand et ce qu'il représentait mais il a eu un impact indéniable sur la société québécoise. Mes sympathies à la famille.

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 7:35 pm
par Galena
RIP Michel Chartrand :jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mar. avr. 13, 2010 7:38 pm
par Gaffe
Quel grand bonhomme, il était, ce monsieur Chartrand. Le Québec perd un grand personnage. :(

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : mer. avr. 14, 2010 7:05 am
par MamzelChose
RIP Michel Chartrand!!!! Un grand homme. Le Québec perds un des plus grand hommes!!

:jap: :jap: :jap: Mes condoléances à sa famille!

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : jeu. avr. 15, 2010 12:23 pm
par Anya
Longueuil
La dépouille de Michel Chartrand exposée dès jeudi
La Presse Canadienne
15/04/2010 11h31

LONGUEUIL - La dépouille du syndicaliste Michel Chartrand, décédé d'un cancer, lundi soir dernier, à l'âge de 93 ans, sera exposée à partir de jeudi après-midi, à 14h00, dans un salon funéraire de Longueuil.

Le public pourra rencontrer ses proches à la Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal, sur le boulevard Curé-Poirier Ouest. Les heures d'admission au salon funéraire sont de 1h00 à 17h00 et de 19h00 à 22h00, jeudi et vendredi.

Les funérailles catholiques de Michel Chartrand seront célébrées à la Cocathédrale Saint-Antoine de Padoue, à Longueuil, samedi matin. La famille avise, toutefois, que l'inhumation qui suivra aura lieu dans l'intimité.

En hommage à l'ancien syndicaliste, le public qui le désire est invité à faire un don à la Fondation pour l'aide aux travailleuses et travailleurs accidentés, un organisme basé sur la rue Drolet, à Montréal.

Depuis 1993, Michel Chartrand était veuf de son épouse, Simonne Monet, avec laquelle il s'était marié à Montréal, en 1942. M.Chartrand laisse dans le deuil six enfants, 12 petits-enfants et six arrière-petits-enfants, ainsi que sa compagne des dernières années et une soeur.

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Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : jeu. avr. 15, 2010 11:53 pm
par Anya
Lettre à Michel Chartrand
Lise Payette 16 avril 2010 Québec

Tu vas me manquer. Je ne te l'ai pas assez dit. Ces derniers jours, c'est cette pensée qui a pris toute la place dans ma tête et dans mon coeur. Pourquoi laissons-nous la vie que nous menons nous priver du bonheur de nous retrouver entre amis pour nous dire à quel point la présence de l'autre est précieuse et à quel point le départ de certains change complètement le paysage environnant? J'aurais dû. J'aurais dû te dire le rôle que tu avais joué pour moi et qui a fait de moi une meilleure personne.

C'est à Rouyn que je t'ai connu. Je travaillais avec les Métallurgistes unis auprès des mineurs de la région. Nous envisagions la possibilité d'une grève, car la vie des mineurs n'avait rien de réjouissant et les patrons, tous anglophones, n'étaient pas très réceptifs aux demandes qui leur étaient faites. Au bureau de l'Union, un jour, on nous a annoncé que Michel Chartrand avait été engagé par le syndicat pour se joindre à notre équipe comme «motivateur» auprès des futurs grévistes et les encourager à appuyer un vote de grève qui devenait inévitable. Je ne te connaissais pas. Et quand je t'ai vu arriver, j'avoue que pendant un moment je me suis dit que mes patrons étaient devenus fous.

Tu criais, tu gesticulais, tu sacrais comme un charretier. En fait, tu faisais peur à tout le monde. Dans les grosses réunions avec les mineurs, on savait à quelle heure tu commençais à parler, mais on ne savait jamais quand tu allais finir. Tu ne semblais avoir aucune limite, pour rien, jamais.

Heureusement que de temps en temps, quand nous n'étions pas nombreux, tu riais tellement de bon coeur que tu en avais les larmes aux yeux. Parfois, je crois que tu riais de toi-même et de tes excès de langage. En 1953, l'année dont je te parle, tu étais parfaitement capable de faire la distinction entre l'homme qu'était Michel Chartrand et le personnage qu'on s'arrachait comme on le fait des humoristes aujourd'hui.

Un jour, Simonne, ta douce Simonne, est venue te rejoindre. Elle ne venait que pour quelques jours parce qu'elle en avait plein les bras avec les enfants pendant tes absences. Vous avez habité chez moi. C'est là que j'ai connu le vrai Michel Chartrand.

J'ai nettement préféré celui-là à l'autre, même si je sais que l'autre était nécessaire. Simonne avait le don de te ramener sur terre, de t'obliger à changer de peau et avec son sourire en coin, elle refaisait tout doucement le ménage dans tes idées.

Simonne m'a donné le mode d'emploi de ce Michel qu'elle connaissait si bien. C'est la seule personne que j'aie jamais entendu te dire: «Tais-toi donc...», mais sur un ton si doux que tu fondais devant elle.

La grève n'a pas eu lieu à la Noranda Mines cette fois-là. Malgré le fait que tu avais chauffé la salle comme toi seul savais le faire, quand nous avons compté les votes, nous avions au-dessus de 50 % (je ne me souviens pas du pourcentage exact), mais il a été décidé par les autorités des Métallos, venues exprès de Toronto et des États, que le résultat du vote n'était pas suffisant pour tenir une grève le temps qu'il faudrait. La majorité de 50 plus 1 venait d'être mise de côté sans états d'âme malgré le fait que les femmes des mineurs, qui n'avaient pas le droit de vote, appuyaient pourtant largement leur mari.

Je t'ai revu de temps en temps par la suite. On se croisait sur un plateau de télé, dans des manifs, sur des panels. En général, tu m'accueillais toujours de la même façon: «Tabarnak, la v'là encore celle-là!» On s'embrassait, parce qu'au-delà de tout, nous étions des amis.

J'ai pleuré Simonne. Le jour de ses funérailles, je me souviens avoir aidé Gérald Godin à entrer dans l'église, car visiblement, avec sa grosse tête malade, les gens le regardaient comme s'il avait été contagieux et personne ne se précipitait pour l'aider. Puis, Pauline est arrivée.

Aujourd'hui, c'est toi que je pleure. Et je trouve dommage que tu sois parti au moment où le Québec, qui jouait le dragon endormi depuis trop longtemps, vient de se réveiller. Je sens que tu vas manquer quelque chose que tu aurais bien aimé voir...

Tu auras été, mon cher Michel, le seul homme pour qui j'aurai manifesté, un jour de Noël, afin qu'on te libère de la prison où l'on t'avait enfermé. Je n'ose pas penser à la déception qui sera la tienne si tu viens de découvrir qu'il n'y a rien après la mort... J'aime mieux imaginer que tu vas leur en faire voir de toutes les couleurs...

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Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : ven. avr. 16, 2010 8:37 am
par kapucine
Merci Anya :top:

Très touchant :love: .. j'ai ravalé a quelques reprises...

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : ven. avr. 16, 2010 9:27 am
par Gaffe
Le texte de Lyse Payette est vraiment touchant, j'adore.

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : sam. avr. 17, 2010 12:57 pm
par kapucine
C'était ses funérailles ce matin... Un émouvant hommage, la foule l'a applaudit et lui a chanter
Mon cher Michel
C'est a ton tourde te laisser parler d'amour ..

La cathédrale était pleine a craquer !

Repose en paix :jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : sam. avr. 17, 2010 7:52 pm
par Skarhet
Selon ce que j'ai lu sur Twitter, des gens du publics ont expulsés les journalistes-scabs de QMI des funérailles.... Petite jouissance personnelle ici pour mes amis lock-outés du Journal de Montréal. :jap:

Re: Décès de Michel Chartrand

Publié : sam. avr. 17, 2010 10:40 pm
par Gillo
Skarhet a écrit : Selon ce que j'ai lu sur Twitter, des gens du publics ont expulsés les journalistes-scabs de QMI des funérailles.... Petite jouissance personnelle ici pour mes amis lock-outés du Journal de Montréal. :jap:

:clap: