Les boulets
Publié : dim. mai 29, 2011 11:54 am
Franc-parler
Les boulets
Richard Martineau
29/05/2011 02h56
Bébés maltraités. Vieillards battus.
Poupons abandonnés. Grands-mères laissées seules dans leur chambre avec leurs plaies de lit.
Dieu, que l'aube et le crépuscule de la vie sont durs, au Québec !
Un fardeau
Pas une journée ne passe sans qu'on apprenne qu'un bébé ou un vieillard a été victime de maltraitance.
Faut-il être lâche pour s'en prendre à des êtres aussi dépendants, aussi dépourvus ?
Comme si le seul âge de la vie qui comptât était celui où l'on était productif.
Tu travailles, tu étudies ? Tu es digne de respect.
Tu es trop petit ou trop vieux pour apporter quoi que ce soit à la société ? Tu es un fardeau, une chose, et on a le droit de te traiter comme on veut.
Viens que je te foute à la garderie de 7 le matin à 6 le soir. Et viens que je te place dans un hospice où on te plantera devant une télé 16 heures par jour.
Restez dans votre marde et crissez-nous patience, on a une vie à vivre, nous autres !
L'indice du bonheur
C'est comme si nous avions complètement perdu la capacité de prendre soin des autres, des êtres démunis qui dépendent de nous, nos enfants qui continuent notre vie, nos parents qui nous ont donné la nôtre.
On parque les petits jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de raison, et les vieux jusqu'à ce qu'ils crèvent.
Pourquoi prendre soin d'eux nous-mêmes quand on peut embaucher des professionnels syndiqués qui vont le faire à notre place ?
On a développé toutes sortes d'outils pour comparer les sociétés entre elles.
Le produit intérieur brut. L'indice du bonheur. Le taux de chômage. La balance commerciale (les exportations versus les importations).
Tout ça est de la foutaise.
Vous voulez évaluer une société donnée ? Regardez comment ses membres traitent les bébés et les vieillards.
C'est la seule chose qui compte.
La nouvelle famille
Avant, on travaillait pour gagner sa vie. Maintenant, notre milieu de travail est notre famille.
On ne va plus au bureau pour bosser, mais pour «s'épanouir». On y flirte, on y noue des idylles, on y entretient des relations, on grimpe les échelons, on s'affirme, on se développe, on grandit, on se réalise...
Le commis est comme notre petit frère. La secrétaire, notre cousine...
Regardez les séries télé. Avant, elles se passaient toutes dans la maison, avec le père, la mère, les enfants. Papa a raison, Mes trois fils, La famille Stone, Cher oncle Bill, The Brady Bunch...
Maintenant, elles se déroulent toutes au bureau. Il y a une table, comme avant, mais c'est une table de réunion, avec des avocats autour.
L'associé aux cheveux gris a remplacé le père, la secrétaire administrative est la mère, la jeune avocate ambitieuse est la fille cadette...
Un travail ardu
C'est comme si le bureau était devenu notre maison, et notre maison, un bureau où l'on fait du temps en attendant de retourner voir notre famille, le lendemain.
Vous comprenez ce que je veux dire ?
Pas étonnant qu'on se foute des enfants et des vieux. Ils ne font plus partie de notre vie, de notre «famille». Ils sont des boulets, qui nous empêchent de nous «épanouir» au travail.
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/ric ... 25640.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Les boulets
Richard Martineau
29/05/2011 02h56
Bébés maltraités. Vieillards battus.
Poupons abandonnés. Grands-mères laissées seules dans leur chambre avec leurs plaies de lit.
Dieu, que l'aube et le crépuscule de la vie sont durs, au Québec !
Un fardeau
Pas une journée ne passe sans qu'on apprenne qu'un bébé ou un vieillard a été victime de maltraitance.
Faut-il être lâche pour s'en prendre à des êtres aussi dépendants, aussi dépourvus ?
Comme si le seul âge de la vie qui comptât était celui où l'on était productif.
Tu travailles, tu étudies ? Tu es digne de respect.
Tu es trop petit ou trop vieux pour apporter quoi que ce soit à la société ? Tu es un fardeau, une chose, et on a le droit de te traiter comme on veut.
Viens que je te foute à la garderie de 7 le matin à 6 le soir. Et viens que je te place dans un hospice où on te plantera devant une télé 16 heures par jour.
Restez dans votre marde et crissez-nous patience, on a une vie à vivre, nous autres !
L'indice du bonheur
C'est comme si nous avions complètement perdu la capacité de prendre soin des autres, des êtres démunis qui dépendent de nous, nos enfants qui continuent notre vie, nos parents qui nous ont donné la nôtre.
On parque les petits jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de raison, et les vieux jusqu'à ce qu'ils crèvent.
Pourquoi prendre soin d'eux nous-mêmes quand on peut embaucher des professionnels syndiqués qui vont le faire à notre place ?
On a développé toutes sortes d'outils pour comparer les sociétés entre elles.
Le produit intérieur brut. L'indice du bonheur. Le taux de chômage. La balance commerciale (les exportations versus les importations).
Tout ça est de la foutaise.
Vous voulez évaluer une société donnée ? Regardez comment ses membres traitent les bébés et les vieillards.
C'est la seule chose qui compte.
La nouvelle famille
Avant, on travaillait pour gagner sa vie. Maintenant, notre milieu de travail est notre famille.
On ne va plus au bureau pour bosser, mais pour «s'épanouir». On y flirte, on y noue des idylles, on y entretient des relations, on grimpe les échelons, on s'affirme, on se développe, on grandit, on se réalise...
Le commis est comme notre petit frère. La secrétaire, notre cousine...
Regardez les séries télé. Avant, elles se passaient toutes dans la maison, avec le père, la mère, les enfants. Papa a raison, Mes trois fils, La famille Stone, Cher oncle Bill, The Brady Bunch...
Maintenant, elles se déroulent toutes au bureau. Il y a une table, comme avant, mais c'est une table de réunion, avec des avocats autour.
L'associé aux cheveux gris a remplacé le père, la secrétaire administrative est la mère, la jeune avocate ambitieuse est la fille cadette...
Un travail ardu
C'est comme si le bureau était devenu notre maison, et notre maison, un bureau où l'on fait du temps en attendant de retourner voir notre famille, le lendemain.
Vous comprenez ce que je veux dire ?
Pas étonnant qu'on se foute des enfants et des vieux. Ils ne font plus partie de notre vie, de notre «famille». Ils sont des boulets, qui nous empêchent de nous «épanouir» au travail.
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/ric ... 25640.html" onclick="window.open(this.href);return false;