Décès de Alys Robi
Publié : sam. mai 28, 2011 1:03 pm
La première star du Québec, Alys Robi, s'est éteinte à l'âge de 88 ans, à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Elle est décédée suite à des complications dues à la bactérie Clostridium difficile, a indiqué son ami et impresario Roger Sylvain.
Un des plus beaux hommages qui ait été rendu du vivant de la chanteuse Alys Robi a été celui de Diane Dufresne avec sa chanson Alys en cinémascope qui était à la mesure de celle qui, à juste titre, est considérée comme la première star du Québec.
Alys Robi, de son nom véritable Alice Robitaille, est née le 3 février 1923, rue Morin, dans le quartier Saint-Sauveur à Québec. On l'entend dès l'âge de 4 ans aux Talents Catelli sur les ondes de CHRC. Son père, Napoléon, est sapeur-pompier et lutteur à ses heures. Entre deux rounds sa petite Alice, à peine âgée de cinq ans, monte dans le ring et se met à chanter Les roses blanches. Très rapidement elle devient l'attraction de la Vieille capitale. À la même époque elle montera sur les planches du Capitole.
À douze ans, avec moins de deux dollars en poche, elle quitte seule le foyer familial pour tenter sa chance à Montréal. C'est Madame Rose Ouellette, La Poune, qui l'accueillera au Théâtre National. La jeune chanteuse portera désormais le nom d'Alys Rob.
Au chapitre des amours elle vivra deux intenses passions aux issues malheureuses. La première avec Olivier Guimond, puis avec le chef d'orchestre Lucio Agostini. Elle connut véritablement la gloire durant la période comprise entre 1942 et 1948.
Au cours de la Seconde guerre mondiale, elle partira en tournée, ici et à l'étranger, notamment auprès des troupes canadiennes stationnées à l'étranger. Sa carrière la mènera à New York, Londres (où elle inaugurera les studios de télévision de la BBC), la Belgique, la Suisse, l'Amérique latine et jusqu'aux portes de Hollywood.
En 1944 elle avait sa propre émission de radio à Toronto. Cette même année elle sera proclamée la chanteuse canadienne la plus populaire. Son répertoire est beaucoup composé de succès d'origine latino-américaine. Qui n'a pas entendu sa célèbre chanson-fétiche Tico Tico? Elle traduira elle-même de l'espagnol la plupart de ses chansons.
Un accident tragique
Mais en 1948 un grave accident de la route en Californie aura des conséquences tragiques puisqu'il provoquera durant cinq ans son internement à l'Hôpital Saint-Michel Archange à Québec. Ce qui mettra brutalement fin à 25 ans à son ambition internationale. Elle subira odieusement une série d'électrochocs et une lobotomie.
Au début des années cinquante,elle tentera péniblement un retour lors d'une Soirée mémorable au cabaret Le Montmartre à Montréal. Ce fameux soir elle devra affronter les moqueries d'un public peu respectueux à l'époque pour tout ce qui touchait la maladie mentale.
Au début elle devra surmonter son statut d'objet de curiosité puis elle devra lutter pour sa survie. Elle recevra même de l'aide sociale. Mais c'était sans compter sa grande détermination qui lui permettra de refaire surface et avec éclat. D'abord elle sera récupérée dans les années soixante-dix par le milieu gay qui la portera aux nues.
C'est la rencontre de deux grandes blessures, la sienne et celle d'un milieu lui aussi opprimé. En 1985 l'Ordre de Malte lui conférera le titre de Lady pour sa contribution dans le domaine de la connaissance sur la maladie mentale. Dans sa tête Alys, est toujours demeurée la grande interprète de toujours. Sur scène elle était, jusque dans son grand âge, une véritable attraction. Elle chantait de toute son âme comme si, même dans un cabaret de troisième ordre, elle se trouvait à l'Olympia de Paris. Elle amusait quelque peu la galerie quand elle évoquait les Judy Garland et d'Édith Piaf comme de ses égales...L'artiste était à la fois excessive, vulnérable et attachante.
De retour au Capitole
Un moment émouvant de sa carrière sera la réouverture le 21 novembre 1992 du Capitole de Québec. Il y avait plusieurs artistes à l'affiche mais c'est la grande Alys qui volera la vedette en interprétant son Tico Tico. Doublement émouvant puisqu'elle retrouvait 64 ans plus tard la scène de ses débuts dans le métier.
En 1995, autre temps fort, elle sera longuement ovationnée au cours d'un spectacle donné à guichet fermé à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts. Au cours de la même année, sa vie fera l'objet d'une mini-série présentée au réseau TVA. La comédienne Joëlle Morin qui incarne la vedette et Isabelle Boulay prête sa voix pour les chansons. Malgré elle, l'âge et la maladie finiront par éloigner définitivement Alys Robi des projecteurs.
Il y a dans cette vie tragique des zones d'ombre. Certaines voix se sont faites entendre pour mettre en doute l'histoire de l'accident d'auto. À les entendre, elle aurait souffert dès l'adolescence d'une psychose maniaco-dépressive hébéphrénique. D'autres ont douté du rayonnement réel de sa carrière internationale. Son propre frère Paul-Émile évitait toute déclaration à ce sujet de peur d'en dire trop. Même l'historiographe du spectacle, Philippe Laframboise, habituellement intarissable refusait tout net de commenter la trajectoire d'Alys Robi. Il n'hésitait pas à parler dans son cas de mythologie.
Pour l'ancien journaliste à La Presse, Jean Beaunoyer, auteur d'une biographie de la chanteuse parue chez Leméac, Alys Robi est indéniablement la première star de chez nous, et c'est Céline Dion qui ramassera son rêve brisé pour le réaliser 50 ans plus tard.
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Un des plus beaux hommages qui ait été rendu du vivant de la chanteuse Alys Robi a été celui de Diane Dufresne avec sa chanson Alys en cinémascope qui était à la mesure de celle qui, à juste titre, est considérée comme la première star du Québec.
Alys Robi, de son nom véritable Alice Robitaille, est née le 3 février 1923, rue Morin, dans le quartier Saint-Sauveur à Québec. On l'entend dès l'âge de 4 ans aux Talents Catelli sur les ondes de CHRC. Son père, Napoléon, est sapeur-pompier et lutteur à ses heures. Entre deux rounds sa petite Alice, à peine âgée de cinq ans, monte dans le ring et se met à chanter Les roses blanches. Très rapidement elle devient l'attraction de la Vieille capitale. À la même époque elle montera sur les planches du Capitole.
À douze ans, avec moins de deux dollars en poche, elle quitte seule le foyer familial pour tenter sa chance à Montréal. C'est Madame Rose Ouellette, La Poune, qui l'accueillera au Théâtre National. La jeune chanteuse portera désormais le nom d'Alys Rob.
Au chapitre des amours elle vivra deux intenses passions aux issues malheureuses. La première avec Olivier Guimond, puis avec le chef d'orchestre Lucio Agostini. Elle connut véritablement la gloire durant la période comprise entre 1942 et 1948.
Au cours de la Seconde guerre mondiale, elle partira en tournée, ici et à l'étranger, notamment auprès des troupes canadiennes stationnées à l'étranger. Sa carrière la mènera à New York, Londres (où elle inaugurera les studios de télévision de la BBC), la Belgique, la Suisse, l'Amérique latine et jusqu'aux portes de Hollywood.
En 1944 elle avait sa propre émission de radio à Toronto. Cette même année elle sera proclamée la chanteuse canadienne la plus populaire. Son répertoire est beaucoup composé de succès d'origine latino-américaine. Qui n'a pas entendu sa célèbre chanson-fétiche Tico Tico? Elle traduira elle-même de l'espagnol la plupart de ses chansons.
Un accident tragique
Mais en 1948 un grave accident de la route en Californie aura des conséquences tragiques puisqu'il provoquera durant cinq ans son internement à l'Hôpital Saint-Michel Archange à Québec. Ce qui mettra brutalement fin à 25 ans à son ambition internationale. Elle subira odieusement une série d'électrochocs et une lobotomie.
Au début des années cinquante,elle tentera péniblement un retour lors d'une Soirée mémorable au cabaret Le Montmartre à Montréal. Ce fameux soir elle devra affronter les moqueries d'un public peu respectueux à l'époque pour tout ce qui touchait la maladie mentale.
Au début elle devra surmonter son statut d'objet de curiosité puis elle devra lutter pour sa survie. Elle recevra même de l'aide sociale. Mais c'était sans compter sa grande détermination qui lui permettra de refaire surface et avec éclat. D'abord elle sera récupérée dans les années soixante-dix par le milieu gay qui la portera aux nues.
C'est la rencontre de deux grandes blessures, la sienne et celle d'un milieu lui aussi opprimé. En 1985 l'Ordre de Malte lui conférera le titre de Lady pour sa contribution dans le domaine de la connaissance sur la maladie mentale. Dans sa tête Alys, est toujours demeurée la grande interprète de toujours. Sur scène elle était, jusque dans son grand âge, une véritable attraction. Elle chantait de toute son âme comme si, même dans un cabaret de troisième ordre, elle se trouvait à l'Olympia de Paris. Elle amusait quelque peu la galerie quand elle évoquait les Judy Garland et d'Édith Piaf comme de ses égales...L'artiste était à la fois excessive, vulnérable et attachante.
De retour au Capitole
Un moment émouvant de sa carrière sera la réouverture le 21 novembre 1992 du Capitole de Québec. Il y avait plusieurs artistes à l'affiche mais c'est la grande Alys qui volera la vedette en interprétant son Tico Tico. Doublement émouvant puisqu'elle retrouvait 64 ans plus tard la scène de ses débuts dans le métier.
En 1995, autre temps fort, elle sera longuement ovationnée au cours d'un spectacle donné à guichet fermé à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts. Au cours de la même année, sa vie fera l'objet d'une mini-série présentée au réseau TVA. La comédienne Joëlle Morin qui incarne la vedette et Isabelle Boulay prête sa voix pour les chansons. Malgré elle, l'âge et la maladie finiront par éloigner définitivement Alys Robi des projecteurs.
Il y a dans cette vie tragique des zones d'ombre. Certaines voix se sont faites entendre pour mettre en doute l'histoire de l'accident d'auto. À les entendre, elle aurait souffert dès l'adolescence d'une psychose maniaco-dépressive hébéphrénique. D'autres ont douté du rayonnement réel de sa carrière internationale. Son propre frère Paul-Émile évitait toute déclaration à ce sujet de peur d'en dire trop. Même l'historiographe du spectacle, Philippe Laframboise, habituellement intarissable refusait tout net de commenter la trajectoire d'Alys Robi. Il n'hésitait pas à parler dans son cas de mythologie.
Pour l'ancien journaliste à La Presse, Jean Beaunoyer, auteur d'une biographie de la chanteuse parue chez Leméac, Alys Robi est indéniablement la première star de chez nous, et c'est Céline Dion qui ramassera son rêve brisé pour le réaliser 50 ans plus tard.
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