Deux séries documentaires - Reine du foyer et Papa a raison
Publié : jeu. janv. 24, 2013 2:23 pm
Papa et maman ont raison
Hugo Dumas
Vous cherchez de la télévision nutritive, divertissante et intelligente? Ne ratez pas les deux séries documentaires québécoises Reine du foyer et Papa a raison, que la chaîne Historia diffuse à partir de lundi 28 janvier à 20h.
La réalisatrice Lisette Marcotte (Une pilule, une petite granule) signe habilement les deux oeuvres, qui racontent l'évolution des rôles des hommes et des femmes du Québec, de la Deuxième Guerre mondiale à aujourd'hui.
Reine du foyer, qui compte trois épisodes d'une heure, dont la narration est faite par la comédienne Danielle Proulx, ouvre le bal. La guerre de 1939 à 1945 a marqué un tournant dans l'émancipation des Québécoises, qui ont quitté massivement leur foyer pour assembler des bombes dans les usines, en échange d'un très bon salaire. Et en 1941, ouvrir une garderie en milieu de travail ne posait aucun problème au gouvernement en place. Les choses ont bien changé.
Rapidement, les femmes d'ici ont été initiées au multitâche: elles géraient le budget de la maisonnée, rationnaient les denrées chères, accomplissaient toutes les tâches domestiques et recyclaient même leur graisse de cuisson, qui servait à fabriquer de la nitroglycérine.
C'est une fois la guerre terminée que l'image de la reine du foyer a été créée par les grandes agences de pub nord-américaines pour ramener les femmes à la maison. Ce fut le début de la société de consommation. Pour être pleinement épanouie, la reine du foyer devait évidemment posséder un frigo neuf, un aspirateur et un four dernier cri.
Chez nous, le clergé, sous la houlette d'Albert Tessier, a poussé très fort sur les «écoles ménagères», aussi appelées «instituts du bonheur», qui préparaient les futures mariées «à la mission sublime d'épouse». Les images d'archives à ce sujet sont fascinantes. Que de chemin parcouru depuis!
Dans Papa a raison, qui démarre le 18 février à 20h et dont la narration est assurée par Raymond Cloutier, on constate rapidement que le mâle québécois a toujours éprouvé de la difficulté avec son identité. Au front, les Canadiens français servaient de chair à canon. Sur le marché du travail, les ouvriers francophones étaient soumis à l'autorité de leurs patrons anglos. À la maison, c'est madame qui gérait.
Et dans les années 50, il n'y avait pas de modèles de réussite comme les Guy Laliberté d'aujourd'hui, et le Québécois moyen avait déjà acquis une «mentalité de loser». Faire de l'argent était mal vu et l'instruction n'était pas encouragée. Bref, l'homme québécois était castré par sa femme assoiffée de liberté, par ses supérieurs au boulot et par l'Église, qui dictait tous les codes de conduite.
Même les modèles de saints étaient inadéquats. «L'oratoire Saint-Joseph, c'est un peu un monument à l'impuissance masculine», déclare l'écrivain Mathieu-Robert Sauvé dans l'émission. Vraiment, c'est à voir.
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Hugo Dumas
Vous cherchez de la télévision nutritive, divertissante et intelligente? Ne ratez pas les deux séries documentaires québécoises Reine du foyer et Papa a raison, que la chaîne Historia diffuse à partir de lundi 28 janvier à 20h.
La réalisatrice Lisette Marcotte (Une pilule, une petite granule) signe habilement les deux oeuvres, qui racontent l'évolution des rôles des hommes et des femmes du Québec, de la Deuxième Guerre mondiale à aujourd'hui.
Reine du foyer, qui compte trois épisodes d'une heure, dont la narration est faite par la comédienne Danielle Proulx, ouvre le bal. La guerre de 1939 à 1945 a marqué un tournant dans l'émancipation des Québécoises, qui ont quitté massivement leur foyer pour assembler des bombes dans les usines, en échange d'un très bon salaire. Et en 1941, ouvrir une garderie en milieu de travail ne posait aucun problème au gouvernement en place. Les choses ont bien changé.
Rapidement, les femmes d'ici ont été initiées au multitâche: elles géraient le budget de la maisonnée, rationnaient les denrées chères, accomplissaient toutes les tâches domestiques et recyclaient même leur graisse de cuisson, qui servait à fabriquer de la nitroglycérine.
C'est une fois la guerre terminée que l'image de la reine du foyer a été créée par les grandes agences de pub nord-américaines pour ramener les femmes à la maison. Ce fut le début de la société de consommation. Pour être pleinement épanouie, la reine du foyer devait évidemment posséder un frigo neuf, un aspirateur et un four dernier cri.
Chez nous, le clergé, sous la houlette d'Albert Tessier, a poussé très fort sur les «écoles ménagères», aussi appelées «instituts du bonheur», qui préparaient les futures mariées «à la mission sublime d'épouse». Les images d'archives à ce sujet sont fascinantes. Que de chemin parcouru depuis!
Dans Papa a raison, qui démarre le 18 février à 20h et dont la narration est assurée par Raymond Cloutier, on constate rapidement que le mâle québécois a toujours éprouvé de la difficulté avec son identité. Au front, les Canadiens français servaient de chair à canon. Sur le marché du travail, les ouvriers francophones étaient soumis à l'autorité de leurs patrons anglos. À la maison, c'est madame qui gérait.
Et dans les années 50, il n'y avait pas de modèles de réussite comme les Guy Laliberté d'aujourd'hui, et le Québécois moyen avait déjà acquis une «mentalité de loser». Faire de l'argent était mal vu et l'instruction n'était pas encouragée. Bref, l'homme québécois était castré par sa femme assoiffée de liberté, par ses supérieurs au boulot et par l'Église, qui dictait tous les codes de conduite.
Même les modèles de saints étaient inadéquats. «L'oratoire Saint-Joseph, c'est un peu un monument à l'impuissance masculine», déclare l'écrivain Mathieu-Robert Sauvé dans l'émission. Vraiment, c'est à voir.
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