L'enquête Gomery fait monter la pression au PLQ aussi
L'enquête Gomery fait monter la pression
Québec: un collaborateur de Jean Charest démissionne. Ottawa: Denis Coderre se défend d'avoir reçu de l'argent
Robert Dutrisac, Alec Castonguay
Édition du mardi 22 mars 2005
Ottawa/Québec -- Les révélations de la commission Gomery sur le scandale des commandites ont secoué les deux capitales hier, faisant monter la pression sur les deux gouvernements libéraux et forçant les politiciens à s'expliquer. Pendant qu'à Ottawa un Denis Coderre furieux cherchait à rectifier les faits, le premier ministre Jean Charest a dû éclaircir à Québec la démission d'un de ses collaborateurs en lien avec le controversé programme fédéral.
La preuve étalée jeudi dernier lors des audiences de la commission Gomery à Montréal a fait des vagues jusque dans le bureau de Jean Charest à Québec, alors qu'un membre de l'entourage du premier ministre a été forcé de remettre sa démission vendredi. Employé à titre d'adjoint aux opérations du cabinet depuis la victoire libérale d'avril 2003, Louis Pichette est un des cinq organisateurs du Parti libéral du Canada qui ont reçu en 2000 une somme de 44 360 $ en provenance de la firme de publicité Groupaction. De ces contributions, M. Pichette avait touché 8000 $.
C'est à la suite d'une question posée hier à l'Assemblée nationale par le député adéquiste de Beauce-Nord, Janvier Grondin, que le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a révélé que M. Pichette avait remis sa démission vendredi dernier. Pourquoi cette démission est-elle survenue si rapidement ? «Parce que l'intégrité pour le premier ministre du Québec, c'est ce qu'il y a de plus important», a répondu M. Dupuis.
M. Grondin a aussi cherché à savoir si des sommes provenant de Groupaction avaient abouti dans les coffres du Parti libéral du Québec. Accusant le député d'affirmer n'importe quoi pour «attaquer la crédibilité d'un parti», le premier ministre Jean Charest a dit qu'il n'avait lui-même aucune information sur des liens possibles entre Groupaction et le PLQ.
Réagissant au fait que le Procureur général du Québec ait suggéré à la commission Gomery d'imposer une ordonnance de non-publication pour certains témoignages, dont celui de Jean Brault, le président de Groupaction, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, a dit que le gouvernement libéral, au-delà de l'argument juridique, pourrait tirer avantage de cette «commodité politique à ce que l'ensemble des révélations [à la commission Gomery] ne sortent pas dans le grand public».
Jeudi dernier, la commission Gomery avait fait la preuve que le président de Groupaction, cette agence de communication qui a obtenu de nombreux contrats de commandites, avait versé de l'argent à cinq organisateurs libéraux. L'ex-directeur du bureau de Québec de Gosselin Communication, Bernard Thiboutot, avait reconnu avoir été utilisé comme prête-nom pour livrer, à la demande de M. Brault, des chèques totalisant 70 000 $ et signés au nom de sa propre entreprise, Commando Communications Marketing.
Coderre se défend
Lors de cette transaction, Commando Communications Marketing a aussi fait un chèque de 2000 $ au député libéral Denis Coderre. De retour hier d'un voyage à l'étranger, M. Coderre n'a visiblement pas apprécié les insinuations de certains médias voulant que ce chèque ait été encaissé par le député à des fins personnelles. Furieux, il a sorti des preuves pour démontrer que les 2000 $ ont été en fin de compte versés au Parti libéral du Canada (PLC), comme n'importe quelles autres sommes destinées au financement d'un parti politique, et qu'il n'avait rien gardé pour lui.
«Il faut remettre les pendules à l'heure, a-t-il dit à sa sortie de la période de questions à la Chambre des communes. Quand on dit que Denis Coderre a reçu des fonds, c'est totalement faux. Quand on dit que ce sont des choses qui sont secrètes, c'est totalement faux. J'ai une copie ici d'un chèque de Commando Communications Marketing et c'est marqué 'au soin du Parti libéral du Canada Québec'. C'est de 2000 $. C'est marqué 'cocktail bénéfice' et entre parenthèses Groupaction. Alors si c'était des fonds qui étaient secrets, voulez-vous m'expliquer pourquoi ça serait écrit Groupaction là-dessus ?»
Selon le député et ancien ministre, qui avoue bien connaître M. Thiboutot de Commando Communications Marketing, il ne faut pas tout confondre et faire une chasse aux sorcières. «S'il y a des gens qui pensent encore que ce sont des prétendus fonds secrets et que j'ai reçu 2000 dollars, c'est de la bouillie pour les chats. C'est totalement faux !» a-t-il lancé, manifestement frustré de la situation.
Les libéraux attaqués de toutes parts
C'était la première fois hier que la Chambre des communes entrait en action depuis les révélations chocs de la commission Gomery la semaine dernière. Et les partis d'opposition n'allaient pas manquer leur chance, tirant de tous les côtés de la Chambre sur les libéraux de Paul Martin.
Le chef conservateur Stephen Harper a attaqué le premier, affirmant que les révélations sur le scandale des commandites «prouvent ce que nous savions depuis longtemps». «L'argent des contribuables se retrouvait dans les poches du Parti libéral et de ses organisateurs. Le gouvernement prétend maintenant poursuivre les agences pour récupérer l'argent détourné, mais il ne poursuit pas le Parti libéral pour récupérer l'argent sale. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas engagé de poursuites contre le Parti libéral du Canada ?»
Rappelant avec justesse que la preuve n'avait pas encore été établie que l'argent des commandites retournait directement dans les coffres du PLC, le ministre des Travaux publics, Scott Brison, a souligné que le gouvernement fédéral poursuivait 11 agences de communication pour 41 millions de dollars exactement pour récupérer l'argent des contribuables. «Le premier ministre a été clair et le gouvernement a été très clair [sur le fait] que s'il y a des fonds qui ont été perçus grâce à des malversations, ils devront être retournés au gouvernement. Nous avons été clairs là-dessus», a-t-il répliqué.
Quelques minutes plus tard, le ministre Jean Lapierre affirmait qu'il était impossible que le gouvernement traîne le PLC en cour parce qu'il n'y avait aucun contrat entre le Parti libéral et le gouvernement, donc aucune base sur laquelle poursuivre en justice. «L'opposition ne connaît pas le droit 101. Il faut avoir un lien contractuel. C'est ça que les agences avaient [avec le gouvernement et qui permet de les poursuivre], mais le Parti libéral du Canada n'a aucun lien contractuel avec le gouvernement du Canada», a-t-il affirmé.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'a de son côté pas exigé des poursuites contre le Parti libéral, mais a néanmoins pressé le premier ministre Martin d'agir. «Les agences ont reçu trop d'argent pour le travail effectué ou non effectué. C'est évident. Tellement évident que le gouvernement a décidé de les poursuivre sans attendre la fin de la commission Gomery. Dans le cas de l'argent sale du Parti libéral, la preuve est tout aussi claire, mais le gouvernement s'obstine à attendre la fin de la commission Gomery. Le premier ministre s'est engagé à ce que tous ceux qui sont impliqués dans le scandale assument les conséquences de leurs actes. Comment peut-il expliquer que son gouvernement refuse toujours d'exiger que le Parti libéral rembourse les fonds publics, rembourse l'argent sale ?»
Même attaque venant de Jack Layton, le chef du NPD, qui a soutenu que le «lien direct entre l'argent sale et le programme des commandites» était maintenant limpide et qu'il était temps de bouger.
Sans attendre, Jean Lapierre a réitéré sa promesse faite le printemps dernier.
«Au moment où le rapport de la commission sera connu, on pourra prendre les mesures qui s'imposent et je vous ai dit que, s'il y avait un lien causal établi entre les contrats de commandites et l'argent donné au Parti libéral du Canada, nous rembourserions cet argent rubis sur l'ongle», a-t-il lancé.
Québec: un collaborateur de Jean Charest démissionne. Ottawa: Denis Coderre se défend d'avoir reçu de l'argent
Robert Dutrisac, Alec Castonguay
Édition du mardi 22 mars 2005
Ottawa/Québec -- Les révélations de la commission Gomery sur le scandale des commandites ont secoué les deux capitales hier, faisant monter la pression sur les deux gouvernements libéraux et forçant les politiciens à s'expliquer. Pendant qu'à Ottawa un Denis Coderre furieux cherchait à rectifier les faits, le premier ministre Jean Charest a dû éclaircir à Québec la démission d'un de ses collaborateurs en lien avec le controversé programme fédéral.
La preuve étalée jeudi dernier lors des audiences de la commission Gomery à Montréal a fait des vagues jusque dans le bureau de Jean Charest à Québec, alors qu'un membre de l'entourage du premier ministre a été forcé de remettre sa démission vendredi. Employé à titre d'adjoint aux opérations du cabinet depuis la victoire libérale d'avril 2003, Louis Pichette est un des cinq organisateurs du Parti libéral du Canada qui ont reçu en 2000 une somme de 44 360 $ en provenance de la firme de publicité Groupaction. De ces contributions, M. Pichette avait touché 8000 $.
C'est à la suite d'une question posée hier à l'Assemblée nationale par le député adéquiste de Beauce-Nord, Janvier Grondin, que le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a révélé que M. Pichette avait remis sa démission vendredi dernier. Pourquoi cette démission est-elle survenue si rapidement ? «Parce que l'intégrité pour le premier ministre du Québec, c'est ce qu'il y a de plus important», a répondu M. Dupuis.
M. Grondin a aussi cherché à savoir si des sommes provenant de Groupaction avaient abouti dans les coffres du Parti libéral du Québec. Accusant le député d'affirmer n'importe quoi pour «attaquer la crédibilité d'un parti», le premier ministre Jean Charest a dit qu'il n'avait lui-même aucune information sur des liens possibles entre Groupaction et le PLQ.
Réagissant au fait que le Procureur général du Québec ait suggéré à la commission Gomery d'imposer une ordonnance de non-publication pour certains témoignages, dont celui de Jean Brault, le président de Groupaction, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, a dit que le gouvernement libéral, au-delà de l'argument juridique, pourrait tirer avantage de cette «commodité politique à ce que l'ensemble des révélations [à la commission Gomery] ne sortent pas dans le grand public».
Jeudi dernier, la commission Gomery avait fait la preuve que le président de Groupaction, cette agence de communication qui a obtenu de nombreux contrats de commandites, avait versé de l'argent à cinq organisateurs libéraux. L'ex-directeur du bureau de Québec de Gosselin Communication, Bernard Thiboutot, avait reconnu avoir été utilisé comme prête-nom pour livrer, à la demande de M. Brault, des chèques totalisant 70 000 $ et signés au nom de sa propre entreprise, Commando Communications Marketing.
Coderre se défend
Lors de cette transaction, Commando Communications Marketing a aussi fait un chèque de 2000 $ au député libéral Denis Coderre. De retour hier d'un voyage à l'étranger, M. Coderre n'a visiblement pas apprécié les insinuations de certains médias voulant que ce chèque ait été encaissé par le député à des fins personnelles. Furieux, il a sorti des preuves pour démontrer que les 2000 $ ont été en fin de compte versés au Parti libéral du Canada (PLC), comme n'importe quelles autres sommes destinées au financement d'un parti politique, et qu'il n'avait rien gardé pour lui.
«Il faut remettre les pendules à l'heure, a-t-il dit à sa sortie de la période de questions à la Chambre des communes. Quand on dit que Denis Coderre a reçu des fonds, c'est totalement faux. Quand on dit que ce sont des choses qui sont secrètes, c'est totalement faux. J'ai une copie ici d'un chèque de Commando Communications Marketing et c'est marqué 'au soin du Parti libéral du Canada Québec'. C'est de 2000 $. C'est marqué 'cocktail bénéfice' et entre parenthèses Groupaction. Alors si c'était des fonds qui étaient secrets, voulez-vous m'expliquer pourquoi ça serait écrit Groupaction là-dessus ?»
Selon le député et ancien ministre, qui avoue bien connaître M. Thiboutot de Commando Communications Marketing, il ne faut pas tout confondre et faire une chasse aux sorcières. «S'il y a des gens qui pensent encore que ce sont des prétendus fonds secrets et que j'ai reçu 2000 dollars, c'est de la bouillie pour les chats. C'est totalement faux !» a-t-il lancé, manifestement frustré de la situation.
Les libéraux attaqués de toutes parts
C'était la première fois hier que la Chambre des communes entrait en action depuis les révélations chocs de la commission Gomery la semaine dernière. Et les partis d'opposition n'allaient pas manquer leur chance, tirant de tous les côtés de la Chambre sur les libéraux de Paul Martin.
Le chef conservateur Stephen Harper a attaqué le premier, affirmant que les révélations sur le scandale des commandites «prouvent ce que nous savions depuis longtemps». «L'argent des contribuables se retrouvait dans les poches du Parti libéral et de ses organisateurs. Le gouvernement prétend maintenant poursuivre les agences pour récupérer l'argent détourné, mais il ne poursuit pas le Parti libéral pour récupérer l'argent sale. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas engagé de poursuites contre le Parti libéral du Canada ?»
Rappelant avec justesse que la preuve n'avait pas encore été établie que l'argent des commandites retournait directement dans les coffres du PLC, le ministre des Travaux publics, Scott Brison, a souligné que le gouvernement fédéral poursuivait 11 agences de communication pour 41 millions de dollars exactement pour récupérer l'argent des contribuables. «Le premier ministre a été clair et le gouvernement a été très clair [sur le fait] que s'il y a des fonds qui ont été perçus grâce à des malversations, ils devront être retournés au gouvernement. Nous avons été clairs là-dessus», a-t-il répliqué.
Quelques minutes plus tard, le ministre Jean Lapierre affirmait qu'il était impossible que le gouvernement traîne le PLC en cour parce qu'il n'y avait aucun contrat entre le Parti libéral et le gouvernement, donc aucune base sur laquelle poursuivre en justice. «L'opposition ne connaît pas le droit 101. Il faut avoir un lien contractuel. C'est ça que les agences avaient [avec le gouvernement et qui permet de les poursuivre], mais le Parti libéral du Canada n'a aucun lien contractuel avec le gouvernement du Canada», a-t-il affirmé.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'a de son côté pas exigé des poursuites contre le Parti libéral, mais a néanmoins pressé le premier ministre Martin d'agir. «Les agences ont reçu trop d'argent pour le travail effectué ou non effectué. C'est évident. Tellement évident que le gouvernement a décidé de les poursuivre sans attendre la fin de la commission Gomery. Dans le cas de l'argent sale du Parti libéral, la preuve est tout aussi claire, mais le gouvernement s'obstine à attendre la fin de la commission Gomery. Le premier ministre s'est engagé à ce que tous ceux qui sont impliqués dans le scandale assument les conséquences de leurs actes. Comment peut-il expliquer que son gouvernement refuse toujours d'exiger que le Parti libéral rembourse les fonds publics, rembourse l'argent sale ?»
Même attaque venant de Jack Layton, le chef du NPD, qui a soutenu que le «lien direct entre l'argent sale et le programme des commandites» était maintenant limpide et qu'il était temps de bouger.
Sans attendre, Jean Lapierre a réitéré sa promesse faite le printemps dernier.
«Au moment où le rapport de la commission sera connu, on pourra prendre les mesures qui s'imposent et je vous ai dit que, s'il y avait un lien causal établi entre les contrats de commandites et l'argent donné au Parti libéral du Canada, nous rembourserions cet argent rubis sur l'ongle», a-t-il lancé.
Pauvre PLQ, c'est rendu qu'ils me font presque pitié. Tout ce qu'il touche se revire en merde contre eux... Être l'un de leur attaché de presse je jouerais le role de la victime faible qui demande la pitié, ça serait asser fou pour marcher, les Québécois ont tendance à encourager les plus faibles qui font pitié ;)
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- Seigneur de la Causerie
- Messages : 9083
- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
Raven a écritPauvre PLQ, c'est rendu qu'ils me font presque pitié. Tout ce qu'il touche se revire en merde contre eux... Être l'un de leur attaché de presse je jouerais le role de la victime faible qui demande la pitié, ça serait asser fou pour marcher, les Québécois ont tendance à encourager les plus faibles qui font pitié ;) Je dois dire que je m'attendais à ce que ça revire en manifestations incessantes, mais quand même pas tant que ça...
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- Seigneur de la Causerie
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- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
Je ne le sais pas, mais Jean Charest a déjà dû démissionner de son poste de ministre sous le gouvernement Mulroney parce qu'il avait appelé un juge pour tenter d'influencer sa décision!
Pas fort...
Alors avec le chef qu'ils ont, qu'on ne trouve jamais rien d'anormal (par rapport à ceci ou à autre chose) serait surprenant... --Message edité par BouleAMites_ le 2005-03-24 13:45:04--
Pas fort...
Alors avec le chef qu'ils ont, qu'on ne trouve jamais rien d'anormal (par rapport à ceci ou à autre chose) serait surprenant... --Message edité par BouleAMites_ le 2005-03-24 13:45:04--
Un prochain témoin qui comparaîtra sous peu à la commission Gomery est monsieur Claude Boulay. Il était le président de la compagnie Everest qui a son origine à Sherbrooke. Tette bin que...
C'est le même monsieur Boulay qui avait loué son chalet situé sur les rives du Memphrémagog à Don Boudrias qui était alors ministre et le tout avait fait la une des journaux.
Il n'y a pas de hasard parfois... que des coïncidences, mettons.
C'est le même monsieur Boulay qui avait loué son chalet situé sur les rives du Memphrémagog à Don Boudrias qui était alors ministre et le tout avait fait la une des journaux.
Il n'y a pas de hasard parfois... que des coïncidences, mettons.
Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»