Disparition de nitrate d'ammonium
Il faut réviser les mesures de sécurité
Agence QMI
Bryn Weese et Charles-Antoine Gagnon
09/06/2010 19h38
TORONTO – Les autorités policières à Toronto ont dévoilé mercredi en fin d'après-midi des portraits-robot de l'homme qui a acheté une importante quantité de nitrate d'ammonium dans un commerce de la région du Niagara.
L'individu, âgé dans la cinquantaine ou au début de la soixantaine, et l'engrais agricole sont activement recherchés par les services de police de partout au pays.
Ils se disent inquiets par la situation, bien qu'ils ne disposent pas de preuves à l'effet que la disparition du fertilisant, qui a des propriétés explosives, peut être associée à la tenue des sommets du G8 et du G20 qui ont lieu plus tard en juin en Ontario.
L'homme recherché s'est présenté sous une fausse identité à la coopérative de production vinicole Vineland Growers, prétendant qu'il achetait l'engrais au nom d'un producteur agricole local, a indiqué Gord Sneddon, inspecteur aux Équipes intégrées de la sécurité nationale, une organisation chapeautée par la GRC.
«C'est, candidement, quelque chose de suspect, a souligné l'inspecteur Sneddon, qui est aussi du Service de police de Toronto. Nous sommes préoccupés par l'importante quantité de nitrate d'ammonium qui s'est volatilisé».
Le nitrate d'ammonium est un engrais agricole, mais il a déjà servi à la préparation d'explosifs. Timothy McVeigh s'est servi de 1815 kilogrammes de ce fertilisant pour fabriquer la bombe qui a causé l'explosion d'un édifice gouvernemental à Oklahoma City en 1995. La déflagration avait tué 168 personnes. La quantité qui a été achetée le 26 mai par la «personne d'intérêt» est de 1625 kilogrammes.
Gord Sneddon a mentionné que même une petite quantité est suffisante pour produire une explosion.
Les policiers indiquent que l'engrais aurait pu être acheté pour faire pousser de la marihuana.
«Nous ne sommes pas intéressés par la production de marihuana, nous voulons seulement retrouver le produit», a mentionné l'inspecteur Sneddon.
Les trois portraits-robot de l'individu sont le fruit des témoignages donnés par trois employés du commerce où les 65 sacs de fertilisants de 25 kilogrammes chacun ont été achetés.
L'individu qui est recherché serait de race blanche, petit, soit environ 5'6” à 5'8”, blanc, trapu, boite, a des doigts sectionnés sur sa main droite et parle avec un accent prononcé.
Les autorités policières n'ont été mises au courant de l'achat de cette quantité que le 31 mai. L'inspecteur Sneddon croit que le commerce a fait preuve de laxisme en ne prenant pas toutes les informations sur l'acheteur. La vente de nitrate d'ammonium est réglementée en Ontario.
«Il m'apparaît que les efforts qui auraient dû être déployés ne l'ont pas été», a-t-il mentionné.
L'homme a utilisé une remorque attachée à une minifourgonnette mauve pour transporter le matériel.
Les sommets du G8 et du G20 réuniront les leaders des plus importants pays du monde à Huntsville et à Toronto du 24 au 27 juin.
Réactions politiques
Les députés de l’opposition à Ottawa se demandent à quoi peut bien servir le milliard $ qui sera dépensé pour la sécurité lors des sommets du G8 et du G20.
«Alors qu'ils (les conservateurs) étaient occupés à dépenser 1 milliard $ pour l’une des opérations les plus coûteuses qui ait jamais été entreprise pour des réunions de 72 heures, ils ont ignoré les vraies préoccupations en matière de sécurité. L’une de ces préoccupations est de sécuriser les magasins de nitrate d’ammonium» a réagi le député libéral Mark Holland, porte-parole de son parti en matière de sécurité publique.
Le gouvernement fédéral a modifié la Loi sur les explosifs en 2008 pour renforcer la réglementation sur les produits chimiques, comme le nitrate d'ammonium, qui peuvent être mélangés pour fabriquer des bombes.
Pour le nitrate d'ammonium, les règlements exigent que tous les vendeurs doivent être enregistrés auprès du gouvernement. Ceux-ci doivent aussi confirmer et enregistrer l'identité de tous les acheteurs et entreposer le produit en utilisant de strictes mesures de sécurité.
Le député du NPD, Don Davies, dit que les règles ne semblent pas avoir été suivies dans ce cas. Il est peut-être temps, ajoute-t-il, que le gouvernement révise les mesures d’application de la Loi sur les explosifs.
«Je ne veux pas trouver coupable le vendeur dans ce cas sans savoir exactement ce qui s'est passé, mais si le vendeur n’a pas respecté la loi, je crois que nous devrions immédiatement essayer de savoir pourquoi cela s’est produit et prendre des mesures pour nous assurer que les vendeurs respectent la loi», a déclaré le député Davies.
Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a indiqué que ce dernier avait été informé de la situation et qu’il avait demandé à être tenu au courant.
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