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CHUM: Un siècle de gaspillage de temps et d’argent

Publié : dim. sept. 19, 2010 2:38 pm
par Anya
CHUM
Un siècle de gaspillage de temps et d’argent
Agence QMI
Jean-Marc Gilbert
19/09/2010 12h14

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Pendant que la première pelletée de terre pour la construction du nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) se fait toujours attendre, deux des acteurs principaux du projet lancent un ouvrage qui trace un bilan tragique de cette saga qui dure depuis 83 ans.

Le livre de 300 pages qui sera disponible sur les tablettes des librairies dès mardi qualifie le projet du CHUM de «tragédie québécoise». Il a été rédigé par Robert Lacroix, recteur de l’Université de Montréal entre 1998 et 2005 et Louis Maheu, représentant de cet établissement sur le conseil d’administration du CHUM.

«Cela fera donc bientôt un siècle que Montréal attend son hôpital universitaire francophone, et rien ne laisse croire que celui-ci verra assurément le jour dans un avenir prochain», peut-on lire dans l’ouvrage.

En effet, avant le projet actuel qui est discuté depuis le début des années 2000, quatre autres projets ont avorté par le passé.

Le passé garant de l’avenir?

Le premier a été élaboré en 1927, lors de la construction du pavillon principal de l’Université de Montréal. Il a finalement été abandonné notamment en raison de la crise économique qui a sévi dès 1929.

L’idée renaît après la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, mais en raison de dettes accumulées, le projet est freiné par le premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis, qui place l’Université sous tutelle.

Après avoir essuyé deux autres échecs dans les années 1990, le cinquième projet est maintenant sur la table.

Pourquoi?

Désolés par ce constat, les deux auteurs posent la question suivante en introduction: «Pourquoi la plus grande université québécoise ne dispose-t-elle pas d’un hôpital universitaire à la hauteur de sa mission?»

Ils ont tenté d’y répondre eux-mêmes en entrevue à 24, quelques jours avant le lancement du livre.

«Il y a eu trop de dérive, de jeu politique de la part de nos élus (notamment en raison des groupes de pression et des médias). Mais ultimement, ce sont les hommes politiques qui sont responsables de ces échecs répétés», constate M. Maheu.

«Des centaines de personnes ont gaspillé leurs énergies pour des projets qui n’ont pas encore vu le jour. On a aussi perdu un temps précieux qui aurait pu servir à la recherche et au développement de meilleurs soins de santé», renchérit M. Lacroix.

Les experts s’inquiètent aussi que ces échecs puissent nuire à la reconnaissance de la province.

«Force est de constater que c’est le prestige de Montréal comme grand centre de savoir francophone qui est menacé, donc le rayonnement du Québec lui-même, sur le plan international», écrivent-ils dans le bouquin.

Refusant de s’attarder sur le débat du mode de construction en partenariat public-privé (PPP), sujet qui n’est presque pas abordé dans le bouquin, les auteurs soulèvent une seule priorité: que le CHUM soit construit au plus vite.

Rappelons que la semaine dernière, le Conseil du Trésor a confirmé que la construction du CHUM ne sera pas entamée avant 2011, puisque le gouvernement a demandé à un comité de réévaluer si le mode de construction en PPP représente réellement la meilleure option.

Cette décision a été prise à la suite de la publication d’un rapport incendiaire du vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, qui remettait en doute la décision du gouvernement, en juin dernier.

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Re: CHUM: Un siècle de gaspillage de temps et d’argent

Publié : lun. sept. 20, 2010 9:07 am
par Anya
Publié le 20 septembre 2010 à 05h00 | Mis à jour à 06h07

«Une tragédie québécoise»
Sara Champagne
La Presse

Ils étaient aux premières loges. Robert Lacroix, ancien recteur de l'Université de Montréal, était branché directement sur les politiciens. Louis Maheu, de la direction de l'Université de Montréal, représentait l'institution au conseil d'administration du CHUM. Ils ont vécu comme un cuisant échec l'abandon du 6000, rue Saint-Denis, et ensuite celui du terrain de la gare de triage Outremont, afin de bâtir le grand hôpital universitaire francophone. Aujourd'hui, le tandem offre un nouvel éclairage sur ce qu'il appelle «une tragédie québécoise».

Q En lisant votre livre, on pense d'abord qu'il s'agit d'un récit historique, ensuite il y a plus de mordant, des noms ressortent. Est-ce qu'il s'agit d'un règlement de comptes?

R (R. Lacroix) Nous, on a terminé nos activités à l'Université de Montréal en 2005. Et ça fait trois ans et demi qu'on travaille sur ce livre-là. Ce n'est pas un coup de gueule ni un coup de tête; le temps de l'amertume est terminé depuis longtemps, mais on est au temps des constats. Et pour être très francs, on a été dans ce cyclone pendant sept ans, on a vu passer cinq ministres de la Santé, trois premiers ministres, trois ou quatre directeurs du CHUM, et on ne comprenait pas trop comment on a pu en arriver au résultat actuel. Quand on a mis les morceaux ensemble, on s'est dit que ça dépassait le CHUM et qu'il serait peut-être temps qu'on comprenne, au Québec, qu'on a un gros problème aussitôt qu'on a un grand projet entre les mains.

Q Mais il reste que vous écorchez des grosses pointures au passage, notamment l'ancien ministre de la Santé Philippe Couillard, David Levine aussi.

R (L. Maheu) Ce sont des gens qui ont fait des gestes publics importants. On n'accuse personne, ce n'est pas une vendetta, et nous aussi on reconnaît qu'on a fait des erreurs. Il y a des choses qui nous ont échappé. Et à la fin, en tant qu'université, on a reconnu que la décision prise était celle qui allait être exécutée. On a quitté nos fonctions quelques mois plus tard.

Q Une question que plusieurs se posent encore aujourd'hui: pourquoi, selon vous, le ministre Couillard était plus en faveur du 1000, rue Saint-Denis alors que l'Université, tout un pan du milieu de la santé, même le premier ministre Charest étaient en faveur de la construction à la gare Outremont ou, auparavant, au 6000, rue Saint-Denis?

R (L. M.) C'est un ministre qui avait un leadership politique affirmé, il était très interventionniste. Les ministres de la Santé qui l'ont précédé avaient décidé que ce ne serait pas le Ministère, le CHUM ou l'Université qui mèneraient l'implantation du CHUM. Ils avaient créé une instance (la Société d'implantation du CHUM, SICHUM) qui avait choisi le 6000, rue Saint-Denis. Quand les libéraux sont arrivés au pouvoir (en 2003), on a laissé faire le CUSM (anglophone), qui avait lui aussi son instance, avec son projet à la cour Glen. Sauf que dans le cas du CHUM, M. Couillard a aboli la SICHUM, et en l'abolissant il a choisi son ministère, et il a choisi son hôpital (Saint-Luc).

Q Il reste que le «pourquoi» n'est pas simple. Est-ce que cela revient toujours au gouvernement?

R (L. M.) L'intervention du ministre Couillard a eu comme effet direct, objectif, systémique de compliquer les rapports entre l'Université et l'hôpital. (R. L.) Le CHUM et l'Université formaient un partenariat d'une puissance incroyable, ce qui devait déplaire souverainement au Ministère. Parce qu'on contrôlait la SICHUM, à toutes fins utiles.

Q On en vient forcément au lobby autour du choix de l'emplacement, au rôle de la famille Desmarais, qui a été décrié à l'époque. Au rôle des médias aussi. Il en est question dans votre livre. Et on ne peut que remarquer que le CUSM (anglophone) n'a pas été dans la même tourmente.

R (R.L.) Quand Paul Desmarais senior m'a appelé, il m'a dit que j'étais un peu matamore de refuser la recommandation du rapport Mulroney-Johnson sur Saint-Luc. Après des rencontres avec des experts, il a changé d'idée. Il a commencé à nous aider dans l'acquisition du terrain du CP. Mais il faut être très clair, il le faisait parce qu'il savait que le premier ministre appuyait le projet à la gare de triage Outremont. Sauf qu'il y avait plusieurs groupes de pression, des syndicats entre autres, qui en avaient contre Jean Charest à cause de l'article 45 (loi du travail) et d'autres mesures. À mon avis, on s'est servi beaucoup du terrain d'Outremont pour régler des batailles politiques. Et quand le milieu des affaires s'est rallié à Outremont, c'est devenu épouvantable. Regardez tout le monde qui appuyait, qui entérinait. C'est quand même incroyable!

Q Et il y a des conséquences, encore aujourd'hui, dites-vous?

R (L.M.) C'est le seul projet qui a été proposé par l'Université qui a été rejeté. Il y a eu une grande déprime. Les gens étaient très emballés par Outremont. Les gens d'affaires se sont fait traîner dans la boue en appuyant tout simplement un projet du milieu. Alors, ce n'est pas étonnant que ça ne presse plus quand on demande de l'argent du milieu aujourd'hui. Et c'est malheureux, car ultimement ce sont les médecins, les gens de l'Université, les patients, c'est tout le monde qui en souffre. C'est dramatique.

Q Regardons maintenant le côté pratico-pratique, c'est-à-dire la brique et le béton, le lieu, la faisabilité. Que pensez-vous aujourd'hui des travaux au 1000, rue Saint-Denis?

R (R. L.) McGill est en construction, probablement que les travaux vont être terminés en 2014-2015. On prévoit 2020-2022 pour le CHUM... si tout va bien. Déjà, c'est sept ans plus tard. Alors pensez-vous que, politiquement, ce serait acceptable que le CHUM ne sorte pas de terre? Non. Il va se faire probablement là où les trous sont. Et l'hôpital sera meilleur que ce qu'on a, le centre de recherche sera convenable. Le problème, c'est qu'il faut réaliser comme société les coûts d'opportunité. Bref, quels coûts on aurait pu économiser. Le 6000, au plus tard, il aurait été ouvert en 2008. L'année 2008 par rapport à 2022, c'est 14 ans plus tôt. Imaginez tout ce qu'on a perdu en 14 ans.

Q Et il faudra en assumer les conséquences comme société, écrivez-vous dans votre livre.

R (R. L.) Si on ne veut pas recommencer une histoire pareille, il faut comprendre comment on en est arrivé là. Parce qu'il n'y a pas beaucoup de projets au Québec qui réussissent à se concrétiser. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas au Québec. Prenez la rue Notre-Dame, Griffintown, Loto-Québec et le Cirque du Soleil, pour ne nommer que ceux-là: on a un sérieux problème de gouvernance sur nos grands projets. Et c'est malheureux quand on regarde ça, parce que si on tue toujours les meilleurs projets, on va se retrouver avec les pires.

CHUM: une tragédie québécoise. Robert Lacroix et Louis Maheu, éditions du Boréal, 320 pages.

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Re: CHUM: Un siècle de gaspillage de temps et d’argent

Publié : lun. sept. 20, 2010 9:25 am
par Placeress
C'est vrai que c'est tellement une tragédie tout ça, principalement depuis 10 ans....

Re: CHUM: Un siècle de gaspillage de temps et d’argent

Publié : mar. sept. 21, 2010 9:16 am
par Anya
Publié le 21 septembre 2010 à 06h00 | Mis à jour à 06h00
CHUM: répondre à l'amertume

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Philippe Couillard

L'auteur a été ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec d'avril 2003 à juin 2008.

Robert Lacroix me fait beaucoup d'honneur en m'attribuant une large part du mérite d'avoir maintenu au centre-ville de Montréal le plus grand centre hospitalier universitaire francophone d'Amérique. Je ne reprendrai ni dans cette page, ni ailleurs, le débat maintenant clos sur le choix du site d'implantation du CHUM. Pas d'acrimonie, de rancune ou de fiel de ma part, ni d'intention de nourrir cette triste bataille d'arrière-garde. Mais beaucoup de fierté de m'être tenu debout lorsqu'il le fallait.

Peut-on sérieusement penser, sans démontrer ainsi la faiblesse des arguments, qu'un homme seul ait été en mesure d'avoir l'influence que M. Lacroix m'attribue? Recourir à une sombre théorie du complot, désigner un bouc émissaire dispense de revoir ces choses ennuyeuses que sont l'organisation des soins, l'accès, les coûts et le développement urbain. Le texte m'accuse, entre autres vilenies, d'avoir suscité des solidarités diverses. Reproche étrange et révélateur...

Je préfère regarder vers l'avenir. J'aime, j'ai soutenu et je continue à admirer cette université que mon père a contribué à bâtir, où j'ai étudié et pratiqué la médecine. Plus tard, au cours de ce siècle et bien après que M. Lacroix et moi aurons terminé notre passage sur cette Terre, on continuera à pratiquer en français la médecine et les sciences de la vie au coeur de la métropole du Québec, comme c'est le cas aujourd'hui.

Le visage français du centre-ville de Montréal, c'est bien sûr la culture, les médias, l'affichage. Mais c'est aussi la science et la technologie qui se montrent, existent et s'expriment dans notre langue au centre de la cité. Je salue tous ceux et celles qui ont aussi cru en cette expression de notre avenir collectif, ont fermé le livre des querelles stériles et s'affairent aujourd'hui à la réaliser.

Les travaux ont débuté. Montréal aura demain trois centres hospitaliers universitaires modernes, deux hôpitaux pédiatriques et des centres de recherche qui rivaliseront avec les meilleurs du monde. Les autres constituantes du réseau de l'Université de Montréal font aussi l'objet d'investissements majeurs. Québec et Sherbrooke verront également leurs centres universitaires rehaussés. Nous nous serons ainsi dotés d'infrastructures qui permettront à nos professionnels de donner des soins, d'enseigner et de faire de la recherche à la pleine mesure de leurs talents et de leur dévouement. Le Québec sera alors mieux outillé pour redevenir un meneur sur la scène internationale.

Quant au CHUM, les gens d'ici et d'ailleurs y trouveront la médecine et la science du XXIe siècle, en français, au centre-ville de Montréal. Voilà la «vision», la meilleure réponse à l'amertume et, ma foi, une belle signature.

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Re: CHUM: Un siècle de gaspillage de temps et d’argent

Publié : mar. sept. 21, 2010 9:23 am
par Anya
21 Septembre 2010
Richard Martineau / Franc-parler

La farce du CHUM

« Un chameau est un cheval dessiné par un comité », dit l’adage.

La meilleure illustration est ce qui est arrivé au CHUM.

Alors que l’hôpital universitaire francophone avait besoin d’un site d’une superficie de deux à trois millions de pieds carrés pour remplir convenablement sa mission, il se retrouve maintenant sur un site exigu (le 1000 Saint-Denis) qui empêche tout agrandissement majeur.

Le projet situé au 6000 Saint-Denis était quatre fois plus grand que le site actuel. Celui de la gare de triage d’Outremont, 12 fois plus grand !

Or, lequel a remporté la mise ? Le plus petit !

Cherchez l’erreur…


UNE CATASTROPHE

Dans Le CHUM : une tragédie québécoise, un livre-choc publié aux éditions Boréal, l’économiste Robert Lacroix (ex-recteur de l’Université de Montréal) et le sociologue Louis Maheu (représentant de l’UDM au conseil d’administration du CHUM) retracent avec beaucoup de détails la triste histoire de ce méga projet.

À côté de ça, la construction du stade olympique est un conte de fée…

« On aboutit à un hôpital moins fonctionnel, construit sur un terrain trop petit et qui coûtera au moins 1,2 milliard de dollars de plus que les projets du 6000 Saint-Denis ou d’Outremont, écrivent les auteurs.

« Si la commission Mulroney-Johnson avait recommandé le maintien du projet au 6000 Saint-Denis, cet hôpital aurait pu ouvrir ses portes en 2008. Sur le site Outremont, une ouverture en 2010 était tout à fait plausible.

« Au 1000 Saint-Denis, au rythme où vont les choses, nous pensons que le projet ne sera complètement terminé qu’en 2020. »


UN PREMIER MINISTRE FAIBLE

À ce stade-là, on ne parle plus d’un cheval qui se transforme en chameau, mais d’un cheval qui ressemble à une scie à chaîne !

On a l’impression que toutes les mauvaises décisions qui auraient pu être prises ont été prises.

Le plus désolant, dans toute cette histoire, est de voir à quel point Jean Charest (qui appuyait le projet Outremont) a été incapable de tenir tête à son ministre de la Santé, Philippe Couillard (qui, lui, penchait en faveur du 1000 Saint-Denis).

C’est à se demander qui dirigeait le gouvernement !

En février 2005, au plus fort de la tempête, Jean Charest annonce un remaniement ministériel. En profitera-t-il pour tasser Couillard ?

Non : il le reconfirme dans son poste de ministre de la Santé !

Vraiment, c’est à n’y rien comprendre…


LA FACTURE GONFLE

Pas étonnant que certains croient que Jean Charest laisse les collecteurs de fond de son parti nommer les juges : il ne pouvait même pas tenir tête à l’un de ses ministres !

« Nous écrivons ces lignes en 2010, et personne ne peut dire avec certitude quand le nouveau CHUM accueillera ses premiers patients, disent les auteurs. On ne sait même pas encore ce que sera cet hôpital, quand sa construction débutera, sous quel régime il sera réalisé (PPP ou autre) et quel en sera le coût définitif. »

On avait prévu un projet de 1,6 milliard de dollars, prêt pour 2008. On est rendu à une facture de 2,6 milliard de dollars, et la première pierre n’a pas encore été posée…


QUI CONDUIT ?

« Je veux avoir les deux mains sur le volant », disait Jean Charest.

À quoi bon, monsieur le Premier ministre, si ce n’est pas vous qui conduisez ?

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