DGE — L’opposition accuse les libéraux d’avoir poussé Blanchet vers la sortie
Écrit par RueFrontenac.com
Mise à jour le Jeudi, 23 septembre 2010 19:06
QUÉBEC – Dans un climat extrêmement tendu à l’Assemblée nationale, à quelques heures du témoignage de Jean Charest devant la commission Bastarache, l’opposition a accusé le gouvernement libéral d’avoir poussé le Directeur général des élections vers la porte, notamment en raison de propos très durs des ministres Normandeau et Lessard à son endroit en septembre lors de la commission parlementaire sur le redécoupage de la carte électorale.
Le leader parlementaire du Parti québécois, Stéphane Bédard, est celui qui a été le plus loin dans les attaques croisées de l’opposition en demandant au premier ministre Jean Charest «d’aller prendre une marche dans les feuilles» ce week-end et de «réfléchir à son avenir».
Selon lui, la démission de Claude Blanchet est la goutte qui fait déborder le vase et démontre sans nuance que le premier ministre «méprise profondément les institutions québécoises».
Les élus ont appris juste avant la période de questions que Claude Blanchet a l’intention de quitter son poste de Directeur général des élections le 31 décembre prochain, après avoir occupé cette fonction durant une décennie.
Dans la lettre qu’il a fait parvenir au président de l’Assemblée nationale, Yvon Vallières, Claude Blanchet ne donne pas de motifs précis à son départ. Il émet toutefois le vœu de «préserver et même d’accroître la confiance de nos concitoyens et de nos concitoyennes envers nos institutions».
Dans une entrevue, Claude Blanchet soutient qu’il songeait à partir depuis un an, mais il avoue avoir trouvé très dur son dernier passage en commission parlementaire, où il a proposé une nouvelles carte électorale où il retranchait des comtés en Gaspésie et dans Chaudière-Appalaches.
«J’ai été attaqué de front sur ces questions-là, mais j’ai expliqué cette proposition qui manifestement n’est pas parfaite», a-t-il convenu.
De fait, les 14 et 15 septembre derniers, la vice-première ministre Nathalie Normandeau et le ministre des Affaires municipales et de l’Agriculture Laurent Lessard ont eu des déclarations incendiaires qui s’en prenaient non seulement à la proposition de carte électorale du DGE, mais à l’homme lui-même.
Cette carte, avait tonné la ministre Normandeau, «est un cuisant échec pour l’institution qu’est le Directeur général des élections». La «voie de la facilité» choisie selon elle par Marcel Blanchet «remet en question les fondements même de notre démocratie».
Le lendemain, Laurent Lessard ajoutait une chape épaisse sur les épaules du DGE. Criant à la «trahison», le ministre accusait le DGE d’avoir «improvisé» un scénario qui «dénature le territoire que vous voulez aveuglément mettre en commun».
Il avait demandé à Claude Blanchet de se «ressaisir», concluant que «jamais de ma vie, je n’aurais pensé que le redécoupage allait se faire de façon aussi cavalière».
En Chambre, le leader parlementaire Stéphane Bédard a reproché au gouvernement d’avoir attaqué Claude Blanchet «injustement» en soutenant qu’il «manquait de courage» et en sachant que le DGE ne pouvait répliquer dans le même registre. Encore une fois, dit-il, le premier ministre n’a eu aucun respect pour une importante institution québécoise.
Jean Charest a réfuté ces accusations en citant Claude Blanchet, qui a déclaré que son départ n’est pas lié à l’offensive tous azimuts de ses ministres.
De mal en pis
En point de presse, Stéphane Bédard a souligné que les choses vont de mal en pis pour le gouvernement libéral et qu’«au point où on en est», alors que «les fait ne cessent de s’accumuler», il est temps que Jean Charest «réfléchisse à son avenir».
Il l’a cavalièrement invité à aller «prendre une longue marche dans les feuilles en fin de semaine» et à démissionner de son poste de premier ministre.
Le député de Québec solidaire Amir Khadir n’a pas été surpris par la démission de Claude Blanchet. «Le gouvernement, a-t-il dit, n’a pas cessé de porter atteinte à l’intégrité du Directeur des élections, de l’insulter et de mépriser son travail».
Le député de Mercier porte néanmoins un jugement plus nuancé sur ce départ.
«J’ai émis des doutes sur le travail du DGE. Je déplorais l’incapacité de cette institution de mener les enquêtes sur les allégations de corruption et le lien entre la corruption et les dons aux différents partis. J’ai déploré le travail du DGEQ qui n’allait pas assez loin parce qu’il n’avait pas les moyens.»
Pour sa part, le chef de l’ADQ estime qu’«on ne peut pas fermer les yeux sur les propos tenus par les ministres, des propos extrêmement durs quand on parle d’un élu qui parle de trahison face à une institution».
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