Aide aux entreprises : un ménage s’impose
Publié : sam. déc. 11, 2010 12:22 am
Aide aux entreprises : un ménage s’impose
08/12/2010
David Descôteaux
Prêtez l’argent des autres, c’est payant. Parlez-en à Pierre Shedleur.
C’est le président sortant de la Société générale de financement (SGF). Un organisme qui prête et investit votre argent dans des entreprises. La SGF vient de fusionner avec Investissement Québec, alors M. Shedleur doit quitter son poste. Mais pas les mains vides : prime de départ avoisinant les 300 000 $, et surtout, une rente annuelle de 167 000 $ pour le reste de ses jours.
Gracieuseté de vous, contribuables.
Son exploit : au cours des deux dernières années, la SGF a perdu 500 M$. Sans stratégie claire, elle a fait plusieurs choix douteux. Comme investir 258 millions dans l’industrie du cinéma, sans qu’aucun membre de sa direction ne possède une expertise dans ce domaine.
À force de mettre de l’argent dans des canards boiteux, la SGF a coûté 2,6 milliards de dollars à l’État depuis sa création en 1962. Avec cet argent, elle a généré un rendement annuel moyen de… -1 %, selon l’actuaire Claude Garcia. Si les Québécois avaient collectivement investi cet argent à la Bourse, ils auraient aujourd’hui plus de 9 milliards de dollars.
Avec cette performance, on s’attendrait à ce que Québec ferme la shop. Mais non, le « nouveau » Investissement Québec aura, dans les mots de l’actuel président Jacques Daoust, un mandat encore plus large que ceux des deux entités séparées. On promet des économies d’environ 12 millions en frais d’administration, mais « l’unité regroupée va avoir un coffre d’outils plus complet », a récemment confié M. Daoust à une journaliste.
Ma traduction : on va donner encore plus de bonbons aux entreprises, et ça va vous coûter encore plus cher.
MOINS de subventions S.V.P.
Au Québec, une galaxie d’organismes, de programmes et de ministères existe pour offrir toutes sortes de nananes aux entreprises – même aux multinationales qui font des milliards de profits.
Si on inclut les prêts sans intérêt, les crédits d’impôt à des industries spécifiques (comme le jeu vidéo) et les subventions déguisées aux alumineries (qui payent leur électricité deux fois moins cher que vous), on dépasse le 7 milliards $ par année en aide corporative. Presque la moitié du budget de l’éducation.
De l’avis même du Vérificateur général, plusieurs programmes se dédoublent. Il y a du gaspillage, et les gestionnaires sont incapables de mesurer la rentabilité des subventions.
Surtout, trop d’organismes subventionnés jouent dans le même carré de sable, soit le financement des PME. La SGF, Investissement Québec, les fonds FIER, la Caisse de dépôt, le Fondaction CSN, et surtout, le fonds de solidarité de la FTQ. Avec 7 milliards de dollars d’actif, ce fonds ne sait plus où investir. Il est rendu dans des hôtels en Alberta, dans des hedge fund et dans le Canadien de Montréal.
À l’heure des choix
Le Québec doit faire des choix. Le gouvernement ne peut continuellement nous taxer davantage et hausser tous les tarifs imaginables. Un jour, il faudra couper quelque part. Sinon, les étudiants barbus ne seront pas seuls à descendre dans la rue.
Commençons par réduire de quelques milliards les subventions aux entreprises. Avec une partie de l’argent économisé, on peut baisser les impôts de TOUTES les entreprises. Pas juste celles qui rapportent politiquement, ou qui ont de bons contacts au gouvernement. Avec l’autre, finançons des besoins pressants comme l’éducation ou la santé, ou baissons les impôts des citoyens.
Le plus beau : en éliminant des programmes de subventions, on économiserait aussi sur les salaires de tous les gestionnaires comme Pierre Shedleur, et sur leurs généreuses pensions à vie.
08/12/2010
David Descôteaux
Prêtez l’argent des autres, c’est payant. Parlez-en à Pierre Shedleur.
C’est le président sortant de la Société générale de financement (SGF). Un organisme qui prête et investit votre argent dans des entreprises. La SGF vient de fusionner avec Investissement Québec, alors M. Shedleur doit quitter son poste. Mais pas les mains vides : prime de départ avoisinant les 300 000 $, et surtout, une rente annuelle de 167 000 $ pour le reste de ses jours.
Gracieuseté de vous, contribuables.
Son exploit : au cours des deux dernières années, la SGF a perdu 500 M$. Sans stratégie claire, elle a fait plusieurs choix douteux. Comme investir 258 millions dans l’industrie du cinéma, sans qu’aucun membre de sa direction ne possède une expertise dans ce domaine.
À force de mettre de l’argent dans des canards boiteux, la SGF a coûté 2,6 milliards de dollars à l’État depuis sa création en 1962. Avec cet argent, elle a généré un rendement annuel moyen de… -1 %, selon l’actuaire Claude Garcia. Si les Québécois avaient collectivement investi cet argent à la Bourse, ils auraient aujourd’hui plus de 9 milliards de dollars.
Avec cette performance, on s’attendrait à ce que Québec ferme la shop. Mais non, le « nouveau » Investissement Québec aura, dans les mots de l’actuel président Jacques Daoust, un mandat encore plus large que ceux des deux entités séparées. On promet des économies d’environ 12 millions en frais d’administration, mais « l’unité regroupée va avoir un coffre d’outils plus complet », a récemment confié M. Daoust à une journaliste.
Ma traduction : on va donner encore plus de bonbons aux entreprises, et ça va vous coûter encore plus cher.
MOINS de subventions S.V.P.
Au Québec, une galaxie d’organismes, de programmes et de ministères existe pour offrir toutes sortes de nananes aux entreprises – même aux multinationales qui font des milliards de profits.
Si on inclut les prêts sans intérêt, les crédits d’impôt à des industries spécifiques (comme le jeu vidéo) et les subventions déguisées aux alumineries (qui payent leur électricité deux fois moins cher que vous), on dépasse le 7 milliards $ par année en aide corporative. Presque la moitié du budget de l’éducation.
De l’avis même du Vérificateur général, plusieurs programmes se dédoublent. Il y a du gaspillage, et les gestionnaires sont incapables de mesurer la rentabilité des subventions.
Surtout, trop d’organismes subventionnés jouent dans le même carré de sable, soit le financement des PME. La SGF, Investissement Québec, les fonds FIER, la Caisse de dépôt, le Fondaction CSN, et surtout, le fonds de solidarité de la FTQ. Avec 7 milliards de dollars d’actif, ce fonds ne sait plus où investir. Il est rendu dans des hôtels en Alberta, dans des hedge fund et dans le Canadien de Montréal.
À l’heure des choix
Le Québec doit faire des choix. Le gouvernement ne peut continuellement nous taxer davantage et hausser tous les tarifs imaginables. Un jour, il faudra couper quelque part. Sinon, les étudiants barbus ne seront pas seuls à descendre dans la rue.
Commençons par réduire de quelques milliards les subventions aux entreprises. Avec une partie de l’argent économisé, on peut baisser les impôts de TOUTES les entreprises. Pas juste celles qui rapportent politiquement, ou qui ont de bons contacts au gouvernement. Avec l’autre, finançons des besoins pressants comme l’éducation ou la santé, ou baissons les impôts des citoyens.
Le plus beau : en éliminant des programmes de subventions, on économiserait aussi sur les salaires de tous les gestionnaires comme Pierre Shedleur, et sur leurs généreuses pensions à vie.