La grève des étudiants
Raven, je suis d'accord avec pratiquement tous tes arguments! Mais je pense par ailleurs que les frais doivent être augmentés, et par la suite annexés au coût de la vie. Les Universités souffrent de sous-financement, et il faut de l,argent pour les financer. Je ne propose pas de doubler les frais, mais de les augmenter un peu au déaprt, puis de suivre l'inflation. Ce ne sont pas les frais de scoalrité qui appauvrissent els étudiants! Ce sont les dépenses afférentes et c'est poru cela qu'ils ont besoin de prêts (logements, comptes, bouffe). Car à 2000$ par année, n'importe quel étudiant est en mesure de payer ça ent ravaillant l'été! C'est le reste qui coûte vraiment cher...
Je suis d'Avis qu'on doit continuer d'aider ceux qui en ont vraiment besoin, tout en faisant contribuer un peu tout le monde et c'est ce qui arriverait en augmentant quelque peu les frais. Tous seront un eu touchés, mais ceux qui ejn pnt besoin pourraient obtenir des meilleurs prêts et bourses.
Je suis d'Avis qu'on doit continuer d'aider ceux qui en ont vraiment besoin, tout en faisant contribuer un peu tout le monde et c'est ce qui arriverait en augmentant quelque peu les frais. Tous seront un eu touchés, mais ceux qui ejn pnt besoin pourraient obtenir des meilleurs prêts et bourses.
Spirullette a écrit
Pour devenir indépendant de tes parents tu dois soit te marier, avoir un bébé ou avoir plus de 90 crédits à l'université. Le gouvernement a changé entre 1998 et 2000 la passe des 90 crédit et a demandé un bac complété. Devinez qui fesait un bac de 120 crédits et avait accumulé 90 crédits au courant de cette période!
connais ben du monde qui en ont profité Par contre, je suis pas sûre que c'est une bonne chose. Même mon chum regarde ça aujourd'hui, et il se sent un peu cheap d'en avoir profité. Sauf que d'un côté, il a toujours habité en appart en payant ses études, et il a jamais eu droit aux bourses et a jamais prit de prêts. Et de l'autre, le gouvernement lui doit encore un bourse du même montant pour "l'incitation aux technologie". Programme qui a été fait avant le crash de Nortel, et qui s'est arrêté a son année. Il était supposé l'avoir en mai 2003 quand il a fini son BAC. On est en mars 2005, et le processus de remise de bourse est pas encore enclaché.
Un de mes très bon amis, a des parents loader de cash, il a habité chez ses parents tout son BAC, bon salaire de stage etc. à 90 crédit, il a demandé sa bourse. En plus, il a trouvé le moyen de se plaindre qu'il avait pas asser reçu, comparativement a mon chum. En2k, ça devrait être aboli je crois, ou faire preuve d'un meilleur suivi --Message edité par intégrale le 2005-03-18 00:36:48--
Pour devenir indépendant de tes parents tu dois soit te marier, avoir un bébé ou avoir plus de 90 crédits à l'université. Le gouvernement a changé entre 1998 et 2000 la passe des 90 crédit et a demandé un bac complété. Devinez qui fesait un bac de 120 crédits et avait accumulé 90 crédits au courant de cette période!
connais ben du monde qui en ont profité Par contre, je suis pas sûre que c'est une bonne chose. Même mon chum regarde ça aujourd'hui, et il se sent un peu cheap d'en avoir profité. Sauf que d'un côté, il a toujours habité en appart en payant ses études, et il a jamais eu droit aux bourses et a jamais prit de prêts. Et de l'autre, le gouvernement lui doit encore un bourse du même montant pour "l'incitation aux technologie". Programme qui a été fait avant le crash de Nortel, et qui s'est arrêté a son année. Il était supposé l'avoir en mai 2003 quand il a fini son BAC. On est en mars 2005, et le processus de remise de bourse est pas encore enclaché.
Un de mes très bon amis, a des parents loader de cash, il a habité chez ses parents tout son BAC, bon salaire de stage etc. à 90 crédit, il a demandé sa bourse. En plus, il a trouvé le moyen de se plaindre qu'il avait pas asser reçu, comparativement a mon chum. En2k, ça devrait être aboli je crois, ou faire preuve d'un meilleur suivi --Message edité par intégrale le 2005-03-18 00:36:48--
Propriétaire de 3 enfants de 15, 16 et 19 ans. Négociable pour en vendre un ou deux. Payable en vin.
Citation :En2k, ça devrait être aboli je crois
Abolir ce serait pas charrier et drastique un peu comme décision ? --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 08:26:59--
Abolir ce serait pas charrier et drastique un peu comme décision ? --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 08:26:59--
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
josee1978 a écritLa grève est terminée pour l'UQTR. Retour en classe lundi
Oui mais c'était prévu , les étudiants avaient décrété seulement 3 jours de grève --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 11:26:10--
Oui mais c'était prévu , les étudiants avaient décrété seulement 3 jours de grève --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 11:26:10--
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
annelie a écritla greve à l'uqam continue jusqu'à quand???
Ca dépend des décisions prises en assemblée j'imagine ... ;) --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 12:40:04--
Ca dépend des décisions prises en assemblée j'imagine ... ;) --Message edité par Pucinette le 2005-03-18 12:40:04--
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
La grève est renouvellée pour un autre trois jours à l'UQO prochaine assemblée générale lundi midi... --Message edité par sheira81 le 2005-03-18 12:28:05--
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Le bonheur dans le fond, c'est comme du sucre à crème... Quand t'en veux, t'en fais!! - Pat Groulx[/center]
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- Spirullette
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Spirullette a écritL'École des Sciences de la Gestion de l'UQAM va entrer en grève pour 1 semaine. Ça vient d'être voté à près de 70% à ce qu'il parrait!
étonnant! on a jamais été fort sur les votes!
étonnant! on a jamais été fort sur les votes!
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- NainDeJardin
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Chacun son tour
Denise Bombardier
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 mars 2005
À 20 ans, quand on descend dans la rue, on a le sentiment, aussi fugace soit-il, que le monde nous appartient. Quand on défile pancartes à la main en scandant des slogans, on éprouve cette émotion forte de la communion aux autres. On oublie ses problèmes, on enterre ses angoisses et on vibre à l'unisson, porté par un courant dont on croit que la puissance est en nous. C'est peu dire que l'ivresse nous habite.
Ils étaient beaux à voir, ces dizaines de milliers de jeunes mercredi, dont une majorité vivait son baptême de la rue. Ces héritiers des agitateurs baby-boomers dont la vie s'est souvent déroulée au rythme des ruptures et des caprices de leurs parents envieux de leur jeunesse, ces enfants du divorce, de la perte des repères et de l'impuissance mondialisée criaient et chantaient un hymne à la solidarité. Descendre dans la rue pour 100 millions de dollars paraît dérisoire, un rêve de comptable, sans offense aux HEC. Mais n'oublions pas que ce sont aussi les héritiers des désillusions de leurs parents désenchantés, ces adultes qui ont transformé leur foi politique en une foi à la fontaine de Jouvence qui les gardera immortels.
Ces jeunes, trop sages en un sens, trop inscrits dans le réel, dans le concret dont on sait qu'il tue le rêve, demandent des dollars là où ils devraient exiger l'impossible. Vingt ans, ça n'est pas un âge pour négocier. Vingt ans, c'est l'âge de l'intransigeance, de la démesure et, lâchons le mot, de l'absolu. Mais pour les enfants de la télé-réalité, de la faillite des idéologies, des contraintes budgétaires et de la commercialisation des rapports humains, l'efficacité s'impose. Apprendre est à leurs yeux une démarche utilitaire à l'opposé de la connaissance inutile dont Jean-François Revel a fait l'éloge dans un ouvrage éblouissant. On s'instruit donc pour s'enrichir, au propre avant tout. Et on communique entre individus, la parole se transformant ainsi en un troc, donnant, donnant. L'art de la conversation si cher aux philosophes, cette gratuité de l'échange verbal, n'est plus qu'une nostalgie du passé. Normal, dans un tel paysage, que les manifestations de rue, désormais si rares, se fassent sous l'impulsion d'un manque à gagner plutôt que d'un manque à rêver.
***
Ils étaient beaux, leur ferveur palpable, mais leur colère, ce mouvement d'impatience, paradoxal quand on a la vie devant soi, semblait trop contenue. Sans cette saine colère à 20 ans, on devient aigri et hargneux à 50. À 20 ans, on ne devrait pas se taire contre 100 millions de dollars consentis. On ne devrait pas se ranger, reprendre la routine et se réinstaller devant la télé, une bière à la main, seul de nouveau. Quand on a goûté à la solidarité, on devrait se dessiller les yeux et comprendre qu'on doit appeler de ses voeux une société où les droits collectifs cessent d'être mis en échec au profit des seuls droits individuels.
Ils étaient beaux à crier leurs slogans dont ils se croyaient les inventeurs. À 20 ans, la naïveté, cette foi à vouloir déplacer les montagnes, doit illuminer l'action. À 20 ans, croire simplement qu'on fait tourner la roue et non qu'on l'invente a quelque chose de triste. Des slogans du genre «Pas de dettes avec Jean Charest» indiquent un ras-de-terre plus qu'un ras-le-bol. Vieux slogans, nouvelles voix. Toujours ce retour au réalisme des cotations boursières. En un sens, nous avons dépossédé nos jeunes d'une des caractéristiques essentielles de la jeunesse, à savoir la légèreté momentanée, cette légèreté sans laquelle la gravité nous étouffe ou paralyse le risque inhérent à l'exercice de la liberté. Les jeunes d'aujourd'hui semblent avoir les yeux fixés sur les colonnes de chiffres. C'est peu dire qu'ils monnaient leurs désirs.
Ils étaient beaux aussi parce qu'ils défilaient pacifiquement, convaincus que la violence du monde qui les entoure est un mal qui n'est pas nécessaire. Cette certitude les honore mais ne les protège guère contre les poignées d'agitateurs qui pourraient éventuellement les utiliser à leurs propres fins, où les moyens comptent peu. À 20 ans, l'agressivité est une façon de répondre à la violence ambiante. Elle permet de la comprendre et d'y résister éventuellement. Trop de peace and love d'antan ont retourné cette violence vers eux et leurs proches quand la vie les a rattrapés.
***
Les anciens jeunes ont pris un coup de vieux cette semaine en regardant défiler ces enfants de l'après-référendum de 1980, ces enfants du NON, ces enfants de leurs échecs, ces enfants qui ont dérangé leur épanouissement personnel, ces enfants de leurs couples éclatés, reconstitués. Ces garçons et ces filles ne vivent pas leurs 20 ans dans l'euphorie, dans l'enthousiasme. Dans la chaleur du coude-à-coude de la rue, certains ont peut-être compris l'exaltation qu'ont pu vivre les générations précédentes à leur âge. Ces vieilles histoires entendues parfois de la bouche de leurs parents, jadis contestataires, qui bousculaient l'ordre établi et changeaient le monde à coups de défilés monstres et de slogans aussi utopistes qu'irréalistes.
Chacun son tour. Mercredi, la rue appartenait à la nouvelle génération de jeunes. On peut regretter que leurs 20 ans soient si lisses, si ajustés aux contraintes ambiantes et si conformes aux rationalisations budgétaires qui servent désormais de référence spirituelle.
Denise Bombardier
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 mars 2005
À 20 ans, quand on descend dans la rue, on a le sentiment, aussi fugace soit-il, que le monde nous appartient. Quand on défile pancartes à la main en scandant des slogans, on éprouve cette émotion forte de la communion aux autres. On oublie ses problèmes, on enterre ses angoisses et on vibre à l'unisson, porté par un courant dont on croit que la puissance est en nous. C'est peu dire que l'ivresse nous habite.
Ils étaient beaux à voir, ces dizaines de milliers de jeunes mercredi, dont une majorité vivait son baptême de la rue. Ces héritiers des agitateurs baby-boomers dont la vie s'est souvent déroulée au rythme des ruptures et des caprices de leurs parents envieux de leur jeunesse, ces enfants du divorce, de la perte des repères et de l'impuissance mondialisée criaient et chantaient un hymne à la solidarité. Descendre dans la rue pour 100 millions de dollars paraît dérisoire, un rêve de comptable, sans offense aux HEC. Mais n'oublions pas que ce sont aussi les héritiers des désillusions de leurs parents désenchantés, ces adultes qui ont transformé leur foi politique en une foi à la fontaine de Jouvence qui les gardera immortels.
Ces jeunes, trop sages en un sens, trop inscrits dans le réel, dans le concret dont on sait qu'il tue le rêve, demandent des dollars là où ils devraient exiger l'impossible. Vingt ans, ça n'est pas un âge pour négocier. Vingt ans, c'est l'âge de l'intransigeance, de la démesure et, lâchons le mot, de l'absolu. Mais pour les enfants de la télé-réalité, de la faillite des idéologies, des contraintes budgétaires et de la commercialisation des rapports humains, l'efficacité s'impose. Apprendre est à leurs yeux une démarche utilitaire à l'opposé de la connaissance inutile dont Jean-François Revel a fait l'éloge dans un ouvrage éblouissant. On s'instruit donc pour s'enrichir, au propre avant tout. Et on communique entre individus, la parole se transformant ainsi en un troc, donnant, donnant. L'art de la conversation si cher aux philosophes, cette gratuité de l'échange verbal, n'est plus qu'une nostalgie du passé. Normal, dans un tel paysage, que les manifestations de rue, désormais si rares, se fassent sous l'impulsion d'un manque à gagner plutôt que d'un manque à rêver.
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Ils étaient beaux, leur ferveur palpable, mais leur colère, ce mouvement d'impatience, paradoxal quand on a la vie devant soi, semblait trop contenue. Sans cette saine colère à 20 ans, on devient aigri et hargneux à 50. À 20 ans, on ne devrait pas se taire contre 100 millions de dollars consentis. On ne devrait pas se ranger, reprendre la routine et se réinstaller devant la télé, une bière à la main, seul de nouveau. Quand on a goûté à la solidarité, on devrait se dessiller les yeux et comprendre qu'on doit appeler de ses voeux une société où les droits collectifs cessent d'être mis en échec au profit des seuls droits individuels.
Ils étaient beaux à crier leurs slogans dont ils se croyaient les inventeurs. À 20 ans, la naïveté, cette foi à vouloir déplacer les montagnes, doit illuminer l'action. À 20 ans, croire simplement qu'on fait tourner la roue et non qu'on l'invente a quelque chose de triste. Des slogans du genre «Pas de dettes avec Jean Charest» indiquent un ras-de-terre plus qu'un ras-le-bol. Vieux slogans, nouvelles voix. Toujours ce retour au réalisme des cotations boursières. En un sens, nous avons dépossédé nos jeunes d'une des caractéristiques essentielles de la jeunesse, à savoir la légèreté momentanée, cette légèreté sans laquelle la gravité nous étouffe ou paralyse le risque inhérent à l'exercice de la liberté. Les jeunes d'aujourd'hui semblent avoir les yeux fixés sur les colonnes de chiffres. C'est peu dire qu'ils monnaient leurs désirs.
Ils étaient beaux aussi parce qu'ils défilaient pacifiquement, convaincus que la violence du monde qui les entoure est un mal qui n'est pas nécessaire. Cette certitude les honore mais ne les protège guère contre les poignées d'agitateurs qui pourraient éventuellement les utiliser à leurs propres fins, où les moyens comptent peu. À 20 ans, l'agressivité est une façon de répondre à la violence ambiante. Elle permet de la comprendre et d'y résister éventuellement. Trop de peace and love d'antan ont retourné cette violence vers eux et leurs proches quand la vie les a rattrapés.
***
Les anciens jeunes ont pris un coup de vieux cette semaine en regardant défiler ces enfants de l'après-référendum de 1980, ces enfants du NON, ces enfants de leurs échecs, ces enfants qui ont dérangé leur épanouissement personnel, ces enfants de leurs couples éclatés, reconstitués. Ces garçons et ces filles ne vivent pas leurs 20 ans dans l'euphorie, dans l'enthousiasme. Dans la chaleur du coude-à-coude de la rue, certains ont peut-être compris l'exaltation qu'ont pu vivre les générations précédentes à leur âge. Ces vieilles histoires entendues parfois de la bouche de leurs parents, jadis contestataires, qui bousculaient l'ordre établi et changeaient le monde à coups de défilés monstres et de slogans aussi utopistes qu'irréalistes.
Chacun son tour. Mercredi, la rue appartenait à la nouvelle génération de jeunes. On peut regretter que leurs 20 ans soient si lisses, si ajustés aux contraintes ambiantes et si conformes aux rationalisations budgétaires qui servent désormais de référence spirituelle.
tuberale a écritChacun son tour
Denise Bombardier
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 mars 2005
À 20 ans, quand on descend dans la rue, on a le sentiment, aussi fugace soit-il, que le monde nous appartient. Quand on défile pancartes à la main en scandant des slogans, on éprouve cette émotion forte de la communion aux autres. On oublie ses problèmes, on enterre ses angoisses et on vibre à l'unisson, porté par un courant dont on croit que la puissance est en nous. C'est peu dire que l'ivresse nous habite.
Ils étaient beaux à voir, ces dizaines de milliers de jeunes mercredi, dont une majorité vivait son baptême de la rue. Ces héritiers des agitateurs baby-boomers dont la vie s'est souvent déroulée au rythme des ruptures et des caprices de leurs parents envieux de leur jeunesse, ces enfants du divorce, de la perte des repères et de l'impuissance mondialisée criaient et chantaient un hymne à la solidarité. Descendre dans la rue pour 100 millions de dollars paraît dérisoire, un rêve de comptable, sans offense aux HEC. Mais n'oublions pas que ce sont aussi les héritiers des désillusions de leurs parents désenchantés, ces adultes qui ont transformé leur foi politique en une foi à la fontaine de Jouvence qui les gardera immortels.
Ces jeunes, trop sages en un sens, trop inscrits dans le réel, dans le concret dont on sait qu'il tue le rêve, demandent des dollars là où ils devraient exiger l'impossible. Vingt ans, ça n'est pas un âge pour négocier. Vingt ans, c'est l'âge de l'intransigeance, de la démesure et, lâchons le mot, de l'absolu. Mais pour les enfants de la télé-réalité, de la faillite des idéologies, des contraintes budgétaires et de la commercialisation des rapports humains, l'efficacité s'impose. Apprendre est à leurs yeux une démarche utilitaire à l'opposé de la connaissance inutile dont Jean-François Revel a fait l'éloge dans un ouvrage éblouissant. On s'instruit donc pour s'enrichir, au propre avant tout. Et on communique entre individus, la parole se transformant ainsi en un troc, donnant, donnant. L'art de la conversation si cher aux philosophes, cette gratuité de l'échange verbal, n'est plus qu'une nostalgie du passé. Normal, dans un tel paysage, que les manifestations de rue, désormais si rares, se fassent sous l'impulsion d'un manque à gagner plutôt que d'un manque à rêver.
***
Ils étaient beaux, leur ferveur palpable, mais leur colère, ce mouvement d'impatience, paradoxal quand on a la vie devant soi, semblait trop contenue. Sans cette saine colère à 20 ans, on devient aigri et hargneux à 50. À 20 ans, on ne devrait pas se taire contre 100 millions de dollars consentis. On ne devrait pas se ranger, reprendre la routine et se réinstaller devant la télé, une bière à la main, seul de nouveau. Quand on a goûté à la solidarité, on devrait se dessiller les yeux et comprendre qu'on doit appeler de ses voeux une société où les droits collectifs cessent d'être mis en échec au profit des seuls droits individuels.
Ils étaient beaux à crier leurs slogans dont ils se croyaient les inventeurs. À 20 ans, la naïveté, cette foi à vouloir déplacer les montagnes, doit illuminer l'action. À 20 ans, croire simplement qu'on fait tourner la roue et non qu'on l'invente a quelque chose de triste. Des slogans du genre «Pas de dettes avec Jean Charest» indiquent un ras-de-terre plus qu'un ras-le-bol. Vieux slogans, nouvelles voix. Toujours ce retour au réalisme des cotations boursières. En un sens, nous avons dépossédé nos jeunes d'une des caractéristiques essentielles de la jeunesse, à savoir la légèreté momentanée, cette légèreté sans laquelle la gravité nous étouffe ou paralyse le risque inhérent à l'exercice de la liberté. Les jeunes d'aujourd'hui semblent avoir les yeux fixés sur les colonnes de chiffres. C'est peu dire qu'ils monnaient leurs désirs.
Ils étaient beaux aussi parce qu'ils défilaient pacifiquement, convaincus que la violence du monde qui les entoure est un mal qui n'est pas nécessaire. Cette certitude les honore mais ne les protège guère contre les poignées d'agitateurs qui pourraient éventuellement les utiliser à leurs propres fins, où les moyens comptent peu. À 20 ans, l'agressivité est une façon de répondre à la violence ambiante. Elle permet de la comprendre et d'y résister éventuellement. Trop de peace and love d'antan ont retourné cette violence vers eux et leurs proches quand la vie les a rattrapés.
***
Les anciens jeunes ont pris un coup de vieux cette semaine en regardant défiler ces enfants de l'après-référendum de 1980, ces enfants du NON, ces enfants de leurs échecs, ces enfants qui ont dérangé leur épanouissement personnel, ces enfants de leurs couples éclatés, reconstitués. Ces garçons et ces filles ne vivent pas leurs 20 ans dans l'euphorie, dans l'enthousiasme. Dans la chaleur du coude-à-coude de la rue, certains ont peut-être compris l'exaltation qu'ont pu vivre les générations précédentes à leur âge. Ces vieilles histoires entendues parfois de la bouche de leurs parents, jadis contestataires, qui bousculaient l'ordre établi et changeaient le monde à coups de défilés monstres et de slogans aussi utopistes qu'irréalistes.
Chacun son tour. Mercredi, la rue appartenait à la nouvelle génération de jeunes. On peut regretter que leurs 20 ans soient si lisses, si ajustés aux contraintes ambiantes et si conformes aux rationalisations budgétaires qui servent désormais de référence spirituelle.
Merci Tuberale pour ce beau texte. Denise Bombardier que je trouves trop souvent imbue d'elle même, me rejoint beaucoup dans son texte.
En tant qu'ex constataire, bien assis dans son confort, mère d'une fille aux études les deux pied sur terre, et oui pour elle le plus important dans sa vie présentement est sa cote R, pour faire ce qu'elle a envie, j'ai eu un petit frisson de satisfaction de voir cette belle gang descendre dans la rue pacifiquement.
J'ai eu le petit bonheur de prendre le métro à l'heure ou la contestation se terminait. De voir ma station noir de jeune avec leur pancarte le visage barbouillé, d'entrer dans le métro tassé comme une sardine autour d'une gang de jeune ma foi très correct m'a donné un petit bonheur.
Et oui, je ne suis pas pour la grève car je crois que ce n'est que les étudiants qui vont payer pour, par contre la manifestation était vraiment un bel exemple que les jeunes sont plus que des espèces de bébés gatés. En plus ils ont démontrés leur capacité de contestés sans violence. Bravo.
Denise Bombardier
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 mars 2005
À 20 ans, quand on descend dans la rue, on a le sentiment, aussi fugace soit-il, que le monde nous appartient. Quand on défile pancartes à la main en scandant des slogans, on éprouve cette émotion forte de la communion aux autres. On oublie ses problèmes, on enterre ses angoisses et on vibre à l'unisson, porté par un courant dont on croit que la puissance est en nous. C'est peu dire que l'ivresse nous habite.
Ils étaient beaux à voir, ces dizaines de milliers de jeunes mercredi, dont une majorité vivait son baptême de la rue. Ces héritiers des agitateurs baby-boomers dont la vie s'est souvent déroulée au rythme des ruptures et des caprices de leurs parents envieux de leur jeunesse, ces enfants du divorce, de la perte des repères et de l'impuissance mondialisée criaient et chantaient un hymne à la solidarité. Descendre dans la rue pour 100 millions de dollars paraît dérisoire, un rêve de comptable, sans offense aux HEC. Mais n'oublions pas que ce sont aussi les héritiers des désillusions de leurs parents désenchantés, ces adultes qui ont transformé leur foi politique en une foi à la fontaine de Jouvence qui les gardera immortels.
Ces jeunes, trop sages en un sens, trop inscrits dans le réel, dans le concret dont on sait qu'il tue le rêve, demandent des dollars là où ils devraient exiger l'impossible. Vingt ans, ça n'est pas un âge pour négocier. Vingt ans, c'est l'âge de l'intransigeance, de la démesure et, lâchons le mot, de l'absolu. Mais pour les enfants de la télé-réalité, de la faillite des idéologies, des contraintes budgétaires et de la commercialisation des rapports humains, l'efficacité s'impose. Apprendre est à leurs yeux une démarche utilitaire à l'opposé de la connaissance inutile dont Jean-François Revel a fait l'éloge dans un ouvrage éblouissant. On s'instruit donc pour s'enrichir, au propre avant tout. Et on communique entre individus, la parole se transformant ainsi en un troc, donnant, donnant. L'art de la conversation si cher aux philosophes, cette gratuité de l'échange verbal, n'est plus qu'une nostalgie du passé. Normal, dans un tel paysage, que les manifestations de rue, désormais si rares, se fassent sous l'impulsion d'un manque à gagner plutôt que d'un manque à rêver.
***
Ils étaient beaux, leur ferveur palpable, mais leur colère, ce mouvement d'impatience, paradoxal quand on a la vie devant soi, semblait trop contenue. Sans cette saine colère à 20 ans, on devient aigri et hargneux à 50. À 20 ans, on ne devrait pas se taire contre 100 millions de dollars consentis. On ne devrait pas se ranger, reprendre la routine et se réinstaller devant la télé, une bière à la main, seul de nouveau. Quand on a goûté à la solidarité, on devrait se dessiller les yeux et comprendre qu'on doit appeler de ses voeux une société où les droits collectifs cessent d'être mis en échec au profit des seuls droits individuels.
Ils étaient beaux à crier leurs slogans dont ils se croyaient les inventeurs. À 20 ans, la naïveté, cette foi à vouloir déplacer les montagnes, doit illuminer l'action. À 20 ans, croire simplement qu'on fait tourner la roue et non qu'on l'invente a quelque chose de triste. Des slogans du genre «Pas de dettes avec Jean Charest» indiquent un ras-de-terre plus qu'un ras-le-bol. Vieux slogans, nouvelles voix. Toujours ce retour au réalisme des cotations boursières. En un sens, nous avons dépossédé nos jeunes d'une des caractéristiques essentielles de la jeunesse, à savoir la légèreté momentanée, cette légèreté sans laquelle la gravité nous étouffe ou paralyse le risque inhérent à l'exercice de la liberté. Les jeunes d'aujourd'hui semblent avoir les yeux fixés sur les colonnes de chiffres. C'est peu dire qu'ils monnaient leurs désirs.
Ils étaient beaux aussi parce qu'ils défilaient pacifiquement, convaincus que la violence du monde qui les entoure est un mal qui n'est pas nécessaire. Cette certitude les honore mais ne les protège guère contre les poignées d'agitateurs qui pourraient éventuellement les utiliser à leurs propres fins, où les moyens comptent peu. À 20 ans, l'agressivité est une façon de répondre à la violence ambiante. Elle permet de la comprendre et d'y résister éventuellement. Trop de peace and love d'antan ont retourné cette violence vers eux et leurs proches quand la vie les a rattrapés.
***
Les anciens jeunes ont pris un coup de vieux cette semaine en regardant défiler ces enfants de l'après-référendum de 1980, ces enfants du NON, ces enfants de leurs échecs, ces enfants qui ont dérangé leur épanouissement personnel, ces enfants de leurs couples éclatés, reconstitués. Ces garçons et ces filles ne vivent pas leurs 20 ans dans l'euphorie, dans l'enthousiasme. Dans la chaleur du coude-à-coude de la rue, certains ont peut-être compris l'exaltation qu'ont pu vivre les générations précédentes à leur âge. Ces vieilles histoires entendues parfois de la bouche de leurs parents, jadis contestataires, qui bousculaient l'ordre établi et changeaient le monde à coups de défilés monstres et de slogans aussi utopistes qu'irréalistes.
Chacun son tour. Mercredi, la rue appartenait à la nouvelle génération de jeunes. On peut regretter que leurs 20 ans soient si lisses, si ajustés aux contraintes ambiantes et si conformes aux rationalisations budgétaires qui servent désormais de référence spirituelle.
Merci Tuberale pour ce beau texte. Denise Bombardier que je trouves trop souvent imbue d'elle même, me rejoint beaucoup dans son texte.
En tant qu'ex constataire, bien assis dans son confort, mère d'une fille aux études les deux pied sur terre, et oui pour elle le plus important dans sa vie présentement est sa cote R, pour faire ce qu'elle a envie, j'ai eu un petit frisson de satisfaction de voir cette belle gang descendre dans la rue pacifiquement.
J'ai eu le petit bonheur de prendre le métro à l'heure ou la contestation se terminait. De voir ma station noir de jeune avec leur pancarte le visage barbouillé, d'entrer dans le métro tassé comme une sardine autour d'une gang de jeune ma foi très correct m'a donné un petit bonheur.
Et oui, je ne suis pas pour la grève car je crois que ce n'est que les étudiants qui vont payer pour, par contre la manifestation était vraiment un bel exemple que les jeunes sont plus que des espèces de bébés gatés. En plus ils ont démontrés leur capacité de contestés sans violence. Bravo.