http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;
Plus de 12 ans après sa disparition, le corps de Jolène Riendeau vient d'être retrouvé.
Le Service de police de la Ville de Montréal vient tout juste de confirmer l'information. L'enquête sur cette disparition avait été ouverte le 13 avril 1999. On confirme que la jeune fille a été victime d'un homicide.
Le SPVM classe l'affaire comme son 16e homicide à survenir sur son territoire cette année. Ce mystère est en partie élucidé grâce aux 1500 informations transmises aux policiers par la population au fil des années, a souligné le sergent Ian Lafrenière. La police ne veut en aucun cas dévoiler l'endroit où les restes de Jolène Riendeau ont été retrouvés. «Nous avons une piste sérieuse et on ne veut surtout pas la compromettre. La personne qui a fait ça ne doit pas s'en tirer», a assuré le sergent Lafrenière.
Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, qui est le président-fondateur de l'Association des Familles de Personnes Assassinées ou Disparues (AFPAD), a offert ses condoléances aux parents et aux proches de Jolène Riendeau ce matin. «On a beaucoup côtoyé ces gens-là dans leurs recherches. Dans ces cas-là, la pire des réponses est préférable qu'aucune réponse du tout», a souligné M. Boisvenu. «On devient des parents errants. Je suis soulagée pour la famille, elle pourra entreprendre son deuil. Bravo aux policiers!», a ajouté M. Boisvenu.
Selon le sénateur, la découverte des restes de la fillette donne espoir aux familles touchées par un tel drame. M. Boisvenu louange au passage le courage de la mère de Jolène Riendeau, qui n'a jamais abandonné ses recherches. «Ton enfant t'a quitté en vie, alors tu es toujours en quête de réponses pour le retrouver. C'est dans tes tripes de parent», a résumé M. Boisvenu.
Il y a un an, pour marquer le dixième anniversaire de la disparition de sa fille, Dolores Soucy avait pris la tête d'une marche qui avait pour but de reconstituer le dernier trajet de Jolène dans Pointe-Saint-Charles avant sa disparition. Le 12 avril 1999, Jolène Riendeau venait de préparer le souper avec son père dans leur résidence de la rue Montmorency, dans Pointe-Saint-Charles. Pour la récompenser, son père lui a donné de l'argent pour aller s'acheter des croustilles dans un dépanneur voisin, rue Charlevoix. Elle aurait traversé un parc durant ce petit trajet. Elle n'a jamais été revue. Les policiers ont ratissé le coin de long en large, allant même jusqu'à baisser le niveau d'eau du canal de Lachine pour draguer le fond.
En entrevue à divers médias l'an dernier, Mme Soucy disait alors entretenir l'espoir que Jolène soit en vie. Des millions d'affiches de sa fille ont été placardées partout à travers la province à travers les années. L'an dernier, une image réalisée à l'aide d'un logiciel illustrait à quoi Jolène pourrait aujourd'hui ressembler.
La famille de Jolène n'habite plus l'appartement de la rue de Montmorency, où elle vivait à l'époque de sa disparition. Le locataire voisin n'a même jamais entendu parler de cette affaire.
De l'autre côté de la rue, les religieuses d'une congrégation franciscaine se souviennent en revanche de cette mignonne petite fille qui venait leur rendre visite. «La petite venait souvent ici pour jouer, prier avec nous et faire du ménage. Elle venait tout juste de faire sa confirmation lors de sa disparition», a raconté Soeur Milia, qui n'a pas oublié les événements qui ont secoué le quartier à l'époque. «Il y avait des policiers et des médias partout. On espérait toujours son retour», a ajouté la religieuse.
D'autant plus que la petite avait déjà fait une fugue. Un homme du quartier avait d'ailleurs été soupçonné par sa famille, qui l'accusait même d'avoir agressé la fillette. La famille de Jolène Riendeau a finalement quitté le quartier un peu plus d'un an après le drame, se souvient Soeur Milia.
À quelques intersections de là se trouve le dépanneur Beau-Soir situé à l'angle des rues Knox et Charlevoix. C'est là que la petite Jolène avait été aperçue vivante la dernière fois. Ce dépanneur appartient à la famille Marcoux depuis 32 ans. L'affaire Riendeau fait évidemment partie de leur histoire. «Chaque année, la mère venait ici porter des avis de recherches. Ici, tout le monde connaît la «p'tite» Riendeau. Sa découverte est plate, mais au moins elle met un terme à cette triste histoire», a souligné Jean-François Marcoux.
La famille de Jolène souhaite vivre cette épreuve dans l'intimité, à l'abri des projecteurs.
L'organisme Enfant-Retour, pour lequel la mère est bénévole, joue en attendant le rôle d'intermédiaire avec les journalistes. «C'est un choc pour les parents et la famille proche. Ils sont dévastés, et ce, même s'ils s'attendaient à un tel scénario depuis un certain temps», a expliqué la directrice générale de l'organisme Pina Arcamone.
Cette dernière accompagnait la famille lorsque celle-ci a été convoquée par les policiers à une rencontre aux aurores aujourd'hui. C'est ce moment qu'ils ont appris la nouvelle. «Il y avait les parents de Jolène, sa grand-mère, sa soeur, son frère et un oncle. La famille est demeurée très unie. La police n'a pas donné de détails sur la découverte du corps, mais a simplement confirmé à 100% que les restes retrouvés étaient ceux de Jolène», a expliqué Mme Arcamone.
Plusieurs questions demeurent évidemment sans réponse pour la famille, mais aussi pour la population qui suit cette affaire depuis tant d'années. «La police dit avoir une piste sérieuse qui mènera à des accusations. On veut vraiment voir le responsable derrière les barreaux», a-t-elle résumé.
Cette histoire fait évidemment revivre toutes sortes d'émotions aux parents d'enfants disparus éparpillés un peu partout en province. Sans nouvelle de sa fille Cédrika depuis 2005, Martin Provencher pense très fort à la famille de Jolène depuis ce matin. «Ça ravive plein de choses et toutes sortes de scénarios. La douleur est toujours vive et elle le sera la journée où une telle annonce va arriver. On est jamais prêt à ça...», a confié M. Provencher, dont la fillette de neuf ans s'est volatilisée mystérieusement en 2007 à Trois-Rivières. Sa disparition a ensuite résonné partout à travers la province.
Le père de Cédrika parvient à imaginer ce que vit la famille de Jolène aujourd'hui. «Le choc doit être terrible et le poignard vient de s'enfoncer dans la plaie, parce que la disparition de ton enfant est un sujet sensible avec lequel tu dois apprendre à vivre», a-t-il ajouté.
Pense-t-il encore retrouver sa fille en vie ? «On souhaite toujours le meilleur scénario, mais on veut la retrouver en vie et heureuse, pas après avoir été martyrisée plusieurs années. C'est difficile d'être confronté à ça, mes pensées sont avec la famille», a répété M. Provencher.