Chère Safia...
Josée Legault
On ne se connaît ni d’Ève ni d’Adam. Permettez-moi tout de même, chère Safia Nolin, de vous écrire ces quelques mots. L’autre soir, c’est en regardant le Gala de l’ADISQ que je vous ai vue pour la première fois.
La «Révélation de l’année», c’était vous. Malgré votre discours quelque peu décousu, ce qui m’a frappée sur le coup, c’était le bonheur, la fierté et le courage qui vous sortaient littéralement de partout. Ça crevait l’écran.
Fonceuse
Wow, me suis-je dit, c’est qui, cette fille-là? C’est qui, cette fonceuse en veste de laine gris souris? Elle la prend où, sa rage de vivre, de dire, de rire, de créer, de chanter? Elle l’a prise où, cette authenticité si rarissime?
Qu’est-ce qu’elle chante? C’est quoi, sa «voix»? Puis, j’ai écouté Limoilou, votre premier «album». Et tout était dit. Du talent. Vrai. Solide. Durable.
Ah, j’oubliais. Il y a aussi cette drôle de controverse sur vos «jeans» serrés, vos rondeurs, votre t-shirt de Gerry Boulet, vos cheveux décolorés et vos quelques «fuck» bien sentis. Rien d’étonnant, quoi.
Perron d’église
Le Québec, voyez-vous, est encore et toujours un immense perron d’église. Dans le temps, ça jacassait sur la «robe» d’une telle ou le «chapeau» de l’autre.
De nos jours, le perron s’est dématérialisé. Déménagé sur les médias sociaux, il est partout. Sans surprise, sur ce perron virtuel, ça jacasse encore sur l’apparence des femmes.
C’est vieux comme le monde. Les femmes sont vues et se voient souvent elles-mêmes à travers le prisme déformant de l’œil des autres. La «haute définition» – celle qui ne pardonne rien – fait le reste.
Mais vous, chère Safia, vous vous voyez à travers votre propre regard. C’est un don inouï. Ne le perdez jamais. Si ça se mettait en bouteille, ça se vendrait plus vite encore que des billets pour un show de Céline...
http://www.journaldemontreal.com/2016/11/03/chere-safia