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Fin du conflit au Journal de Montréal

Publié : sam. févr. 26, 2011 9:45 pm
par Skarhet
Les lock-outés du Journal de Montréal acceptent l'offre de Quebecor

Publié le 26 février 2011

Mélanie Marquis
La Presse Canadienne
Montréal

Après des heures de discussions, samedi, et un arrêt de travail ayant duré quelque 25 mois, les lock-outés du Journal de Montréal réunis au Palais des congrès ont accepté l'offre patronale de Quebecor dans une proportion de 64,1 pour cent.

Le résultat du vote a été connu vers 20 h 15 samedi soir.

En octobre dernier, les syndiqués, en lock-out depuis le 24 janvier 2009, avaient rejeté à 89,3 pour cent la première offre de règlement soumise par Quebecor. Les pourparlers ont repris au cours des dernières semaines, sous la direction du négociateur Jean Poirier.

On ignorait encore, samedi, les détails de l'offre, mais selon les informations de La Presse Canadienne, Quebecor aurait proposé de conserver 63 employés, ce qui inclut les travailleurs à temps partiel. Le quotidien compterait 42 employés, dont 24 journalistes.

Le sort de Rue Frontenac, où travaillaient les journalistes en lock-out, demeurait toujours nébuleux, mais chose certaine, il faisait partie des négociations. Et pour plusieurs journalistes, il était déterminant.

Car les quelques reporters qui se retrouveront peut-être sans emploi à l'issue de ce conflit de travail ont affirmé à La Presse Canadienne qu'ils avaient l'intention de continuer à oeuvrer à Rue Frontenac.

Cette fois, plutôt que d'exiger la fermeture du site Rue Frontenac, Quebecor aurait demandé de conserver un droit de regard sur l'édition papier, a appris La Presse Canadienne. Dans l'offre soumise samedi, l'employeur proposerait en effet d'imprimer et de diffuser le journal pendant un certain temps.

«Cela leur permettra de se faire un peu de capital politique», avait laissé tomber le journaliste Philippe Renaud, avant le vote.

Les syndiqués ont tenté de faire annuler cette clause, qui constituait, selon la CSN, un gain. Les résultats de cette démarche n'étaient pas encore connus, en début de soirée samedi.

L'employeur aurait également laissé tomber la clause de non-concurrence, une disposition controversée qui figurait dans l'offre patronale en octobre dernier. Celle-ci avait été rejetée dans une proportion de 89,3 pour cent.

Quant au montant prévu pour les indemnités de départ, il serait toujours de 20 millions $ - même si le document remis aux syndiqués à l'assemblée d'octobre stipulait que «ce montant n'existerait plus» si l'offre n'était pas acceptée. Mais selon notre source, qui a demandé de conserver l'anonymat puisque l'assemblée se déroule à huis clos, la somme serait répartie différemment.

Des réactions mitigées

Jeudi, la porte-parole de la CSN, Jacqueline Rodrigue, avait déclaré que le comité de négociation du STJIM recommandait d'accepter la proposition du médiateur. Mais selon d'autres sources, le comité n'aurait jamais recommandé la proposition. Le président du STIJM, Raynald Leblanc, a refusé de commenter le dossier lors de la pause de l'assemblée, samedi.

Selon le journaliste David Santerre, qui siège sur le comité de négociations, la proposition «mérite réflexion» sans pour autant être d'une «générosité extrême».

Mais pour sa collègue Valérie Dufour, c'est «une douche froide».

«Ça ressemble beaucoup à ce que l'on avait eu au mois d'octobre, mais il y a quelques améliorations», explique-t-elle.

«Ça fait quand même deux ans que le conflit perdure. Il y a des gens qui sont sur le bord de la retraite. On leur a fait une offre au mois d'octobre et ils ont décidé d'être derrière les plus jeunes, derrière Rue Frontenac. Je comprends qu'ils commencent à s'impatienter, c'est un conflit de travail très dur», a-t-elle laissé tomber lorsqu'on lui a demandé si des tensions commençaient à surgir entre les employés.

«Ils veulent faire un trait sur ce bout-là de leur carrière et prendre une retraite honorable et je les comprends tout à fait», conclut Valérie Dufour.

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Re: Fin du conflit au Journal de Montréal

Publié : sam. févr. 26, 2011 9:51 pm
par Skarhet
Raynald Leblanc (président du syndicat) dit qu'il reste le protocole de retour au travail à négocier. Semble aussi que la rédaction ne sera plus au 4545 rue Frontenac, ils vont déménager la salle de rédaction et aménager de nouveaux bureaux. Mais ça ne sera pas dans les bureaux de LCN ni à QMI.

Re: Fin du conflit au Journal de Montréal

Publié : sam. févr. 26, 2011 9:57 pm
par Skarhet
Des commentaires recueillis sur Twitter des gens du JdeM :

DavidSanterre :C'est aujourd'hui officiellement la fin de ma carrière au JdeM et toute entité de Quebecor. Longue vie a @ruefrontenac et ma gang de malades.

sportengueule (Dominic Fugère): Nausee, resignation et tristesse.

PascaleLevesque: 64 % accepte et annonce aux medias par la csn AVANT que ca soit annonce aux membres. MERCI CSN.

RBphotographe Rogerio Barbosa: La CSN devrait avoir honte !!! Quel gâchis, assez triste comme situation. #JdeM

davidpatry : J'étais un employé du Journal de Montréal. Je serai dorénavant un employé de RueFrontenac.

jfcodere Jean-François Codère : Calisse, je recois l'alerte RDI avant de le savoir moi-meme!

prenault Philippe Renault : La pire défaite de l'histoire du syndicalisme au Qc #lockout #jdem

Ivanohdemers Ivanoh Demers (photographe à La Presse): Un conflit de merde du début à la fin. Vais allez réconforté ma blonde. Bravo pour votre courage. Pas facile, se battre contre un empire.

ivanohdemers Ivanoh Demers: Ah oui, en passant dans un conflit de travail, il y a des êtres humains. Pas juste le $ dans la vie. Combat pour le journalisme de qualité

davidpatry : À voir l'empressement de la CSN à annoncer le résultat, on peut dire qu'ils avaient l'air bien contents de se débarrasser des lock-outés.

MFBazzo Marie France Bazzo (animatrice à Télé-Québec) : On se remet JAMAIS d'un lockout.Suspicion face à l'employeur, syndicat,entre collègues; séquelles durent longtemps(exp vécue). COURAGE! #Jdm

Re: Fin du conflit au Journal de Montréal

Publié : sam. févr. 26, 2011 10:12 pm
par Skarhet
La journaliste de La Presse Canadienne qui a écrit l'article plus haut écrit ceci sur Twitter par rapport aux postes sauvegardés dans la salle des nouvelles : "Selon nos infos, 5 journalistes en culture, 7 en sports et 12 aux actualités."

Édit précisions de Pierre Duchesne de Radio-Canada:

duchp Pierre Duchesne: #JDM Des 27 journalistes environ qui restent, on me dit que plusieurs seront du milieu sportif... Qcor veut mousser sa future chaîne...

Pierre Duchesne: #JDM Il y avait avant le conflit, environ 67 journalistes. Il y en aura maintenant environ 27. L'ancienne proposition parlait de 17.

Autre ajout de Mélanie Marquis de la PC: Si des journalistes à la section économie retrouvent leur emploi ça sera dans une autre section du journal, toutes les nouvelles économiques seront rédigées par QMI ou de la sous-traitance.

Re: Fin du conflit au Journal de Montréal

Publié : dim. févr. 27, 2011 6:02 pm
par Skarhet
Notre vote, sa pataugeoire…
La chronique de Martin Leclerc
Dimanche, 27 février 2011 12:25

Étant donné les circonstances, il serait un peu ridicule de faire comme si rien n’était et de vous débiter ce matin une chronique à propos du Canadien, de la LNH ou de n’importe quel autre sujet relié au monde du sport. Parlons donc des vraies affaires.

Le lock-out qui a donné naissance à RueFrontenac.com (il y a déjà 25 mois) a pris fin hier au terme d’une longue et pénible assemblée générale. Avec une majorité de 64%, certains de mes collègues ont choisi d’accepter des offres quasi identiques à celles qu’ils et elles avaient rejetées en octobre dernier. La démocratie a parlé.

Je vais vous faire une petite confidence. Après avoir serré quelques valeureux amis dans mes bras, j’ai quitté cette salle en toute sérénité. Dans ma tête, je n’étais plus un employé du Journal de Montréal depuis plusieurs années.

La coupure officielle s’était faite quelque part en avril 2007, quand Quebecor avait mis nos confrères du Journal de Québec en lock-out après avoir minutieusement préparé l’opération. Il s’agissait alors du 13e lock-out en 13 ans au sein de la même compagnie.

Je me souviens d’avoir saisi le téléphone pour annuler mon abonnement au Journal de Montréal (qui était pourtant mon employeur) et d’avoir contacté Vidéotron pour leur annoncer que je n’étais plus leur client. La tendance et les méthodes employées par Quebecor étaient claires. Il n’était pas question de nourrir la (ou le) bête qui allait plus tard me sauter à la gorge.

À compter d’avril 2007 jusqu’au lock-out qui nous a frappés en janvier 2009, j’ai donc vécu comme un correspondant à Tokyo. J’envoyais des textes à un journal que je ne lisais à peu près jamais.

Leadership déficient

J’avais fait mon entrée à la section des sports du Journal de Montréal à l’été 1990, deux semaines après avoir complété mes études universitaires. Le directeur des sports de l’époque, Bernard Brisset, avait alors eu la gentillesse de m’accorder un essai pendant les vacances estivales.

Dans le monde des médias, la section des sports du JdeM était alors au journalisme sportif ce que les Yankees étaient au baseball. C’était une boîte fébrile qui suivait son leader, Pierre Péladeau, avec un incroyable enthousiasme. On y était entouré de professionnels qui travaillaient dur, avec rigueur et qui en redemandaient. Tous les débats et toutes les idées étaient permis. La seule préoccupation des membres de la salle de rédaction consistait à produire le lendemain un meilleur journal que celui de la veille.

Les conditions de travail étaient excellentes, mais l’entreprise était « lean and mean », comme on dit dans le jargon des affaires. La salle de rédaction du Journal de Montréal était la plus productive et la plus efficace de l’industrie.

L’un des héritiers a pris les commandes de l’entreprise à la fin des années 1990. Et au cours des dix années suivantes, les méthodes de gestion, le climat de travail et la qualité du quotidien n’ont jamais cessé de se détériorer. Constatant que leur quotidien était en train de devenir un journal de rednecks (c’était l’expression que nous utilisions à l’intérieur des murs) et que la nouvelle politique d’information consistait à défendre les intérêts de Quebecor (ou à s’en prendre aux concurrents de Quebecor), les membres de la salle de rédaction n’ont jamais cessé de se rebeller.

Pour certains héritiers, l'information est le cadet des soucis. Photo Rue Frontenac

Quand l’héritier s’est emparé du trône, je me souviens d’avoir prédit que l’empire Quebecor allait connaître un destin semblable à celui de Steinberg.

Il n’a d’ailleurs fallu que quelques années pour que Quebecor World, le deuxième plus gros imprimeur de la planète (!), sombre dans une faillite. Juste en passant : vous en connaissez beaucoup des entreprises québécoises qui étaient deuxième du monde dans leur marché et qui ont été rayées de la carte ?

L’essentiel n’est plus là

Ne soyez pas surpris si la même chose devait un jour survenir au sein du groupe de journaux de Quebecor.

Le monde de l’information est essentiellement un business de contacts humains et de crédibilité. Plus les gens sont éduqués, plus la valeur de l’information est considérable à leurs yeux. Et pour cette catégorie de lecteurs, il est devenu à peu près impossible de lire un quotidien de l’empire Quebecor sans chercher à faire des liens entre les intérêts de l’héritier et le contenu des textes qu’ils lisent.

Ça signifie qu’il n’y a plus de crédibilité.

À ce titre, aux yeux des gens qui comprennent l’importance d’une information juste, rigoureuse et dénuée de conflits d’intérêts, les journaux de Quebecor ne valent plus grand-chose.

La grande majorité des 64 % qui ont voté samedi soir en faveur des offres présentées par Quebecor l’a fait par dépit. En se disant qu’il valait mieux en finir, aller voir ailleurs et laisser Pierre Karl Péladeau patauger dans son caca. Et les 36% qui ont voté contre les offres souhaitaient lui écraser le nez dedans encore un peu plus longtemps.

Dans le fond, nous pensions à peu près tous la même affaire.

Longue vie à Rue Frontenac !