Les immigrants accueillis en anglais à Montréal: thank you
Publié : sam. nov. 20, 2010 6:43 pm
Que dire de plus?
Les immigrants accueillis en anglais à Montréal: thank you
Blogues - Marco Fortier sur le trottoir
Samedi, 20 novembre 2010 16:01
Au début, ça paraît trop énorme pour être vrai. Mais c’est la simple vérité: l’organisme fédéral qui accueille les immigrants à Montréal fonctionne presque exclusivement en anglais.
Oui, monsieur. Ça se passe au Québec en 2010. Les immigrants qui débarquent à Montréal se font accueillir, la plupart du temps, in English only. Thank you, Canada.
On ne parle pas ici de quelques cas isolés. Il s’agit d’une pratique généralisée. L’avocat Stéphane Handfield, spécialisé en droit de l’immigration, a lancé une bombe cette semaine en dénonçant l’absence scandaleuse du français à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR). Ironie du sort, ce tribunal administratif de compétence fédérale est basé boulevard René-Lévesque Ouest, à Montréal.
«Depuis quelques années, il devient de plus en plus difficile d’obtenir des services en français devant la CISR», a écrit Stéphane Handfield dans La Presse.
«En voici quelques exemples: refus d’accorder une audience en français, refus de transmettre la documentation en français, commissaires (décideurs) unilingues anglais, impossibilité d’obtenir les services d’interprètes en français», ajoute l’avocat.
Les interprètes en français existent, mais ils sont tellement compétents qu’ils livrent ce genre de traduction, a précisé Stéphane Handfield: «Ils sont moi aidés pas.»
Ils sont moi aidés pas. Bravo, champion. Ça mériterait une belle promotion avec un aller simple pour Saskatoon, d’après moi.
Le français, du folklore
Dans le fond, l’avocat Handfield dit que la langue de travail à la CISR à Montréal, c’est l’anglais. C’est illégal au Québec (sauf dans les organismes fédéraux, qui échappent à la loi 101, bien sûr…). Mais le pire, c’est le message qu’on envoie aux immigrants: au Québec, c’est en anglais que ça se passe.
Y a pas à dire, l’interprète de la CISR a raison: ils sont moi aidés pas.
En lisant la lettre de Stéphane Handfield, j’ai repensé à mes années à Ottawa. Dans la capitale du plusse meilleur pays au monde, le français est considéré comme une patente folklorique pratiquée par une poignée de fatigants. Les Canadiens anglais n’ont pas de mépris pour le français, il n’y a pas de sombre complot pour assimiler les francophones, la majorité anglo se demande simplement: le français, quossa donne? C’est bien plus pratique avec l’anglais! C’est le réflexe normal d’une majorité face à une langue étrangère.
En déménageant à Montréal après six années à Ottawa, j’étais soulagé de replonger dans un univers francophone où je n’aurais pas à me battre chaque jour pour parler ma langue. J’étais dans le champ. Même en 2010 au Québec, il faut militer pour le respect du français.
Je ne dis pas que le français est en train de disparaître au Québec. Je ne fais pas partie des «inquiets» pour la survie du français. Je n’ai pas peur de l’anglais. J’aime l’anglais. Mais je dis que la place faite au français à la CISR de Montréal devrait sonner une cloche: si on veut vivre en français, vivons en français. Aujourd’hui. À Montréal.
Ils sont moi aidés pas
De toute évidence, Immigration Canada se fout du français. Ça n’est manifestement jamais venu à l’esprit du ministre Jason Kenney que la vie se passe en français au Québec. Sinon, il n’aurait pas nommé de commissaires et d’employés unilingues anglais à des postes cruciaux comme commissaire à l’immigration.
Jason Kenney est pourtant un des ministres conservateurs (d’Alberta) qui maîtrisent le mieux le français. Il est bon en français. Je vous le dis, il n’y a pas de sombre complot. Ça adonne juste que les gars nommés à la CISR parlent anglais. What’s the problem? Le français, quossa donne? Ils sont moi aidés pas.
À un moment donné, ça serait bien que les francophones qui dealent d’une façon ou d’une autre avec la CISR à Montréal — il doit bien en rester quelques-uns! — exigent de travailler en français. Juste parce qu’ils y ont droit. S’ils ne le font pas respecter, leur droit à vivre en français, ils vont le perdre.
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