Victoire judiciaire pour les prostituées
Publié : mar. sept. 28, 2010 5:36 pm
Publié le 28 septembre 2010 à 16h13 | Mis à jour à 17h15
Victoire judiciaire pour les prostituées

Michel Viatteau
Agence France-Presse
Montréal
Les prostituées ont remporté mardi une victoire judiciaire, présentée comme «étonnante» par l'une d'entre elles, qui pourrait entraîner l'annulation de plusieurs dispositions légales qui rendaient leur travail dangereux.
La cour supérieure de l'Ontario a donné raison à trois jeunes femmes de Toronto, militantes féministes et prostituées, qui avaient attaqué certaines limitations imposées à leur profession comme des atteintes à leurs droits constitutionnels à la sécurité et à la liberté d'expression.
A la sortie du tribunal, les travailleuses du sexe ont crié victoire.
«Une victoire étonnante», s'est exclamée Victoria Scott, principale porte-parole du groupe.
«C'est un grand jour pour le Canada», a renchéri sa consoeur, la «dominatrice» Terri-Jean Bedford, qui avait fait de la prison en 1990 pour avoir dirigé une maison de tolérance à Toronto. «C'est comme le jour de l'émancipation pour les travailleuses du sexe».
«Cette décision veut dire que les travailleuses du sexe peuvent désormais décrocher leur téléphone, appeler la police et dénoncer un mauvais client», s'est réjouie Valerie Scott, s'exprimant devant les caméras avec une grande aisance.
«Cela veut dire que nous n'avons plus à avoir peur, que nous pouvons collaborer avec les autorités compétentes et que nous pouvons travailler ensemble avec d'autres. Or travailler ensemble est en soi un moyen de prévenir beaucoup de violences», a poursuivi la jeune femme aux longs cheveux roux.
La décision entrera en vigueur dans trente jours en Ontario. Si elle est maintenue en appel, elle s'appliquera sur tout le territoire national.
Les trois plaignantes avaient dénoncé notamment, dans une plainte déposée en octobre dernier, l'interdiction d'exploiter en commun une maison de tolérance, de communiquer sur leurs activités et de faire vivre un tiers de leurs recettes (ce dernier principe les empêchant notamment d'embaucher un garde du corps ou une réceptionniste).
Les lois canadiennes, ont-elles argué en substance, les forcent à travailler dans la rue avec tous les risques de violence que cela comporte.
Les avocats du gouvernement ont soutenu que l'annulation des dispositions en question «constituerait une menace pour la société».
Mais la juge Susan Himel a écarté cette argumentation. «Je considère que le danger auquel s'exposent les prostituées pèse beaucoup plus lourd dans la balance que tout préjudice potentiel pour la société», a-t-elle dit.
Après l'annonce de la décision, le parquet de l'Ontario a indiqué qu'il allait l'étudier soigneusement et consulter ses homologues au niveau fédéral sur un «appel potentiel».
La juge Himel a souligné que les parties de la loi qui interdisent la prostitution des mineurs, le racolage et le proxénétisme restaient en vigueur.
La suppression des dispositions anti-prostitution a été saluée par le Pr Marianna Valverde, directrice du Centre de criminologie à l'université de Toronto.
«C'est une décision magnifique et très rationnelle», a-t-elle dit à la chaîne publique CBC.
«N'importe qui, en étudiant les lois actuelles, doit conclure qu'elles n'ont aucun sens, qu'elles sont moralisatrices et sexistes et qu'elles ne font qu'ajouter aux difficultés de femmes qui en connaissent déjà beaucoup», a dit l'universitaire.
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Victoire judiciaire pour les prostituées

Michel Viatteau
Agence France-Presse
Montréal
Les prostituées ont remporté mardi une victoire judiciaire, présentée comme «étonnante» par l'une d'entre elles, qui pourrait entraîner l'annulation de plusieurs dispositions légales qui rendaient leur travail dangereux.
La cour supérieure de l'Ontario a donné raison à trois jeunes femmes de Toronto, militantes féministes et prostituées, qui avaient attaqué certaines limitations imposées à leur profession comme des atteintes à leurs droits constitutionnels à la sécurité et à la liberté d'expression.
A la sortie du tribunal, les travailleuses du sexe ont crié victoire.
«Une victoire étonnante», s'est exclamée Victoria Scott, principale porte-parole du groupe.
«C'est un grand jour pour le Canada», a renchéri sa consoeur, la «dominatrice» Terri-Jean Bedford, qui avait fait de la prison en 1990 pour avoir dirigé une maison de tolérance à Toronto. «C'est comme le jour de l'émancipation pour les travailleuses du sexe».
«Cette décision veut dire que les travailleuses du sexe peuvent désormais décrocher leur téléphone, appeler la police et dénoncer un mauvais client», s'est réjouie Valerie Scott, s'exprimant devant les caméras avec une grande aisance.
«Cela veut dire que nous n'avons plus à avoir peur, que nous pouvons collaborer avec les autorités compétentes et que nous pouvons travailler ensemble avec d'autres. Or travailler ensemble est en soi un moyen de prévenir beaucoup de violences», a poursuivi la jeune femme aux longs cheveux roux.
La décision entrera en vigueur dans trente jours en Ontario. Si elle est maintenue en appel, elle s'appliquera sur tout le territoire national.
Les trois plaignantes avaient dénoncé notamment, dans une plainte déposée en octobre dernier, l'interdiction d'exploiter en commun une maison de tolérance, de communiquer sur leurs activités et de faire vivre un tiers de leurs recettes (ce dernier principe les empêchant notamment d'embaucher un garde du corps ou une réceptionniste).
Les lois canadiennes, ont-elles argué en substance, les forcent à travailler dans la rue avec tous les risques de violence que cela comporte.
Les avocats du gouvernement ont soutenu que l'annulation des dispositions en question «constituerait une menace pour la société».
Mais la juge Susan Himel a écarté cette argumentation. «Je considère que le danger auquel s'exposent les prostituées pèse beaucoup plus lourd dans la balance que tout préjudice potentiel pour la société», a-t-elle dit.
Après l'annonce de la décision, le parquet de l'Ontario a indiqué qu'il allait l'étudier soigneusement et consulter ses homologues au niveau fédéral sur un «appel potentiel».
La juge Himel a souligné que les parties de la loi qui interdisent la prostitution des mineurs, le racolage et le proxénétisme restaient en vigueur.
La suppression des dispositions anti-prostitution a été saluée par le Pr Marianna Valverde, directrice du Centre de criminologie à l'université de Toronto.
«C'est une décision magnifique et très rationnelle», a-t-elle dit à la chaîne publique CBC.
«N'importe qui, en étudiant les lois actuelles, doit conclure qu'elles n'ont aucun sens, qu'elles sont moralisatrices et sexistes et qu'elles ne font qu'ajouter aux difficultés de femmes qui en connaissent déjà beaucoup», a dit l'universitaire.
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