Publié le 26 mai 2010 à 05h00 | Mis à jour à 08h24
Drame de la 165: l'hypothèse d'un acte prémédité renforcée
Jean-François Néron et Samuel Auger
Le Soleil
(Québec) Des proches lèvent le voile sur les circonstances qui ont conduit Denis Philippon à provoquer deux accidents lundi sur la route 165 entre Plessisville et Saint-Ferdinand, entraînant avec lui dans la mort son fils de quatre ans, et deux frères de Laval de 14 et 25 ans.
Denis Phillipon vivait une grande détresse depuis la fin avril à la suite d'une rupture amoureuse avec sa conjointe. Cette dernière lui aurait annoncé qu'elle souhaitait refaire sa vie avec un autre homme à Coleraine. «Je crois qu'elle [son ex-conjointe] fait une petite dépression», écrivait Denis Philippon sur son babillard Facebook, peu de temps après la rupture. «C'est pour ça qu'elle a fait ça. Je pense! Parce que tu peux pas foutre tout en l'air : 25 ans, une maison, une famille, un enfant.»
Selon Sophie Philippon, cousine de Denis, ce dernier était avant tout un bon père de famille, une personne «réservée et drôle, un vrai boute-en-train». Néanmoins, il accusait mal le choc de la séparation amoureuse.
«N'importe qui qui a vécu une peine d'amour, et je parle pas juste de séparation, mais d'une vraie peine, comprendra sa détresse d'avoir une peine d'amour, qui fait mal à tout le corps autant qu'un infarctus», a-t-elle témoigné au Soleil par un courrier électronique, mardi. «Alors tous peuvent comprendre qu'une détresse intense comme celle qu'il vivait peut faire faire des choses que normalement elle ne ferait jamais», a-t-elle enchaîné.
La cousine du défunt comprend encore mal ce qui a pu le pousser à provoquer deux accidents de la route. «Pourquoi a-t-il décidé d'emmener son fils avec lui? Eh bien je vais vous répondre par une question: pourquoi lui a-t-elle laissé la garde [de son fils], et entre guillemets, [pourquoi l'a-t-elle] abandonné?» Denis Philippon avait la garde unique de son fils Thomas depuis la rupture.
Testament et assurance-vie
À Boisbriand, lieu de résidence de l'homme de 39 ans, des connaissances de Denis Philippon ont renforcé l'hypothèse d'un suicide prémédité. Selon LCN, un des voisins de la victime aurait ainsi agit comme témoin lors de la signature de son testament, et ce, deux jours avant le drame. M. Philippon aurait également contacté une amie il y a quelques jours afin de modifier le nom des bénéficiaires de son assurance-vie.
La Sûreté du Québec a précisé mardi les détails entourant les accidents mortels de lundi. Denis Philippon, de Boisbriand, sortait d'une rencontre avec son ex-conjointe. Il lui avait donné rendez-vous à Plessisville. À la fin de la rencontre, ils ont pris le volant de leur véhicule respectif et se sont tous deux engagés sur la route 165 en direction sud.
Contrairement à ce que certains avançaient à ce jour, la dame, qui habite Coleraine, ne poursuivait pas son ex-mari, qui était alors accompagné de son enfant, Thomas, quatre ans. «Ils circulaient sur la même route. Pour l'instant, il n'est pas question de poursuite», indique Éloïse Cossette, porte-parole de la SQ à Trois-Rivières, qui ne pouvait dire si la rencontre s'était terminée par une dispute ou non.
«L'enquête va nous permettre de remonter dans les heures et les jours précédents pour connaître l'emploi du temps de M. Philippon, son état d'esprit et son état de santé. Une analyse toxicologique a été demandée, tout comme une inspection mécanique de son véhicule», ajoute la policière.
Ex-conjointe sur les lieux
On comprend maintenant mieux pourquoi l'ex-conjointe du forcené se trouvait sur les lieux du premier impact près de Plessisville, qui a coûté la vie à deux frères de Laval, Alexandre et Sébastien Fleury, 14 et 25 ans. Ces derniers se trouvaient à bord d'un véhicule de promenade en compagnie de deux jeunes filles lorsque Denis Philippon a provoqué la collision. Celles-ci ont subi des blessures.
L'ex-conjointe a donc immobilisé son véhicule, une camionnette, sur les lieux de l'accident. Denis Philippon est alors sorti de sa minifourgonnette avec Thomas. Et c'est là qu'il a pris la voiture de la dame par la force. «Il y a eu une bousculade et des voies de fait commis pour qu'il prenne place à bord avec son fils. Il l'aurait poussée pour s'emparer du véhicule», confirme Mme Cossette, précisant ainsi des informations qui avaient déjà filtré lundi soir.
Dix minutes plus tard, quatre kilomètres plus loin, Denis Philippon percutait une autre camionnette près de Saint-Ferdinand. Les deux personnes à bord ont subi des blessures. Cette fois, le chauffard et son fils succombaient sous la force de l'impact.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/act ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;