Cinq choses peu connues sur le prince Philip
Peintre ou amateur de compétitions d'attelages, le prince Philip, décédé vendredi à l'âge de 99 ans, a cultivé sa singularité au sein d'une famille royale britannique corsetée.
Voici cinq facettes moins connues de l'époux d'Elizabeth II, la monarque au règne le plus long de l'histoire britannique.
Sacrifices pour une princesse
Philip, né en 1921 sur l'île grecque de Corfou où il vécut jusqu'à l'âge de 18 mois, a dû faire des sacrifices pour pouvoir épouser la princesse Elizabeth en 1947.
Il renonce d'abord à son titre de prince de Grèce et du Danemark pour prendre la nationalité britannique et devenir duc d'Edimbourg peu avant son mariage, puis prince du Royaume Uni en 1957.
Après la mort du roi George VI qui propulse son épouse sur le trône en 1952, Philip renonce à sa carrière d'officier dans la Royal Navy.
Orthodoxe, il accepte d'adhérer à l'anglicanisme et, pour faire plaisir à sa fiancée, arrête de fumer.
«Grossier»
Si Elizabeth a toujours décrit le duc d'Edimbourg comme son
«roc» et son
«soutien», la famille Windsor est loin d'être convaincue par le fiancé qu'elle leur présente.
À en croire Sir Harold Nicolson, diplomate et écrivain, le roi George VI et son épouse le trouvaient «grossier, impoli et sans manière» et estimaient «qu'il serait probablement infidèle». Ils tentèrent de présenter à leur fille d'autres candidats plus conformes au profil qu'ils recherchaient.
L'aristocratie britannique était, en cette période d'après-guerre, très mal à l'aise avec les accointances allemandes du prince. En privé, on rapporte que la reine-mère le surnommait
«Le Hun». Les trois soeurs du prince, mariées à des princes allemands proches du Reich, n'ont pas été invitées à son mariage avec Elizabeth.
«Mon chou»
C'est Stephen Frears, réalisateur de
«The Queen», qui vend la mèche du petit surnom royal. Dans une scène du film sorti en 2006, on y voit le prince Philip lancer à son épouse en entrant dans son lit,
«pousse-toi, chou!» (move over, cabbage!).
«J'ai enquêté auprès du cercle royal et j'ai appris de source sûre que c'était comme ça que le duc appelait la reine», a affirmé le scénariste Peter Morgan interrogé à l'époque par le Times.
Ce terme affectueux proviendrait d'une traduction littérale du «mon chou» français, pays où le prince Philip vécut pendant sept ans pendant son enfance.
Tensions avec Charles
Les relations avec son fils aîné, Charles,
«n'ont jamais été particulièrement chaleureuses» et tombèrent
«au plus bas» en 1995, selon l'hebdomadaire Mail on Sunday.
Les deux hommes seraient entrés «en guerre» après la décision du duc de faire abattre 63 chênes dans le parc du château des Windsor. Le prince Charles aurait accusé son père de vandalisme, selon le journal.
Philip, généralement décrit comme un père froid, avait décidé d'envoyer le jeune Charles à Gordonstoun, austère pensionnat écossais où il fut lui-même élevé.
«Un Colditz en kilts», devait commenter Charles ultérieurement, en référence à la forteresse allemande pour prisonniers de guerre.
Peintre et collectionneur
On connaît son goût pour l'équitation, le polo et les compétitions d'attelages, discipline dans laquelle il concourait pour le Royaume-Uni. Amateur de sensations fortes, il aime également piloter.
Mais on connait moins son goût pour la peinture: collectionneur de tableaux, il est également peintre à ses heures. En 1965, il réalise
«Le petit-déjeuner de la reine, château de Windsor».
Le prince Philip, spécialiste en blagues parfois de mauvais goût
Le prince Philip, décédé vendredi à l'âge de 99 ans, reste irrémédiablement associé aux blagues politiquement incorrectes - parfois teintées de racisme ou de sexisme - qu'il a distillées au cours de ses engagements officiels:
- Inaugurant une plaque dans un stade de cricket à Londres en 2017:
«Vous êtes sur le point de voir l'expert mondial des inaugurations de plaques».
- À Malala Yousafzaï qui a survécu à une attaque des talibans contre un bus d'écolières en 2013: Les enfants
«vont à l'école parce que leurs parents n'en veulent pas à la maison».
- À l'approche de son 90e anniversaire en 2011:
«Ça commence à tomber en morceaux».
- À une jeune femme qui lui offre des fleurs, en 1984 au Kenya, il lance:
«Merci Madame... Vous êtes bien une femme, n'est-ce pas ?».
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«Je me ferais arrêter si j'ouvrais la fermeture éclair de cette robe», s'amuse-t-il auprès d'un policier, en avisant une jeune femme blonde moulée dans une robe rouge zippée sur le devant, en 2012.
- Il brise le coeur de millions de ménagères en 1966 en assénant en public que
«les femmes britanniques ne savent pas cuisiner».
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«On dirait que vous êtes prêt à aller au lit !», lance-t-il en 2003 au président nigérian Olusegun Obasanjo, vêtu d'une tenue traditionnelle.
- Après un concert de Tom Jones en 1969, il félicite, à sa manière, le chanteur:
«Avec quoi vous gargarisez-vous? Des cailloux ?».
- Lors d'un dîner à Rome en 2000, le premier ministre italien Giuliano Amato lui propose du vin italien. Et le prince de répondre:
«Que l'on m'apporte une bière. Je me fiche laquelle, mais que l'on m'apporte une bière».
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«Ah, c'est vous qui conduisez cette voiture horrible ? On la voit souvent en allant au château de Windsor», lance-t-il au chanteur Elton John en 2001.
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«Ne restez pas trop longtemps, sinon vous allez avoir des yeux bridés», recommande-t-il à des étudiants britanniques en stage en Chine en 1986.
- A une troupe de danseurs noirs, il lâche en 2009:
«Vous êtes tous de la même famille?».
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«Vous vous battez toujours à coups de lances?», demande-t-il à un Aborigène lors d'une visite en Australie en 2002.
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«Donc, vous avez réussi à ne pas être mangé ?», lance-t-il en 1998 à un étudiant revenant d'un trek en Papouasie Nouvelle-Guinée.
- En 1994, à un riche habitant des îles Caïmans, il dit:
«Vous descendez presque tous de pirates, non?».
- À propos d'un compteur électrique vieux et défectueux lors d'une visite dans une usine écossaise, en 1999, il avance:
«Il a sans doute été installé par un Indien».
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«Mais comment faites-vous pour convaincre les gens du coin d'arrêter de boire le temps de passer leur permis ?», demande-t-il à un moniteur d'auto-école en Écosse en 1995.
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«Vous n'êtes pas ici depuis longtemps, vous n'êtes pas bedonnant!», lâche-t-il à un Britannique à Budapest en 1993.
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«Les Philippines doivent être à moitié vides, vous faites toutes fonctionner ici le NHS», le service de santé public britannique, décoche-t-il en 2013 à des infirmières philippines travaillant dans un hôpital au Royaume-Uni.
- Pendant la récession de 1981, il dit des chômeurs:
«Je ne comprends pas: d'abord ils disent qu'ils veulent plus de loisirs, et maintenant ils se plaignent d'être sans emploi».
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«Combien de personnes avez-vous fauché ce matin avec ce truc?», demande-t-il à une personne en fauteuil roulant, à Londres en 2012.
- L'orchestre d'une école de jeunes élèves handicapés l'accueille en musique au Pays de Galles en 1999. Il lance aux malentendants:
«Sourds? Ça ne m'étonne pas que vous le soyez si vous écoutez ça souvent!».
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«Tu ne pourras jamais voler là-dedans, tu es trop gros», affirme-t-il en 2001 à un adolescent de 13 ans qui rêve de devenir astronaute.
- Lors d'une visite au Canada en 1969:
«Je déclare cette chose ouverte quelle qu'elle soit».
https://www.journaldemontreal.com/2021/ ... e-philip-1