Débâcle pour George W. Bush

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tuberale
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Débâcle pour George W. Bush


Harriet Miers retire sa candidature à la Cour suprême

Guy Taillefer
Édition du vendredi 28 octobre 2005


Croulant sous les pressions de l'incontournable droite religieuse qui l'a réélu en 2004, le président George W. Bush s'est résigné hier à retirer la candidature de son amie personnelle, Harriet Miers, à la Cour suprême. C'est une débâcle pour M. Bush qui, du «Plamegate» à l'ouragan Katrina en passant par la guerre d'Irak, voit actuellement sa côte baisser sur plusieurs fronts.


«Merci, Mme Miers !», ont exulté les tenants de la droite dure républicaine, qui se sentaient profondément trahis par le choix d'une femme qu'ils jugeaient insuffisamment conservatrice et trop peu expérimentée pour défendre leur programme à la Cour suprême. Leur fronde, conjuguée à la tiédeur qu'a suscitée d'emblée sa candidature parmi les membres du Sénat, toutes tendances partisanes confondues, aura eu raison de cette inconnue sans expérience de la magistrature, trop proche du président pour ne pas s'attirer des accusations de copinage.

Dans la lettre qu'elle a remise au président, l'avocate texane explique qu'elle craignait que le processus de confirmation, qui devait s'amorcer devant le comité judiciaire du Sénat le 7 novembre, soit «un fardeau pour la Maison-Blanche», où elle occupait les fonctions de principale conseillère juridique. «J'ai accepté sa décision à contrecoeur», a fait savoir le président par communiqué.

Il a beau le réfuter, M. Bush cède ainsi à son influente base conservatrice et religieuse, qui s'était immédiatement rebiffée à l'annonce de son choix, il y a trois semaines, estimant que le président ne remboursait pas adéquatement sa dette électorale. D'autant plus que le juge John Roberts, dont la nomination comme juge en chef de la Cour suprême avait été confirmée la semaine précédente par le Sénat, n'avait pas non plus été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme à droite. Ces conservateurs religieux et évangélistes, dont le dénominateur commun est une ferme opposition au droit à l'avortement, militent depuis des années pour que la Cour suprême, qui a une influence certaine sur l'évolution de la société américaine, bascule idéologiquement dans leur camp.


«Très franchement, les conservateurs rongent leur frein depuis quatre ans», disait plus tôt cette semaine au Washington Post Richard A. Viguerie, un des architectes du mouvement conservateur. Si Bush ne retire pas la candidature de Mme Miers, menaçait-il, cela pourrait «ruiner son second mandat» parce qu'il lui est «très difficile de gouverner sans sa base conservatrice».


Pour Louis Balthazar, politologue à l'UQAM et à l'Université Laval, l'image présidentielle sort gravement écorchée de cet épisode. «C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir, en 2001, que Bush recule. Pour avoir cru que Mme Miers serait le candidat de compromis qui lui éviterait une bataille au Sénat, il s'est complètement trompé. Politiquement, c'est l'humiliation.»


L'annonce a pris certains observateurs de court dans la mesure où elle survient au moment où entre dans sa phase finale l'enquête que mène par ailleurs le procureur spécial Patrick Fitzgerald dans l'affaire Valerie Plame, ce complexe scandale politico-judiciaire -- surnommé le Plamegate -- dans lequel Karl Rove, le principal conseiller politique et gourou électoral de M. Bush, semble impliqué. Pour avoir dévoilé par fuites médiatiques le fait que Mme Plame était une agente de la CIA, ce qui est un acte criminel aux yeux de la loi américaine, M. Rove et Lewis Libby, directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney, pourraient faire dès aujourd'hui l'objet d'accusations et plonger la Maison-Blanche dans une grave crise politique.

Aussi M. Bush aura-t-il jugé utile de faire une fleur aux ultras en retirant la nomination de Mme Miers, analysait hier sur CNN l'expert maison Jeff Greenfield. Le défi pour le président, estime de son côté Donald Cucciletta, chercheur associé à la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'UQAM, consiste maintenant à faire en sorte que cette droite éminemment mobilisée «se tienne tranquille d'ici la présidentielle de 2008».

Alors, quoi ? Au plus bas dans les sondages sur la question irakienne, critiqué pour sa mauvaise gestion de la catastrophe provoquée par le passage de l'ouragan Katrina en Louisiane, M. Bush a indiqué hier qu'il désignerait un nouveau candidat à la Cour suprême «en temps opportun» pour occuper le siège laissé vacant par le départ à la retraite de la juge modérée Sandra Day O'Connor. Dans l'intervalle, son dilemme restera entier. Fière de s'être imposée au président, la droite religieuse remontait aux barricades hier pour réclamer un candidat «dont la philosophie juridique est connue et derrière lequel tous les conservateurs puissent se rassembler», selon les mots de Troy Newman, président de l'organisation antiavortement Operation Rescue. «Ce n'est qu'ainsi que la Maison-Blanche pourra commencer à soigner la déchirure causée par le malheureux fiasco Miers.» De son côté, Jan LaRue, porte-parole de Concerned Women for America, entonnait le mantra conservateur : «Donnez-nous un candidat qui sort du même moule qu'Antonin Scalia ou Clarence Thomas [deux juges ultraconservateurs de la Cour suprême].»

Les démocrates, qui avaient vite conclu que la principale qualification de Mme Miers consistait à être une proche du président, n'ont pas eu à lever le petit doigt pour que se crée tout cet émoi. Du reste, Mme Miers ne se sera pas rendu service dans ses relations avec les parlementaires. Démocrates et républicains se sont plaints de l'indigence de ses réponses écrites à leurs questions préliminaires sur les grands principes du droit constitutionnel. Elle a été réprimandée par des sénateurs pour avoir donné des réponses «incomplètes ou insultantes» à leurs questions. Au nom de l'indépendance du pouvoir exécutif, ainsi qu'elle l'a indiqué dans sa lettre au président pour justifier son retrait, elle a refusé que soient remis des documents internes de la Maison-Blanche que réclamaient des législateurs pour juger de sa candidature.

La crainte parmi les démocrates, analysant que «la droite radicale du Parti républicain a tué la nomination de Harriet Miers», ainsi que l'affirmait hier leur leader au Sénat, Harry Reid, est maintenant que M. Bush ne commette pas deux fois la même erreur face à sa principale base électorale et soumette la prochaine fois une candidature plus conforme à ses exigences.

«Le fait que la Maison-Blanche et les républicains au Sénat n'aient pas voulu défendre les principes et l'équité face aux extrémistes parmi eux doit inquiéter tous les Américains», a déclaré le sénateur démocrate Edward Kennedy.

Avec la BBC et l'Agence France-Presse
tipet
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Hahahahah! Moi je trouve ça plutôt drôle
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tuberale
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Ah! Bush a créé un monstre.....Dieu sait où ça va arrêter.........mais il risque de passer sous le dix tonnes de la "droiture politique" lui aussi....
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tuberale
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vendredi 28 octobre 2005, mis à jour à 21:14




Inculpé dans l'affaire Plame, Lewis Libby démissionne


Eric Mettout, avec Reuters


Lewis Libby a démissionné de son poste de directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney après avoir été inculpé d'entrave à la justice, de parjure et faux témoignage dans l'affaire Valerie Plame



© Reuters
Lewis Libby a démissionné de son poste de directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney. Il avait été inculpé peu auparavant d'entrave à la justice, de parjure et faux témoignage dans l'affaire de la divulgation de l'identité de l'agent secret de la CIA Valerie Plame. Le grand jury fédéral a prononcé cinq chefs d'inculpation contre Libby. S'il est reconnu coupable, il risque une peine maximale de 30 ans de prison et une amende de 1,25 million de dollars.
Aucun autre responsable américain n'a été inculpé dans cette affaire, qui ébranle l'autorité de l'administration Bush, mais le procureur spécial Patrick Fitzgerald a indiqué à Karl Rove, le secrétaire général adjoint de la Maison blanche, qu'il faisait toujours l'objet d'une enquête. Il pourrait être lui aussi poursuivi ultérieurement pour parjure, pour ne pas avoir dit au grand jury qu'il avait parlé de Plame à un journaliste du magazine Time. Son avocat a fait savoir que le procureur n'avait, dans l'immédiat, pris "aucune décision quant à d'éventuelles poursuites et que le statut de M. Rove n'avait pas changé", ajoutant que son client continuerait à coopérer pleinement à l'enquête.
Lewis "Scooter" Libby est accusé d'avoir menti à des agents du FBI au cours de deux interrogatoires, le 14 octobre et le 26 novembre 2003. Il est également poursuivi pour parjure alors qu'il témoignait sous serment devant le grand jury, le 5 mars 2004, et d'entrave à la justice. "Quand des citoyens témoignent devant un grand jury, ils sont tenus de dire la vérité", même lorsqu'il s'agit de "personnes occupant de hautes responsabilités au gouvernement", souligne Patrick Fitzgerald dans un communiqué.
Dans l'acte d'accusation de 22 pages, les procureurs reprennent à leur compte des informations du New York Times selon lesquelles Libby a été informé des activités de l'agent Plame au cours d'une conversation avec Dick Cheney, le 12 juin 2003, plusieurs semaines avant que son identité ne soit révélée par le journaliste Robert Novak. Or, Libby avait indiqué lors de ses interrogatoires qu'il l'avait appris par des journalistes.

L'identité de Valerie Plame avait été rendue publique le 14 juillet 2003, huit jours après que son mari, Joseph Wilson, eut mis en doute l'existence d'armes de destruction massive en Irak dans une tribune libre publiée par le quotidien new-yorkais. Le diplomate fondait ses interrogations sur une mission qu'il a menée en 2002 au Niger pour le compte de la CIA afin de vérifier si l'Irak avait tenté d'y acheter de l'uranium. Aucun des éléments recueillis alors ne lui avait permis de confirmer cette piste nigérienne, pourtant évoquée par Bush dans son discours sur l'état de l'Union, en janvier 2003.
Présumé innocent
La Maison blanche nie pour l'instant toute implication de Lewis Libby et de Karl Rove. Dick Cheney a ainsi déclaré que son ancien directeur général de cabinet était présumé innocent jusqu'à ce que soit éventuellement apportée une preuve du contraire. Mais cette inculpation et cette démission sont incontestablement un nouveau coup porté à l'équipe présidentielle, déjà en délicatesse avec l'opinion américaine, qui lui reproche sa gestion du dossier irakien, sa réaction à l'ouragan Katrina ou ses nominations controversées à la Cour suprême.
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tuberale
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Plamegate": la Maison Blanche sous la menace d`inculpations


Washington, 28/10 - L`affaire de fuite médiatique apparemment organisée par la Maison Blanche pour faire taire un critique de la guerre en Irak pourrait se traduire par une ou des inculpations vendredi, au dernier jour du mandat d`une chambre d`accusation.

Le procureur indépendant Patrick Fitzgerald, qui enquête depuis près de deux ans sur la fuite ayant conduit à la divulgation dans les médias de l`identité d`un agent de la CIA, Valerie Plame, doit réunir cette chambre et pourrait lui demander de se prononcer sur d`éventuelles inculpations.

Si celles-ci sont prononcées, le cas échéant pour de simples délits de faux témoignage, un procès sera nécessaire pour établir la culpabilité des accusés. Des inculpations pourraient conduire les personnes concernées à démissionner ou à être temporairement relevées de leurs fonctions.
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tuberale
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L'inculpation Lewis Libby déstabilise un peu plus Bush

 
 
 
Hier, Georges Bush justifiait encore la guerre. Photo: Keystone



Cette enquête sur le «outing» d'une espionne tire le fil de l'ensemble de la préparation à la guerre.  
 
 
Alain Campiotti, New York
Samedi 29 octobre 2005  
 
George Bush est cerné. Il est parti vendredi matin à Norfolk, grande base en Virginie, pour un discours devant un parterre essentiellement militaire.

Afin de dire, encore une fois, que les Etats-Unis sont engagés dans une guerre aussi capitale que les affrontements avec les totalitarismes du passé. Mais il avait commencé par une remarque sarcastique : «C'est une chance d'échapper à Washington.» La capitale, ses combats de chiens et de loups, ses désastres qui semblent s'abattre semaine après semaine sur la Maison Blanche depuis l'été. Une chance ? Un homme s'est levé dans la galerie et s'est mis à crier : «La guerre est le terrorisme ! Démissionnez, Mr President ! La torture est le terrorisme !»

La tortureŠ George Bush est rentré à Washington en fin de matinée pour affronter la nouvelle catastrophe annoncée. Pour la première fois depuis deux ans, le procureur spécial Patrick Fitzgerald a pris la parole en public, dans un climat qui avait atteint la température du fer rouge. Et comme prévu, il a annoncé une première inculpation dans son enquête au long cours : cinq charges criminelles (fausses déclarations, parjures, obstruction de la justice) contre Lewis «Scooter» Libby, le conseiller et le bras droit depuis longtemps du vice-président Richard Cheney. Libby a immédiatement donné sa démission.

Pat Fitzgerald avait reçu fin 2003 du département de la Justice une mission claire : il devait découvrir qui avait révélé, au milieu de l'été, l'identité d'une officière de la CIA, Valerie Plame, ce qui est puni par la loi. Un crime pendable ? Presque aussitôt après, l'espionne blonde se pavanait avec son mari, Joseph Wilson, sur le papier de luxe des revues à la mode. Mais pour Fitzgerald, et surtout dans sa fonction exceptionnelle, il n'y a pas de petit crime. Celui de Lewis Libby (et d'autres sans doute : Karl Rove, le conseiller de George Bush, n'est pas sorti d'affaire), si on en tire le fil, peut défaire entièrement cette page de l'histoire américaine qui s'est ouverte le 11 septembre.

Deux mots de rappel (lire aussi, pour comprendre, les portraits des acteurs, ci-dessous). Joseph Wilson est un ancien ambassadeur, le dernier chargé d'affaires américain à Bagdad après l'agression irakienne contre le Koweït. Il a ensuite quitté la carrière pour vendre ses compétences dans le privé. Mais au début de 2002, il a repris du service public. La CIA l'an envoyé en mission en Niger pour démêler cette embrouille : l'Irak achetait-il vraiment de l'uranium en Afrique, pour relancer un programme nucléaire militaire ? Selon toute évidence, non, a conclu le diplomate. Son rapport a fini dans un tiroir. Et quelques mois plus tard, George Bush, dans son discours sur l'état de l'Union de janvier 2003, relançait en une phrase le soupçon nigérien sur la base de renseignements venant de servies étrangers. Depuis lors fait rarissime la phrase fautive a été abrogée, car on sait désormais que les documents alimentant cette piste africaine était des faux grossiers.

En juillet de la même année, Jo Wilson a révélé l'existence de sa mission inutile au Niger dans un papier retentissant du New York Times. Il l'a publié au moment où les équipes spéciales américaines dans l'Irak occupé commençaient à réaliser qu'il n'y avait plus trace dans le pays d'armes non conventionnelles, ni nucléaire, ni chimique, ni biologique. Saddam Hussein avait effectivement tout détruit. Wilson, qui s'était reconverti dans le commentaire télévisé, faisait passablement de bruit autour de son équipée nigérienne. Il ne cachait plus son opposition à la guerre, ni son appartenance active au parti démocrate. Dans le périmètre de la Maison Blanche, on a voulu le faire taire et le déconsidérer : il avait été envoyé en mission par sa propre femme, Valerie Wilson Plame, ou avec son concours. Les gorges profondes de Washington se sont mises à appeler des journalistes de confiance. Le nom de l'espionne est sorti. «Outing» illégal.

Mais on comprend bien que cette affaire ne se limite pas à un règlement de comptes personnels. L'accusation implicite de Wilson, quand il est devenu public, c'était que des secteurs de l'administration avaient délibérément manipulé les analyses produites par la CIA à Langley, afin de convaincre les Américains et le monde de la nécessité d'aller renverser par la force le régime de Saddam Hussein, danger pressant et imminent.

La communauté du renseignement était divisée, et ce n'était pas un secret. La fracture traversait la CIA elle-même. George Tenet, le directeur, sincère ou calculateur, faisait partie des inquiets face au danger irakien. Mais les hommes des opérations clandestines n'en étaient pas convaincus. Pour les amener à mieux penser, des pressions fortes ont été exercées sur l'agence, par Dick Cheney en particulier. Une officine concurrente de la CIA a même été constituée au Pentagone, pour durcir les analyses de l'agence.

La gravité de l'inculpation de Lewis Libby ne vient pas des fautes qu'on lui reproche, mais des circonstances dans lesquelles elle tombe. Deux ans et deux mille morts après, la guerre en Irak laboure plus que jamais le champ politique américain. George Bush a de plus en plus de mal a convaincre son propre camp qu'il s'agit d'un combat décisif et capital. Même l'énorme pataquès provoqué par l'échec de la candidature de Harriet Miers à la Cour suprême renvoie à cet autre doute. Les conservateurs qui se sont dressés contre cette nomination n'aimaient pas cette favorite à la trajectoire judiciaire incertaine. Mais s'ils ont osé affronter avec tant de violence «leur» président, c'est qu'ils ont le sentiment désormais que George Bush, avec ses impérialistes idéalistes, les a engagés dans une voie sans issue. La guerre.



 
 
 
 
Les acteurs d'une embrouille obscure qui renvoie aux raisons de la guerre

 
Alain Campiotti
Joseph Wilson, le détonateur

Cet ancien ambassadeur, démocrate, opposé à la guerre, a déclenché la crise qui secoue la Maison-Blanche. En 2002, il a été envoyé en mission par la CIA au Niger pour vérifier si l'Irak y achetait de l'uranium. Sa réponse: probablement pas.

En janvier 2003 pourtant, George Bush a repris ce soupçon devant le Congrès. Après la chute de Bagdad, le 6 juillet 2003, Wilson a raconté sa mission nigérienne dans le New York Times, affirmant que ses conclusions avaient été délibérément enterrées.

Valerie Wilson Plame, l'espionne

Cette clandestine a quitté la CIA. Quel rôle a-t-elle joué dans l'envoi de son mari en mission au Niger? La CIA dit que Valerie Plame n'a été que consultée. Après la divulgation de son identité protégée, l'agence a demandé l1ouverture d'une enquête, que le procureur Fitzgerald mène depuis deux ans.

Peu après l'éclatement de l1affaire en été 2003, le couple Wilson est apparu en toute lumière dans les pages de Vanity Fair, avec une photo désormais fameuse de l'espionne blonde dans sa Jaguar.

Robert Novak, le cafteur

Vieux routier des médias américains, Novak est un conservateur pur sucre. Après la révélation par Jo Wilson de sa mission au Niger, il a interrogé ses sources dans la région de la Maison- Blanche. Réponse: l'ancien diplomate a été envoyé au Niger à l'instigation de sa femme, cadre de la CIA dans le secteur des armes de destruction massive; c'était une manœuvre des opposants à la guerre, solidement implantés dans l'agence. Et Novak a donné le nom de l'espionne: Valerie Plame. C'est illégal.

Patrick Fitzgerald, le bourreau

Ce procureur fédéral est une star de la magistrature. En lui confiant l'enquête demandée par la CIA il y a deux ans, le Département de la justice n'imaginait sans doute pas à quel point l'administration allait souffrir. Il aurait dû se méfier. «Fitzie», joueur de rugby célibataire qui vit avec un chat, a déjà fait souffrir la mafia new-yorkaise, les réseaux d'Al-Qaida après les attentats de New York, de Nairobi et de Dar es-Salaam. Aujourd'hui, il tient l'ex-gouverneur de l'Illinois et le maire de Chicago par la gorge.

Lewis Libby, l'inculpé

«Scooter» Libby est le Karl Rove de Dick Cheney. Mais lui est inculpé.

Dans les conversations de couloirs au moment de la sortie de Jo Wilson en juillet 2003, il a sans doute été un peu plus imprudent que son alter ego à la présidence. Il a parlé en particulier à Judith Miller, du New York Times, qui ne l'a confirmé qu'après trois mois de prison. Le nom de Valerie Plame (orthographié Valerie Flame) figurait dans les notes prises par la journaliste à ce moment-là. Elle ne sait pas d'où il venait.

Karl Rove, l'effleuré

Le boulet de l'enquête a passé près de la tête du principal conseiller de George Bush. Mais il n'est pas quitte: le procureur ne le lâche pas. Au moment où Jo Wilson a révélé sa mission au Niger, Rove a parlé à plusieurs journalistes, dont un reporter de Time, Matt Cooper, qui a préféré le confirmer plutôt que d'aller en prison. Le conseiller lui a soufflé que la femme du diplomate avait joué un rôle à la CIA dans cette affaire. Mais il n'a pas prononcé son nom, ce qui ne fait pas une énorme différence.

Dick Cheney, l'anti-CIA

Le vice-président ne sera pas inculpé dans l'affaire de l'«outing» de Valerie Plame. Il a parlé de Mme Wilson avec les membres de son cabinet, mais ce n'est pas illégal! Par contre, la mise en cause du fidèle Libby renvoie au rôle de Cheney dans le fond de l'histoire: la conviction d'une partie de l'administration que la CIA était trop molle dans son travail clandestin et dans ses analyses. Le No 2 était convaincu que Saddam Hussein avait encore son armement non conventionnel et exigeait des espions qu'ils le prouvent.  
 

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geneviève-2
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Message par geneviève-2 »

La droite religieuse Américaines est dangeureuse ils sont contre l'avortement et bien des choses Ils sont contre aussi que les homosexuel est des droits.(Je ne suis pas Lesbienne mais je ne trouve pas ça juste)
Je ne reçois pas les messages éclairs
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tuberale
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ÉTATS-UNIS

Bush et la malédiction du second mandat

Alexandre Sirois

La Presse

Washington



Pour Bill Clinton, ce fut une robe bleue tachée de sperme et, accessoirement, un cigare. Pour Ronald Reagan, cela prit la forme du scandale de la vente d'armes à l'Iran. Nixon, lui, dut faire face au Watergate et à la disgrâce. Ces trois présidents américains ont été frappés par ce que les historiens qualifient de malédiction du second mandat.


Un an jour pour jour après l'élection présidentielle de 2004, on sait d'ores et déjà que George W. Bush ne fera pas exception à la règle.

David Gergen, l'un des analystes politiques les plus respectés au pays- il a conseillé quatre présidents-, vient d'affirmer que la Maison-Blanche fait face à un ouragan de catégorie 4.

La comparaison n'est bien sûr pas fortuite. La réaction chaotique de Bush à l'ouragan Katrina, il y a deux mois, a accéléré sa chute. Depuis, ses revers s'accumulent. Et la malédiction se confirme.

Bush demeure avant tout dans l'oeil du cyclone, en raison de l'Irak. Le spectre du conflit continue de planer au-dessus de sa présidence tel un rapace qui guette sa proie.

L'inculpation d'un puissant lieutenant de son administration la semaine dernière, Lewis «Scooter» Libby, a accentué la perception que la Maison-Blanche a menti sur les raisons d'entrer en guerre.


Enchaîné à sa base



Le nombre de soldats américains morts en Irak vient par ailleurs de franchir le cap des 2000. Et on apprenait hier qu'octobre a été le quatrième au chapitre des mois les plus meurtriers pour les «boys» depuis le début du conflit.

Bush, d'ordinaire audacieux et agressif, a semblé admettre sa faiblesse, début octobre, en choisissant Harriet Miers pour combler le siège vacant à la Cour suprême du pays. De l'avis de tous, il cherchait à éviter une lutte coûteuse avec les démocrates.

Il s'est plutôt retrouvé au beau milieu d'une cruelle querelle de famille, ayant soulevé l'ire des républicains les plus radicaux. Il n'a fait que confirmer sa vulnérabilité, lundi, en remplaçant Miers par Samuel Alito.

En faisant fi de l'avis des Américains progressistes pendant son premier mandat, il se retrouve soumis aux quatre volontés de sa base conservatrice. Y compris à celles de la puissante droite chrétienne, qui vont souvent à l'encontre du courant dominant dans la société américaine.

Moins populaire, plus fragile, Bush doit s'habituer à voir ses initiatives boudées par le Congrès. À commencer par son projet le plus ambitieux, la réforme du système des retraites, qui ne va nulle part.

Éviter la débâcle



Le revirement a été spectaculaire. Le 2 novembre 2004, Bush avait réussi ce qu'aucun président républicain n'avait pu accomplir en plus d'un siècle: être réélu avec son parti contrôlant les deux chambres du Congrès américain.

Ce Texan audacieux et entêté avait ainsi vengé de belle façon la mémoire de son père, battu après un seul mandat par le talentueux Clinton.

Il était d'ailleurs tout sourire, deux jours après le scrutin, lorsqu'il a reçu les journalistes à la Maison-Blanche. À mi-chemin entre l'assurance et l'arrogance, il a dit avoir l'intention d'utiliser sans se gêner le «capital politique» obtenu grâce à sa victoire. «Quand vous gagnez, il y a un sentiment que les gens ont parlé et épousé votre point de vue», avait-il affirmé. Traduction: malgré le résultat serré du vote, il pensait continuer à gouverner sans compromis.

Il a été rattrapé par la réalité plus tôt que prévu.



Il serait cependant périlleux de croire que le président s'est déjà transformé en canard boiteux. Le fait d'être sous-estimé a toujours été un avantage pour Bush. Et jamais n'a-t-il été jugé aussi impuissant qu'aujourd'hui.

Pourtant, s'il est en mesure de faire approuver le juge Alito par le Sénat prochainement, il aura vraisemblablement modifié l'équilibre de la Cour suprême pour les années à venir. Un rêve que caressent depuis longtemps les conservateurs.

Au cours des 39 prochains mois, on verra Bush se démener pour tenter de multiplier les succès de ce type. Son but: connaître un retour en grâce similaire à celui de Reagan et éviter à tout prix une débâcle à la Nixon.






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tuberale
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États-Unis

Lewis Libby plaide non coupable




(D'après PC) - Aux États-Unis, l'ancien chef de cabinet du vice-président Dick Cheney, Lewis Libby, a plaidé non coupable dans l'affaire Valerie Plame.
Lewis Libby a démissionné de son poste la semaine dernière, après avoir été inculpé pour obstruction à la justice, faux témoignage et parjure dans l'enquête sur la fuite dans la presse de l'identité de l'agente de la CIA.

M. Libby était considéré comme l'alter ego de Dick Cheney et l'un des principaux artisans de la guerre en Irak.

La révélation de l'identité d'un agent de la CIA est considéré comme un crime fédéral grave aux États-Unis. L'avocat de 55 ans risque jusqu'à 30 ans de prison et 1,25 million de dollars d'amende.

Le mari de Valerie Plame, l'ancien ambassadeur Joseph Wilson, a accusé la Maison-Blanche d'avoir délibérément organisé cette fuite pour le discréditer alors qu'il avait critiqué l'administration Bush sur la guerre en Irak.



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