Je partage aussi ce point de vue. Le système vise à couvrir les problèmes de santé. Être célibataire ou homosexuel(le) n'est pas un problème de santé (et heureusement, car ce fut un parcours de longue haleine pour faire retirer l'homosexualité du registre des ''maladies'' mentales). On peine déjà à payer pour un système de santé universel auquel on a difficilement accès soi-même, alors vous aurez deviné que je suis pour un système privé/public. Pour l'instant, il faut choisir ses priorités, et pour moi, couvrir les frais de couples qui ne sont pas stériles du point de vue physiologique n'en est pas une. Au risque de choquer des gens, je ne crois pas non plus que d'avoir des enfants est un droit, pas plus qu'un privilège d'ailleurs. C'est une possibilité, un choix que nous avons 'le luxe' d'avoir ici et que n'ont pas nécessairement la plupart des couples dans des pays plus défavorisés.Placeress a écrit : [...]
Les homosexuels n'ont pas de problème à concevoir... ils ne sont pas stérile .... comme les célibataires... homme ou femme.. ce n'est pas un problème de santé. L'assurance maladie est là pour palier à des problèmes de santé... et non, à des problèmes sociaux ou éthiques. Actuellement, dans nos établissements de santé .. on fait déjà des choix sur qu'est-ce qui est remboursé ou non par la RAMQ ... pour des traitements de cancer, certaines chimio ne sont pas payé par le système, pour des traitements de filtration du sang aussi dans certains contextes, etc ... pour toutes sortes de traitements qui font que la personne vit.. ou meure.... je ne vois pas pourquoi.. on paierait pour une situation sociale... soit.. des homosexuelles ou des célibataires qui veulent concevoir des enfants en ayant aucun problème de santé du à leur stérilité.
Car si on y va de... c'est tout le monde ou c'est personne... bien ça ne sera pas long que ça va être personne au rythme ou ça va.
Ce n'est pas un préjugé pour ou contre l'homosexualité.. ce n'est pas un préjugé pour ou contre le célibat... c'est que pour moi, l'assurance maladie doit être là pour payer pour des problèmes de santé.
Je ne veux pas non plus rabrouer les gens qui se plaignent des coûts pour les traitements de fertilité. Je les crois quand ils disent que ça coûte cher. Je pense que pour des couples luttant contre les problèmes de fertilité, les coûts se multiplient et en plus il y a parfois à gérer des échecs. Je comprends leur détresse. Mais j'ai du mal à parvenir à la même empathie, au même raisonnement pour un cas comme celui de Joël Legendre qui, sans problème de fertilité particulier, se prévalent de l'assurance-maladie pour financer leur désir d'enfant. L'argument des coûts me rebute un peu plus. Je vais sans doute toucher une corde sensible, mais voilà, si on regarde les faits bien froidement, nous vivons déjà dans une société ''riche'' : nous vivons de consommation et même de surconsommation (les foyers canadiens sont endettés en moyenne à 163% de leur capacité). Il me semble que des travailleurs en couple ou célibataires qui gagnent bien leur vie, qui n'ont pas de diagnostic de stérilité ou de problème à concevoir a priori, devraient être en mesure d'amasser un 5000$ (selon ce que prétend Joël Legendre) pour couvrir les frais de FIV. Cet argument des coûts est d'autant plus stupéfiant quand plusieurs de ces gens n'ont pas hésité à payer ce même montant (et même davantage) pour acquérir une maison, acheter une voiture ou planifier un voyage. Comment se fait-il que soudainement, le 5 000$ pour un enfant devienne la responsabilité des citoyens ? Je caricature, mais je voulais illustrer d'où vient mon malaise : le fait qu'on semble oublier qu'on vit, somme toute, dans des conditions privilégiées et je crois sincèrement qu'une bonne partie des gens qui décident de passer par la FIV ont ou auraient les moyens de payer ce genre de montant s'ils faisaient des choix différents par rapport à leurs dépenses. Je répète, je parle essentiellement de gens qui n'ont pas de problème de santé affectant leur fertilité et qui font le choix, parmi tous les choix possibles (aussi limités soient-ils), d'avoir un bébé via FIV.
Économiser en vue des procédures au privé qui leur permettront d'atteindre leur objectif me paraît la solution évidente ; au même titre qu'une personne qui accorde de l'importance au fait d'acquérir une propriété sera disciplinée par rapport à ses épargnes en vue d'une mise de fonds. Si je ne fais pas de distinction entre le bébé et les exemples matériels que j'ai donnés, c'est simplement parce que tous ces exemples, pour moi, entrent dans la catégorie des ''projets de vie'', et que nous sommes tous libres de choisir lesquels sont suffisamment importants à nos yeux au point de valoir la peine qu'on se sacrifie un peu pour les obtenir. Quitte à accepter qu'il puisse s'écouler quelques années de plus avant que le projet ne se réalise, pour des raisons légales ou financières (mais se dire que l'attente en aura valu la peine). Nathalie Petrowski a mal rendu les propos de Joël Legendre par rapport à l'attente de 2 ans, j'en conviens, mais sur le fond, quand elle aborde la question de la gratification instantanée, elle n'a pas tort. Autant questionner la problématique sous tous les angles. Juridique, éthique, morale ... mais aussi économique et idéologique. Surtout si on ne se gêne pas, par la suite, de parler de ce qu'un bébé issu de la FIV ''rapportera'' à l'État en tant que futur contribuable. L'État pense déjà en termes économiques: retour sur investissement. Je trouve que c'est un bon prétexte pour questionner notre propre rapport à l'argent.
Edit : je me relis et j'ai l'impression de voir la version soft de Jean-Paul de Droite (pour ceux qui ont suivi Brassard en Direct).

