Conseil de la fédération = s'entendront-ils?

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tuberale
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Conseil de la fédération

[
g]Un parfum de dissension émane des Rocheuses[/g]

Tommy Chouinard

La Presse

Banff

Des dissensions se manifestent déjà entre les provinces à la rencontre du Conseil de la fédération qui débuté hier à Banff, en Alberta.


Alors que le premier ministre Jean Charest souhaite rallier ses homologues pour forcer Ottawa à tenir une conférence fédérale-provinciale-territoriale sur le financement de l'enseignement postsecondaire, d'autres premiers ministres sont plutôt réfractaires à cette idée.

«Avoir une conférence qui porterait sur les façons d'aller chercher plus d'argent, ce n'est pas comme ça qu'on va accomplir quoi que ce soit», a lancé le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, alors que s'amorçait hier la rencontre.

Selon lui, une telle conférence se limiterait à quémander quelques milliards de plus et passerait à côté de «dossiers majeurs». Il préférerait demander au gouvernement fédéral une conférence fédérale-provinciale sur la «compétitivité et la productivité du Canada» au cours de laquelle l'enjeu de la «formation et des compétences» serait abordé.

Pas un enjeu pour Klein

L'hôte de la rencontre, le premier ministre de l'Alberta, Ralph Klein, ne cite même pas l'enjeu de l'éducation comme une priorité lorsqu'on lui pose la question. Forcer Ottawa à tenir une rencontre fédérale-provinciale sur le financement de l'éducation semble figurer bien loin dans ses préoccupations.



Si le premier ministre du Manitoba, Gary Doer, considère qu'une telle rencontre serait une «bonne idée», il demande à toutes les provinces de faire un effort en matière de financement de l'éducation avant d'aller cogner à la porte d'Ottawa. «Nous devons commencer par ce que nous sommes prêts à faire en cette matière», a-t-il dit.

Gary Doer situe cet enjeu dans un contexte beaucoup plus large que Jean Charest.

Selon lui, la formation doit faire partie d'une «stratégie nationale de développement économique» concertée entre les provinces et Ottawa.

Jean Lapierre a lui aussi accueilli froidement l'idée de Jean Charest. À Aylmer, le ministre des Transports a soutenu que le gouvernement fédéral n'a guère l'intention de donner suite à la requête de M. Charest d'augmenter de quatre milliards de dollars la participation d'Ottawa au financement de l'éducation postsecondaire.

Le ministre, qui est aussi le lieutenant politique de Paul Martin au Québec, a indiqué que le gouvernement fédéral a également des programmes à financer, notamment la sécurité dans les transports dans la foulée des attentats terroristes à Londres. «Je n'ai jamais vu une conférence des premiers ministres qui n'avait pas une facture sur le bord de la table. C'est assez facile d'avoir l'unanimité quand tu demandes au voisin de payer. Je pense que ça va faire partie des choix budgétaires que M. (Ralph) Goodale aura à faire dans son prochain budget. Mais on ne réglera pas cela demain matin», a déclaré M. Lapierre à l'issue d'une réunion du caucus libéral du Québec.

Il a ajouté que Jean Charest n'avait pas fait de lobbying auprès des élus fédéraux du Québec jusqu'ici à cet égard. «Nous avons aussi nos priorités. Nous avons aussi nos dossiers. Il va falloir aussi de temps en temps qu'on s'occupe de ce qui nous regarde», a-t-il laissé tomber.

En début de journée, Jean Charest a rappelé l'importance à ses yeux d'une conférence fédérale-provinciale sur l'éducation. «Tout le monde répète à quel point c'est un enjeu important pour l'avenir du Québec et du Canada. Si c'est vrai, raison de plus d'agir», a-t-il lancé.

Il a rappelé que le premier ministre Paul Martin s'était engagé «formellement» à tenir une conférence annuelle qu'il présiderait lui-même, mais dont l'ordre du jour serait conçu conjointement avec les provinces. «Il n'y a aucune raison de croire qu'il n'accepterait pas de tenir une telle conférence», a-t-il souligné.

Au cours de cette rencontre du Conseil de la fédération, M. Charest a pour objectif de «rallier le plus grand nombre possible» pour hausser la participation fédérale dans l'enseignement postsecondaire. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, partage à peu de chose près son point de vue.

D'après Jean Charest, la contribution fédérale en matière d'éducation devrait revenir au niveau de 1994-1995, c'est-à-dire avant que Paul Martin, alors ministre des Finances, ne sabre les transferts en cette matière. Actuellement, Ottawa verse 8,4 milliards de dollars par an à titre de transferts pour l'éducation et les programmes sociaux. Il y a 10 ans, il accordait 10,6 milliards.

L'effort exigé d'Ottawa se chiffrerait alors à 2,2 milliards de dollars par an, mais ces données font l'objet de discussions entre les premiers ministres. Le Québec recevrait le quart de cette somme, c'est-à-dire 550 millions.

Puis, ajoute Jean Charest, Ottawa devrait faire passer sa part du financement de l'enseignement postsecondaire à 25 %, ce qui représenterait 2 milliards de dollars supplémentaires. La contribution du gouvernement fédéral en proportion des dépenses des provinces en matière d'éducation s'élève à 15 % actuellement.

Bienvenue chez Ralph

Les premiers ministres provinciaux n'ont discuté que brièvement du contenu de la rencontre hier alors que Ralph Klein, dont la province célèbre son centième anniversaire, voulait leur en mettre plein la vue en les transportant en train à vapeur de Calgary à Banff, à travers les Rocheuses. Ils ont fait escale à Kananaskis pour assister à un rodéo en début d'après-midi. Le mauvais temps a quelque peu gâché la fête organisée par le premier ministre de l'Alberta.
Les séances de travail commencent aujourd'hui.
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