Médias: Accélération technologique
Paul Cauchon
Édition du lundi 14 novembre 2005
Quebecor premier défenseur de la culture québécoise et ultime rempart contre la culture américaine? C'est ainsi que se présente maintenant Pierre Karl Péladeau, le p.-d.g. de Quebecor, à la suite de deux interventions publiques fort remarquées la semaine dernière.
La première, c'est dans cette lettre ouverte à Michel Rivard que Le Devoir publiait en exclusivité lundi dernier. M. Péladeau soutenait que Radio-Canada aurait pu déplacer le Gala de l'ADISQ le dimanche précédent en attendant que se termine la saison de Star Académie 2005, mais, dans cette lettre, on retiendra surtout le discours sur le rôle culturel joué par Quebecor, avec cette idée qu'«en l'absence d'une structure corporative aussi solide que celle de Quebecor, les "majors" étrangères occuperaient considérablement plus d'espace dans l'univers culturel québécois».
Deux jours plus tard M. Péladeau prononçait un discours devant l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision où il faisait valoir que son entreprise joue un rôle de leader dans l'univers des nouvelles technologiques, un leader au service de la culture québécoise.
Pour beaucoup de créateurs, de producteurs et d'éditeurs Quebecor est une sorte de monstre qui prend beaucoup trop de place. Il faut pourtant apprendre à vivre avec, puisque l'entreprise possède des ressources considérables qui ne sont pas nécessairement utilisées à mauvais escient. On ne peut pas dire que l'argument de Pierre Karl Péladeau sur le téléchargement de la musique ne porte pas. Lorsque Apple a lancé iTunes pour créer un réseau légal de téléchargement de musique, explique-t-il, il n'y avait aucune pièce québécoise sur ce service, et c'est la création de zik.ca par Archambault qui a permis de mettre en place un système québécois dans ce nouvel univers.
Dans sa conférence de mercredi, le patron de Quebecor a tracé un large portrait des nouveaux modes de diffusion de la télévision : vidéo sur demande, enregistreur numérique personnel, télévision sur Internet, et puis, ajoute-t-il, Apple vient de lancer son iPod vidéo. Il a mentionné le fait sans aller plus loin. Quebecor voudrait-il se lancer dans le téléchargement de vidéos et d'émissions québécoises sur le nouveau iPod ? On l'ignore, mais on peut présumer qu'il est désireux de le faire.
Quebecor a également présenté tout récemment devant le CRTC le projet BOOM TV, une chaîne de télévision payante gérée par Archambault qui serait en concurrence directe avec Super Écran du groupe Astral (Super Écran règne seule depuis une vingtaine d'années sur la télévision payante au Québec), qui proposerait des films, des émissions de télévision, des spectacles et des événements sportifs, et qui se voudrait aussi créative que la chaîne HBO aux États-Unis.
Plusieurs acteurs des industries culturelles craignent cette méga-intégration verticale où Quebecor contrôle une part de plus en plus énorme de toute la chaîne de production-diffusion (pour mémoire, Quebecor possède la chaîne de télévision TVA, la filiale de distribution de films TVA Films, une entreprise de production avec JPL chez TVA, des chaînes spécialisées numériques comme Mystère et Argent, le service Illico sur Vidéotron, une multitude de magazines pour soutenir une campagne promotionnelle autour d'une émission, peut-être BOOM TV bientôt, et j'en passe...)
C'est exactement la crainte soulevée par l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec. La p.-d.g. de l'Association, Claire Samson, explique que dans un contrat «classique», un producteur négocie avec un réseau de télévision la diffusion de son émission deux ou trois fois sur une période fixe, généralement cinq ans. Pour les producteurs (mais aussi pour l'Union des Artistes) il existe aussi un «marché complémentaire» (télé payante et DVD par exemple) pour lequel la structure des droits à payer ne semble pas toujours très claire. «Nous craignons que Quebecor nous place de plus en plus devant un fait accompli, explique Claire Samson au Devoir. Ils ont tendance à vouloir demander l'utilisation des émissions sur tous les nouveaux supports. Mais on ne peut pas accepter que ce soit toujours le même prix versé pour tous les supports. Si des consommateurs payent pour s'abonner à Illico et au futur BOOM, il faut que les autres [producteurs et créateurs] aient aussi leur part !»
Le message que le patron de Quebecor a livré mercredi, en conclusion de sa conférence, c'est qu'il faut «envisager de nouvelles formules pour le paiement des droits». Mais «le modèle qui rassemblerait tout le monde n'est pas trouvé, et Quebecor ne nous a jamais fait de proposition d'affaires claire pour régler cette question» soutient Claire Samson.
Cette question des droits à payer aux artistes et aux producteurs dans ce nouvel espace numérique est fondamentale, très complexe... et urgente à régler. Un seul exemple : après six années de négociations l'Union des Artistes et Radio-Canada viennent de renouveler l'entente qui les liait, entente qui comprend une nouvelle formule financière pour l'utilisation des émissions de Radio-Canada en DVD. À Radio-Canada, on soutient d'ailleurs qu'avec cette nouvelle entente la production de DVD d'anciennes émissions de la télévision publique devrait s'accélérer. Fort bien. Mais dans les derniers mois de la négociation, le phénomène de la baladodiffusion est apparu, et il n'a même pas pu être discuté dans le cadre de l'entente. Les changements technologiques vont vite, très vite, et tous les acteurs auraient avantage à dynamiser leurs tables de négociations pour ne pas être pris de vitesse.
Québécor/ Médias: Accélération technologique
Comme certains savent, je suis loin d'être un anti-Québécor. Même si je n'aime pas la convergence que l'empire exerce, je suis totalement d'accord avec PKP que Québécor est d'une grande aide pour le Québec. C'est pratiquement la seule entreprise qui est capable de faire concurrence et même de dominer les entreprises états-uniennes. L'argent peu ainsi resté à l'intérieur de nos frontières, et encore mieux, elle en apporte Enlevez Québécor, et ce ne sont pas des petites compagnies québécoises qui vont prendre la relève, mais bien des grosses multinationales états-uniennes. Elle ont toujours contrôlé le Québec, dans ce sens, je trouve bien qu'une grande entreprise québécoise soit capable de se dressé contre elles.