Avide de culture ? Posez ce livre et allumez plutôt la télé

Votre tribune, la parole est à vous! Débattez d'idées, d'opinions, de sujets chauds de l'actualité ... bref place aux discussions.
Avatar de l’utilisateur
tuberale
Intronisé au Panthéon
Messages : 49842
Inscription : sam. nov. 08, 2003 1:00 am

Message par tuberale »

Avide de culture ? Posez ce livre et allumez plutôt la télé...




NEW YORK (Reuters) - La pratique intensive des jeux vidéos et le suivi assidu des séries télévisées nuiraient à la santé mentale des enfants ? Faux, clame l'essayiste américain Steve Johnson, qui y voit au contraire une formidable gymnastique intellectuelle.

Dans l'un des passages les plus provocateurs de "Everything Bad is Good for You" ("Tout ce qui est mauvais est bon pour vous"), à paraître ce mois-ci aux Etats-Unis, Johnson dépeint un univers parallèle dans lequel les jeux vidéos auraient précédé de plusieurs siècles l'apparition des premiers livres.

On aurait accusé la nouvelle invention de "sous-stimuler les sens", "d'isoler tragiquement" les lecteurs et d'être "discriminatoire", imagine malicieusement l'auteur, s'inspirant du procès fait aux divertissements populaires. Procès dont il prend le contre-pied dans son sous-titre: "How Today's Popular Culture is Actually Maling Us Smarter" ("Comment la culture populaire nous rend vraiment plus intelligents").

Steven Johnson reprend les arguments actuellement en vogue chez les adeptes "éclairés" des jeux vidéos, qui y voient une nouvelle culture et soulignent la sophistication croissante des univers virtuels, bien loin des rudimentaires "Pong" ou "Pacman".

Le joueur actuel doit déployer des trésors d'ingéniosité pour se sortir des pièges de "Zelda", ou manipuler l'arsenal de plus en plus réaliste mis à sa disposition.

L'essayiste poursuit également la réhabilitation des feuilletons entamée dans les années 1980 par le courant américain des "cultural studies", qui avait notamment enquêté auprès des téléspectateurs de la série texane "Dallas".

Johnson souligne que les séries actuelles, telles que "les Sopranos", présentent des personnages ambivalents pris dans des situations complexes, là où "Starsky et Hutch" sollicitait nettement moins les neurones du téléspectateur.

"Mon sentiment intime est que les gens sont fatigués d'être sans cesse pointés du doigt pour ce qu'il font", plaide Johnson, tout en ajoutant qu'il ne recommande qu'une "exposition modérée" à la télévision et aux jeux vidéos.

INDIGNATION DES INTELLECTUELS DE GAUCHE

Cette précaution ne suffit pas à ses détracteurs, nombreux à fustiger ce qu'ils jugent être une apologie de la violence et de la bêtise, dépourvue de tout fondement scientifique.

"Quel que soit le prétendu bénéfice de ces programmes en terme de développement du cerveau, cela n'a sans doute rien de comparable avec la lecture d'un livre ou l'apprentissage d'un instrument de musique", assure Melissa Caldwell, du groupe de pression Conseil parental sur la télévision.

Melissa Caldwell déplore par ailleurs que Johnson n'ait pas abordé "les conséquences potentiellement néfastes" des programmes de télévision, négligeant ainsi "un point majeur".

L'essayiste se défend en précisant qu'il a délibérément écarté les aspects moraux de la question - notamment l'omniprésence de la violence et du sexe.

"Il s'agit de stimulation mentale. Je ne parle absolument pas des valeurs, des leçons de la vie, de la manière dont il faut se comporter de façon morale", plaide-t-il.

Les critiques les plus sévères sont venues de la gauche intellectuelle, qui déplore le "nivellement par le bas" de la culture populaire, mais l'auteur s'attend à ce que "la droite s'empare à son tour de la question".

"Ce livre est uniquement destiné à titiller les partisans des deux camps", conclut Johnson, peu soucieux d'éviter une polémique généralement payante en termes de vente.





Qu'en pensez-vous ? --Message edité par tuberale le 2005-05-21 17:40:27--
Répondre

Revenir à « LA TRIBUNE »