La mère d'un soldat décédé dénonce une vidéo antimilitaire
Publié : jeu. oct. 07, 2010 11:48 am
Publié le 07 octobre 2010 à 05h00 | Mis à jour à 09h44
La mère d'un soldat décédé dénonce une vidéo antimilitaire
Jean-François Néron
Le Soleil
(Québec) La mère d'un militaire mort en Afghanistan monte au front sur le Web pour demander le retrait immédiat d'une capsule de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) diffusée sur YouTube qu'elle juge offensante pour les mères de soldats.
Lors du lancement de plusieurs capsules pour promouvoir la Marche mondiale des femmes du 12 au 17 octobre, la FFQ promettait un ton mordant et subversif. Dans l'une d'elles, la Fédération réclame le retrait immédiat des troupes en Afghanistan et l'arrêt du recrutement dans les écoles. Une comédienne y joue le rôle d'une mère qui a perdu un enfant à la guerre.
«Avoir su qu'en donnant la vie j'allais fournir de la chair à canon, je n'aurais peut-être pas eu d'enfant», déclare-t-elle. Une phrase qui choque au plus haut point Céline Lizotte de Loretteville, dont le fils, le caporal Jonathan Couturier, est tombé au combat l'an dernier.
«C'est un grand manque de respect. Ils n'ont pas le droit de prendre l'image d'une mère de famille et de présumer de ce qu'on pense. Je n'ai pas l'impression d'avoir mis au monde de la chair à canon. Je le prends comme une attaque personnelle», lance Mme Lizotte.
Cette dernière se dit tellement outrée qu'elle a lancé un groupe Facebook qui s'intitule Les militaires ne sont pas de la chair à canon. «J'ai parlé avec bien des mères de militaires et elles partagent mon opinion.» Déjà, une cinquantaine de membres se sont inscrits à son groupe (http://www.facebook.com/group.php?gid=159041277458569" onclick="window.open(this.href);return false;).
Mme Lizotte demande à la Fédération de retirer sa capsule controversée. Elle a écrit à l'organisme, mais n'a encore obtenu aucune réponse.
«Qu'elle [la FFQ] s'attaque directement à Harper, mais pas en passant par nous autres», renchérit la mère qui se sent en quelque sorte utilisée. «Ces gens devraient savoir comment les militaires sont perçus au Québec. Pas comme de la chair à canon, mais comme des héros. Et moi, je n'ai pas enterré un héros, mais un enfant. Si avec cette capsule, elle [la FFQ] essayait d'avoir les mères de soldat de leur côté, elle a manqué son coup.»
C'est donc plus la forme que le fond qui choque Mme Lizotte. D'utiliser des termes «blessants» comme «chair à canon» en désignant les soldats alors qu'il y a encore des militaires là-bas et des personnes endeuillées ici. La mère a appris à vivre avec les opinions contraires, mais pas exprimées ainsi. «Si ça avait été deux professeurs qui discutent à une pause-café qu'ils sont contre le "supposé" recrutement dans les écoles, je n'en aurais même pas fait de cas», conclut-elle.
Oui au débat
La présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Alexa Conradi, défend la démarche de son organisation et n'a pas l'intention de retirer la capsule controversée.
«Dans la capsule, on a voulu donner la parole à une femme qui vit une peine, une colère immense. L'idée, ce n'est pas de parler au nom de toutes les femmes, mais de mettre en lumière une incompréhension que les femmes peuvent vivre dans une situation pareille. On ne prétend pas parler de l'expérience de toutes, mais de certaines. Ça ne représente peut-être pas ce que ressent la dame qui vous a contacté, mais ça peut être le cas d'autres femmes», persiste la porte-parole de la Fédération.
«Nous voulions amener une réflexion sur la guerre elle-même. On voulait mettre en lumière des débats de société et se donner un espace où on peut discuter de choses difficiles qui peuvent provoquer des réactions et des débats. S'il y a des femmes qui ne sont pas d'accord avec nous, on souhaite que ça se fasse dans l'espace public», ajoute Mme Conradi, qui compte laisser la capsule en ligne.
Françoise David, de Québec solidaire, a été présidente de la FFQ de 1994 à 2001. Sans vouloir commenter la démarche de la Fédération, elle a accepté de livrer son impression personnelle après avoir visionné la capsule.
«C'est un message qui m'a touchée. Je comprends les propos de la mère [comédienne]», dit celle qui a un fils qui n'est jamais allé à la guerre. «Je peux penser ce qui est exprimé dans la capsule, mais une mère de militaire pourrait me contredire. Je pense que ce sont deux sentiments qui peuvent s'exprimer. Je ne blâme pas et ne délégitime pas le sentiment d'une autre femme.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/act ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cFCAHysy ... r_embedded[/youtube]
La mère d'un soldat décédé dénonce une vidéo antimilitaire
Jean-François Néron
Le Soleil
(Québec) La mère d'un militaire mort en Afghanistan monte au front sur le Web pour demander le retrait immédiat d'une capsule de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) diffusée sur YouTube qu'elle juge offensante pour les mères de soldats.
Lors du lancement de plusieurs capsules pour promouvoir la Marche mondiale des femmes du 12 au 17 octobre, la FFQ promettait un ton mordant et subversif. Dans l'une d'elles, la Fédération réclame le retrait immédiat des troupes en Afghanistan et l'arrêt du recrutement dans les écoles. Une comédienne y joue le rôle d'une mère qui a perdu un enfant à la guerre.
«Avoir su qu'en donnant la vie j'allais fournir de la chair à canon, je n'aurais peut-être pas eu d'enfant», déclare-t-elle. Une phrase qui choque au plus haut point Céline Lizotte de Loretteville, dont le fils, le caporal Jonathan Couturier, est tombé au combat l'an dernier.
«C'est un grand manque de respect. Ils n'ont pas le droit de prendre l'image d'une mère de famille et de présumer de ce qu'on pense. Je n'ai pas l'impression d'avoir mis au monde de la chair à canon. Je le prends comme une attaque personnelle», lance Mme Lizotte.
Cette dernière se dit tellement outrée qu'elle a lancé un groupe Facebook qui s'intitule Les militaires ne sont pas de la chair à canon. «J'ai parlé avec bien des mères de militaires et elles partagent mon opinion.» Déjà, une cinquantaine de membres se sont inscrits à son groupe (http://www.facebook.com/group.php?gid=159041277458569" onclick="window.open(this.href);return false;).
Mme Lizotte demande à la Fédération de retirer sa capsule controversée. Elle a écrit à l'organisme, mais n'a encore obtenu aucune réponse.
«Qu'elle [la FFQ] s'attaque directement à Harper, mais pas en passant par nous autres», renchérit la mère qui se sent en quelque sorte utilisée. «Ces gens devraient savoir comment les militaires sont perçus au Québec. Pas comme de la chair à canon, mais comme des héros. Et moi, je n'ai pas enterré un héros, mais un enfant. Si avec cette capsule, elle [la FFQ] essayait d'avoir les mères de soldat de leur côté, elle a manqué son coup.»
C'est donc plus la forme que le fond qui choque Mme Lizotte. D'utiliser des termes «blessants» comme «chair à canon» en désignant les soldats alors qu'il y a encore des militaires là-bas et des personnes endeuillées ici. La mère a appris à vivre avec les opinions contraires, mais pas exprimées ainsi. «Si ça avait été deux professeurs qui discutent à une pause-café qu'ils sont contre le "supposé" recrutement dans les écoles, je n'en aurais même pas fait de cas», conclut-elle.
Oui au débat
La présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Alexa Conradi, défend la démarche de son organisation et n'a pas l'intention de retirer la capsule controversée.
«Dans la capsule, on a voulu donner la parole à une femme qui vit une peine, une colère immense. L'idée, ce n'est pas de parler au nom de toutes les femmes, mais de mettre en lumière une incompréhension que les femmes peuvent vivre dans une situation pareille. On ne prétend pas parler de l'expérience de toutes, mais de certaines. Ça ne représente peut-être pas ce que ressent la dame qui vous a contacté, mais ça peut être le cas d'autres femmes», persiste la porte-parole de la Fédération.
«Nous voulions amener une réflexion sur la guerre elle-même. On voulait mettre en lumière des débats de société et se donner un espace où on peut discuter de choses difficiles qui peuvent provoquer des réactions et des débats. S'il y a des femmes qui ne sont pas d'accord avec nous, on souhaite que ça se fasse dans l'espace public», ajoute Mme Conradi, qui compte laisser la capsule en ligne.
Françoise David, de Québec solidaire, a été présidente de la FFQ de 1994 à 2001. Sans vouloir commenter la démarche de la Fédération, elle a accepté de livrer son impression personnelle après avoir visionné la capsule.
«C'est un message qui m'a touchée. Je comprends les propos de la mère [comédienne]», dit celle qui a un fils qui n'est jamais allé à la guerre. «Je peux penser ce qui est exprimé dans la capsule, mais une mère de militaire pourrait me contredire. Je pense que ce sont deux sentiments qui peuvent s'exprimer. Je ne blâme pas et ne délégitime pas le sentiment d'une autre femme.»
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