Un dernier !
LA TÉLÉ DANS LA MIRE
Pour en finir avec le Bye Bye
Guy Fournier - Collaboration spéciale
15-01-2011 | 04h00
Depuis plusieurs années, je n’ai malheureusement (ou heureusement !) pas l’occasion de voir le Bye Bye, car je suis toujours à l’extérieur du pays au jour de l’an. Quand je reviens, je peux néanmoins en apprécier les «suites».
Une année, on crie au scandale, l’autre, au génie et, quelques fois, on reste sur son appétit ou on appelle sa disparition. En général, les cotes d’écoute se maintiennent et j’imagine que c’est pour cette raison qu’au plus haut niveau de la tour, on ne se pose guère de questions sur la pertinence du Bye Bye. La cote d’écoute légitime tout : le meilleur comme le pire.
En 2008, Véronique Cloutier et Louis Morissette avaient touché le fond du baril au point où ils avaient dû, comme la SRC, battre leur coulpe publiquement. Cette année, pas de tsunami. N’empêche que pour dire adieu à 2010 et saluer 2011, le couple et ses collaborateurs ont cassé autant de sucre qu’ils pouvaient sur nos hommes et nos femmes politiques et continué de faire des gorges chaudes sur les travers de nos vedettes.
Pour la bonne mesure et pour se dédouaner aussi, Véronique et Morissette n’ont pas manqué de gentiment rire d’eux-mêmes.
LES TEMPS ONT CHANGÉ
Est-ce toujours justifiable d’investir plusieurs centaines de milliers de dollars dans ce débordement d’humour parfois drôle, souvent cynique, presque toujours méchant ?
Depuis le premier Bye Bye de 1968, tout a changé. Les humoristes se comptaient alors sur les doigts d’une main et leur humour n’avait ni le cynisme ni la méchanceté des humoristes d’aujourd’hui qui n’ont plus de balises. Pensez seulement aux énormités du «gros cave», aux propos obscènes de Mike Ward ou au cynisme pernicieux de François Avard. Plus rien n’est intouchable, plus rien n’est sacré, plus rien qu’on ne puisse mépriser.
Entre ces humoristes «extrêmes» et ceux gentils comme Jean-Marc Parent et Rachid Badouri, il y en a des douzaines d’autres qui gagnent leur vie à longueur d’année en se moquant de Julie Snyder, de Céline Dion ou René Angelil, en décriant nos hommes et nos femmes politiques, en ironisant sur les relations de couple, les enfants, les vieux, la vie de tous les jours, etc.
En juillet, soir après soir, les galas Juste pour rire reprennent au Saint-Denis des extraits de leurs spectacles et, au cas où on aurait raté quelque chose, les galas du Saint-Denis se retrouvent au petit écran de TVA et les soirées du Grand rire bleu de Québec à celui de la SRC, sans compter Infoman qui joue chaque semaine à peu près le même rôle. Qu’ajoute donc le Bye Bye de fin d’année à cette orgie d’humour, de méchancetés et de sarcasmes ?
AILLEURS, C’EST DIFFÉRENT
Quant à moi, peu de choses, si ce n’est de balayer les dernières illusions qu’on pourrait encore entretenir sur nos divers gouvernements et conforter le pourcentage innombrable de Québécois qui croient que tout est pourri et qu’il n’y a plus qu’à jeter l’éponge ! On finit l’année avec une dernière taloche sur tout bon sentiment, un dernier coup de pied à tout espoir.
En France, en Angleterre ou en Allemagne, par exemple, le dernier décompte de l’année se fait dans l’émotion. Pour passer d’une année à l’autre, les télés publiques montrent des feux d’artifice grandioses, des foules joyeuses qui se massent sur les grandes places, puis elles diffusent un concert.
Dans ces pays «normaux», on finit une année et en commence une autre dans la joie et la beauté. N’est-il pas temps qu’on fasse la même chose et qu’on cesse de gratter nos bobos comme si l’avenir était irrémédiablement bouché ?
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