La navette Discovery sera commandée par une femme pour son retour

[Rénatane]

La navette Discovery sera commandée par une femme pour son retour

Marcia Dunn

Associated Press

Centre spatial, Houston

Plus de deux ans après la catastrophe de Columbia, une femme, Eileen Collins, sera chargée de mener à bien le retour d'une navette américaine dans l'espace, en tant que commandant de Discovery. Une mission cruciale pour la NASA, marquée par des innovations techniques et un rendez-vous avec la station spatiale internationale (ISS).


Astronaute chevronnée, Mme Collins, 48 ans, est la première femme à avoir piloté et commandé une navette. Connue pour son sang-froid, elle avait déjà géré un lancement difficile en 1999.

Le poids de ses responsabilités paraît écrasant. Le sort de Discovery mais aussi de l'ensemble du programme des navettes - un nouvel échec pourrait signifier son arrêt de mort - sera entre ses mains. Et elle a bien l'intention de réussir sa mission. «Je n'ai pas d'angoisses, pas d'émotion, pas de pression», assure-t-elle.

Initialement prévu pour fin mai, le vol de Discovery a été reporté au 13 juillet au plus tôt, pour des raisons de sécurité.

Aucune navette n'a revolé depuis la désintégration de Columbia au-dessus du Texas, lors de son retour dans l'atmosphère le 1er février 2003, drame qui avait coûté la vie aux sept occupants de l'appareil.

D'une durée de 12 jours, cette mission de Discovery est considérée comme un vol d'essai: la navette doit acheminer des ravitaillements et du matériel à l'ISS, mais son objectif principal sera de tester des innovations destinées à améliorer la sécurité.

Discovery est ainsi dotée d'un nouveau réservoir extérieur, conçu pour éviter que des morceaux de mousse ne s'en détachent et viennent la percuter. C'est ce scénario qui avait conduit à la tragédie de Columbia.

Mme Collins, ancien pilote d'essai et colonel de l'armée de l'air à la retraite, effectuera des manoeuvres de vol jamais tentées auparavant pour positionner la navette de manière à ce qu'elle puisse être photographiée en gros plan sous un certain angle.

Elle supervisera également trois sorties dans l'espace, dont une destinée à tester des techniques de réparation de la structure de l'appareil en cas de menus dégâts. Son équipe effectuera également une inspection prolongée des ailes et du nez à l'aide d'une nouvelle perche de 15 mètres qui sera fixée au bras robot de Discovery.

En cas de pépin, Eileen Collins aura deux possibilités: appliquer les techniques de réparation expérimentales emmenées à bord ou, si c'est plus grave, gagner l'ISS et attendre l'envoi, un mois plus tard, de la navette Atlantis pour rentrer sur terre.

La réussite du vol est essentielle pour la NASA et pourrait conditionner le lancement de 27 autres missions de navettes destinées à terminer la construction de l'ISS. Elle est également importante dans la perspective de faire atterrir des astronautes sur la lune d'ici 2020, comme le souhaite le président George W. Bush, et d'envoyer éventuellement pour la dernière fois une navette pour une mission de maintenance du télescope spatial Hubble.

C'est un pur hasard si c'est Mme Collins qui a été choisie pour cette mission cruciale: les commandants de navette effectuent des vols à tour de rôle, et elle était la prochaine sur la liste au moment de la catastrophe de Columbia.

Eileen Collins a effectué sa première mission en 1995, en tant que première femme pilote d'une navette, ce qui lui a valu d'entrer au National Women's Hall of Fame, sorte de panthéon dédié aux femmes illustres du pays, à Seneca Falls.

En 1999, pour ses débuts comme commandant de navette, la Première dame de l'époque, Hillary Clinton, et sa fille Chelsea avaient fait le déplacement en Floride pour venir la voir décoller. Ce vol à bord de Columbia avait d'ailleurs été marqué par des problèmes techniques.

Mariée et mère de deux enfants, elle aura sous ses ordres un équipage composé de cinq hommes et d'une femme. Même si elle sera sous les feux des projecteurs, sa profession reste très masculine: seuls 20 % des 136 astronautes de la NASA sont des femmes. Et une seule, outre Eileen Collins, est qualifiée pour piloter une navette.