Finis, les repas en famille?
Publié : dim. déc. 12, 2010 4:14 pm
Finis, les repas en famille?
Plus de la moitié des enfants disent manger le soir devant la télévision ou un écran d'ordinateur
Fabien Deglise 11 décembre 2010 Actualités en société

L'habitude est néfaste, mais ancrée: plus de la moitié des enfants du Québec disent manger le soir devant la télévision ou un écran d'ordinateur. Et ce repas est bien souvent constitué d'un plat non cuisiné à la maison, vient de découvrir un groupe de nutritionnistes au terme d'une vaste consultation organisée cet automne dans neuf régions du Québec. Près de 6000 personnes y ont été rencontrées et questionnées sur leurs habitudes alimentaires.
«Que 50 % des enfants mangent devant un écran n'est pas très étonnant, a indiqué hier au Devoir Nathalie Jobin, directrice du centre d'information en nutrition Extenso, qui a piloté cette imposante recherche sur le terrain baptisée Tout le monde à table. Mais ce n'est pas une raison pour s'en réjouir.»
Cette donnée, préliminaire puisque l'étude est toujours en cours, n'en demeure pas moins paradoxale. Elle contredit en effet l'affirmation de plusieurs parents qui, lorsqu'ils répondent à la question dans le cadre d'un sondage, prétendent en grand nombre manger à table avec leurs enfants.
Mme Jobin en veut pour preuve un coup de sonde de Léger Marketing lancé en septembre dernier dans le cadre de cette recherche, dans un bassin de 1500 parents ayant des enfants de 0 à 12 ans. À l'époque, 7 % à peine des répondants ont indiqué manger «en famille, devant la télévision». Ce qui est loin de la réalité captée sur le terrain. «Les parents ont répondu ce que l'on voulait entendre», dit-elle.
La présence de la télévision ou de l'ordinateur dans le paysage alimentaire d'une majorité d'enfants au Québec n'est pas sans inquiéter la communauté scientifique et médicale, en raison de l'influence néfaste du tube cathodique ou écran plat sur la nutrition de ces enfants. En effet, télévision et troubles de l'alimentation vont de pair. «Les enfants qui passent du temps devant le petit écran sont plus aptes à avoir des problèmes d'obésité, dit Mme Jobin. Ils sont aussi exposés à des publicités pour des aliments camelote [à faible valeur nutritive], qui tendent à s'imposer alors dans leur régime alimentaire. Ces enfants consomment également moins de fruits et légumes que ceux qui mangent à table avec leurs parents.»
La facilité du prêt-à-manger
S'éloigner de la télé n'est toutefois pas forcément la voie vers une meilleure alimentation, constatent les nutritionnistes impliqués. C'est qu'aujourd'hui, 55 % des ménages du Québec consomment régulièrement des repas qu'ils n'ont pas cuisinés eux-mêmes. Comprendre: des plats surgelés, des prêts-à-manger achetés à l'épicerie o provenant d'un restaurant qui fait la livraison. «C'est aussi très inquiétant, poursuit l'instigatrice de ce projet de cartographie des habitudes alimentaires du Québec en 2010. Dans le passé, les gens voyaient leur parent cuisiner sept soirs par semaine. Aujourd'hui, près de la moitié des familles n'offrent pas cet exemple à leurs enfants, et cela pourrait avoir une incidence sur leurs habitudes alimentaires.»
Et pourtant, les aptitudes culinaires ne sont pas si en perdition qu'on veut bien le croire. En effet, placés devant un scénario hypothétique — «il est 17h, vous n'avez rien prévu pour le souper, que faites-vous?» — plus du tiers des participants à la recherche ont indiqué «improviser» un repas à partir des aliments disponibles dans la maison, «ce qui indique qu'il y a, dans ces ménages, les compétences techniques pour le faire», dit Mme Jobin.
Face au même «problème» de la vie quotidienne, 22 % ont indiqué se rendre à l'épicerie pour y acheter des ingrédients à cuisiner alors qu'un autre 15 % opte plutôt pour le restaurant, sur place ou en mode livraison.
L'enquête sur le terrain Tout le monde à table va se poursuivre dans les prochains mois, avec un arrêt de la caravane d'enquêteurs à Montréal aujourd'hui et demain. Ils seront entre autres au parc Lahaie de la rue Saint-Laurent. «Nous voulons rejoindre les familles, poursuit Mme Jobin. Les fêtes, les centres commerciaux, les activités extérieures en tout genre sont des endroits privilégiés pour le faire». Air du temps, le projet trouve également une résonance sur la Toile (toutlemondeatable.org), où les internautes, en plus de suivre les activités des nutritionnistes sur Twitter et Facebook, sont invités à lever le voile sur leurs habitudes alimentaires.
À terme, les résultats de cette étude devraient permettre d'orienter les politiques et programmes de nutrition afin de s'assurer que les Québécois adoptent de saines habitudes alimentaires.
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Plus de la moitié des enfants disent manger le soir devant la télévision ou un écran d'ordinateur
Fabien Deglise 11 décembre 2010 Actualités en société

L'habitude est néfaste, mais ancrée: plus de la moitié des enfants du Québec disent manger le soir devant la télévision ou un écran d'ordinateur. Et ce repas est bien souvent constitué d'un plat non cuisiné à la maison, vient de découvrir un groupe de nutritionnistes au terme d'une vaste consultation organisée cet automne dans neuf régions du Québec. Près de 6000 personnes y ont été rencontrées et questionnées sur leurs habitudes alimentaires.
«Que 50 % des enfants mangent devant un écran n'est pas très étonnant, a indiqué hier au Devoir Nathalie Jobin, directrice du centre d'information en nutrition Extenso, qui a piloté cette imposante recherche sur le terrain baptisée Tout le monde à table. Mais ce n'est pas une raison pour s'en réjouir.»
Cette donnée, préliminaire puisque l'étude est toujours en cours, n'en demeure pas moins paradoxale. Elle contredit en effet l'affirmation de plusieurs parents qui, lorsqu'ils répondent à la question dans le cadre d'un sondage, prétendent en grand nombre manger à table avec leurs enfants.
Mme Jobin en veut pour preuve un coup de sonde de Léger Marketing lancé en septembre dernier dans le cadre de cette recherche, dans un bassin de 1500 parents ayant des enfants de 0 à 12 ans. À l'époque, 7 % à peine des répondants ont indiqué manger «en famille, devant la télévision». Ce qui est loin de la réalité captée sur le terrain. «Les parents ont répondu ce que l'on voulait entendre», dit-elle.
La présence de la télévision ou de l'ordinateur dans le paysage alimentaire d'une majorité d'enfants au Québec n'est pas sans inquiéter la communauté scientifique et médicale, en raison de l'influence néfaste du tube cathodique ou écran plat sur la nutrition de ces enfants. En effet, télévision et troubles de l'alimentation vont de pair. «Les enfants qui passent du temps devant le petit écran sont plus aptes à avoir des problèmes d'obésité, dit Mme Jobin. Ils sont aussi exposés à des publicités pour des aliments camelote [à faible valeur nutritive], qui tendent à s'imposer alors dans leur régime alimentaire. Ces enfants consomment également moins de fruits et légumes que ceux qui mangent à table avec leurs parents.»
La facilité du prêt-à-manger
S'éloigner de la télé n'est toutefois pas forcément la voie vers une meilleure alimentation, constatent les nutritionnistes impliqués. C'est qu'aujourd'hui, 55 % des ménages du Québec consomment régulièrement des repas qu'ils n'ont pas cuisinés eux-mêmes. Comprendre: des plats surgelés, des prêts-à-manger achetés à l'épicerie o provenant d'un restaurant qui fait la livraison. «C'est aussi très inquiétant, poursuit l'instigatrice de ce projet de cartographie des habitudes alimentaires du Québec en 2010. Dans le passé, les gens voyaient leur parent cuisiner sept soirs par semaine. Aujourd'hui, près de la moitié des familles n'offrent pas cet exemple à leurs enfants, et cela pourrait avoir une incidence sur leurs habitudes alimentaires.»
Et pourtant, les aptitudes culinaires ne sont pas si en perdition qu'on veut bien le croire. En effet, placés devant un scénario hypothétique — «il est 17h, vous n'avez rien prévu pour le souper, que faites-vous?» — plus du tiers des participants à la recherche ont indiqué «improviser» un repas à partir des aliments disponibles dans la maison, «ce qui indique qu'il y a, dans ces ménages, les compétences techniques pour le faire», dit Mme Jobin.
Face au même «problème» de la vie quotidienne, 22 % ont indiqué se rendre à l'épicerie pour y acheter des ingrédients à cuisiner alors qu'un autre 15 % opte plutôt pour le restaurant, sur place ou en mode livraison.
L'enquête sur le terrain Tout le monde à table va se poursuivre dans les prochains mois, avec un arrêt de la caravane d'enquêteurs à Montréal aujourd'hui et demain. Ils seront entre autres au parc Lahaie de la rue Saint-Laurent. «Nous voulons rejoindre les familles, poursuit Mme Jobin. Les fêtes, les centres commerciaux, les activités extérieures en tout genre sont des endroits privilégiés pour le faire». Air du temps, le projet trouve également une résonance sur la Toile (toutlemondeatable.org), où les internautes, en plus de suivre les activités des nutritionnistes sur Twitter et Facebook, sont invités à lever le voile sur leurs habitudes alimentaires.
À terme, les résultats de cette étude devraient permettre d'orienter les politiques et programmes de nutrition afin de s'assurer que les Québécois adoptent de saines habitudes alimentaires.
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