Page 1 sur 1

Les bons et les mauvais politiciens!

Publié : lun. mars 14, 2011 2:12 pm
par .anthurium.
jeudi 10 mars 2011
Les bons et les mauvais politiciens!
Pierre Simard
Journal de Québec, 10 mars 2011, Lettre du jour, p.19.

Il existe deux catégories de politiciens : les « bons » et les « mauvais ». De toute évidence, les Québécois préfèrent les « mauvais ».

On le sait, le gouvernement ne crée pas de richesse, il la distribue. Aussi, le « bon » politicien s’assure que ses décisions rapportent plus qu’elles ne coûtent à la société. Il améliore le bien-être global de la société lorsque les avantages retirés par ceux qui profitent de ses largesses sont supérieurs aux pertes de ceux qui en paient la facture. À l’inverse, le « mauvais » politicien met de l’avant des politiques sans regarder à la dépense.

Le problème, voyez-vous, c’est que notre système politique nous conduit la plupart du temps à élire les « mauvais » politiciens plutôt que les « bons ». Je m’explique!



Pour l’économiste des choix publics, les politiciens sont d’abord et avant tout préoccupés par leur réélection, ce qui n’a rien à voir avec l’intérêt général ou le bien-être collectif dont ils nous rabattent les oreilles. En réalité, ils ne pensent qu’à gagner des votes et, pour ce faire, la recette est simple et invariable : il suffit de concentrer les bénéfices et de diffuser les coûts.

Supposons, à titre purement illustratif, que le Québec compte 8 millions d’habitants dont 6 millions de contribuables. Imaginons maintenant que le gouvernement prenne 33 $ à chaque contribuable du Québec pour subventionner à hauteur de 200 millions un amphithéâtre multifonctionnel à Québec. Si chaque contribuable de la province voit ses impôts augmenter d’une somme relativement modeste, ceux qui devraient être mis à contribution (les joueurs, les propriétaires et les amateurs de hockey) se voient offrir un cadeau politique de 200 millions $. Ce n’est pas rien!

Les résidents de Québec, dont plusieurs sont amateurs de hockey ou y gagneront en possibilités d’affaires, ont donc intérêt à sortir les fanfares et les trompettes pour faire subventionner leur amphithéâtre. Pendant ce temps, les autres contribuables de la province n’ont aucun intérêt à monter aux barricades pour 33 $. Ils préféreront attendre leur tour, car leur tour viendra, n’ayez crainte. C’est comme ça qu’on gagne des élections.

On vit dans un monde politique où la rentabilité sociale des projets n’a pas d’importance; dans un système où les politiciens pillent le Trésor public pour octroyer des privilèges; un monde où nos impôts servent de monnaie d’échange pour l’achat de votes.

Aujourd’hui, chacun veut sa part du gâteau. Montréal a eu sa salle pour l’OSM, Québec a droit à son amphithéâtre. Québec a son aréna, les autres villes réclament le leur. C’est la cascade des « ayants droit ».

Et le fédéral dans tout ça? Plusieurs éditorialistes et chroniqueurs mènent la cabale contre les élus conservateurs de la région de Québec. On leur reproche leur mauvaise foi et leur gestion idéologique. Comme quoi, dans un monde d’opportunisme, une gestion parcimonieuse de nos impôts n’est pas rentable politiquement.

Il y a une vieille loi économique, énoncée au 16e siècle, qui veut que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Au Québec on a réactualisé le principe : les «mauvais» politiciens chassent les «bons». Finalement, on aime bien les politiciens qui dépensent l’argent des autres sans compter!