Dany Bédar
Le rockeur au coeur tendre!
par Marie-Sissi Labrèche
S’il y en a un qui ne chôme pas sur la scène musicale québécoise, c’est bien Dany Bédar. À peine remis de l’étonnement causé par le grand succès obtenu par son premier album, il revient avec un nouveau CD que tu entendras partout, c’est sûr!
Il y a des artistes faciles d’approche qui, malgré leur immense succès, restent simples. Dany Bédar est de ceux-là. Pas le genre à avoir la grosse tête parce que son premier album, Fruit de ma récente nuit blanche, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires, qu’il a participé à tous les festivals cet été (dont Les Francofolies, où il a attiré plus de 20 000 personnes) et que tous les journalistes lui courent après. En effet, quand je l’ai rencontré la veille du lancement de son deuxième disque, Écoute-moi donc, il était égal à lui-même: simple, souriant et relaxe, quoiqu’un peu nerveux. «Je suis fébrile. J’ai un peu peur des critiques et je crains aussi la façon dont mon CD sera reçu, mais bon, c’est normal, je m’y suis tellement investi.»
Oui, Dany s’est investi dans cet album. Il a signé 95 % des chansons et a travaillé à sa réalisation. Bref, le disque lui ressemble. Au fait, comment s’y prend-il pour créer? «Je ne sais pas! Les planètes s’alignent, ça doit être ça. En tout cas, j’ai essayé beaucoup de choses sur cet album-là. Je me suis même assis avec un dictionnaire! Quand je trouvais un mot beau, j’écrivais une chanson autour. Mes textes décrivent des choses qui me touchent de près. Par exemple, Y a personne parle de moi quand je chantais dans le métro. Il y a aussi une chanson sur mon coin de pays, Val-d’Or. Et des tounes d’amour… Je suis un gars de ballades. C’est pas étonnant, dans le temps, j’étais un grand fan de Bon Jovi!»
En sachant ça, tu ne seras pas surprise d’apprendre que, lorsqu’on lui demande de se décrire, le premier mot qui lui vient à la bouche est «sensible». «J’ai tellement braillé en regardant le film de Pierre Falardeau, Le party! Il y a beaucoup de choses qui me font pleurer, entre autres, la misère qu’il y a dans le monde. Mais par-dessus tout, ce qui me tue, c’est de voir un homme pleurer.»
Rockambolesque!
Au cas où tu viendrais juste de découvrir Dany, je te trace son portrait. Le chanteur de 28 ans est originaire de Val-d’Or, en Abitibi. Il commence à triper sur la musique à l’âge de neuf ans. C’est sa mère qui lui montre ses premiers accords de guitare. Comme il n’est pas bon à l’école, la musique devient vite son refuge. Il s’identifie à ses idoles, notamment Nirvana et Pearl Jam, deux grandes figures du courant grunge. «J’ai adoré la mode grunge. Je portais 14 épaisseurs de vêtements. D’ailleurs, je suis encore grunge dans ma façon de m’habiller. Parfois, on chiale contre mes grosses bottes qui montent haut, mais je les aime, moi!»
Dès que Dany termine ses études secondaires, il commence à travailler au Dundee, un petit bar de son patelin. Il veut ramasser de l’argent pour s’installer à Montréal. Mais une fois déménagé, il se rend compte qu’il a des années de vache maigre devant lui. Pour gagner sa vie, le jeune homme joue de la guitare et chante à la station de métro Berri-UQAM. «Ça m’a aidé à pousser ma voix. Quand on est capable de couvrir le bruit du métro en chantant, on peut le faire avec beaucoup de choses!» Cette expérience lui apprend l’humilité. «Je regardais mes idoles à la télé et je jouais dans le métro, où on me lançait des 25 cents.» Mais il ne se décourage pas. «J’avais seulement un matelas, une télé et ma guitare. Ça a été une période mouvementée. J’ai eu de la misère, j’ai eu faim quelquefois. Mais c’est ça qui fait les bonnes tounes!»
Impossible de relater son ascension vers le succès sans parler de La Chicane, dont il a été le bassiste pendant trois ans. Mais savais-tu que Dany a pris son envol précisément au moment où le groupe prenait l’avion pour l’Australie? En effet, par peur du grand oiseau mécanique, il préfère rester sur le plancher des vaches. «Tu parles d’une rock star qui a peur de tout!» se répète-t-il en se fustigeant. Et il compose six chansons en quatre jours! «Pas le choix, on va les enregistrer!» lui dit Boom Desjardins quand il lui fait écouter ses compositions.
La suite fait partie des histoires à succès. Son disque solo se vend comme des petits pains chauds. Et Dany ne demande pas mieux que de préparer un autre album. Le chanteur nourrit de grandes ambitions. «Ce n’est pas parce que je suis un chanteur québécois que je n’ai pas d’ambition. Moi aussi, je veux être millionnaire et conquérir le monde! Mais je ne me prends pas pour une star. J’aime trop le monde pour ça!» On a déjà dit que Dany était une vraie bête de scène. Qu’en pense le principal intéressé, qui rougit chaque fois qu’on le complimente? «C’est certain que je me défonce pour donner un bon spectacle. Quand je me sens aimé, j’en donne encore plus. Mes shows ressemblent parfois à de grosses boules d’amour.» Néanmoins, l’artiste affirme préférer, du moins ces temps-ci, être en studio, et ça paraît. Cette année, en plus de son CD, il a réalisé celui d’Anny Carrier, Attends-moi, de même que La tournée BoomBox, un album sur lequel il chante, ainsi que Boom et Richard Pelland. Et il entend bien donner un coup de main à la relève en s’investissant encore plus dans le travail en studio.
Faut pas décrocher!
Dany a récemment épousé une noble cause. «Les magasins Yellow, en collaboration avec MusiquePlus et Archambault, ont lancé Yevolution. C’est une campagne contre le décrochage scolaire à laquelle Andrée Watters, Dumas et moi-même participons.» Mais pourquoi lui?«On m’a approché parce que j’ai failli décrocher quand j’étais jeune. Je détestais l’école. Si je ne l’ai pas fait, c’est qu’on a trouvé un moyen de m’aider à l’école que je fréquentais. Je suivais les cours de base, mais je faisais des stages en entreprise.» Il avoue être très déconcerté par le nombre de jeunes qui quittent l’école sans diplôme. «Le tiers des gars décrochent, il y a un problème! Je pense qu’il devrait y avoir plus d’encadrement. On n’est pas tous faits sur le même moule, il faut qu’on nous donne quelque chose qui va nous intéresser tout en nous instruisant. Moi, j’ai toujours aimé apprendre. Étrangement, la télé m’a beaucoup appris. Je suis quasiment docteur, je pourrais te faire une chirurgie tout de suite!» On repassera, Dany!
Des spectacles à donner, des CD à réaliser, une cause à défendre… Que dirait-il de se reposer? «Ça ne m’est pas arrivé depuis deux ans. Quand je ne fais pas de musique, je travaille sur la maison que je viens d’acheter à Laval. Mais là, je me sens fatigué. Il est certain que, dans mes projets, il y a une tournée au Québec, mais j’ai envie de ne pas y aller trop à fond. Je veux prendre le temps d’apprécier le fait d’être sur scène et de m’occuper de moi, de mes amis, des gens qui m’entourent.» Ce qui veut dire aussi prendre du temps pour lui et sa dulcinée, Annie Villeneuve. Oui, celle de Star Académie! Au fait, une nouvelle maison, le besoin de temps pour lui, y aurait-il en dessous de tout ça l’envie de fonder une famille? «Non, je ne suis pas rendu là. Mais je peux dire que ça va bien avec ma blonde. Tout va pour le mieux dans ma vie. Je suis content.»
Danny Bédar
Modérateur : Elise-Gisèle
Merci beaucoup pour cet article; ça me permet d'en apprendre beaucoup sur ce beau Dany. J'avoue que ne connaissais pas grand'chose de lui. Je ne savais pas qu'il était originaire d'Abitibi et qu'il avait mené sa barque aussi longtemps avant de percer dans le milieu. Bien contente de mieux connaître cet artiste si talentueux. J'apprécie grandement.