Élections américaines

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NetRoll
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Raven  a écrit

Lequel tu as préférer entre les deux ?

Moore n'aborde pas le côté fanatique religieux de Bush par exemple. J'ai donc trouvé le monde selon Bush plus complet.

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Boule à mites
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Message par Boule à mites »

La plupart des forum que je lis rassemblent des gens de beaucoup de pays, dont un grand nombre d'Américains.

Ce qui me frappe, c'est que l'élection américaine a un impact sur la planète au complet, je ne connais pas un pays à part les États-Unis où Bush est populaire, mais des Américains vont voter pour Bush parce qu'il est croyant, un bon père de famille (supposément...) et absolument contre le contrôle des naissances et l'avortement!

OK.  L'avortement est un enjeu très importants pour certaines personnes.  Jusque-là ça va.

Mais quand je vois toute la m.... causée par ce gars-là, je me dis... non... c'est pas possible!  L'avortement vs la santé mondiale, et on choisit... l'avortement?  
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Acrux
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BouleAMites_  a écritLa plupart des forum que je lis rassemblent des gens de beaucoup de pays, dont un grand nombre d'Américains.

Ce qui me frappe, c'est que l'élection américaine a un impact sur la planète au complet, je ne connais pas un pays à part les États-Unis où Bush est populaire, mais des Américains vont voter pour Bush parce qu'il est croyant, un bon père de famille (supposément...) et absolument contre le contrôle des naissances et l'avortement!

OK.  L'avortement est un enjeu très importants pour certaines personnes.  Jusque-là ça va.

Mais quand je vois toute la m.... causée par ce gars-là, je me dis... non... c'est pas possible!  L'avortement vs la santé mondiale, et on choisit... l'avortement?  
Environ 50% de la population vote aux usa, la majorité de ceux ayant 50 ans et plus on eu une éducation ultra catholique... La bible ne parle pas trop de politique mondial, alors ils ne peuvent se prononcer, mais pour ce qui est du control des naissance...  
Boule à mites
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Acrux  a écrit
Environ 50% de la population vote aux usa, la majorité de ceux ayant 50 ans et plus on eu une éducation ultra catholique... La bible ne parle pas trop de politique mondial, alors ils ne peuvent se prononcer, mais pour ce qui est du control des naissance...    Mais même là...  Parmi les gens dont je lisais les propos, les plus grands défenseurs de la peine de mort étaient également les plus ardents pro-vie...  Me semble que Jésus n'a pas cessé de parler de pardon, mais parce que quelque part dans l'ancien testament c'est écrit "oeil pour oeil, dent pour dent", c'est tout ce qu'ils retiennent.
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Acrux
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La campagne présidentielle se concentre sur l'Amérique indécise


Le président George Bush et son rival démocrate John Kerry se livrent à d'intenses chassés-croisés dans les "swing states", les Etats-charnières dont le basculement dans un camp ou dans l'autre entraînerait un apport de grands électeurs. Le scrutin du 2  novembre risque d'être très serré

A deux mois et demi de l'élection, républicains et démocrates se livrent une bataille acharnée pour convaincre les électeurs des 18 ou 19 Etats américains particulièrement divisés politiquement et susceptibles de basculer dans un camp ou dans un autre lors du scrutin du 2 novembre. Au coude-à-coude dans les sondages, George Bush et son opposant démocrate, John Kerry, se sont souvent retrouvés ces derniers jours dans les mêmes "Etats charnières" (swing states), du Maine à l'Est, à l'Oregon à l'Ouest, en passant par l'Ohio, l'Iowa ou le Wisconsin.

Chaque bataille, dans ces Etats indécis, se révèle d'autant plus âpre que le système électoral américain accorde au candidat qui y arrive en tête la totalité des "grands électeurs" qui les représentent pour déterminer au niveau fédéral le choix du président. Une faible avance peut donc faire toute la différence. John Kerry aurait aujourd'hui, dans ces Etats, un léger avantage. Selon certaines projections, il obtiendrait près de 300 grands électeurs et George Bush environ 200 sur un total de 538, le reste se situant dans des Etats trop indécis pour être attribués.

Signe de l'attention particulière que chaque camp porte à ces terres, le président américain tenait meeting, mercredi 18 août, pour la troisième fois en cinq semaines dans le Minnesota, traditionnellement démocrate, mais où les sondages extrêmement serrés lui laissent espérer une victoire possible - ce qui n'est pas arrivé ici au camp républicain depuis 1972. Lors de l'élection présidentielle de 2000, 60 000 voix seulement l'avait séparé de son opposant Al Gore. Le président peut même, depuis le 1er août, compter sur le ralliement inattendu de Randy Kelly, maire de la capitale administrative, Saint Paul, un démocrate de longue date, dont plusieurs voix réclament désormais la destitution.

HAPPENINGS ÉLECTORAUX

Chaque jour, les journaux locaux n'en finissent pas d'opposer le nombre des happenings électoraux de chaque camp, souvent décidés à la dernière minute : de véritables chassés-croisés, organisés dans des lieux choisis en fonction des cibles électorales potentielles, fermes en zones rurales, places publiques urbaines, vérandas chez des particuliers pour plus d'apparente intimité, etc. - pour mieux pouvoir l'emporter médiatiquement.

Ainsi, la visite de George Bush à Saint Paul succédait-elle à celle de l'autre figure du "ticket" présidentiel démocrate, le sénateur John Edwards, candidat à la vice-présidence, intervenue seulement cinq jours auparavant. Axant essentiellement son discours sur des questions de politique intérieure, et notamment la politique de santé publique menée par les républicains, M. Edwards avait choisi d'attiser la flamme démocrate dans une lointaine banlieue de Minneapolis, très middle class, où un millier de personnes s'étaient rassemblées dans le gymnase d'une école, dans une atmosphère bon enfant, quoique tiraillées entre la prestation du très souriant avocat de Caroline du Nord et la retransmission de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques diffusée sur grand écran. L'équipe démocrate locale assurait que John Kerry "ne tarderait pas à revenir", son dernier déplacement remontant au 2 juillet.

Outre ses propres interventions, George Bush a pu également compter sur les récentes visites, dans la région, de son vice-président Dick Cheney et de son épouse Laura. Tout aussi impliquée que son mari dans la campagne, Laura Bush a fait une halte dans une usine textile, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest des "Twin Cities", Minneapolis et Saint Paul, pour défendre la politique économique des républicains. S'adressant à un parterre de femmes d'affaires, la First Lady assurait combien son mari était conscient que les femmes accédant à des responsabilités étaient "vitales pour la démocratie", que ce soit en Afghanistan ou aux Etats-Unis.

De son côté, délégué pour faire contre-feu à la prestation de George Bush, le vétéran et ex-sénateur de Géorgie, Max Cleland, pilier de la campagne de John Kerry, a fait plusieurs apparitions sur deux jours, en différents points de l'Etat, pour faire barrage aux attaques visant à jeter le doute sur le passé militaire du candidat démocrate.

"Je n'ai pas souvenir d'une campagne aussi intense dans le Minnesota, et surtout aussi négative par les arguments qui sont avancés, les attaques personnelles qui sont proférées envers chaque candidat, confie Steven Schier, professeur de sciences politiques au Carleton College de Northfield (sud de Minneapolis). Les divisions sont prononcées. Et il y avait bien longtemps que les affaires étrangères n'avaient pas tenu une place aussi importante dans le discours."

Selon un sondage, les affaires étrangères et les questions de sécurité nationale constituent pour les électeurs américains une priorité sur l'économie. Ce qui ne s'est pas vu depuis la guerre du Vietnam.

Jean-Michel Dumay --Message edité par acrux le 2004-08-22 15:11:01--
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Acrux
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L'homme qui a inventé Bush




Dans l'ombre de George Bush père, puis du fils, Karl Rove, redoutable stratège, a été l'artisan de plusieurs victoires électorales. A la Maison Blanche depuis 2001, il travaille sans relâche à celle du 2 novembre.
Personne ne croit que George Bush ait pu arriver à la Maison Blanche par ses propres moyens. C'est impossible. Il a fallu l'aider, le pousser, le tirer jusque-là. Quelqu'un a dû inventer ce président improbable.

Ce tireur de ficelles, ce montreur de marionnettes, tout le monde, à Washington, connaît son nom : Karl Rove. On lui prête d'autant plus d'intelligence qu'on en dénie à celui dont il n'est, officiellement, que le conseiller.

A trois jours de la réunion, à New York, de la convention du Parti républicain, qui va désigner officiellement le président sortant comme candidat à un nouveau mandat, trois salles de la ville ont été parmi les premières des Etats-Unis à programmer, vendredi 27 août, un film intitulé Bush's Brain ("Le Cerveau de Bush"), calqué sur celui d'un livre paru il y a un an. Les auteurs de cet ouvrage, James Moore et Wayne Slater, connaissent bien leur sujet. En particulier Slater, qui dirige le bureau du Dallas Morning News à Austin, capitale du Texas, l'Etat où tout a commencé, à la fin des années 1970, pour Rove et pour son poulain.

La thèse de Bush's Brain est simple : Karl Rove est le "coprésident" des Etats-Unis. Avec lui, la stratégie électorale est aux commandes de la plus grande puissance de la planète. Politique commerciale, fiscalité, politique sociale, environnement, éducation, et, par-dessus tout, politique étrangère et guerre sont dictés par un impératif qui domine tous les autres : gagner l'élection suivante, c'est-à-dire remplir les coffres de la prochaine campagne, plaire aux fermiers de l'Iowa et aux sidérurgistes de Pennsylvanie, attirer aux urnes les baptistes du Sud et les émigrés cubains de Floride. "Karl Rove a une influence sur la politique et l'action publique que les Américains n'ont jamais connue auparavant et qu'ils ont du mal à admettre", écrivent Moore et Slater.

L'intéressé ne nie pas cette influence, mais il n'a jamais été pris en défaut de respect pour son patron. Il est trop avisé pour cela.

Surtout, il admire sincèrement l'homme qu'il a aidé à devenir président des Etats-Unis et dont il veut faire, dans deux mois, un président réélu. A ses yeux, George Walker Bush est le seul politicien républicain qui puisse installer durablement son parti à la Maison Blanche.

"Quand avez-vous commencé à songer à une campagne présidentielle ?", a-t-on demandé, un jour, à Karl Rove. "Le 25 décembre 1950", a-t-il répondu. C'est la date de sa naissance, dans un milieu très modeste de l'Ouest des Etats-Unis. Il est le fils d'un prospecteur de minerai et d'une femme qui se consacrait à son foyer et à ses cinq enfants. Le jour où Karl a eu 19 ans, son père a décidé de quitter définitivement la maison. Peu de temps après, le jeune homme a appris que son frère aîné et lui-même n'étaient pas les enfants de cet homme. Il en a conçu beaucoup de reconnaissance pour le géologue, qui les avait élevés comme s'ils étaient ses fils. Sa mère s'est suicidée au début des années 1980.

Ce qui frappe, chez Karl Rove, c'est la précocité de son intérêt pour la politique et de son adhésion au conservatisme. A l'âge de 9 ans, quand John Kennedy séduit beaucoup de jeunes Américains, il est, lui, pour Richard Nixon, ce qui lui vaut une bagarre avec une voisine plus costaude qui l'envoie au tapis d'un coup de poing. La mésentente de ses parents et leur absence de vie religieuse l'ont-elles incliné vers l'ordre ? En tout cas, s'il a choisi la droite, il n'a pas rencontré Dieu. A la différence de George Bush, qui dit que "Jésus Christ a changé son cœur", le conseiller, pourtant attentif aux réactions des électeurs protestants et catholiques, ne cache pas qu'il n'est pas croyant. "Je ne suis pas sûr -d'avoir- jamais trouvé la foi", a-t-il répondu, prudemment, à une question du New York Times.

Au gré des pérégrinations de son beau-père, le jeune Rove, né dans le Colorado et poussé en herbe dans le Nevada, a mûri à Salt Lake City, la capitale de l'Utah et des mormons. Au lycée, c'est un parfait nerd, un fayot, mais sans les bonnes notes et cela ne l'empêche pas d'être élu président des élèves, la seule élection qu'il ait jamais gagnée pour lui-même. En 1969, il entre à l'université d'Etat de l'Utah. Des universités, il va en fréquenter plusieurs, sans jamais décrocher le moindre diplôme. C'est qu'il est occupé ailleurs. Il s'est engagé chez les College Republicans, l'organisation étudiante du Parti républicain, et il en devient, dès 1971, l'un des principaux "permanents", avec le titre de directeur exécutif.

Expédié dans l'Illinois, en 1970, pour participer à une campagne électorale, il s'est introduit dans les bureaux d'un candidat démocrate en se présentant comme un supporter, et il a dérobé du papier à en-tête. Il en a fait des invitations promettant "de la bière gratuite" et "des filles", lors d'une réception organisée quelques jours plus tard, et il les a distribuées dans les quartiers borgnes de la ville. Marginaux et clochards ont envahi la party. Deux ans plus tard, lors d'une session de formation de militants dans le Kentucky, Rove s'est vanté de cette mauvaise plaisanterie et a expliqué aux participants d'autres "trucs" du même genre.

En 1973, le directeur exécutif des College Republicans se porte candidat à la présidence de l'organisation. Flanqué d'un autre spadassin, Lee Atwater, qui deviendra le conseiller de Ronald Reagan et de Bush père, il sillonne les routes du Sud, dans une vieille Ford, pour aller à la pêche aux voix, d'université en université. Une convention, dans un hôtel de montagne du Missouri, doit départager Rove et son concurrent, Robert Edgeworth, situé nettement plus à droite dans le parti.

La réunion ressemble trait pour trait aux congrès que tient l'UNEF, à la même époque, en France : batailles de procédure, truandages sur les mandats, coups tordus en tous genres. Au bout du compte, Edgeworth et Rove sont proclamés élus par leurs partisans respectifs.

Le différend est porté devant le président du Comité national républicain, qui n'est autre que George Herbert Walker Bush. Un allié d'Edgeworth décide alors de communiquer au Washington Post un enregistrement des propos tenus par Rove, l'année précédente, devant les militants du Kentucky. En pleine affaire du Watergate, on imagine l'effet. Non seulement la Maison Blanche, sous Richard Nixon, a fait cambrioler les locaux de la campagne présidentielle démocrate, mais, au même moment, un permanent du Parti républicain expliquait aux jeunes comment espionner le parti adverse ! On s'attend à ce que Rove soit écarté au profit d'Edgeworth, mais c'est le contraire qui se produit. Bush père donne la présidence des College Republicans à Rove et chasse son rival du parti pour avoir dénoncé un camarade à la presse.

LE lien qui se noue, alors, entre Karl Rove et la famille Bush ne sera jamais rompu. Marié à une héritière texane, qui le quittera trois ans plus tard, Rove s'installe à Houston et dirige le PAC (comité d'action politique) créé par Bush père, en conformité avec la législation post-Watergate, pour financer la candidature présidentielle à laquelle il se prépare pour 1980. Le jeune collaborateur de George H.W. Bush et de James Baker devient un expert de la carte électorale texane et un prophète de la conquête du Texas par les républicains. Il a compris que l'hégémonie démocrate, héritage de la guerre de Sécession, prend fin, dans cet Etat, comme dans tout le Sud. Nombre d'électeurs votaient démocrate par attachement au particularisme du Sud, à commencer par la ségrégation raciale. Devenu le parti des droits civiques, le Parti démocrate perd, inévitablement, une partie de sa base. En outre, la prospérité du Texas attire une population de cadres et d'entrepreneurs, qui votent républicain.

Le métier de base de Karl Rove, c'est la propagande et la collecte de fonds par courrier. Par la suite, il a ajouté à cette compétence première celles de sondeur, de stratège des médias, de planificateur de campagne. Mais son approche des électeurs consiste d'abord à les identifier socialement, à les distinguer les uns des autres et à concevoir le discours auquel ils seront sensibles. La formule qu'il a mise au point pour enlever le Texas aux démocrates s'est révélée imparable : cultiver les riches donateurs (et les riches Texans sont très riches), choisir de bons candidats (y compris en recyclant des démocrates), employer l'argent à adresser des messages différenciés à chaque groupe d'électeurs. Aujourd'hui, les 29 mandats pourvus par l'ensemble des électeurs de l'Etat sont détenus par des républicains, majoritaires, aussi, dans les deux chambres, à Austin.

Travailleur acharné, transportant dans sa tête une encyclopédie politique et électorale, Rove est entouré d'une réputation de tricheur et de tueur. Il est soupçonné d'avoir placé lui-même, dans son bureau, en 1986, un micro-émetteur dont la découverte a provoqué une tempête médiatique, mis sur la défensive le gouverneur démocrate sortant et aidé le candidat républicain à le battre. Quatre ans plus tard, il a joué un rôle essentiel dans la diffusion d'informations selon lesquelles le commissaire sortant à l'agriculture aurait organisé un système de pression sur des exploitants afin qu'ils contribuent au financement de la campagne pour sa réélection.

En 1994, quand George Bush s'est porté candidat au poste de gouverneur du Texas, une vague de rumeurs, alimentée par de faux appels téléphoniques d'instituts de sondage, a été menée contre la titulaire du poste, Ann Richards, accusée, entre autres choses, d'être lesbienne.

Lors des primaires républicaines pour l'élection présidentielle de 2000, John McCain, vainqueur dans le New Hampshire, a été la cible de calomnies sur sa santé mentale et sur sa sexualité. Quand un groupe d'anciens combattants a commencé à diffuser, il y a trois semaines, une publicité télévisée accusant John Kerry de mentir sur son service militaire au Vietnam, les démocrates y ont vu un nouveau coup bas de Karl Rove.

Bush, qui aime distribuer des surnoms, en a deux pour son conseiller. C'est tantôt Boy Genius ("Gamin génial"), tantôt Turd Blossom ("Fleur de fumier"). Comme si le président voulait garder une distance avec les méthodes de celui auquel il a dédicacé sa photo avec ces mots : "A Karl Rove, l'homme qui a un plan."

Un plan pour quoi faire ? Pour gagner, simplement ? Ou pour changer l'Amérique ? Le modèle de Rove, c'est le président William McKinley, élu, en 1896, avec l'aide de Mark Hanna, alors "boss" du Parti républicain. Hanna avait compris - et fait comprendre à McKinley - que l'ère d'après la guerre civile était terminée et qu'il fallait exprimer, dorénavant, les aspirations des couches sociales nouvelles, nées du développement de l'industrie. Au cours des trente-six années qui ont suivi, les républicains n'ont perdu que deux élections présidentielles.

Aujourd'hui, Karl Rove pense que l'opposition entre démocrates et républicains, telle qu'elle a pris forme à partir de la crise économique des années 1930 et de ses suites, est révolue. Réactionnaire plus encore que conservateur, il estime que l'on est arrivé au terme d'une longue époque marquée par le règne de majorités abusives, enfermant l'individu dans toutes sortes de contraintes - fiscales, pour commencer - contraires à sa liberté fondamentale.

Le conseiller, qui a baptisé Andrew Madison le fils qu'il a eu avec sa seconde épouse, est un disciple fervent du fédéralisme de James Madison, l'un des auteurs de la Constitution américaine, et de son interprétation par Alexis de Tocqueville, l'auteur de De la démocratie en Amérique. La démocratie, selon Rove, c'est l'autonomie des "petits bataillons", libres de vivre à leur guise dans une société protégée de la dictature du plus grand nombre.

George W. Bush et celui que l'on présente parfois comme son "gourou" ont les mêmes convictions. Bush fils a toujours pensé que l'un des grands dangers dont l'Amérique doit se garder est celui du "socialisme à l'européenne". Le président et son conseiller sont les parfaits interprètes de la révolution conservatrice, lancée timidement, il y a cinquante ans, par quelques intellectuels minoritaires, portée par Ronald Reagan dans les années 1980, et par la majorité républicaine du Congrès depuis 1994. La réélection de Bush assurerait son triomphe.

Karl Rove y travaille sans relâche depuis 2001.

Patrick Jarreau --Message edité par acrux le 2004-08-28 11:16:54--
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A New York, George Bush a capitalisé les effets de la campagne de dénigrement de John Kerry


Selon un sondage publié par "Time", 52 % des électeurs voteraient pour le président sortant, contre 41 % en faveur du candidat démocrate, si l'élection avait lieu aujourd'hui.

La campagne présidentielle américaine se concentre dans quelques Etats que les deux candidats, George Bush et John Kerry, visitent assidûment. L'Ohio - où le candidat républicain l'avait emporté, en 2000, et qu'il risque de perdre cette année - est le plus courtisé de tous.  M. Kerry y était encore, vendredi 3 septembre, et M. Bush devait y revenir, samedi, pour insister sur les projets de soutien à l'emploi et d'aide aux familles dépourvues d'assurance-maladie, qu'il a annoncés à la convention du Parti républicain, à New York.

Les premières indications disponibles sur l'impact de cette convention sont positifs pour M. Bush. Son discours d'acceptation de la candidature à un second mandat a été suivi par près de 28 millions d'Américains, soit 3 millions de plus que celui de M. Kerry à la convention démocrate de Boston, en juillet. Cet écart se retrouve entre les moyennes d'audience des deux conventions, qui ont été largement retransmises par les chaînes d'information câblées, alors que les trois réseaux hertziens n'ont consacré que trois heures d'antenne à chacune d'elles. La convention républicaine a apporté un succès sans précédent à Fox News, très engagée du côté conservateur et qui, pour la première fois en huit ans d'existence, a devancé non seulement ses concurrentes du câble, CNN et MSNBC, mais aussi les grands réseaux.

Ce succès d'audience se double d'une réussite politique si l'on en croit un sondage effectué pour l'hebdomadaire Time, qui en a publié les résultats, sur son site Internet, dès vendredi. Selon cette enquête menée du 31 août au 2 septembre, 52 % des électeurs américains voteraient pour M. Bush, contre 41 % pour M. Kerry, si l'élection avait lieu aujourd'hui. Ralph Nader, le candidat indépendant, recueillerait 3 % des suffrages, mais il n'a réuni que dans une dizaine d'Etats, pour le moment, les signatures nécessaires pour participer à la compétition.

4 % D'INDÉCIS

Ce sondage unique, qui fait aussi apparaître que 4 % des électeurs n'ont pas encore choisi, doit être considéré avec prudence. Du côté démocrate, on y voit un effet mécanique de la place accordée, par les médias, à la convention républicaine. Cependant, M. Kerry avait profité de la convention démocrate, mais pas dans les mêmes proportions. L'avantage dont semble disposer, aujourd'hui, M. Bush est dû, aussi, à l'efficacité de la campagne de dénigrement menée contre le candidat démocrate. Celui-ci été accusé, par un groupe d'anciens combattants, d'avoir exagéré ses états de service au Vietnam et, même, d'avoir menti au sujet de sa présence au Cambodge à la fin de 1968.

Financée, principalement, par un homme d'affaires républicain du Texas et conseillée par un avocat qui comptait aussi la campagne Bush-Cheney au nombre de ses clients, l'offensive des "Patrouilleurs vétérans pour la vérité" n'a pas été condamnée par le président. Il a seulement indiqué qu'il considérait le service de son adversaire, au Vietnam, comme "admirable". Son équipe a nié tout rapport avec l'action du groupe anti-Kerry, mais on a appris, vendredi, que deux d'entre eux venaient d'être nommés membres d'une commission du ministère des anciens combattants.

M. Kerry a répondu aux attaques dont il a été l'objet, pendant la convention de New York, en prenant pour cible le vice-président, Richard Cheney. Ce dernier ayant mis en doute, de façon insistante, sa capacité à assurer la défense des Etats-Unis face à la menace terroriste, le candidat démocrate a répondu qu'il n'a "pas de leçon à recevoir de quelqu'un qui a obtenu cinq sursis", au moment de la guerre du Vietnam, pour éviter la conscrption. Mais il n'a pas voulu s'étendre, de nouveau, sur ce sujet et il a expliqué que si M. Bush et M. Cheney sont, à ses yeux, "inaptes" à diriger le pays, ce n'est pas tant parce qu'ils ont évité de le servir, il y a 35 ans, que parce qu'ils l'ont "égaré", en 2003, en l'entraînant dans la guerre en Irak.

Après avoir prononcé à New York, un discours destiné, avant tout, à mobiliser l'électorat conservateur, M. Bush s'est adressé davantage, vendredi, aux électeurs non engagés. Son prédécesseur, Bill Clinton, ayant eu un malaise cardiaque, qui va l'obliger à subir une opération de pontage, le président a fait savoir qu'il lui avait téléphoné et qu'il formait des vœux pour son rétablissement. M. Bush s'est appuyé, surtout, sur les chiffres de l'emploi en août pour se prévaloir d'une baisse du taux de chômage de 1 point en un an.


Patrick Jarreau, LE MONDE

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Ces pubs qui polluent le débat


A coups de spots et de dollars, des groupes d'influence ajoutent à la surchauffe médiatique.


Sur l'écran, Robert Acosta, un soldat, parle seul face à l'objectif. «Le gouvernement m'a demandé de servir en Irak parce qu'il y avait des armes de destruction massive, mais elles n'étaient pas là. Ils ont dit que l'Irak était impliqué dans le 11 septembre, mais la connexion n'était pas là. Et, quand les gens me demandent ce que j'ai fait de mon bras, j'essaie de trouver les mots. Mais ils ne sont pas là.» A ce moment, la caméra zoome sur le bras droit du militaire, qui découvre son moignon. Reste un message : «Robert Acosta est l'un des milliers d'Américains qui sont prêts à se battre, à se battre pour la vérité.» Et puis vient la signature : «Operation Truth» («opération vérité»).

Les publicités politiques ne sont pas nouvelles dans les campagnes américaines, mais jamais autant que cette année elles n'auront dominé la course à la présidentielle. Depuis des mois, les Américains sont bombardés de publicités de tous côtés, souvent au ton très direct et négatif, dont certaines ont déjà largement influencé la fortune des candidats. «C'est une campagne médiatique sans précédent, assure Darrell West, professeur de sciences politiques à Brown University, tout simplement parce les moyens financiers déployés sont énormes, notamment par les fameux 527.»

A eux seuls, ces «527» (1) pourraient ainsi avoir un rôle déterminant à l'heure du choix du prochain locataire de la Maison Blanche. Ces groupes d'influence ont toujours existé, mais ils se sont développés de façon exponentielle après la nouvelle loi de finances du sénateur John McCain, votée en 2002, et qui tentait de limiter les contributions directes des entreprises ou des individus aux partis politiques. De par leur statut, qui les classe comme «indépendants», les 527 ont en effet toute latitude pour dépenser autant d'argent qu'ils le veulent pour faire passer tel ou tel message politique. A condition qu'ils n'appellent pas explicitement à voter pour un candidat.

«Feriez-vous confiance à John Kerry ?»

Du coup, les 527 se sont impliqués à fond dans la course 2004. Operation Truth est l'un d'entre eux, qui a pris fait et cause pour John Kerry, sans toutefois mentionner son nom dans ses publicités. MoveOn est l'un des plus connus 527 à militer «indirectement» pour le sénateur démocrate, avec America Coming Together (ACT).

A droite, ce sont des associations comme Progress for America qui se sont créées. L'une de ses publicités montre des terroristes en cagoule et armés de kalachnikovs. Avec ces quelques mots sur l'écran : «Feriez-vous confiance à John Kerry ?»

En quelques mois, les 527 sont ainsi devenus des forces avec lesquelles il faut compter. Principalement parce que les groupes ont su récolter d'énormes fonds pour financer leurs spots télévisés mais aussi leurs sites Internet ou leurs pages de publicité dans les journaux. Sans compter leurs efforts pour mobiliser les électeurs. L'homme d'affaires d'origine hongroise George Soros par exemple s'est imposé comme le principal bailleur de fonds de MoveOn et d'ACT, leur cédant jusqu'à présent plus de 14 millions de dollars. Au total, des deux côtés, c'est entre 300 et 400 millions de dollars qui ont été récoltés pour alimenter les attaques contre Bush ou Kerry.

L'impact de la campagne médiatique lancée par les 527 peut se mesurer par exemple à travers les spots publicitaires réalisés cet été par The Swift Boat Veterans for Truth, le groupe de vétérans anti-Kerry qui a ouvertement critiqué ses faits d'armes au Vietnam. Quelques jours plus tard, le sénateur du Massachusetts perdait plusieurs points dans les sondages. Avant qu'un autre groupe de vétérans, cette fois pro-Kerry, ne produise lui aussi ses propres publicités pour le défendre. «Les démocrates sont très impliqués dans les 527, alors qu'avant les lobbies étaient mieux organisés du côté républicain, poursuit Darrell West, de Brown University, le résultat, c'est que nombre de ces publicités sont volontairement très négatives et souvent inexactes. Parce que le pays est coupé en deux et que le Président engendre de vives réactions. C'est regrettable mais c'est comme cela.»

«La fille de ses rêves»

Stephen Moore, lui, a choisi de se battre «sur un autre ton». Président de Clubforgrowth.net, un 527 qui vient de se créer, il finance une publicité qui s'en prend à l'indécision de Kerry sur le mode de l'humour. On y voit notamment un jeune homme sur le point de se marier et qui ne sait plus s'il doit dire «oui» à la «fille de ses rêves». «Le but, explique Moore, c'est de marquer les gens. Si la publicité est trop agressive, l'opinion va s'en détourner. Là, on essaie une autre approche, plus légère. Nous allons dépenser environ 15 millions de dollars jusqu'aux élections. Et je peux vous assurer que notre message sera entendu par les électeurs.»


Par Fabrice ROUSSELOT


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