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L'argent du bonheur

Publié : lun. sept. 06, 2010 11:57 am
par Anya
Publié le 23 août 2010 à 05h00 | Mis à jour le 23 août 2010 à 13h17
L'argent peut faire le bonheur, soutient un psy

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Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Il ne reste plus qu'une semaine avant la rentrée de septembre. Pour la plupart des Nord-Américains, c'est le moment de renouer avec le travail et de retourner gagner sa vie. Petite consolation pour tous ceux que cette perspective déprime: contrairement à l'idée reçue, l'argent - si durement gagné - fait le bonheur. Mais seulement à condition d'être bien dépensé.

C'est du moins ce que révèle une série de recherches récentes, dont plusieurs ont été menées par Thomas Gilovich, professeur en psychologie à l'Université Cornell, dans l'État de New York. Voici ses conseils pour tenir jusqu'aux prochaines vacances.

Q: On entend toujours dire qu'on ne peut acheter le bonheur, mais d'après vos recherches, cela ne semble pas tout à fait vrai.

R: Le chemin entre l'argent et le bonheur est incertain. Les psychologues ont cru longtemps que la relation entre le revenu et le bonheur était à peu près inexistante, mais les données qui entrent depuis quelques années montrent le contraire: il y a un lien. Les gens qui vivent dans des pays riches tendent à être globalement plus heureux que ceux qui vivent dans les pays pauvres. Et au sein du même pays, les plus riches tendent à être un peu plus heureux. Mais évidemment, nous connaissons tous plusieurs exceptions. Ce qui peut faire une différence parmi les gens qui ont un certain revenu disponible, c'est qu'il y a des façons de le dépenser qui sont meilleures que d'autres lorsque vous recherchez le bonheur. Les recherches récentes démontrent que le bien-être augmente lorsqu'une personne fait le bien avec son argent, c'est-à-dire lorsqu'elle dépense pour les autres plutôt que pour elle-même. Mes recherches montrent par ailleurs que payer pour vivre des expériences plutôt que pour obtenir des biens matériels rend les gens significativement plus heureux, et pour plus longtemps.

Q: Comment l'expliquez-vous?

R: Un des plus gros problèmes avec la recherche du bonheur est ce que les psychologues appellent l'adaptation ou l'habituation. Quand vous achetez quelque chose, ça vous fait plaisir sur le coup, mais bientôt vous ne le remarquez même plus. Le système nerveux humain fonctionne de cette manière, sinon, il serait sur-stimulé. Comment faire pour déjouer ce mécanisme? On peut y arriver en vivant des expériences, parce que même si l'expérience a une fin, elle survit longtemps dans le discours qu'une personne tient sur elle-même: moi, j'ai gravi telle montagne, j'ai fait telle chose... L'expérience survit dans les histoires qu'on raconte aux autres et dans les mémoires qu'on chérit et qui nous construisent. À l'inverse, le son si agréable de sa nouvelle BMW, bientôt, on ne l'entend même plus. Et les biens vieillissent et se dégradent. Ils perdent de leur attrait.

Q: Vous avancez aussi que les expériences créent des liens entre les gens?

R: Oui, l'être humain est sociable, et la science montre que créer des liens est très important pour son bonheur. Nous avons donc demandé à des étrangers de faire connaissance en leur demandant, dans un cas, de parler de leurs possessions, et dans l'autre, de leurs expériences. Ceux qui ont parlé de leurs expériences ont mieux aimé leur conversation et ont davantage aimé leur interlocuteur que ceux qui ont parlé de leurs biens matériels. Les biens matériels sont souvent des trophées qui servent à hiérarchiser, à se comparer aux autres, à diviser les gens plutôt que les unir.

Q: Dans votre recherche, se procurer un livre est-il considéré une expérience ou l'achat d'un bien matériel?

R: La frontière entre le bien matériel et l'expérience n'est pas toujours nette, et l'exemple du livre le montre bien.

Ça pose un défi pour la recherche, mais nous l'avons faite de plusieurs façons pour être certains que la distinction était probante. On peut vérifier, par exemple, si ce type d'achat est fait pour envoyer un signal aux autres ou pour le plaisir.

Q: Quand on a un revenu limité, vaut-il mieux épargner pour vivre une expérience formidable ou plutôt vivre plusieurs petites expériences moins spectaculaires au sein d'une année?

R: Ce qu'on tend à retenir et à chérir, c'est le moment le plus fort d'une expérience et le moment final.

Donc, prendre de très longues vacances n'a pas autant d'impact sur le bonheur que le fait de vivre une expérience particulièrement forte pendant ses vacances et le fait de bien terminer ses vacances. Donc, plutôt que d'avoir des vacances de deux semaines plus modestes, mieux vaut partir une semaine et prévoir des choses excitantes.

Q: Les gens font-ils tout simplement tel type de dépense plutôt que tel autre en fonction de leur personnalité, ou peuvent-ils vraiment augmenter leur niveau de bonheur en changeant ce qu'ils achètent?

R: Tout à fait. Surtout en mettant à profit cette découverte du moment final fort. Notre mémoire ne tourne pas un film, elle ne peut pas tout retenir. Elle prend plutôt des instantanés, et elle le fait en général face à un moment final et à un moment fort. Comme vous pouvez l'imaginer, l'industrie hôtelière se montre très intéressée par ces découvertes et tente de les diffuser au public. Personnellement, dans le cours que je donne sur le bonheur, j'expose quelques principes généraux sur les façons de vivre qui aident à être heureux. Des étudiants reviennent me voir ensuite et me racontent qu'ils sont partis en vacances et ont pris soin de les terminer en beauté!

Bien sûr, certains ont une personnalité plus matérialiste, et la recherche associe généralement cela à des traits névrotiques et à une plus faible capacité à être heureux. Mais on pourrait très bien découvrir éventuellement que les choses procurent un réel plaisir à certaines personnes ou dans telles situations.

Q: Pratiquez-vous ce que vous prêchez?

R: Oui, et c'est presque un mantra pour toute ma famille. Surtout pour mes enfants. Dès qu'elles veulent participer à une expérience, mes filles disent: Papa a dit que c'était bon pour nous!

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Re: L'argent du bonheur

Publié : lun. sept. 06, 2010 11:59 am
par Anya
Publié le 04 septembre 2010 à 05h00 | Mis à jour le 04 septembre 2010 à 05h00

L'argent du bonheur
Pierre Foglia
La Presse

Soyons honnêtes: pour vous et moi qui ne sommes pas de ces grands philosophes, de ces grands mystiques, de ces grands poètes lyriques qui vont puiser leur bonheur dans les tréfonds de leur âme, pour vous et moi qui n'avons presque pas d'âme et encore moins de tréfonds, le bonheur c'est quoi? C'est être content de temps en temps.

Et pour être content de temps en temps, ça nous prend quoi? Ça nous prend un peu d'argent. Pour voyager. Pour acheter des livres. Pour acheter un nouveau vélo, des trucs comme ça.

L'argent fait le bonheur, tout le monde sait ça. Sauf les psychologues. Dans La Presse de lundi dernier, un psychologue américain a dit en entrevue à ma collègue Marie-Claude Malboeuf que, contrairement à la croyance populaire, l'argent fait le bonheur. À la condition, ajoutait-il, qu'il soit bien dépensé.

Ça prenait un psychologue pour découvrir ce que tout le monde sait déjà et ajouter, pour justifier son doctorat en psychologie: à la condition qu'il soit bien dépensé.

Notre professeur (il enseigne à Cornell) distingue entre dépenser pour s'acheter des biens et dépenser pour «se construire». Mais non, pas se construire une cabane dans le jardin pour ranger les outils! Ce que vous pouvez être communs, des fois... Se construire soi, le Soi, la conscience. Entre s'acheter une BMW, un nouveau vélo à 3500$, et se payer ce qu'il appelle des expériences - un voyage chez les Babalous au fin fond de l'Amazonie ou, mieux encore, donner de l'argent à ceux qui n'en ont pas.

Il est vrai et vérifié que l'argent que l'on donne fait plus le bonheur de celui qui le donne que de celui qui le reçoit. Le bonheur absolu étant d'en donner, mais d'en garder assez pour se payer aussi une BMW, un vélo à 3500$ et une expédition en Amazonie.

Attends, Foglia, je sens que tu deviens cynique, là. Si l'argent fait le bonheur, il fait forcément aussi le bonheur de celui qui le reçoit...

Justement pas. C'est ce que ne comprend pas le psychologue sur son campus. Quand il dit l'argent fait le bonheur à condition qu'il soit bien dépensé, ben oui, ben oui, on n'avait pas besoin de lui. Ce qu'il ne dit pas, parce qu'il n'a jamais cherché une place dans le parking d'un centre commercial un dimanche après-midi, ce qu'il ne dit pas parce qu'il ne le sait pas, c'est que «bien dépenser» est affaire de culture, et c'est pas gratuit, la culture, c'est pas donné. Vouloir caricaturer, je dirais que l'argent fait le bonheur de ceux qui en ont assez pour aller apprendre à Cornell comment le dépenser. Et tu sais combien ça coûte, aller à Cornell? Cinquante-cinq mille dollars par année. Mais ça construit. Ah! ça, pour construire...

Pour revenir à ta question, non, l'argent ne fait pas le bonheur de ceux qui en ont juste assez pour payer le loyer. Payer son loyer n'a jamais rendu personne heureux.

Au coeur du système: la consommation. De la consommation dépend le progrès. C'est ce qu'on me répète chaque fois que j'en parle. C'est la consommation qui fait tourner les usines, qui donne des jobs, qui crée de la richesse, qui paie la recherche, la santé, l'éducation, le progrès en général.

Bref, l'argent qu'on dépense chez Canadian Tire fait évoluer la société. Plus on achète des toasters et des chaises de parterre, plus la société évolue. Que l'argent fasse le bonheur ou pas, on n'a pas le choix d'en dépenser. Le fait de ne pas en avoir n'est même pas une excuse. On n'a qu'à en emprunter. Consommer est un devoir national. Rappelez-vous M. Bush, au lendemain du 11 septembre: Américains, montrez à ces terroristes qu'ils ont perdu, que la civilisation est toujours debout, allez acheter quelque chose.

Mais, en même temps, comment le nier, la consommation accoutume le consommateur au plaisir fugitif d'acheter - un plaisir comparable à celui que procure la masturbation -, fugitif en cela qu'il s'évanouit aussitôt satisfait. Mais il n'est jamais loin, la pub revenant sans cesse rallumer le désir d'acheter, le crédit rendant la chose possible, et revoilà le consommateur au bord de l'orgasme.

On répète souvent que l'ont vit dans l'ère de l'avoir plutôt que de l'être. Lâchez-moi avec l'être, mais lâchez-moi aussi avec l'avoir. On n'a pas le désir de l'objet lui-même, oublié, négligé, obsolète aussitôt assouvi le désir de l'acquérir. En cela, je ne suis pas le premier à le dire, le consumérisme est une forme de pornographie.

L'argent - celui que dépense le consommateur en achetant n'importe quoi tout le temps - fait le bonheur de la collectivité. Assure le progrès de la société. C'est ce que vous me dites chaque fois. Sauf que, au niveau de l'individu, la même boulimie de chaises de parterre abrutit le même consommateur. On vivrait donc dans une société qui ne peut progresser qu'en abrutissant ses membres. C'est un peu embêtant, non? Ce n'est pas vraiment une question.

Mais celle-ci, oui: pensez-vous que je pourrais enseigner la psychologie à Cornell? Ou l'économie?

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Re: L'argent du bonheur

Publié : lun. sept. 06, 2010 11:02 pm
par MsPontchartrain
J'aimerais pouvoir dire qu'à mes yeux, l'argent ne fait pas le bonheur. Mais je vais être honnête, pour moi, il est ingrat et même indécent d'être riche et de ne pas en jouir. Je n'ai jamais manqué de rien, mais mes parents n'ont jamais eu énormément d'argent. Il était dépensé sagement. Mes parents se sont gâtés et nous ont gâtés, mais modérément. Ils ont très tôt tâché de nous enseigner la valeur de l'argent, nous apprenant à revoir cenne pour cenne quelles étaient nos dépenses avec l'argent de poche. Malgré tout, je suis une dépensière, au grand dam de mon conjoint. J'ai 24 ans, je termine ma maîtrise cette année et j'entame un doctorat l'an prochain, et je vis au-dessus de mes moyens. Je paie à crédit pour des vêtements, des bijoux, des petits luxes (sushis, produits de beauté, nouveaux souliers...). Je n'ai pas une dette énorme, en tout et pour tout, moins de 6 000 $ à mon âge et à mon stade d'études, ma conseillère financière trouve mon dossier excellent. Mais voilà, plus de la moitié de cet argent a été dépensé en achats futiles, voire impulsifs. Si je devenais riche, il me faudrait placer de l'argent sous tutelle, car j'aurais peur de tout dépenser dans une frénésie. J'adore l'argent. Même celui que je n'ai pas (crédit). Et je déteste ce défaut. J'aimerais tant dire que je fais des choix de simplicité volontaire, mais j'en suis incapable ...

Re: L'argent du bonheur

Publié : mar. sept. 07, 2010 8:32 am
par .anthurium.
MsPontchartrain a écrit : J'aimerais pouvoir dire qu'à mes yeux, l'argent ne fait pas le bonheur. Mais je vais être honnête, pour moi, il est ingrat et même indécent d'être riche et de ne pas en jouir. Je n'ai jamais manqué de rien, mais mes parents n'ont jamais eu énormément d'argent. Il était dépensé sagement. Mes parents se sont gâtés et nous ont gâtés, mais modérément. Ils ont très tôt tâché de nous enseigner la valeur de l'argent, nous apprenant à revoir cenne pour cenne quelles étaient nos dépenses avec l'argent de poche. Malgré tout, je suis une dépensière, au grand dam de mon conjoint. J'ai 24 ans, je termine ma maîtrise cette année et j'entame un doctorat l'an prochain, et je vis au-dessus de mes moyens. Je paie à crédit pour des vêtements, des bijoux, des petits luxes (sushis, produits de beauté, nouveaux souliers...). Je n'ai pas une dette énorme, en tout et pour tout, moins de 6 000 $ à mon âge et à mon stade d'études, ma conseillère financière trouve mon dossier excellent. Mais voilà, plus de la moitié de cet argent a été dépensé en achats futiles, voire impulsifs. Si je devenais riche, il me faudrait placer de l'argent sous tutelle, car j'aurais peur de tout dépenser dans une frénésie. J'adore l'argent. Même celui que je n'ai pas (crédit). Et je déteste ce défaut. J'aimerais tant dire que je fais des choix de simplicité volontaire, mais j'en suis incapable ...
Au moins tu le réalise. Si tu es capable d'assumer que tu peux tout perdre et que ça ne touche que toi(et non tes enfants ou tes parents qui ont cherchés a t'inculquer des valeurs d'économie) ce n'est pas un problème. Un enfant apprend a marcher en tombant.