Financement des partis - Les verts touchent le million
La nouvelle loi vaut au Bloc de toucher trois fois plus d'argent public que le PQ
Clairandrée Cauchy
Édition du mardi 13 juillet 2004
À défaut d'un scrutin proportionnel, les partis jouissent maintenant d'un financement proportionnel au nombre de votes obtenus. C'est la manne pour le Parti vert, qui hérite d'un million de dollars. Le Bloc québécois n'est pas en reste: il bénéficie maintenant d'un financement public trois fois plus important que celui de son compère provincial, le Parti québécois. Les deux gros partis, eux, perdent des plumes.
Fonctionnant depuis 20 ans avec un budget moyen de 25 000 $ par année, le Parti vert a gagné le gros lot : un financement public annuel de plus d'un million, soit 1,75 $ pour chacun des 580 816 votes enregistrés. Contrairement aux autres partis, qui ont reçu un chèque en début d'année, c'est de l'argent tout neuf pour les verts, qui n'avaient pas récolté en 2000 le minimum de 2 % des suffrages prévu dans la loi sur le financement des partis politiques.
«Voyez ce qu'on a fait sans budget, avec seulement six mois de préparation et sans financement public. Un million, cela change tout. C'est au-delà de 40 fois plus», s'exclame le chef du Parti vert, Jim Harris. Il pense que sa formation pourrait doubler, voire tripler son résultat de 4,3 % aux prochaines élections, grâce à une meilleure organisation et à une présence accrue dans les médias, notamment au débat des chefs.
Il qualifie la loi adoptée par Jean Chrétien d'«héritage important pour la démocratie». «C'est la première étape vers un système électoral proportionnel», croit M. Harris, rappelant que le Parti libéral a recueilli moins de votes que le nombre de citoyens ayant boudé les urnes.
Fort de son million, le parti se dotera d'une permanence nationale, avec 40 employés, et ouvrira des bureaux régionaux. Déjà, l'équipe du Québec exige de gérer elle-même les sommes provenant des votes des Québécois. «Les dépliants produits par les anglophones traduits en français n'étaient pas toujours bien adaptés au Québec», constate le directeur de la campagne au Québec, Bernard Besanceneau.
Après quelques semaines de vacances, la petite armada écologiste se mettra en mode préélectoral pour que la formation puisse continuer sur sa lancée au prochain scrutin.
«La prochaine fois, ce sera une élection surprise. Notre priorité, c'est que les 308 candidats soient en place pour la fin septembre», explique Jim Harris.
Le Bloc mieux financé que le PQ
Comble d'ironie, la loi de Jean Chrétien vaut au Bloc québécois d'être trois fois mieux financé, pour la portion provenant de fonds publics, que son alter ego provincial. Le PQ reçoit 914 000 $ par année, alors que le Bloc recevra 2,9 millions (515 000 $ de plus que le calcul basé sur les résultats de 2000).
«Le petit frère n'est plus petit !», constate le député de Charlesbourg, Richard Marceau, soulignant que le Bloc a confirmé sa personnalité distincte du PQ lors de la campagne de 2000. Avec des caisses garnies, les comités électoraux pourront, selon lui, être plus rapidement sur pied. «Cela va nous éviter de faire une campagne de financement pendant la campagne», ajoute-t-il.
Prévue pour compenser le plafond imposé aux dons des entreprises (1000 $), la nouvelle loi avantage particulièrement le Bloc québécois, qui comptait beaucoup moins que les autres partis fédéraux sur les dons de personnes morales. En comparaison, en 2003, alors que le Bloc tirait essentiellement ses revenus des campagnes de financement et d'adhésion, il fonctionnait avec 1,25 million.
Au cours des six derniers mois, la permanence du Bloc a cessé d'exiger des quotes-parts aux associations de comté (auparavant, les premiers 15 000 $ récoltés dans une circonscrption représentée par un député allaient au national). «L'exécutif devra plancher sur une nouvelle formule [de répartition des sommes entre les comtés et la permanence nationale] pour arriver avec une proposition au prochain conseil général à l'automne», mentionne le directeur adjoint du cabinet de Gilles Duceppe, Philippe Gagnon. Ce dernier s'abstient cependant de commenter la nouvelle situation budgétaire du parti.
«Il ne faut pas surévaluer le rôle du financement, bien que ce soit le nerf de la guerre», met en garde Richard Marceau, qui voit la nouvelle force du Bloc davantage dans son grand nombre de députés. Les 54 députés du Bloc -- soit 10 de plus que le Parti québécois -- assureront à la formation une meilleure visibilité dans les médias locaux. Les députés peuvent aussi écrire gratuitement quatre fois par année à tous les citoyens de leur comté.
Chacun des députés se voit verser par la Chambre des communes un minimum de 234 000 $ pour son bureau de comté et son personnel, ce qui représente plus de 12 millions. Il faut ajouter à ces montants un minimum de 2,4 millions pour le cabinet du chef et le service de recherche, budgets qui pourraient être revus à la hausse au terme de l'actuelle négociation entre les partis. Il s'agit encore là de montants supérieurs à ceux accordés à l'aile parlementaire du Parti québécois, qui reçoit un total de 11,4 millions.
Richard Marceau ne voit pas de paradoxe à ce que des fonds fédéraux financent ainsi la formation souverainiste, qui promet ouvertement de faire campagne aux côtés du Parti québécois lorsque l'heure sonnera : «C'est la démocratie. Près de la moitié des Québécois ont voté pour nous. Je ne vois pas pourquoi, parce que nous sommes souverainistes, la loi ne s'appliquerait pas de la même façon.»
Si la machine électorale bloquiste est mieux huilée que jamais, parions qu'elle ne trépigne pas de retourner en campagne, l'exploit étant difficile à rééditer.
Le NPD en précampagne
Ayant presque doublé son nombre de votes, le NPD voit lui aussi ses budgets augmenter considérablement. Il recevra 3,7 millions par année, soit 1,8 de plus que si les sommes étaient établies à partir du résultat de 2000. Mais la formation ne pourra plus compter sur les 1,3 million de dollars qu'elle recevait habituellement des syndicats et sur le financement provenant des partis néo-démocrates provinciaux. «Nous sommes quand même gagnants, en raison du niveau de vote actuel», note le responsable des finances du parti, Éric Hébert.
En temps normal, ces fonds auraient servi à plancher sur de nouvelles politiques et à faire avancer des dossiers. Mais voilà, le gouvernement est minoritaire : le NPD mise donc davantage sur une campagne de publicité et l'embauche d'organisateurs électoraux. «D'ici six mois, nous sommes prêts à partir en campagne», souligne M. Hébert.
Grands perdants à la bourse électorale, le Parti conservateur et le Parti libéral devront rembourser respectivement 743 000 $ et 281 000 $ au directeur général des élections, puisque ce dernier leur a versé en janvier un chèque pour toute l'année en basant ses calculs sur les résultats de 2000. «Nous avions déjà prévu cette éventualité. Mais notre financement repose sur monsieur et madame tout-le-monde, contrairement aux libéraux et au NPD qui s'appuient davantage sur les dons corporatifs et syndicaux. D'ici 6 à 12 mois, nous serons prêts à aller en élections», fait valoir l'attaché de presse de Stephen Harper, Dimitri Soudas. --Message edité par tuberale le 2004-07-13 10:36:30--
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