La fraude coûte des milliards au système de santé canadien

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Étude ontarienne

La fraude coûte des milliards au système de santé canadien

Hugo Meunier

La Presse

Alors que les réseaux publics crient famine, une recherche révèle que la fraude dans le système de santé coûterait entre trois et 10 milliards de dollars chaque année aux contribuables canadiens.


Cette recherche a été menée par la compagnie ontarienne Fraudbox pour le compte de la Canadian Health Care Anti-Fraud Association, un organisme ontarien indépendant.

Ses résultats ont été dévoilés jeudi lors du congrès annuel de l'organisme en Ontario, puis publiés le lendemain dans le National Post.

Plus d'une centaine d'organisations canadiennes, la plupart des compagnies d'assurances et des agences gouvernementales, ont pris part à la recherche, de même que des policiers et des enquêteurs, qui devaient répondre à un questionnaire. Plus de la moitié des répondants ont affirmé avoir été victimes d'une trentaine de cas de fraude l'année précédente, et presque autant ont avoué de pas être dotés des outils pour y faire face. Aucun organisme québécois n'a répondu au questionnaire.

Au congrès, des chercheurs invités ont mis au jour le fait que des pharmaciens, des dentistes et d'autres professionnels de la santé produisent des factures douteuses. Ils ont également fait état du nombre croissant de cas d'usurpation d'identité de la part de citoyens qui tentent de toucher des indemnités sans droit.


Interrogé hier, Joel Alleyne, le directeur général de la Canadian Health Care Anti-Fraud Association, a indiqué que son évaluation de trois à 10 milliards de fraudes annuelles est une extrapolation des résultats de sa recherche. Il justifie l'écart entre les deux montants aux fraudes non détectées dans le système et à des statistiques américaines. « Ce n'est pas seulement des pertes d'argent, mais aussi des risques pour la vie des gens », a-t-il dit.

Les Canadiens dépensent chaque année environ 130 milliards en soins de santé

Si la première recherche du genre de cet organisme indépendant fait beaucoup jaser, il ne s'agit que d'un début. « On a l'intention de mettre les gens au fait et d'augmenter leur degré de vigilance », a résumé M. Alleyne.

Facturer des services jamais prodigués demeure le type de fraude le plus fréquent utilisé par des professionnels de la santé. Obtenir des remboursements pour des patients fictifs ou pour des soins inutiles sont d'autres comportements frauduleux mis de l'avant par cette recherche.

Au Québec, c'est la Régie de l'assurance maladie qui est chargée d'avoir les fraudeurs à l'oeil. Selon une porte-parole de l'organisme, ce sont les erreurs, et non les fraudeurs, qui coûtent cher aux contribuables. « On fait face presque quotidiennement à des problèmes de facturation et on peut récupérer de cette façon 10 millions de dollars par année », a expliqué Nathalie Pitre.

De mémoire, elle rapporte six accusations criminelles pour fraude dans les 10 dernières années au Québec. « Ça reste un phénomène marginal. »

La Régie refuse de commenter la recherche ontarienne avant d'en prendre connaissance. « Je ne peux pas dire qu'il n'y a aucune fraude, c'est pour ça qu'on a des systèmes de contrôle », a néanmoins souligné Mme Pitre.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) accueille pour sa part avec un grain de sel les résultats de la recherche: « Ça nous apparaît presque folichon. Je ne dis pas qu'on est à l'abri des fraudes, mais en milliards de dollars, ça me paraît étonnant », a expliqué le président, Renald Dutil.

Même scepticisme au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. « On va analyser le document, regarder sur quelles données il se base avant d'en établir la crédibilité », a expliqué l'attachée de presse du ministre Philippe Couillard, Cathy Rouleau. « Je ne pense pas que le ministre ait l'intention de déclencher une chasse aux sorcières là-dessus », a-t-elle ajouté.
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