Des parents campent devant l'école FACE pour y inscrire leurs enfants

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tuberale
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Délire pour une école


Des parents campent plusieurs jours devant l'école FACE pour être certains d'y inscrire leurs enfants


Marie-Andrée Chouinard
Édition du lundi 21 novembre 2005



Passer trois nuits dehors sous la tente à quelques minces degrés au-dessus de zéro pour inscrire son enfant à l'école primaire? Fiction ou réalité? Voilà la folie dans laquelle ont plongé cette fin de semaine quelques dizaines de parents, guidés par la volonté féroce d'inscrire leur petit à l'école publique FACE, située en plein centre-ville de Montréal.

Ils étaient près d’une centaine de parents établis en campement hier en fin d’après-midi dans la cour de l’école publique FACE, au centre-ville de Montréal, afin de répondre à la loi du premier arrivé, premier servi, et ainsi assurer une place à leur petit dans cette école à vocation artistique pour la rentrée scolaire 2006-2007.
 

Une vingtaine de tentes, certaines installées depuis vendredi soir au moins dans la cour d'école de cette institution publique à vocation artistique, témoignaient hier de l'extravagance des parents, prêts à tout pour que leur enfant figure ce matin sur la liste officielle des futurs inscrits 2006-2007 de l'école FACE.

On connaissait l'anxiété des parents devant le choix de l'école secondaire parfaite pour leur marmaille. On savait aussi que certains commençaient à «magasiner» l'établissement de rêve dès la cinquième année du primaire, trimballant leurs enfants de portes ouvertes en portes ouvertes. On soupçonnait aussi un certain délire pour les écoles à vocation particulière, de plus en plus de parents encourageant les bambins à rédiger des examens d'entrée afin de multiplier les chances de succès.

Mais pouvait-on imaginer des parents prêts à établir un campement extérieur en plein mois de novembre trois nuits et trois jours durant -- minimum ! -- pour être certains que junior pianote, chantonne et griffonne à l'école FACE ? «C'est pas pire que d'attendre pour un groupe rock, sauf que, là, c'est pour nos enfants», expliquait hier au Devoir Sylvain Mailloux, installé dehors avec sa conjointe depuis hier matin dans l'espoir d'une place en cinquième année pour leur garçonnet. «Mais est-ce que ç'a du bon sens qu'on soit en ligne pour ça ?»

L'école FACE est l'une des rares à ne pas être «école de quartier» au même titre que les autres de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ou de la Commission scolaire English-Montreal (CSEM), un périmètre spécifique limitant la quantité possible d'inscrits. Un volet francophone et un volet anglophone font que les deux organisations partagent un même établissement, une autre rareté dans l'univers scolaire. Sans examen d'admission pour vérifier les aptitudes du petit en chant ou en flûte à bec, sans regard sur le dossier scolaire, sans priorité accordée à un résidant du quartier, l'entrée à l'école FACE a connu ces dernières années un engouement sans précédent, accentué sans doute par la réputation enviable que s'est forgée l'école (plutôt bien classée au palmarès de L'actualité pour le secondaire) qui offre un programme intégré en arts, de la pré-maternelle à la cinquième secondaire.

Alors qu'il y a cinq ans à peine, on commençait à s'aligner devant la porte de l'école le lundi à l'aube, l'an dernier, le cap des 24 heures aurait été franchi, certains parents ayant traîné chaise ou tente la veille, fermement résolus à faire une vraie file à la russe pour une place à l'école. Cette année, la rumeur colportée lors de la journée portes ouvertes, au début de la semaine dernière, avait sans doute laissé quelques parents songeurs, puisqu'on avait laissé entendre aux 500 venus s'informer du programme FACE que c'était plutôt vers minuit la veille qu'il fallait commencer à dresser la tente !

Tout ce délire pour une quarantaine de places en maternelle (volet francophone), une trentaine d'autres en pré-maternelle, et quelques places ici et là aux autres niveaux laissées vacantes par des départs en cours de scolarité ! Sylvain Mailloux et sa conjointe Diane Chartier se préparaient au siège pour hier soir, mais, par acquit de conscience, ils ont fait un saut en début de journée du côté de la rue Université, coin Sherbrooke ouest, histoire de vérifier si la voie était libre. Une vingtaine de tentes s'alignaient déjà sagement, ce qui a haussé la tension familiale et accéléré le plan B... Une gardienne pour les deux petits, un thermos de café sous la main et une tente installée pour passer la nuit : les voilà quasi certains de pouvoir tendre l'enveloppe d'inscrïption aux autorités ce matin, aux environs de 8h.

«FACE ne sélectionne pas ses élèves, parce qu'elle est convaincue qu'une éducation artistique doit être accessible à tous», écrit le directeur Nicolas Primiano dans un mot de présentation affiché sur le site Internet de l'école. On connaît la suite... Sans sélection et sans territoire de quartier, comme les autres écoles où la priorité aux parents du coin est clairement destinée, et avec en prime une vocation particulière, la recette est explosive pour attirer les hordes de parents.

Et qui dit hordes pourrait aussi dire chaos. Pour éviter que les premiers arrivés ne perdent leur privilège à la faveur de la cohue et d'une bousculade agressive, comme il semblerait que cela avait été le cas l'an dernier, une maman a pris les choses bien en main hier, distribuant des petits bouts de papier à la volée, et y inscrivant des numéros en... arabe, afin d'éviter la falsification.

«L'être humain a besoin de lois, on est un peu sauvage quelque part», expliquait au Devoir Meriem Elidkissi, dont l'enfant de trois ans fréquentera la pré-maternelle de FACE l'an prochain grâce à la ténacité de sa maman. «Je trouvais qu'il y avait des gens qui entraient dans la file et ce n'était pas clair s'ils y étaient avant ou non. J'ai voulu sensibiliser les gens à l'importance de clarifier un peu tout ça.» Mme Elidkissi devait s'installer hier matin seulement, mais une amie habitant le coin l'a prévenue samedi soir en catastrophe que des tentes jonchaient déjà le terrain, ce qui a précipité son entrée en piste.

«Je ne pensais jamais qu'il y aurait tant de monde !», s'exclamait pour sa part James Zhou, qui était hier le fier numéro 9 de la ligne, après un campement entamé à 16h samedi. La famille habite Verdun, et se dit prête aux vingt minutes de voiture aller et retour pour conduire fiston à cette école, qui les intéresse pour les arts.

Éclairés par les lampadaires de la cour d'école, les parents plongeaient hier dans les livres, sirotaient un café, se relayant pour aller chercher de quoi manger ou même s'évader au petit coin -- non fourni par l'école ! Malgré l'ordre apparent de la file, certains s'inquiétaient toutefois que la belle quiétude des dernières heures ne s'envole au petit matin au moment de s'aligner pour de bon, sans tente ni sac de couchage.

«On sent une certaine angoisse en vue de demain matin», explique une maman arrivée hier en matinée. «Est-ce que tout ça tiendra le coup jusqu'à l'ouverture ?» Comme si cette séance de camping scolaire pouvait soudainement tourner au camping sauvage...
noiraud
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Message par noiraud »

Ça me dépasse.  Les parents sont prêts à tout pour leur rejeton afin d'obtenir la meilleure éducation, mais ils sont incapables de faire des sacrifices pour élèver leur enfant, c'est-à-dire, la difficulté de dire non, des cadeaux à outrance, le manque de temps d'être avec eux, absences d'activité familiale et j'en passe.  Ils veulent que leur enfant soit plus intélligent, plus connu et plus fortuné dans le futur, tandis que l'amour, le partage, le respect, la courtoisie et les valeurs moraux prennent le bord.

Je sais que ce n'est pas une majorité, mais il y en a une tonne qui sont ainsi.
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Raven
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Message par Raven »

noiraud  a écritÇa me dépasse.  Les parents sont prêts à tout pour leur rejeton afin d'obtenir la meilleure éducation, mais ils sont incapables de faire des sacrifices pour élèver leur enfant, c'est-à-dire, la difficulté de dire non, des cadeaux à outrance, le manque de temps d'être avec eux, absences d'activité familiale et j'en passe.  Ils veulent que leur enfant soit plus intélligent, plus connu et plus fortuné dans le futur, tandis que l'amour, le partage, le respect, la courtoisie et les valeurs moraux prennent le bord.

Je sais que ce n'est pas une majorité, mais il y en a une tonne qui sont ainsi.

En effet, il ne faut pas généraliser
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lolilou
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Message par lolilou »

noiraud  a écritÇa me dépasse.  Les parents sont prêts à tout pour leur rejeton afin d'obtenir la meilleure éducation, mais ils sont incapables de faire des sacrifices pour élèver leur enfant, c'est-à-dire, la difficulté de dire non, des cadeaux à outrance, le manque de temps d'être avec eux, absences d'activité familiale et j'en passe.  Ils veulent que leur enfant soit plus intélligent, plus connu et plus fortuné dans le futur, tandis que l'amour, le partage, le respect, la courtoisie et les valeurs moraux prennent le bord.

Je sais que ce n'est pas une majorité, mais il y en a une tonne qui sont ainsi.


je partage ton avis pour la partie que j'ai mis en gras... coudonc, ces parents là veulent que leur enfant devienne un artiste?!?!

Je dois dire que c'est pas parce qu'ils feront cette école que ça se passera comme ça.

Et l'enfant dans tout ça?
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orve
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Message par orve »

Le problème c'est qu'il en manque des écoles comme ça, où les jeunes ne sont pas obligés d'être des premiers de classe pour qu'ils puissent entrer en concentration.

Mon garçon à de la difficulté à l'école mais il adore les arts, pour lui le théâtre, la danse, l'impro.... me semble que se serait motivant pour lui d'y avoir accès  

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nic30
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Message par nic30 »

orve  a écritLe problème c'est qu'il en manque des écoles comme ça, où les jeunes ne sont pas obligés d'être des premiers de classe pour qu'ils puissent entrer en concentration.

Mon garçon à de la difficulté à l'école mais il adore les arts, pour lui le théâtre, la danse, l'impro.... me semble que se serait motivant pour lui d'y avoir accès    
je suis d'accord avec toi ... l'école traditionelle n'est pas fait pour tout les enfants certain ne fite pas dans cette méthode et ont besoin d'autre chose pour les motivé , pour certains c'est les sport pour d'autre les arts
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Strophe
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Message par Strophe »

orve  a écritLe problème c'est qu'il en manque des écoles comme ça, où les jeunes ne sont pas obligés d'être des premiers de classe pour qu'ils puissent entrer en concentration.

Mon garçon à de la difficulté à l'école mais il adore les arts, pour lui le théâtre, la danse, l'impro.... me semble que se serait motivant pour lui d'y avoir accès    
Heureusement, y'a de plus en plus d'écoles alternatives... mais encore trop peu !
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lolilou
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Message par lolilou »

orve  a écritLe problème c'est qu'il en manque des écoles comme ça, où les jeunes ne sont pas obligés d'être des premiers de classe pour qu'ils puissent entrer en concentration.

Mon garçon à de la difficulté à l'école mais il adore les arts, pour lui le théâtre, la danse, l'impro.... me semble que se serait motivant pour lui d'y avoir accès    
oui, mais justement, est-ce que tous les enfants que ces parents veulent absoluement voir dans cette école ont les mêmes aptitudes que ton gars en arts?
J'ai l'impression que non... j'ai l'impression que ces parents ont un rêve pour leur petit, mais ne sont pas forcément à l'écoute de ce que leur gamin(e) veut.
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Raven
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Message par Raven »

Au moment de la Grèce antique, l'art occupait une place très importante dans l'éducation des garçons, et ça avait forgé des sociétés très fortes et brillantes

orve
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lolilou  a écrit
oui, mais justement, est-ce que tous les enfants que ces parents veulent absoluement voir dans cette école ont les mêmes aptitudes que ton gars en arts?
J'ai l'impression que non... j'ai l'impression que ces parents ont un rêve pour leur petit, mais ne sont pas forcément à l'écoute de ce que leur gamin(e) veut.



À peu près tous les enfants aiment les arts, je pense pas que cette école à la prétention de faire des artistes avec tous les jeunes, les aider à développer leurs gouts ou même pouvoir découvrir des formes d'arts ça oui.

Mais comme je le mentionnais c'est plutôt la façon de faire de cette école qui me réjouit, sans sélection du plus fort au détriment des autres.

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lolilou
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Message par lolilou »

En tout cas, moi c'est certain que j'irai pas camper 3 jours avant pour ça. Y-a toujours d'autres solutions pour arriver au même résultat.
Puis un enfant peut adorer le dessin ou la musique ou autre, ça veut pas dire que 3 ans plus tard, ils continuera à aimer ça. À ces  âges là, les enfants changent vite d'avis.

Bref, je suis assez sceptique...
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lolilou  a écritEn tout cas, moi c'est certain que j'irai pas camper 3 jours avant pour ça. Y-a toujours d'autres solutions pour arriver au même résultat.
Puis un enfant peut adorer le dessin ou la musique ou autre, ça veut pas dire que 3 ans plus tard, ils continuera à aimer ça. À ces  âges là, les enfants changent vite d'avis.

Bref, je suis assez sceptique...  


   Soit bien certaine que moi non plus j'irais jamais camper 3 jours devant une école, mais si il  y a des parent qui le font ça prouve un manque dans ce genre d'établisement.

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tuberale
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POPULARITÉ DE L'ÉCOLE FACE

FACE: le secret est dans la vocation unique

Mario Girard

La Presse


Ils étaient là depuis vendredi dernier, assis sur des chaises pliantes. Certains avaient même dressé des tentes. Pour passer le temps, ils ont discuté entre eux. Finalement, hier matin, vers 6h50, on leur a ouvert les portes. Pour les dizaines de parents qui ont littéralement campé devant l'école FACE dans le but de déposer une demande d'admission pour leur enfant, tout se jouera au cours des prochains jours.

«Tout s'est très bien déroulé, dit Nick Primiano, directeur de l'établissement public. Il devait y avoir environ 250 parents. Les gens sont entrés et ont remis leur demande d'admission. Nous allons maintenant regarder cela de près.»

Même si les parents recevront une réponse à la mi-décembre pour les demandes au primaire et en janvier pour le secondaire, l'administration de l'école FACE sait d'ores et déjà qu'il y aura au total 120 places disponibles. «Nous acceptions 35 élèves pour la pré-maternelle, dit M. Primiano. Les autres places sont surtout à la maternelle et quelques-unes au primaire et au secondaire.»


Située rue Université, l'école FACE a comme consigne du ministère de l'Éducation de privilégier les demandes d'enfants provenant de milieux défavorisés. «Nous accordons une attention particulière aux enfants de la Petite-Bourgogne, Hochelaga-Maisonneuve, Côte-des-Neiges et du quartier Centre-Sud », dit M. Primiano.

L'école FACE (Formation artistique au coeur de l'éducation) fait partie des établissements à vocation particulière. Dans ce cas-ci, on offre une formation en théâtre et en musique. «Ma nièce fréquente FACE. C'est tellement beau de voir tout ce que les élèves accomplissent. Je comprends tout à fait les parents de souhaiter obtenir une place à ce point», dit Nathalie Bélanger, mère croisée dans le hall de l'école avec, entre les mains, la demande d'admission dûment remplie de son fils.

L'engouement que connaît l'école FACE depuis cinq ans va en crescendo. À l'instar d'autres écoles publiques à vocation particulière comme l'École internationale de Montréal, l'école Le Plateau (musique), l'école Saint-Arsène (programme élève-athlète), l'école Fernand-Seguin (programme scientifique), l'école FACE suscite un grand intérêt chez les parents. «Oui, ça va bien pour les écoles thématiques, mais il y a aussi les écoles de quartier, dont le taux de fréquentation a augmenté de 12% au cours des dernières années, dit Guy Giguère, agent d'information à la CSDM. C'est une belle démonstration de ce que l'école publique peut faire.»





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