Les adorateurs de Louise Sigouin
Hugo Dumas
Notre secte des adorateurs de Louise Sigouin grandit. Nous avons recruté cette saison notre membre le plus influent, l’équivalent d’un Tom Cruise pour l’Église de scientologie : le collègue Patrick Lagacé, lui aussi fan de Si on s’aimait à TVA. Il l’a confessé dans ce journal, oui, oui.
Comme nous, Pat communie aux dualités et vénère l’approche Sigouin, qui consiste à nommer les choses (très important) et à reconnaître nos blessures de honte (encore plus crucial).
Dans notre secte, l’office commence à 19 h. Et il y a toujours quatre assemblées de 30 minutes par semaine. Ça débute avec un sermon marmonné de Guillaume, suivi d’une remarque plate de Brigitte sur les %#*& d’oreillers de Sylvain, et ça se conclut avec une révélation touchante d’Amélie qui, désenchantée par son expérience relationnelle, songe à quitter le groupe.
Les membres d’une secte arborent tous un symbole qui leur permet de se distinguer des non-croyants. Nous avons trouvé le nôtre dans l’épisode de mardi soir. C’est un tatouage du fauteuil de la sexologue Louise Sigouin, de préférence sur la cuisse droite. La gourou a donné sa bénédiction à ce choix iconographique en penchant sa tête bouclée sur le côté.
Les vrais adorateurs de Louise Sigouin, les membres fondateurs depuis le jour 1, ont célébré le solstice d’été de 2020 avec Jonathan qui rotait dans une décapotable. C’était notre moment « j’ai vu Nirvana aux Foufounes Électriques en septembre 1991 avant que Kurt Cobain ne soit connu ». Ceux qui ont rejoint les rangs par la suite – allô, Pat Lagacé – ne connaîtront jamais cette épiphanie. Pas en direct, du moins. Fallait être là.
En temps normal, c’est impossible de quitter une secte de son propre chef. Heureusement, notre mouvement est axé sur l’ouverture, parole de Louise Sigouin, et on serait prêts à faire une exception pour l’entraîneuse et coiffeuse Amélie. Sortez-la de cet enfer sans étincelle, dieux de la codépendance.
C’est triste de voir Amélie se morfondre avec un adulescent (Guillaume) incapable d’aligner une phrase complète sans grogner. Louise Sigouin fait un travail d’évangélisation intense avec Guillaume, mais l’illumination ne se produit pas. Guillaume reste dans sa caverne et Amélie part dans une vrille d’insécurité.
N’oublions pas ceci : le chevelu Guillaume, qui a rejoint notre Église pour combler son désir de célébrité (ouf), a déjà demandé à Amélie si elle avait une « Consuela » pour garder ses deux garçons pendant qu’ils feraient du karting. Les adorateurs de Louise Sigouin n’approuvent pas ces propos, qui n’apparaissent nulle part dans notre bible.
Au royaume des brebis égarées, notre Brigitte est rapidement retombée dans ses vieux patterns de picossage (les oreillers, l’Halloween, le rangement du placard) avec Sylvain, l’homme qui pleure en regardant Dave Morissette et Guy Jodoin. La méthode Sigouin rencontre ici un premier obstacle majeur. Comment guérir Sylvain l’émotif de cette mauvaise habitude ? La prière, les amis. Et les incantations pour un retour rapide à l’autonomie affective.
Pour le moment, Sébastien et Gabriel respectent tous les commandements dictés par la grande prêtresse. Ils se sont d’ailleurs pris les mains (hou !) pour la première fois mercredi soir, sous la supervision de Louise Sigouin, experte en accompagnement jusqu’au bout des doigts, c’est le cas de le dire.
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